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AUGUSTINIANISME
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torietue dès qu’elle est pins Interne, paraît inconciliable

ht liberté. I. En général, au point d* ment rationnel, la notion même de liberté semble périr : a) I mi principe, il n’j a plus de liberté, des qu’il pas pouvoir de se déterminer, dès que la détermination est imposée d une manière irrésistible par le dehors. Or I le cas : la volonté est impuissant ! ter aux

degrés de concupiscence qui dépassent les degrés de

. el réciproquement. Elle est fatalement pou elle est exactement dans la même situation que tout mobile sollicité par ilmv forces en mus inverse, et cédant nécessairement â la plus puissante. A l'égard de la volonté, c’est de la mécanique psychique, mais c’est de la mécanique. La nature des forces est différente, w.< l’effet est également inévitable. I) n’y a plus de pi la responsabilité. —b Cette destruction de la liberté apparaît dans la manière dont on essaie de la sauver : la délectation victorieuse laisse le pouvoir absolu d’agir autrement. Fort bien, mais elle enlève le pouvoir tif, c’est-à-dire le pouvoir dans les circonstances actuelles. Je pourrais ne pas vouloir cela, si la délectation qui m’entraîne était moins forte, mais de fait, actuellement 1E ne pi is pas. — c) Examinons les divers cas : si la concupiscence a dix degrés, la délectation sainte neuf, il n’y a en moi aucune force pour résister au degré d’excédent, je veux le mal. Si la grâce a dix degrés, la concupiscence neuf, je ne puis résister à la grâce. Mais du moins serai-je libre si les deux impulsions sont égales ? pourrai-je choisir à mon gré? Point du tout, les deux délectations se neutralisent et la volonté est fixée dans l’immobilité. C’est la parole même de lîerli à la fin du c. xi, ibid., p. 55 : si ex aequo afficiatur delectatione sancta et noxia, nunquam se inclinabit in unani…, sed pendebit anceps. Bien plus, Berti se reprend et ajoute qu’en fait, même en ce cas de degrés égaux des deux côtés, la grâce succombera toujours à la concupiscence, parce que l’homme etiamcum sequali virtute majorent habel ad malum… inclinationem. Logiquement il faudra avouer que le plus faible excédent ou de la grâce. ou de la tentation, suflit à déterminer irrésistiblement la volonté.

2. Spécialement, au point de vue théologique de la grâce, le système sauvegarde-t-il la grâce suffisante dans le cas d’excès de la concupiscence, la liberté de résister (concile de Trente) dans le cas où la délectation du bien est plus forte'.' La grâce dont le degré est inférieur à celui de la délectation mauvaise, suffirait, si celle-ci était plus faible, mais ne suffit pas pour vaincre l’intensité actuelle de la tentation.

3. Enfin, au point de vue augustinien, ce système parait n'être point celui de l'évoque d’Hippone. En effet. a) Augustin recourt toujours à la science divine, pour expliquer l’infaillibilité de sa grâce, et non à cette supériorité des degrés : siceum vocal quomodo scn et congruere. Voir col. 2390. Iîerti répond que les Quæstiones ad Simplicianum n’ont aucune autorité, nulliusvel tenuissimæ auctoritatis. Berti, Augustin* qusestionum de scientia, etc., Bassano, 1766, part. II, p. 196. Or. c’est précisément à cet ouvrage qu’Augustin renvoie plusieurs fois. Voir col. 2379. Berti ajoute, loc. cit., que cette science peut être fondée sur cette supériorité desdegn s. Mais il semble bien que, s’il en était ainsi, Augustin aurait parlé de ces degrés, et non de la science ellemême. — bj Quant à la fameuse formule : Quod amplius nos détectât, secundum ni operemur necesse est, on a prouvé depuis longtemps (voir bibliographie) que son -eus est tout opposé au système. El il le faut bien, puisque, sans cela, les augustiniens devraient avouer une

essité i necesse est) qu’ils repoussent. Augustin parle

non pas des délectations indelibérées. mais du bon plaisir délibéré que notre volonté place a son ;.ré dans i, . bien ou dans le mal, el d’où découlent nécessairement

