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AUGUSTINISME (DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE DE L"


résument toute la controverse. Il a toujours regardé les semipélagiens comme catholiques, les décisions de Rome n’ayant pas été assez précises ; mais après la lettre de Célestin, il est dur pour eux, et les appelle calumniatores, lupos occultas, hypocritas. Voir Noris, Hisl.pelag., 1. 11, c. v, p. 266 ; c. x, p. 322-226. — b) Le pape Gélase I er (492-496), dont l’activité antipélagienne a été signalée, proclama l’autorité de saint Augustin. Voir col. 3463. Dans le décret qui porte son nom, les écrits de Cassien et de Fauste sont signalés à la Ve partie, comme apocryphes, c’est-à-dire au moins suspects. Cf. Ewin Preuschen, Analecta, kûrzere Texte zur Gesch. der alten Kirche, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1893, p. 154 ; 7’. L., t. nx, col. 163-164 ; Mansi, t. viii, col. 115. Malgré les incertitudes sur l’origine des diverses parties de ce document, on croit que l’insertion de ces deux noms fut faite par Gélase dans le concile romain de 494. Cf. Jaffé, 2° t’dit., n. 700. Le pape Hormisdas, dans sa lettre de 520, fait allusion à cette censure comme ayant été déjà portée. Voir col. 2’t65. — c) Vers 519-523, la lutte contre le semipélagianisme fut poursuivie par les moines de Scythie (auteurs de la controverse des théopaschites) et les évêques d’Afrique. Un mémoire, signé par Jean Maxence et autres moines, fut remis en 419 aux légats du pape Hormisdas à Constantinople. P. L., t. xi.v, col. 1771-1772 ; t. lxxxvi, col. 75-86. On y lisait par exemple : abominantes cliam eos qui contra vocem apustoli audent dicere : nostrum est velle, Dei vero pcrjicere, n. 3. La correspondance entre l’évêque africain Possessor, intermédiaire des moines de Scythie, et le pape Hormisdas (en 520), a été indiquée, col. 2465. Le débat roule sur les écrits de Fauste de Riez, et il faut le remarquer, la modération du pape égale celle de l’évêque. Fauste n’est pas rangé parmi les Pères faisant autorité-, mais on peut lire ses livres avec prudente réserve, et les moines scythes sont blâmés de soulever tles questions impertinentes. Maxence, froissé de ces reproches, publia une critique irrévérencieuse de cette lettre dont il simule de suspecter l’authenticité, P. L., t. i.xxxvi, col. 93-1 12, et adresse un mémoire contre Fauste auxévéques d’Afrique exilés en Sardaigne. — d) Saint Fulgence, évêque de Ruspe, au nom des autres évêques, prit en main la défense d’Augustin. Du fond de la Sardaigne, il avait publié ses trois livres Ad Moninum, dont le premier maintient le dogme de lu prédestination, tout en rejetant les exagérations de Monime sur la prédestination au péché. Pour répondre aux instances des moines scythes, il écrivit à son retour en Afrique (523) les trois livres, dédiés a Jean (probablement Maxence, cf. Bardenhewer, Palrologie, trad. franc., t. iii, p. 23) et à Vénérius, De veritale prsedestinationis et gratine. Ce fut lui aussi qui écrivit, quoique son nom ne soit pas parmi les souscripteurs, la célèbre lettre synodale des évêques africains, adressée, après délibération en synode, i et i Vénérius. Il est aussi l’auteur de la réponse collective, véritable traité, au diacre Pierre et aux autres Orientaux. Voir Bibliographie. Nous savons par la lettre synodale, n. 10. /’. /… t. LXV, col. 142, et par la vie île saint Fulgence, qu’il avait composé an grand ouvrage en VII livres, malheureusement perdu, contre le traité de Fauste De gratta.

