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AUGUSTINISME (DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE DE L')

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pouvait lire ^.iii être convaincu icta tanet., martii i. i, [>. 000 ;. Cf. Mandonnet, ibid., p. i six, cxxvii. i ii extrême qui suivit ces écrits aboutit bientôt

& une première condamnât (10 décembre 1270

l'évéque de Paris, Etienm Tempier, de treize propositions averrolstei se ramenant à quatre erreurs fondamentales : a) négation de la providence ; 6 éternité du unité de l intelligence dans tous les hommes ; d ii< g ition de la liberté. Cf. Denifle, Chartulai univers. Par., t. i. p. 186-487.

C'était, semble-t-il, un triomphe pour Thomas, l’adversaire dil’averroïsme. Cependant en même temps l’hostilité contre ses doctrines, spécialement contre l’unité des formes substantielles, se manifestait dans unidispute publique, racontée par Jean Peckham, 0. M. <T. Chartularium univers. Par., p. 634, et I expli cations de Mandonnet. <>/i. cit., p. exii sq. En 1272 Thomas quitte Paris, au grand regret de l’université, il meurt le 7 mars 1271. Or trois ans après, joui pour jour, le 7 mars 1277, l'évéque de Paris, qu’une lettre du pape Jean XXI, 18 janvier 1-277, avait encore pressé de faire une enquête sur les erreurs propagées dans l’université, cf. Mandonnet, p. ccxxvi, proscrivait solennellement une série de 219 propositions, qui visait dans son ensemble les grandes erreurs averroïstes. Nul plus que Thomas ne les avait combattues, et voilà que dans cette série, on n’en peut douter, une vingtaine de propositions frappaient expressément l’enseignement du docteur d’Aquin et de son maître Albert le Grand. Cf. Chartularium, t. i, p. ôi’J sq. Le P. Mandonnet, p. CCXLVIII, a dressé le tableau des propositions thomistes condamnées : elles concernent surtout l’individuation des esprits, la différence des.'unes entre elles, par exemple l’excellence de celle du Christ, indépendamment des corps, etc.

Autre fait plus étonnant encore. Le 18 mars 1277 (onze jours après la condamnation de Paris) l’archevêque de Cantorbéry, primat d’Angleterre, Robert Kilwardby, condamnait un groupe de trente propositions, dont plusieurs, relatives à la philosophie naturelle, atteignaient l’enseignement de Thomas d’Aquin sur l’unité des formes substantielles. L'évéque de Paris avait eu l’intention de condamner aussi ce point ; il avait ordonné l’examen officiel, mais une lettre des cardinaux durant la vacance du pontificat (20 mai-2ô novembre 1277) avait ordonné de surseoir. Cf. Chartularium, t. I, p. 625, 626, n. 7. Le P. Mandonnet, p. cxlviii, croit qu’Etienne Tempier n’est pas étranger à cette condamnation anglaise. En tout cas, on n’y peut voir simplement une rivalité d’ordre religieux, puisque Kilvvardby était, lui aussi, dominicain.

2. Cette condamnation du thomisme en 1277 est une victoire des anciens augustiniens. Sans doute, l’ancienne rivalité des séculiers contre les réguliers avait pu se traduire à Paris par la joie d’englober Thomas parmi les averroïstes. Mais la sentence de l’archevêque dominicain ne peut s’expliquer ainsi.

a) La vérité est que Kilwardliv représentait « l’ancien augustinisme, dit le P. Mandonnet, p. i CXLIX, auquel le rattachaient sa formation et son activité scientifiques i.. La révolution doctrinale, opérée par Albert et Thomas, épouvantait cette ancienne école, chez les dominicains comme chez les franciscains Aussi, dans la célèbre dispute de 1270, on avait vu Thomas pris à parti non seulement par l'évéque de Paris, mais pai ses frères dominicains : ainsi l’affirme Jean Peckham, le franciscain successeur de kilwardln sur le siège de Cantorbéry, témoin oculaire (lu fait. cf. Chartularium', [). 635 ; même en tenant compte des exagéralions d’un adversaire, on doit admettre que le fond est exact. - Le P. Ehre, Der Augustinismusundder Aristotelisnius inder Scholastik gegen Endedet XlllJahrh., p. oui sq., a démontré que l augustinisme régnait avant

