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AUGUSTIN (SAINT)

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épiscopalicn qui admettrait l’égalité de tous les évêqnes et ne reconnaîtrait ni en saint Pierre, ni en ses successeurs une autorité souveraine. Telle était la thèse de Langen. Dans la première édition de la Realencyclopâdie de Herzog, t. i, p. 621, on soutenait encore que, d’après Augustin, l’évêque de Rome serait seulement le représentant, le symbole de l’unité de l’Église, mais il n’en serait pas le principe par une véritable autorité souveraine. Mais les textes formels et toute la conduite de l’évêque d’Hippone, voir col. 2281, donnent un démenti à ces assertions. Specht, op. cit., p. 124-186, les a réfutées avec érudition. Augustin alftrme avec une clarté qui dissipe tout doute la primauté de Pierre entre les apôtres. Il faut lire la comparaison entre saint Cyprien et saint Pierre, De bapt., 1. II, c. i, n. 2, P. L., t. xliii, col. 127 : pour le martyre, ils sont égaux, mais quelle prééminence de dignité en Pierre, in quo primatus apostûi.orum tam

EXCELLENTI GRATIA PR/EE5IINET… Qllis eilin> ncscil illurn

apostolatus principatum cuilibet episcopatui præferendum. Pierre, recevant les clefs, représentait l’Église ; mais non en ce sens que le pouvoir était remis à la communauté, comme le prétend encore, après tant d’autres, M. Herzog, Die kirchliche Sïtndenvergebung nach der Lehre der Id. Augustin, Berne, 1902, p. 33, 38, mais comme le chef d’un peuple représente ce peuple. In Joa., tr. CXXIV, n. 5 : cujus Eeclesiæ Peints aposlolus, pvopter apostolatus sui primatum, gerebatfigurala genevalitate personam.

2. Primauté du pontificat romain.

Saint Augustin est encore ici un témoin hors ligne de ce dogme : la transmission du principat de Pierre aux pontifes de Rome ses successeurs, est chez lui une doctrine incontestable ; malheureusement la discussion entraînerait trop loin : nous renvoyons à Alticoz/.i, Summa aug., t. iii, p. 155-319 ; Schwane, Dogmengeschichte, t. ii, §86, trad. franc., t. iii, p. 396 ; Specht, op. cit., p. 154187. Citons quelques pensées fondamentales — a) C’est la succession ininterrompue des évêques de Rome, successeurs de Pierre, à qui le Seigneur a confié tout son troupeau, qui retient Augustin dans la foi chrétienne : Tenet (me in Ecclesia) ab ipsa sede Pétri apostoli, eut pascendas oves suas… Dominus commendavit, usque ad prsesenlem episcopalum successio sacerdotum. Cont. epist. Fund., c. iv, n. 5, P. L., t. xlii, col. 175.

— b) L’épiscopat romain apparaît comme le centre de l’unité et le garant de la véritable apostolicité de toute l’Église : car c’est à Pierre représentant toute l’Eglise que Jésus a dit : super liane petram… Epist., lui, n. 2, /’. /.., t. xxxiii, col. 196. — c) L’Église de Rome est la pierre invincible aux portes de l’enfer. Dans le Psalntus contra partent Donali, on chantait :

Nurnorate sacerdotes ab ipsa sede Pétri,

l.t in online illo Patrum quis cui successit videte.

EST PETRA QUAM NON VINCCNT INFERORUM P0RT/ÎC.

— d) A Rome a toujours résidé le principat de la chaire

tolique, … Romante Eeclesiæ, in QUA SEMPEB jpo 8T01 h.1 r.l ni un i ; yiciii PRINCIPATDS. Epist., XLIII,

c. iii, n. 7, P. L., t. xxxii, col. 162. « Et pour ce motif, saint Cprien, se trouvant en communion avec Rome, De fui pas ému d’être condamné par un concile de ante-dii évéques. o Ibid,

i Rôle doctrinal île l’Eglise. — 1. Le magistère infaillible de l’Église apparaît chez Augustin comme la vérité fondamentale. — « ) < » n a déjà vu que l’Église est pour lui, par les miracles qui l’entourent, la garantie et la preuve du christianisme. Voir col. 2341. Il la place au-dessus même de l’Ecriture et de la tradition, en ce qu’elle est la suprême re^le d’interprétation de l’une et de l’autre. Ibid. C’est en « Ile, et en particulier dans l’Église romaine, que réside le culmen auctoritatis : cui nolle primas dore vel summpe profecto impielalis est, vel prsecipilts arroganlite. De uliltl.

