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AUGUSTIN(SAINT)

il n’a pas eu pour intention première et absolue la gloire et le salut de ces élus. Sans doute ne donnant ces grâces que pour le salut, il aime toujours particulièrement ceux qui par leur fidélité se sauvent elles. Mais enfin il n’eût pas changé la série de ces grâces s’il eût prévu que Judas se convertirait ou que Pierre ne se relèverait pas. Dieu, en choisissant ce monde, aime par-dessus tout la manifestation de ses divins attributs dans l’évolution des grâces données à l’humanité : il voulait faire resplendir, par exemple, l’amour divin, dans l’acceptation par le Christ du baiser de Judas et dans le regard affectueux de Jésus à Pierre et il eût été disposé à donner ces grâces, quand bien même Pierre eût résisté et Judas consenti à tant d’amour.

c) Attitude de saint Augustin. — Lequel de ces deux systèmes a-t-il adopté ? Les textes forcent de— répondre : Ni l’un ni l’autre, il n’a pas choisi. De son temps, cette question très subtile et, au fond, secondaire, ne se posait pas. Le dogme seul était en question. Oui ou non, dépendait-il de Dieu seul(sans aucun mérite de l’homme) de choisir la grâce de Pierre, cette grâce que Dieu voyait infailliblement liée à son salut et de choisir pour Judas celle qu’il savait devoir être obstinément refusée, tandis que d’autres auraient trouvé Judas docile, Pierre obstiné ? C’est ce dogme qu’a proclamé Augustin conte les semipélagiens. C’est ce dogme que tous les catholiques ont reconnu pour la vraie tradition paulienne.

Les textes d’Augustin, De prædestinatione et De perseverantia, savamment recueillis par le P. Rottmanner disent cela (et c’est beaucoup), mais ne disent pas et ne veulent pas dire autre chose ; le saint docteur l’affirme très clairement. De dono persev., c. xvii. n. 42, P. L., t. xliv, col. 1019 : Subverti hoc prædestinationis prædicatione illum tantummodo perniciosissimum errorem, quo dicitur gratiam Dei secundum merita nostra dari. Il faut même remarquer que le grand docteur n’a connu qu’une seule prédestination, celle de la grâce et de la grâce efficace. Cf. De prædest. sanct., c. x. n. 19, P. L., t. xliv, col. 174 ; De donc perserv., n. 15, 34, 41. 53, ibid., col. 1002.

Mais indirectement les formules d’Augustin ne favorisent-elles pas l’opinion sévère ? On en doute fort si on lit l’étude très fouillée du P. de San, Tract. de Deo uno, t. ii., p. 136-214. Cf. p. 36, 54.

Pour ma part je crois que le débat pris objectivement et en lui-même est presque insoluble, Augustin n’ayant jamais envisagé que le dogme contesté. Mais quand les adversaires les plus sérieux accordent que saint Augustin enseigne le système plus doux non seulement en 397 dans le De div. quæst. ad Simplic., I. I. q. ii. n. 6, P. L., t. xl. col. 115, mais en 412 dans le De spir. et litt., c. xxxiii, n. 58, P. L., t. xliv, col. 238, mais en 116 In Joan. Evang., tr. XII, n. 12, P. L., t. xxxv, col. 1490 ; tr. XXXIII, n. 5-10, ibid., col. 776-779, et qu’ensuite ils prétendent qu’après 418 il a dévié, s’avança ni jusqu’aux affirmations les plus dures et même prédestinatiennes, je constate que cette thèse est absolument contraire aux textes et aux affirmations de saint Augustin : a. Les textes anciens, même de 397 (ad Simplic.), sont aussi affirmatifs et catégoriques que ceux de 428 ou 429. Loofs et Reuter l’ont constaté. — b. Non seulement Augustin n’a jamais rétracté ses vues sur la prédestination, mais c’est précisément à l’œuvre de 397 qu’il renvoie dans ses derniers jours. Cf. col. 2379. Il prétend d’ailleurs toujours qu’il a accord sur ce point entre ses divers ouvrages.



