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AUGUSTIN (RÈGLE DE SAINT ;

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férer pour l’ordre monastique, encore moins de fonder un ordre. Il trace simplement à une maison religieuse de son diocèse une ligne de conduite générale, que distinguent une admirable discrétion et une largeur de vue, vraiment dignes de son génie. Cette règle, bien que destinée à des femmes, s’adapte très lacilement aux besoins d’un monastère d’hommes. Il n’y a qu’à substituer le genre masculin au genre féminin et à faire un petit nombre de suppressions. Cette adaptation s’est laite à une époque reculée. On la trouve dans la Régula ad servos Dei, que saint Benoît d’Aniane († 821) a publiée dans son Codex regularum, P. L., t. xxxii, col. 13771384.

La règle de saint Augustin a exercé une grande intluence sur le développement de la discipline monastique en Occident. Saint Césaire d’Arles l’a lue et s’en est servi. L’auteur de la Régula Tarnatensis (vi c siècle), P. L., t. LXVI, col. 977-986, lui a emprunté une dizaine de chapitres. Elle figurp parmi les sources dans lesquelles saint Benoît a puisé la doctrine de sa règle.

Suivait-on dans les monastères d’hommes, fondés par saint Augustin et par ses disciples, la règle contenue dans son épître ccxxi ? Bien ne permet de l’affirmer. En tous cas, cette lettre, prise isolément, ne donne pas une idée suffisante de l’observance des monastères africains. On ne saurait la considérer comme la règle suivie par eux, dans le sens que ce mot comporte de nos jours. La vie de saint Augustin, écrite par son disciple Possidius, P. L., t. xxxii, col. 33-66, et plusieurs de ses discours, de ses lettres et de ses ouvrages fournissent, sur ce sujet, les renseignements les plus précis. Les sermons CCCLV, CCCLVi, P. L., t. xxxix, col. 1570-1581, prononcés à l’occasion d’un désordre survenu dans le monastère de sa mai--son épiscopale, sont du plus haut intérêt pour l’intelligence de la pauvreté monastique et des obligations qu’elle imposait. On y voit que l’évêque d’IIippone exigeait de ses moines une désappropriation complète et délinitive. Quelques mauvais moines s’efforçaient d’ériger la paresse en vertu ; la loi du travail ne pouvait, d’après eux, se concilier avec l’esprit de prière et de confiance en Dieu. Ces insanités jetaient le trouble dans les monastères. Saint Augustin leur opposa son remarquable traité De opère monachorum, /’. L., I. xi., col. 547582, où son bon sens a facilement raison des sophismes dont ces faux mystiques enveloppaient leurs théories. Il y met dans toute sa lumière la loi du travail pour gagner sa vie qui pèse sur le moine. Voir col. 2301, 2305.

Le monachat de l’évoque d’IIippone a été l’objet de longues et fastidieuses contestations entre les ermites de Saint-Augustin et les chanoines réguliers. Les premiers se prononçaient pour l’affirmative ; les seconds soutenaient l’opinion contraire. Ceux-ci voulaient faire du saint docteur un chanoine régulier, en attendant que certains clercs du xvii° siècle le transformassent en supérieur de séminaire ou d’oratoire. Les nombreux ouvrages, écrits au cours de cette polémique (on en peut trouver la liste dans Hélyot, Hist. des ordres monastiques, 1792, 1. 1. prêt’., p. xi.v, et dans Ulysse Chevalier, trtoire des sources historiques du moyen âge, Topobibliographie, Paris. 1877, art. A ugustins, col. ?S7, et Chanoines, col. 650), pourront fournir à l’histoire littéraire des pages fort Curieuses, mais ils ne sont d’aucune utilité pour éclaircir ce point d’histoire. On s’évertuail de part et d’autre ; ’i transporter en plein iv siècle des institutions qui ne franchissent pas les limites du moyen Age.

