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AUGUSTIN (SAINT)

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de la terre, des troupeaux, des moissons… Or, Dieu abandonne ces biens à ses ennemis. Ibid., n.16, col. 657. Et un peu plus loin, n. 17, col. 658, il ajoute : Quid ergo ? Mercedem de Dei cultu non habebimus ? Habebimus -plane, sed ipsum Deum quem colimus. lpse nobis merces eritquia videbimus eum sicuti est. Vouloir jouir de Dieu c’est l’amour chaste, c’est l’amour de l’épouse. In l’s. L.xxir, n. 33, P. L., t. xxxvi, col. 928.

Aussi venge-t-il de toute attaque le désir de cette récompense divine éternelle. De civit., 1. V, c. xvi, P. L., t. xli, col. 160 ; cꝟ. 1. XIV, c. ix, ibid., col. 423 ; In l’s. xciii, n. 24, P. L., t. xxxvii, col. 1211 : Intendite, f retires, vénale est. Vénale est qund liabeo, dicit tibi Deus ; cme illud. Quid habet vénale Requiem venaient habeo, eme illam de labore. Cf. ibid., n. 24-25, col. 1211-1213 ; In Ps. cxxxvi, n. 15, ibid., col. 1770 ; Epist., cxxxviii, ad Marcelin/, >, c. iii, n. 17, P. L., t. xxxiii, col. 533 ; et surtout De calecli. rud., c. xxvii, n. 27, P. L., t. xl, col. 331.

Augustin approuve aussi la crainte de la damnation, même quand elle redoute le châtiment sans être encore la frayeur filiale de perdre Dieu. In I Joa., tr. IX, n. 5, /’. L., t. xxxv, col. 2049 : Quis est linwr caslusf Ne amillas ipsa bona. Ce passage explique admirablement pourquoi au n. 5 du même sermon il condamne la crainte de celui qui est encore attaché au mal. Cf. Senti., lxv, c. v, P. L., t. xxxviii, col. 429 ; clvi, c. xiii, xiv, col. 857-858 ; ci.xi, c. viii, n. 8, col. 882 ; De sancta virginilate, c. xxxviii, n. 39, P. L., t. XL, col. 418 ; De g rat. et lib. arb., c. xviii, n. 39, P. L., t. xliv, col. 904-905 ; De catec/i. rudib., c. v, n. 9, P. L., t. xl, col. 316 ; Opus imperf. cont. lui., 1. VI, n. 40, P. L., t. xlv, col. 1508 sq. La pensée d’Augustin sur l’efficacité de l’altrition a été étudiée par les théologiens, et récemment par de San, Tractatus de pxiiilentia, c. xviii,

s, 1900, p. 503-521.

A’question : Saint Augustin a-t-il conçu la charité sa)is l’amour de bienveillance : ’— Le désir de posséder Dieu, d’après saint Augustin, joue un grand rôle dans la charité. De là est née une interprétation de sa doctrine diamétralement opposée à la précédente. La charité meurt, disait le quiétisme, des que l’âme aime en soni _r.iiit à le posséder : c’est un é^oïsme coupable, au moins imparfait. Au contraire, d’après Bolgeni et ses disciples, Augustin ne prêche que l’amour intéressé, le désir de Dieu pour le posséder. La charité devient pure chimère, dit l’école nouvelle de Dolgeni, si elle cherche à minier Dieu pour lui-même sans l’envisager comme la béatitude couronnement de tous nos désirs. C’est un effort contre nature puisque toute volonté’, faite pour le bien, cherche en tout ce bien qui doit toujours être son propre lien. Ainsi Augustin n’aurait point connu ce que les théologiens, après saint Thomas, appellent amour de bienveillance, amour de Dieu considéré en lui-même à

de ses perfections infinies, sans un retour sur

propre béatitude. La vraie charité serait l’amour qui cherche son bonheur non dans les richesses île Bon

, mais dans la communauté de vie et d’affection.

Solil., I. 1, c. vi, n. 13, /’. L., t. XXXII, roi. 877 : Chari idere perfruique desideret. De morib. Eccl.,