I / les dominicains aussi bien que chez parmi ces matures dominicain

l.Me enne école, il signale Roland deCrérnon

ri Fitzacker, Hugues de Saint-t..-m »

de rarentaise le saint pape Innocent f i-jto, et Kilwardby. <m pourrait même, ajoute le P. Mandonnet, p. i.xin, trouver de l’influence augustinienne dans un <le~ premiers écrits de saint Thomas (le commentaire

tires de Jean Peckham fournissent dedonibsolument définitives sur le fond de la discussion. Ces lettres sont réunies par le P. Elirled / hrift fur kalh. Theol., 1889, p. 172-193, quelques-unes dans le Chartularium umv. l’n, ., t. i. p. 621 I <ir

voici ce que nous apprend cet adversaire constant

thomistes, qui les combattit à Paris, en Angleterre et dans la curie romaine.lettre du 1° juin '. Chartular., p. 631. qui renouvela même les condamnations de Kiluardbv et en porta de nouvelles le 30 avril 1287 [Chartularium, t. i, p. 5.'5 ( J, note 8. etc.) : a. I.e i grief qu’il formule contre le thomisme et K-s dominicains, c’est l’amour excessif de la philosophie jourd’hui on dirait le rationalisme) et le m Pères : cum doctrina alleriu* eorunuiem (l’ordn dominicains) abjectis et ex parle vUipensiê tanctorum sentent Os, pmlosopbicis dogmatibus quasi totaliter innitatur, xt pléna eit idotit domus iJei et langu Lettre du l « janvier I28Ô, Char lui., p. 627. — 6. Mais c’est surtout saint Augustin que Peckham se plaint de voir oublier : Quid enim niagis necessariunt, quatn, fractis cotumnis, edificium cadere, quant, vilipensut auctenticis doctoribus, Avgustino et cseteris, fwdum venire principem et veritatem suveumbere falsitati* Ibid. — c. Enfin, dans sa lettre du i" juin 1285 à l'évéque de Lincoln (Chartul., p. 60l ; Zeitsclirift, p. 186), il indique avec précision les doctrines au^ustiniennes soutenues par les franciscains contre les attaques des dominicains : … philosophorum studia tiiinime reprobamus, … sed prophanas vocum novitales.* Ce que nous réprouvons, ce n’est pas l'étude de la philosophie, mais les nouveautés introduites depuis vingt ans au mépris des Pères… Quelle est donc la doctrine la plus saine, celle des lils de saint François qui s’appuient sur les s.iints et les philosophes ; vel Ma tiuvella quasi tola contraria </"a quidqvio docbi Avgvstincs gulis « ternis et luce incommutabili, (2) de potenHis animas, (3) de rotionibus seminolibus inditis tum

I consimilibus innumeris, destruol pro viribus et énervât. Dans la quatrième série est incluse la pluralité des formes pour laquelle Peckham avait tant lutté.

On comprend mieux, après cela, l’origine BUf tinienne des condamnations de 1277. et aussi des controverses entre les deux grands ordres. Entre les premiers maîtres franciscains et dominicains, il y avait eu intimité. Mais bientôt les deux ordres reçurent une orientation différente, i Thomas, dit le P. Mandonnet. p. i : iii. engage son école et son ordre dans un puissant intellectualisme philosophique et théologique, tandis que Bonaventure vise à établir une école de théologie mystique en maintenant autant que possible la théologie augustinienne antérieure. » L’observation est justifiée par fis documents des deux ordres. Saint Bonaventure a constate le t’ait : t Les frères prêcheurs visent it i la spéculation, et leur nom l’implique, et ensuite à l’onction ; les frères mineurs tendent principalement à l’onction et secondairement à la spéculation. » In Bexæmeron, coll..

. Opéra, Quaraochi, t. v,

p, i'é » Les -, i-ints éditeurs francise. fins de saint Honaventure (Quaracchi.dans la Dissert.de scriptis S. I pars /II. de doctrina, t. X, p. 31, reconnaissent dans le docteur séraphique le caractère éminemment augustinien el platonicien ; il était porté' à la synthèse d’Augustin plus qu’a l’analyse d’Aristote : Il avait excellent-