c. xvii, n. 35, P. L., t. xlii, col. 91. Cf. Epist., cxviii, au païen Dioscore, n. 32, P. L., t. xxxiii, col. ilS. — b) L’infaillibilité est le privilège divin de son enseignement. Augustin assure avec saint Paul, I Tim.. ni, 15, que dans le plan divin, ipsa est prædestinata COLDMNA

ET FIRMAMENTUM VERITATIS. In Ps. CUI, n. 17, P. L.,

t. xxxvii, col. 1350. Elle est le rempart inexpugnable de la vérité, les hérésies sortent de son sein, mais jamais les portes de l’enfer ne prévaudront. De symb. ad calech., serm. i, n. 14, P. L., t. xl, col. 635. L’attaquer c’est errer : hoc habet aictoritas matris Ecclesiæ, hoc fundatus veritatis oblinet canon : contra hoc robur, contra hune inexpugnabilem murum quisquis arietal, ipse confringitur. Serm., ccxciv, cxviii, P. L., t. xxxviii, col. 1346. — e) La source de cette infaillibilité est dans l’assistance permanente du Christ qui la gouverne par son Saint-Esprit. En. in Ps. lyi, n. 1 : Caput positum in cazlis… gubernat corpus suum. Aussi nulle nouveauté hérétique ne peut l’envahir, régente atque adjuvante capite totuiu corpus suum. De nupt. et conc, 1. I, c. xx, n. 22, P. L., t. xliv, col. 427. Sans cette inhabitation du Seigneur, rien ne préserverait de l’erreur. En. in Ps. 1.x, n. 12, P. L., t. xxxvi, col. 122 : ipsam quse nunc est, Ecclesiam NISI Dojiinus inhaisitaret, irel in errorem qttamlibet studiosissima specu/alio. Aussi la condamnation de Pelage a-t-el ! e été prononcée in adjutorio Salvatoris, qui suant tuetur Ecclesiam. Epist., exc, n. 22, P. L., t. xxxiii, col. 865. Ci. De bapt., 1. VII, c. lui, n. 102, P. L., t. xliii, col. 243.

2. Les conciles sont le premier organe de cette infaillible magistère, — Les critiques protestants prétendent que saint Augustin n’a jamais su indiquer un organe certain de l’infaillibilité de l’Eglise : qu’ils étudient mieux sa théorie des conciles. En général il distipgue les conciles particuliers qux per singulas regiones vel provincial qunt, et les conciles universels, plenaria quse fiunt ex universo orbe christiano, De bapt. cont. don., 1. II, c. ni, n. 4, P. L., t. xliii, col. 129 : entre les deux il place les conciles pléniers d’un vaste pays, par exemple le plenarium totius Africse concilium d’Hipponeen 393. Or pour lui la décision d’un concile vraiment universel est infaillible. — Preuves : a) Aux pélagiens il disait : On peut supporter les disputes avant un concile ; mais après ce serait ruiner les fondements de l’Eglise. Serm., ccxciv, c. xxi, n. 20, P. L., t. xxxviii, col. 1348. — b) Avec les donalistes, il reconnaît de même l’hésitation légitime de saints évêques, donec plenario totius orbis concilia, quod saluberrime sentiebatur, cliam REMOTIS DUBITA.TIONIBUS FIRMARETUR. De bapt., 1. I, C. VII, n. 9,

P. L., t. xi. iii, col. 114. Quel est ce concile qui a défini la validité du baptême hérétique ? On sait qu’il est malaisé de le décider. Augustin y revient sans cesse, il dit même, ibid., 1. II, c. ix, n. 14, col. 135, que ce concile a précédé sa naissance, posl Cypriani guident jmssionem, antequam nos nali essenms, S’agit-il du concile de Nicée en 325, d’Arles en 31 î ? On trouvera ces diverses opinions discutées par.1. Ernst, .1 ugustins PlenarconcilàberdieKetzerlauffrage, ia.nsZeitschri(tfùrkath, Theol.. Inspruck, 1900, p. 292-325. Mais ce qui est indiscutable, c’est que pour le saint docteur, cette décision d’un concile tranchait à jamais la question. Cf. Epis/., XLHI, c. vii, n. 19, /’. L.. t. xxxiii, cul. 169. — c) On oppose le fameux passage De bapt., I. II, c. III, n. i, /’. L., t. xliii, col. 129, où il est dit : ipsa plenaria (concilia) ssepe priora posterioribus entendari. Mais les critiques protestants n’ont point observé que les plenaria concilia ne peuvent être ici des conciles œcuméniques : le mot SBSpe en est une preuve. Y avait-il eu un si grand nombre de conciles universels ? Y avait-il un seul exemple de concile de ce genre, corrigé par un concile postérieur ? De plus entendari peut très bien signifier les changements en matière de discipline < t non de foi.