1. I, c. xxv, n. 16, ibid., col. 1330 : Si enitn Deus est

mum /m m mis lu m m ii, … sequitur profecto quoniam

SI M Ml M BONI M VPPETERE EST BENE VIVERB, Ul mliil sil

Te quant toto corde, iota anima, iota mente l> Dieu c’est aimer Dieu,

selon ce moi profond’lu i r n CCCXXXIV, n. 3, /’. /..,

t. xxxviii. roi. I169 : //n, est Deum gratis amarr, Je Itr, , henni sperme : et encore, sermon CCCXXXI, n. 4, ibid., col. 146 !  : Gratis amate, se su lu m ni) illo deiiderate. Nous i avouon i es formules et d’autres sans nombre favorisent en appari nce cette théorie, mais en réalité la

doctrine de l’évéq l’Hippone pi intre cette

étroite inti rpré talion. Il enseigne, il est vrai, que la

volonté- ne pourrait aimer Dieu, si Dieu n’était son seul et vrai Bien, c’est-à-dire son Dieu, source et fin de son être. Il est vrai encore qu’il nous présente souvent, comme objet de notre amour. Dieu béatitude suprême de l’homme. Mais cela tient à sa conception profonde des rapports de l’âme et de Dieu. Pour lui tout dans le monde est venu d’un acte d’amour de Dieu créateur. Tout doit revenir à Dieu fin suprême par un acte d’amour créé. C’est le sens de la parole célèbre : Non colitur ille nisi amando, Epist., cxl, ad Honor., c. xviii, n. 45, P. L., t. xxxiii, col. 557 ; et dans Epist., clv, ad Macedon., c. iv, n. 13, ibid., col. 672 : Imus aident (ad Deum) non ambulando, sed amando. Cf. Martin, Doctrine spirit. de S. Augustin, Paris, 1901, p. 201. Or pour diriger ce mouvement de retour vers Dieu, Augustin devait présenter Dieu et les perfections divines dans leur rapport avec l’âme qui doit se mettre en marche. Dieu lui sera donc montré comme la fin, le terme, le repos, la béatitude. Fecisti nos ad te, etc. Mais on ne doit pas oublier les principes de la théorie augustinienne : d’une part, Dieu n’est notre béatitude que parce qu’il est Dieu, et l’aimer comme source de notre bonheur c’est aimer et glorifier toutes ses perfections infinies ; c’est le sens de cette profonde parole, De morib. Eccles., 1. I, c. XXVI, n. 48, P. L., t. xxxii, col. 1331 : Quod (summum bonum) sinilaliud est quant Deus, … quis cunctari potest, qiiin sese amet, qui amator est Dei : ’D’autre part, Dieu est la fin dernière de tout, de notre bonheur final comme de notre vertu sur la terre, et notre béatitude elle-même doit tendre à Lui en le glorifiant. C’est le sens profond des formules augustiniennes sur Dieu, fin de tout, dont il est permis de jouir, non d’user. Dans les élus la joie de posséder Dieu n’existerait plus, si cette joie s’arrêtait égoïstement à elle-même et ne revenait à Dieu comme le plus beau cantique à sa gloire. Voilà la pensée d’Augustin. Tandis que nous séparons dans nos conceptions ces deux choses, le bonheur des (’lus et la gloire de Dieu, il les contemplait dans leur admirable unité, et nous demandant d’aimer Dieu source de notre béatitude, il n’oubliait pas que cette béatitude, pour exister, doit être rapportée comme tout le reste à Celui qui est la fin suprême des êtres : charitatem voco, dit-il, niiitum animi ad fruendum Deo PROPTER IPSUM et se et proximo PROPTER Deum. De dort, christ., 1. III, c. x, n. 16, P. L., t. xxxiv, col. 72. La parole de Leibnitz cherchant à concilier Bossuet avec Fénelon : « Aimer, … c’est trouver son bonheur dans la félicité d’un autre, o n nuire es ! feiieilate allerius deleelari (I. élire à Magliabecci, juin 1098, peu avant la condamnation de Fénelon) se vérifie dans le bonheur des élus ; ils sont heureux de la félicité, de la gloire de Dieu, el eu particulier de ce que leur bonheur est une nouvelle manifestation de cette gloire divine.

Lois particulières de la morale.

I. Lui directrice

de In conscience dans les eus douteux. — On a souvent cité contre le probabilisme le 1. III Cont, iieml., c. xvi, n. 35-36, P. L-, t. xxxii, col. 952. mais à tort : ce texte réfute seulement le système des académiciens, et prouve qu’il n’est point permis de commettre meurtres et adultères, sous prétexte que certains hommes n’y ont point vu de crime ; il ne traite pas la question actuelle. Augustin serait plutôt favorable au probabilisme, dans Epist., xi. vii, ad Publicolam, n. i, /’. L., t. xxxiii, col. 186 : à propos des idolothytes, il permet, dans le doute, d’user de sa liberté.

2. Morale individuelle, Augustin paraît plutôt sévère clans ses décisions. Ainsi, dans la lettre Xl.vil, déjà citée, il ne permet point de donner la mort à un injuste agresseur, pour sauver ses biens, ou même sa vie.

Ibid., col. 186. Cf. De lib. arb., I. I, c. v, n. 13, / » . /.., t. xxxii, col. 1228. Il a justement réprouvé tout mensonge, même officieux, Cont. niend., c. xv.Le culte des saints et d par lui de toutes les accu-