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AUGUSTIN (SAINT ;

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OPERANTE INVISIBILITER SPIRITU BEI… ; quid miriim si etiam in creatwa cœliet tcrrrr, etc. De Trin., 1. III, c. iv, n. 10, P. L., t. xlii, col. 873-874. Voilà certes qui est bien spécial à l’eucharistie. S’il s’agissait seulement d’une présence en figure, à quoi bon cette opération invisible du Saint-Esprit ? Pourquoi l’énumérer surtout parmi les grandes couvres de Dieu ? Pourquoi y revenir une seconde fois avec insistance, ibid., n. 2I, col. 88 1, parler de ce mystère au milieu des grands miracles accomplis par Dieu et ses anges, signaler comme un grand mystère que les catéchumènes ignorent unde vel quomoùo conficiatur ? Sans la présence, tout est inexplicable dans ce texte qu’il faut lire en entier.

d) Inexplicable aussi la communion des indignes d’après Augustin. Dans le système symboliste, les pécheurs reçoivent sans doute le sacrement, le signe, mais ils ne mangent point la chair du Christ, puisque ce serait participer à la vertu du sacrement, à l’union avec le Christ dont le pécheur est exclu. Or le saint docteur enseigne que le pécheur reçoit validement l’eucharistie, qu’il mange la chair du Christ et boit son sang, mais sans recevoir la grâce du sacrement, cum ipsam camem manducent, et ipsu M sanguin em bibant. Senti., lxxi, n. 17, P. L., t. xxxv, col. 453 (tout le passage est à lire) ; De bapt., 1. V, c. viii, P. L., t. XLIH, col. 181. Dans la doctrine catholique, rien de plus clair. Mais si Augustin rejette la présence réelle, que reçoit le pécheur, que mange-t-il en plus du signe ? M. Harnack écrit très loyalement, ouv. cite, t. iii, p. 148 : « Ce que les indignes reçoivent, et d’après Augustin ils reçoivent validement le sacrement, demeure entièrement obscur. Et je ne puis souscrire à cette parole de Dorner : Augustin ne connaît pour les incroyants aucune manducation du corps réel et du sang du Christ. »

e) Inexplicable surtout la doctrine d’Augustin sur le sacrifice eticharistique. Ses témoignages sont ici d’une richesse sans égale, et c’est toujours le Christ lui-même qui est à la fois la victime et le prêtre s’offrant à son Père en même temps qu’il est offert par le ministre à l’autel. Ainsi Monique mourante demande qu’on fasse mémoire d’elle à l’autel, unde sciret dispensari VU 11MAM QUA DELETUM EST CIIIIUiCRAPIIf.il, etc. C’est la victime même qui nous a sauvés. Confess., 1. IX, c. xui, n. 36, P. L., t. xxxii, col. 778. Et Augustin rapporte qu’on célébra près du corps de Monique, le sacrificium pretii nostri. Ibid., n. 32, col. 777.

Toutes les fois qu’il parle de ce sacrifice commémoratif de celui de la croix, il répète que c’est l’oblalion du corps du Christ, l’oblation sacrosaintc, etc., emphase incompréhensible s’il s’agit d’une simple cérémonie en figure : ChristUmi peracli hujus sacrifiai (de la croix) memoriam célébrant SACROSANCTA OBLATIONE El PARTICIPATIONS CORPORIS ET SANGUINI3 DOMINl. Cont. Faust, man., 1. XX, c. xviii, P. L., t. xlii, col. 383. Il nous dit du veau gras tué au retour de l’enfant prodigue : Vilnius ille /.v CORPORB et SANGUINE noMi.su n OFFERTVR PATR1 et poscit totani domum. Quæst. Evang., 1. II, c. xxxiii, n. 5, P. L., t. xxxv, col. 1346. M. Ilarrîack prétendait que jamais Augustin n’a parlé du corps du Christ offert de nouveau au Père par le prêtre : que signifie donc < ti et il y en a

tant d autres ! Dans le sermon CCXXV1I, /’. /.., I. xxxviii, col. 1100, c’est le prêtre qui offre ce sacrifice, prpsbyter qui offert. Mais voici une pensée d’Augustin encore plus significative. Au livre XVII De mit., c. xx, n. 2, /’. L., t. xi, i, col. 556, il no se contente pas de dire que le neuve, m sacrifice eucharistique, qui succède à toutes les anciennes immolations, est offert par Jésus-Christ lui même, et que la victimee l son corps et son sang. … sacerdos ipse mediator Testamenti Novi exhibei seeundutn ordinem Melchisedech de corporb ii sanf. suo. C’est pour ce sacrifice de l’autel, ajoute-t-il, que son corps a été formé dans l’incarnation, afin qu’il

