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AUGUSTINISME (DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE DE L')


MULTis Irïbuere (la grâce efficace) et iltam (la grâce suffisante) a ne minb sudmovere ; ut ex u traque apparcat non négation universitati, quod collatum est portioni, sed in ahis prseraluisse gratiam, in aliis résiliasse naturam. L. II, c. xxv, col. 711. Cf. Wôrler, Zur Dogmengesch. des Semipelag., in-8°, Munsler, 1899, p. 3-47.

3. Un autre signe, et en même temps une cause, du progrès de l’augustinisme adouci, ce sont les œuvres de Prosper d’Aquitaine. Lui, le disciple, le champion, le vengeur des doctrines augustiniennes, laisse en définitive, même dans ses écrits les plus passionnés en faveur de son maître, une impression bien plus calme et plus douce que les derniers écrits de l'évêque d’Hippone. Plusieurs critiques en ont même conclu que le disciple, d’une façon plus ou moins consciente, avait modifié, corrigé, même sur des points essentiels, celui dont il paraissait être le défenseur intransigeant : tel a été l’avis d’Anlhelmi dans ses De veris operibus SS. PP. Leonis M. et Prospcri Aquitani dissertationes crilicæ, in-4°, Paris, 1689 ; d’Ellies du Pin, Diblioth. ecc., t. iii, p. 449 ; de Fleury et, récemment, de son dernier historien, M. Valenlin, Saint Prosper, 1900, p. 368-402. Launoy allait jusqu'à accuser Prosper d’abandonner la théorie d’Augustin, bien loin de la soutenir ; de la condamner, bien loin de la défendre. D’autres, comme Wiggers, lui reprochent au contraire sa « fidélité servile » à l'égard de son guide.

La vérité est que Prosper expose sincèrement la doctrine d’Augustin, mais, sans l’altérer en elle-même, il lui fait subir une transformation d’une immense portée. Élaguant les formules excessives pour garder la vraie pensée de son maître, rappelant des vérités que celui-ci supposait, mais oubliait de mentionner, mettant en saillie des explications que la fougue d’Augustin lui faisait omettre, il présente à ses adversaires une théorie de la grâce, en harmonie avec celle du docteur africain, mais dans laquelle s’encadrent sans ell’ort bien des thèses que les semipélagiens croyaient niées par l’augustinisme. Ainsi Prosper mit en relief trois grandes vérités qui font partie de l’augustinisme catholique, mais se trouvent voilées, jamais niées, dans les dernières œuvres d’Augustin :

a) La liberté et l’exclusion de toute impidsion qui lui ravirait le privilège de se déterminer : Prædestinatio imillts est causa Standi, NEMIN1 est CAUSA labendi, dit-il. Resp. ail obj. Vinc., c. XII, P. L., t. li, col. 184. La prédestination ne modifie pas plus la liberté que la prescience elle-même : penser autrement c’est une folie ou une impiété : PrsedestinaHonem Dci, sive ad bonum, sive ad malum, in hominibus operari impiissime dicitur, ut ad utrumque, /tontines quidam nécessitas videatur impelîere. liesp. ad cap. Gall., c. vi, /' /.., t. LI, col. 161. Cf. c. vii, ibid. : horuni lapsum Deo ascribere IMMOVICM pravilalis est, quia ILLOS Ht lit nus PROPRIA TPSORl H VOU VTATE PRjESCIVIT, et on nui a /iliis perdilionis nulla prédestinations discrevit.

b) La volonté divine du salut universel : Prosper ne

l’affirme pas seulement, il M ; ' ceux qui la nient : qui

dicit quod non omnes homines velit Drus salvos fieri, sedeertum numerum prsedestinatorum, ut mis loquiTVR, eie. Resp. ad cap. Gall., part. ii, sent, viii, P. L., t. li, col. 172. Cf. part. I, c. ix, col. 165 (Jésus-Christ est mort pou) tout, el Resp. ad obj, Vinc., c. ii, col. 179 : Sincerissime credendum atque profitendum est Deum velle ut omnes homines sain fiant.

c) La grâce suffisante accordée à tous les hommes : lirsp. (i, i cap. Gall., c viii, col. 164 : omnium ergo lm, mini, , i cura est Deo : et ne MO />/ quem non nui

gelica prædicatio, nui Legis testificatio, « ut </, . « / eliam natura convenial. Sed infidelitatem hominum ipsis ascribamus hominibus.