I ai 129, dansle Dedonoperserv., c. xxi. n. 55, /’. /… t. xi.v, col. 1027, il affirme l’accord entre la lettre à Paulm de 117, celle (si — Sixte

de ils. et sa doctrine actuelle. — c. Dans ses dernières œuvres, par exemple dans le De prsed. sanct. (428-429. c.. n. 19, 1’. I… t. xi.iv, col. 975, il répète avec éner gie qi clenee précède, éclaire la prédestination

et qu il n > a > n Dieu pour li

nation, maii seulement i C’est i que

Dii ii, avant de contempler le libre jeu de la olont tne intention formelle et absolue d de préparer, d’obt— i

compenser ou i, ir. Qu’on eu min

théorie di 121 sur Adam. Encldr., c. civ, 1’. L., t. xl, col. 281, on sera forcé de dire que jamai il une

plus large part aux mérites. Primum hominenu.

slodire l> VOLUISSET, i perpétuant volunta t.ni habit pRjESCIsset. Qiu maie

>i l-ili ic etc. Cf.

I essler-Jungmann, lu-ht. I. « // ol., t. ii, 1. p. 316-310 ; Alticozzi, Summa august., part. I. q. vu ; part. VI. q. n ; l.iiire. Note— au c. xcvm de V Enchiridion ; I-’ranzelin, />. Deo uno, th. i.vi-lviii.

lion api>a

nie » xposé. — L’exposition du système de saint Augustin sur I : > i t incomplète, si ion n’expli quait les principales assertions qui semblent nier la liberté omettre l’homme déchu au déterminisme divin le plu— absolu. Le plus souvent les diflicultés sont ; ment verbales : on nous opp

de » mots, les loi nulles que le docteur dllippone t 111ployait alui — dan— un sens tout différent qu’il a lui-même formellement indiqué. En un mot. pour comprendre sa doctrine, il est requis tout d’abord de se faire un

auguslinien, non pas a priori, mais d ses propres indications : l’œuvre est longue et difficile, mais que de préjugés tomberaient ! Ici nous pouvons seulement donner quelques exemples. Dira-t-on qu’il a eu tort de détourner les mots de leur signification primitive’/ On pourrait peut-être répondre que la terminologie était alors plus vague, imprécise, et que la complexité des problèmes introduit fatalement l’obscurité des formules. Mais la question n’est pas de savoir s il a eu tort ou raison, mais si réellement il l’a fait. Il faut le dire franchement, le procédé littéraire d’Augustin, faisant ressortir sa pensée par des expressions qui la dépassent de beaucoup, formulant ainsi des paradoxes troublants, a souvent obscurci sa doctrine et soulevé l’aversion de beaucoup d’esprits. Là est l’explication d’un fait très important et souvent mal compris théologiens postérieurs ont plus d’une fois c formules exagérées du docteur africain, i rdanl

la vraie pensée de ces formules, telle qu’il l’avait nettement expliquée : nul aujourd’hui ne dirait que la liberté’a péri dans la chute d’Adam. Il x a plus : Il a condamné des propositions textuellement empruntées a Augustin, ou même sanctionnées par le concile d’Orange, mai— détournées de leur signification a ; tinienne : comparer le canon 22 du concile d’Or Denzinger, n. 105. avec la proposition 27 r de Baius. Ibid., n— 207.

/ théorie : Augustin enseigne dans ses derniers ou e i l’homme dans la chute a perdu le libre arbitre *. —Cf. De corrept. et arat., c. xii. n. 37. /’. L., t. xi. iv. col. 939 ; o r. imperf.cont.Juliatt., 1. I, c. XL vii, P. /… t. i. col. 1067-1068 ; I. II. c. xvii. col. : I. VI. c. xi, col. 1520 ; c. xxi. col. 1549. On lit même les célèbres Ca/iitula Ctelestini, dont l’inspiration augustinienne n’est pas douteuse, que l’homme a perdu naturalem possibilitatem, c. iv. Denzinger, n. 88.

La réponse est aisée : a. Augustin explique aussi, de la façon la plus expresse, que cette liberté’perdu n i —i pas le pouvoir de choisir.i son gré entre le bien et le mal (pouvoir qui nous est resté il —tus lequel, dit-il. l’homme ne pourrait pas même pécli perfection originelle de la volonté exempte de concupiscence, telle qu’Adam l’avait reçue et qui, dit Augustin, mérite seule dans toute son étendue le beau nom de liberté. Cont. Pclag. I. 1, c. ii, ii, 5, /’. L.,