pût l’offrir à son Père sur l’autel et le donner à ses fidèles : propter quod etiam vocem illani, Ps. xxxix, ejusdem Mediatoris per propheliam loquentis agnos<puus : sacrificium et oblalioneni noluisti, corpus AU te M PERFECiffl MlHi : quia pro illis omnibus sacrifiais et oblationibus, corpus ejus offertur et participantibus ministratur. Ainsi le corps qui est offert en victime et distribué aux communiants c’est le corps même que le Verbe s’est uni dans l’incarnation, et qu’il a pris précisément dans ce but. Et c’est là une idée chère à saint Augustin : il la développe de nouveau dans YEnarv. in Ps. axa///, n. 6, P. L., t. xxxvi, col. 303. Croirait-on que Dorner, Augustinus, p. 269, ait persisté à voir ici, dans le corps du Christ, l’Eglise, son corps mystique ? Ainsi l’Église serait le corps formé au Christ dans le sein de Marie, le corps offert au Père et distribué aux convives eucharistiques !

f) Inintelligibles enfin seraient les applications que saint Augustin aime à faire de l’eucharistie, et les conclusions qu’il formule. Voici en effet comment il prouve à l’incontinent que la communion lui fait un devoir de la vertu, Scrnt., ix, n. 14, P. L., t. xxxviii, col. 85 : Jam nos li prêt ium tuum, jam nosti quo accedis, quid nianduces, quid bilias, /.I/O QUEM manduces, quem bibas : Abstine le a f’ornicationibus. Sans parler du peu d’efficacité qu’aurait cet argument si l’eucharistie n’est qu’une figure, conçoit-on, si le Christ n’est pas présent, que l’orateur ait pu se corriger ainsi : tu sais cehà que tu manges, cehà que tu bois. Un sacramentaire pourrait-il s’exprimer ainsi ? De même pourrait-il, avec saint Augustin, comparer le sang du Christ au sang d’Abel criant vengeance vers le ciel, et dire que le sang du Christ reçu dans la communion, crie aussi vers son Père : Habet enim niagnam vocem Cliristi sangids in terra, cum eo accepto ab omnibus gentibus respondetur, Amen. Hœc est clara vox sanguinis, quam sanguis ipse EXPRIMIT ex ohe fidelium codem sanguine redemptorum. Cont. Faust, man., 1. XII, c. x, [P. L., t. xlii, col. 259.

3. Théories eucharistiques d’Augustin qu’on oppose à la présence réelle. — Certaines formules, il faut en convenir, sont difficiles el étonnent (moins cependant que les textes précédents ne doivent étonner des adversaires de la présence réelle). Croire, ici encore, à des contradictions incessantes, serait par trop simpliste. Pour tout concilier, il suffit, nous semble-t-il, d’entrer davantage dans les pensées du grand docteur, et de concevoir les choses comme il les concevait de son temps. Les obscurités ont leur origine dans les divers aspects du mystère eucharistique : les textes opposés, étudiés dans le passage dont ils font partie, fournissent souvent une admirable confirmation du dogme catholique. Nous ramenons les principales objections à trois théories dont on ne semble pas avoir toujours saisi la portée.

î™ théorie, des signes et des figures dans l’eucharistie. — Pour Augustin, dit-on, l’eucharistie est une figure du corps du Christ. D’après VEnarr. in Ps. ///, n. 1, /’. L., t. xxxvi, col. 73, à la cène corporis et sanipiiiiis sut figurai ! discipulis commetidavit et tradidit. VA dans Y Epis t., XCVIII, n. 9, P. L., t. xxxiii, col. 364, il donne une théorie générale : les situes sacramentaux, dit-il, à cause de leur ressemblance avec les réalités qu’ils représentent, reçoivent les noms de ces réalités. Ainsi, quoique le Christ n’ait été réellement immolé’qu’une fois, nous disons qu’il est immolé tous les jours. Ainsi encore SÏCUt sccumlum quemdam moiinin sacramentum corporis Christi corpus Christi est, ita sacramentum fidei fides es/ (le baptême des enfants permel de dire qu ils oui la fui). Aucun texte, dit Loois, n’est plus riche en enseignements que celui-ci. Ou peul seulement en rapprocher l)<’catechiz. nul., c. xxvi, ii, 50, / L., t. XL, col. 844. — Explication /Ces locutions sont cependant naturelles si on f.iil deux refissions’a) L’eu-