Fulgence s’était pénétré île l’augustinisme au point de mériter le titre i’Augustinus àbbreviatus, VA cet augus tinisine il l’a compris connue il a été exposé, col. 2384 I 2398. Seule ni il en garde toutes les sévérités,

jives d’après nous, pour les enfants morts sans baptême, ainsi que les incertitudes sur l’origine des."11111. Cf. De veritale prædest., I. III, c. xviii, n. 28. /’. /.., t. l.xxxv. cul. 666. Il en garde aussi les obscurités sur li olonté divine de sauver ions les hommes et sur la iii Iribution de la grâce l - iint principal où il a

été victime des formules violentes d’Augustin ; et, pour soutenir que Dieu n.1 pas eu une volonté absolu’- de

sauver tous les hommes, ce que nul ne peut nier, il arrive à dire que Dieu ne veut d’aucune façon le salut de tous, et que la grâce est refusée à un grand nombre. De verit. prsedest., 1. III, c. x-xiii, n. 17-23, P. L., t. lxv, col. 660 ; cf. Epist., xvii (lettre synodale), n. 10, i b /(/., col. 438.

Mais quand il parle de la prédestination divine — et c’est le dogme qu’il défend surtout contre Fauste — il repousse toutes les énormités que l’on attribuait à Augus.tin sous ce nom : a) La lioerté ne souffre aucune atteinte de la prédestination, et saint Fulgence repousse toute action qui lui enlèverait le pouvoir de se déterminer : Prsedestinationis nominc, NON aligna voluntatis humante COACI’ITIA nécessitas exprimitur, sed misericors et justa futuri operis divini sempiterna disposilio prœdicatur. Ad Monimum, ]. I, c.vii, P. L., t. lxv, col. 157. — b) La prédestination est fondée, d’après lui, sur l’immutabilité de la connaissance divine : Quisquis enim veritatem prsedestinationis divins negare contendit, mutabilem Deum sine dubio prsedicat, etc. De verit. prsedest., 1. III, c. 1, n. 1, ibid., col. 651. Rien de plus sage que cette théorie, d’après laquelle c’est un dogme, évident à la raison elle-même, que Dieu doit savoir de toute éternité où sa providence conduit le monde, les méchants comme les bons.

e) Saint Césaire, archevêque d’Arles (502-512), avait été moine au couvent de Lérins. Néanmoins il combattit avec autant de fermeté que de modération le semipélagianisme toujours très répandu même après la mort de Fauste. Sa réfutation de Fauste De gratia et libero arbitrio est perdue, mais sa grande œuvre fut la célébration du II » concile d’Orange qui mit fin à ces disputes.

3° Condamnation du prédestinatianisme naissant, au concile d’Arles (475). — Les théories augusliniennes suscitèrent-elles dès le Ve siècle, en face des seinipélagiens inquiets pour la liberté, des disciples exagérés qui, incapables de saisir les distinctions subtiles du grand docteur, inaugurèrent un effrayant prédestinatianisme ? C’est un problème qu’il faut résoudre, pour comprendre le progrès de l’augustinisme dans cette première période.

i. Le problème de l’hérésie prédestinatienne. — On appelle ainsi le système que les semipélagiens attribuaient aux partisans d’Augustin, système caractérisé par ces deux erreurs : D’abord on affirme en Dieu une prédestination des réprouvés au péché et à l’enfer, aussi bien qu’une prédestination des élus au mérite et à la gloire. De plus, cette double prédestination se réalise par une impulsion irrésistible de la puissance divine enchaînant les uns au bien et les autres au mal. Plus de liberté, plus de grâce suffisante, plus de volonté divine du salut de tous. Voir la formule rejetée par le concile il( d’ange, Den/.inger, n. ITO, aliquos 1(1/ ïiialum dirina potestate prædestinalos esse.

()r, historiens et théologiens ont vivement discuté si au ve siècle une telle hérésie a eu réellement des représentants, ou si elle est une pure invention des seinipélagiens ne comprenant pas le véritable augustinisme et cherchant a le rendre odieux. Les deux opinions les plus opposées oui eu des pariisans. I.a dernière, celle qui croil que tous les documents ou il est question de celle hérésie sont falsifiés par les semipélagiens (l’erreur île LuciduS, sa Condamnation au concile d’Arles,

seraient des inventions de Fauste de Riez) a pour elle le calviniste l -lier (Jac, Usserius), Jansénius et ses adeptes, ei cei’lains savanis catholiques, tels que Cabassut, Contenson ; Thomassin lui-même, dans sa Dissertatio XIIl m concil. Arelat. ri Lugdun., n. II. penche

vers ceiie opi D’autres au contraire croient que, du

vivanl même de saint Augustin, il > eut un courant prédestinatien assez intense qui explique la lutte si vive des semipélagiens et se manifesta par une production