d) Le dogme do la prédestination n’inclut nullement une prédestination des réprouvés au péché. Bien plus, Prosper décrit la prédestination comme postérieure à la prescience : Et -quia præsciti sunt casuri, non sunt prsedestinati. Essent autem prædestinati, si essent reversuri… Au lieu de conclure des nombreux textes de ce genre, que Prosper abandonne l’augustinisme, n’auraiton pas dû examiner de plus près les textes augustiniens et corriger l’interprétation exagérée qu’on avait acceptée ? Il semble que nul, plus que Prosper, n'était en mesure de saisir la vraie pensée de celui dont il demandait à Célestin I er de prendre la défense. Voir col. 2101-2401.

5° Le triomphe de l’augustinisme modéré au II e concile d’Orange (synodus Arausicana II, 529). Ce concile est l'événement le plus important de l’histoire de l’augustinisme. En effet, d’une part il a plus nettement fixé ce que l'Église veut garder du véritable augustinisme à l’encontre des erreurs semipélagiennes, et, de l’autre, en dissipant certaines obscurités de la pensée d’Augustin et en élaguant certaines exagérations accessoires, il a exclu pour jamais le prédestinatianisme.

1. Origine des canons d’Orange.

Saint Césaire, inquiet des troubles perpétuels excités parle semipélagianisme, sollicita le secours de Félix IV (526-530). Le pape lui adressa une série de capitula que Césaire s’empressa de proposer aux quatorze évêques réunis en synode à Orange pour la consécration de la basilique bâtie par le préfet Liberius. Dans la préface du concile, les Pères déclarent qu’ils les souscrivent et les promulguent. Mansi, t. VIII, col. 712. Mais il est très difficile de décider s’ils ont fait un choix entre les canons envoyés de Rome, et ce qu’ils ont ajouté euxmêmes. Ce qui est certain, c’est que le texte du concile, après un préambule, a trois parties bien distinctes : a) huit anathématismes contre huit erreurs semipélagiennes ; b) dix-sept sentences augustiniennes sur le rôle de la grâce ; c) une conclusion qui est une démonstration de la doctrine délinie, avec réponse aux objections semipélagiennes. Les anathématismes et les sentences sont presque toujours des extraits des œuvres de saint Augustin et des Sententise de saint Prosper. Les sources sont soigneusement indiquées par les bénédictins, /'. L-, t. XLV, col. 1785-1789 ; Mansi, t. viii, col. 721 ; et mieux dans llefele, Conciliengesch., 1e édit., t. ii, p. 726, etc. ; trad. franc, -., t. iii, p. 332.

2. Sens général des définitions du concile.

Il consacre l’augustinisme vrai, mais modère.

i™ assertion : L’augustinisme vrai est sanctionné dans la priorité assurée à la grâce contre les semipélagiens. Voici l'économie des canons de ce concile : 1. ('.mises de la nécessité de la grâce : a) le péché origine], mors anima, ne peut être effacé sans elle, ean. 2 ;

b) l’affaiblissement de la volonté par la chute, can. 1 ;

c) ]< titre même de créature l’exige, can. 19. — 2. Le rôle de la grâce avant la justification. — Elle précède tout eflort ; Vinilium salutis est un pur don de Dieu. D’elle seule procède : a) la prière, can. 3 ; b) le désir, can. i ; c) i’initium fidei, can. 5 ; d) tout effort vers la foi, can. 6 ; e) tout acte salutaire, can. 7 ; /') toute préparation, can. 8, 12 ; 'g) tout mérite, ean. 18. — 3. Rôle de l.i grâce dans la justification, ou transformation opérée par la grâce du baptême. — Elle répare, can. 13, justifie, can. 14, change m melius, can. 15, donne la justice du Christ, can. 28. — I, Rôle de la grâce après la justification dans les justes. — Elle est nécessaire : pour bien agir, can. 9, pour persévérer, can. Ht, pour les vœux, etc., can. 1 1, pour b"- grandes vertus chrétiennes, Can. 17 ; pour la vie du Christ en nous, cm. 21, pour l’amour de Dieu. can. 25. -- 5. Rôle universel de la grâce ou ('tendue de s ; i mces-.il/' pour éviter tout mal et pour tout bien a luire, en tout ordre, can. 9, 20, 22.

'.' assertion : Cest l’augustinisme modéré qui est sanctionné. — Les preuves de cette modération sont