Jius actions bonnes ou mauvaises. Le sens est celui-ci : I

1 selon que voumettre ? 'librement ! votre bonheur dans

la vertu ou dani le vice, le vie-- ou la vertu régneront dans votre vie. il. Augustiniens modérés ou partisans »e mmrs

    1. SYSTEMES DE PRÉDÉTERMIXATION MORALE##


SYSTEMES DE PRÉDÉTERMIXATION MORALE. — / CABACTÊRl Bi CBt trSTÊHB » . — Sous ce titre d’au gustiniens modérés on réunit une foule de théol< qui, entre le thomisme et le molinisme, cherchent une voie moyenne sans adopter l’ensemble du système précédent. Ahim ils n’admettent pas. avec l'école de Noris el Berti, la théorie fondamentale que les privi d’Adam sont l’apanage dû à toute nature humaine, ni la distribution étroite de la grâce, ni même ordinairement le principe si disent.- de l’impuissance de la volont déterminer elle-même, en sorte qu’elle est invinciblement déterminée par la délectation la plus intense. L’autre part, on doit les appeler augustiniens, non seulement parce qu’ils se réclament du grand docteur d’Hippone, mais parce qu’ils s’appuient, eux aussi cornin les autres, sur la théorie vraiment augustinienne de l’action morale de la grâce.

Sandoute bs illuminations de l’esprit, les attraits vers le bien que Lieu suscite dans l’An » lités physiques ; ces auteurs les conçoivent même, ainsi que les molinistes et les augustiniens précédents, comme di - actes indélibérés de l’intelligence et de la volonté. Mais l’action de ces grâces ne consiste point à imposer physiquement à la volonté- une détermination qu’elle serait rnétaphysiquement impuissante â prendre d’ellemême, ne pouvant passer à l’acte second sans une impulsion du dehors. Non, la volonté a tout pouvoir de se déterminer ; mais ces grâces exercent sur elle une pression morale, elles la sollicitent par les rnotiis et les attraits puissants : c’est le rameau vert présenté à la brebis, la friandise qui attire l’enfant. Or Lieu peut donner aux motifs une si lumineuse clarté, il peut envelopper l'âme d’attraits si doux, si variés, si multipliés, si bien en harmonie avec elle-même, que la volonté, malgré sa liberté, consentira enfin â cet appel ; et ce consentement peut être connu d’avance par Lieu avec une certitude absolue sur laquelle reposera l’infaillibilité du gouvernement divin. Une telle grâce sera la grâce efficace, les autres seront simplement suffisantes.

C’est par cette influence morale de la grâce que tous ces systèmes sont d’inspiration augustinienne. Aussi en gi néral allèguent-ils les célèbres passages qui ou : cités, col. 2390-2392, par exemple le De divers, qv ad Simplic., I. I, q. ii, n. 13, P. L., t. XL, col. IIS : sic eumvocat, quonwdosi n bu OiiGRUBRB, utvocantemnon respuat. Seulement, tandis que les molinistes croient que cette science en Lieu, pour être infaillible, exige la connaissance de la détermination libre, les augustiniens modérés croient qu’elle peut être puisée dans la seule inspection de la puissance morale de cette grâce dans sun rapport avec la volonté'.

II. HISTOIRE DB (Kl IF ISTBRPRÉTATION I<E C AVGUSriNlSMB. — Ce rapide coup d’o’il sur la théologie a pour but de constater un fait trop peu connu, le nombre très considérable de théologiens qui se sont contentés de ce système d’infaillibilité morale de la providence divine, sj imparfait qu’il nous paraisse. Le EL P. Guillermin, 0. P., a entrevu ce fait dans la Revue thomiste, janvier l’AVt ; nous voudrions compléter ses indications et celles de Thomassin. Deux périodes : 1° avant introverses du molinisme et du thomisme au xr siècle ; 3 après cette époque.

1 A amt les controverses du molinisme et du thnmimie au XVf siècle. — Quand on cherche les anr. des deux grands systèmes thomiste et moliniste. qui au xvr siècle ont partagé avec éclat les théologiens en deux camps, on est étonné de trouver un si petit nombre d’esprits qui puissent dans les siècles précédents être sûrement ramenés a l’une ou l’autre école. Que j