Tlllemont, Mém. pour servira l’hist. ecctés. ds sir premiers’. t. xiii ; Hélyot, Hist. des ordres reli, 17 ! >2, 1. il, p. 1-15 : t. iii, p. 1-7 ; Bulteau, Hist. /< / ml Benoit, t. i. Introd. : Acta sanctorum, 1868, t. vi, p. 245-256 ; dom Be se, te monachisme africain,

II. Chanoines régi liers, PréMONTRéS. Voir Phi MONTI’.ÉS.

III. Ermites de Saint-Augustin.

1° Constitution et développement de l’ordre. — Plusieurs congrégations érémitiques avaient embrassé’, dans le cours des xiie et xiii siècles, la règle de saint Augustin. Voir Anachorètes, col. 1137. La diversité de leurs observances engendrait de la confusion. Pour y remédier, le pape Alexandre IV entreprit de les réunir dans un seul ordre (1254), qui prit le nom d’Ermites de Saint-Augustin. Le cardinal Bichard de Saint-Ange convoqua tous les supérieurs de ces congrégations à Borne, où ils tinrent, sous sa présidence, un chapitre général (1256). Us élurent un supérieur général et distribuèrent leurs couvents en quatre provinces. Le pape les exempta l’année suivante de la juridiction épiscopale. Borne leur a donné’de nombreux privilèges. Pie V les mit au nombre des ordres mendiants à la suite des carmes (1567). Alexandre VI les confirma dans la possession de la charge de sacristains de la chapelle pontificale (1497) qu’ils avaient depuis la fin du xiiie siècle.

La règle de saint Augustin, où sont posés les principes fondamentaux de la vie religieuse, ne permettait guère d’organiser les couvents et encoie moins l’ordre. Il fallut la compléter par des constitutions, qui furent approuvées par les chapitres généraux de Elorence (1287) et de Batisbonne (1290).

Cet ordre prit en Europe une grande extension. Il compta, à l’apogée de son développement, environ 30000 religieux, répandus dans 2000 couvents, groupés en 42 provinces.. Le xiv s siècle, qui fut le témoin de tant de décadences, vit le relâchement de la discipline s’introduire dans ce vaste corps. Sur plusieurs points et à diverses époques surgirent des hommes de Dieu qui voulurent y porter remède en établissant des réformes. Elles ne se firent pas sous la même impulsion. De là des divergences importantes. Les maisons qui acceptèrent les statuts de chacune de ces réformes se groupèrent en congrégations, ayant à leur tête un vicaire général qui les gouvernait sous l’autorité du supérieur général. L’ensemble de ces congrégations porta le nom commun d’observance régulière. Voici la liste des plus connues : celle d’Illiceto, fondée par le P. Ptolémée de Venise, supérieur général (élu en 1385), dans le voisinage de Sienne, compta 12 couvents ; celle de Carbonnière, dans le royaume de Naples (vers 1400), avec 14 couvents ; celle de Pérouse, fondée par le général Augustin de Rome (4419), eut Il maisons ; celle de Lombardie, de beaucoup la plus nombreuse ( 1 i-30), eut 56 couvents, le plus connu (Hait celui de Notre-Dame de Brou, diocèse île Belley ; celle de Monte-Ortino, fondée par Simon de Camerino (1436), eut au moins 6 maisons ; celles de Ndtre-Dame-de-Consolation de Gênes (1470) avec 31 couvents, de la Pouille (1592) avec 11, de Calabre (1507) avec iO, de Dalmatie (1510) avec 11, de Colonto en Calabre (1530) aver 11, de Centorbi ou des Hélorniés de Sicile (159(1) avec 17. La Congrégation sicilienne del .. qui ne compte que I ! maisons, a été’fondée en 1818 par Salvaior Cacumus, conlesscur du roi Ferdinand IV et évéque de La risse.

2° Réformes. La réforme fut introduite en Espagne par le P. Jean d’Alarcon, qui fonda un couvent à cet effet dans la Yieille-Oaslille (1430), Elle lut adoptée, en

1505, par tous les couvents du royaume de Castille, qui lurent distribués en quatre provinces : Tolède, Salamanque, Burgos ci Séville. A la demande du roi de Portugal, Jean III, Louis de Montoya (y 1532) entreprit

la réfor les couvents de ce pays, l n de ses disciples,

Thomas de Jésus | f 1578), compli ta son œuvi n introduisant une observance plus austère que celle pratiquée jusque-là dans son ordre. Ceux qui l’embrassaient

allaient [lieds nu-, ce qui leur lit donner le nom < Hugiis tins déchaussés. On leur a encore donné’celui de rècollets. Cette réforme fut introduite en Espagne (1588) avec l’autorisation de Philippe II. dan le couvent de Tala-