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AUGUSTIN (SAINT)

Pelage, tout homme qui aurait pu agir mieui qu’il n’agit, va en enfer. Précis de l’histoire des dt ii.nl. franc., 1883, p. 285 ; cf. Lehrb. der Dogmengesch.,

3-.dit., t. m. p. 182.

A Les p iagien damnaient donc pour l’éternité tout chrétien coupable du moindre péché véniel, on plutôt, d’après eux, tout péché était mortel ; pour un men pour un. parole oiseu d’être juste, on de m. ni iniquus et peccator, digne de I enter.

( i si l.i ce que reprochèrent à Pelage les Pères du synode de Diospolis (415) quand ils le forcèrent à désavouer cette proposition : In die judicii iniq peccatoribus non esse parcendum, sed eeterni ignibus exur endos. Tous les documents contemporains sont unanimes sur le sens de cette proposition et du ivproche fait à Pelage. Paul Orose, Lib. de arbitrii libertate, a. 16-18, 21-22, /’. /… t. xxxi. col. 1185, 1187. 1191 ; s. Jérôme, Dialogus adv. pelagianos, I. I. n. 28, P. L., t. xxiii, col. 22 ; surtout s. Augustin, De gestis Pelagii, I. III. n. 9, lu. /’. /.., t. xliv, col. 325. Et pour couper court à tout subterfuge, Augustin nous apprend dans le It<> natura </ gratta (écrit en 115, immédiatement avant le concile de Diospolis i. n. 10, M, /’. A., t. xliv, col. 260, que Pelage lui-même taisait de cette erreur une base de son système. Les justes et les enfants de Dieu ne sont point damnés ; donc ils n’ont aucun péché, si léger soit-il, puisque tout péché les damnerait.

Faute d’avoir connu le système de Pelage, plusieurs critiques jusque dans ces derniers temps (Tunnel, Eschatologie au iv siècle, p. 52, extrait de la Revue d’Ittst. et de litt. relit/., 1900, t. v) avaient attribué aux Pères de Diospolis l’erreur des miséricordieux : ces Pères auraient reproché à Pelage la doctrine catholique de la damnation des chrétiens qui vivent mal. Cette méprise n’est plus possible aujourd’hui. Cf. J. Schiest, Der objective Unterschied zwischen Tod und làsslicher Sûnde, Augsbourg, 1891, S 9, Die Lettre des Pelagius, p. 25-29 ; Bulletin de littérature ecclésiastique (Toulouse), 1901, p. 101-119 ; dans les opuscules publiés par Caspari, l’auteur de la lettre De malis doctoribus, c. xii-xv, p. 89-99, condamne au feu pour un verbum otiosum. Cf. p. 119-120.

B. Le péché véniel exclut de l’Église, tout comme du ciel. D’après Pelage, on n’est plus membre de l’Église, membre du Christ, on n’est plus enfant de Dieu, dès qu’on a violé le plus petit commandement. Saint Augustin, Hser., 88, p. /.., t. xi.n, col. 48, a déjà signalé cette erreur. Dans le serin, ci.xxxi. n. 2, 6, P. L., t. xxxviii, col. 980-982, il réfute cette thèse : Totam prorsus Ecclesiam in singulis quibuscumgue fidelibus suis nullum habere peccatum. Ct. De gestis Pelagii, n. 12. /’. L., t. xliv, col. 345 ; Epist., clxxxvi, ad Paulinum, n. 32-33, P. L., t. xxxui, col. 828 ; Caspari, lieiefc, etc., lettre i, p. 5. Specbt, Die Lehre von der Kirche nach dem hl. Augustin, p. 64, a très bien remarqué que les pélagiens définissaient l’Église la société des jiar/aiis.

C. En particulier, sont damnés par Pelage les riches qui ne renoncent point à leur fortune. C’est la sixième proposition condamnée au sxiiode de Diospolis. Augustin, Epist., CLXXXVI, n. 32, /’. J… t. xxxiii. col. 828829. I.a lettre d’Hilaire de Sicile à Augustin, vers 111. /’. /.., t..xxxiii, col. (iTl, lui dénonce déjà cette erreur extravagante. Voir la réponse d’Augustin à Hilaire, Epist., ci. vii, n. 23-39, /’. /.., t. xxxiii. col. 686-693 ; Casparri, tout un traité. De divitiis, p. 25-67. Ce rigorisme, exagéré jusqu’à devenir invraisemblable, séduisit les.’unes austères et favorisa puissamment la difiusion du pélagianisme.

l Vue d’ensemble sur les dogmes défendus pat Augustin contre Pelage. — La théorie auguBtiuienne « le la grâce embrasse trois parties : 1. des éléments dogmatiques (directement opposés aux conclusions plutôt qu’aux principes de Pelage) dont Augustin obtint la proclama tion officielle par l’Église ; 2. des principe plus, raux, qui constituent le fond inémi du sjsu me aupii-tiiii. n. et n ont point été, au moins clairement, l d’une définition.’'. deapplications de ces principes aux questions spéciales de l’étal d’Adam, du péché originel, de la prédestination, applications laissées, bpluvent, elles aussi, en dehors des décisions ill’Ëgli

Quant a la première paru.-, cette vue d’ensembli les dogmes établis par Augustin nous est tourne deux documents importants : I. les de Cartha : les douze vérités de foi catholique

qu’Augustin énumère dans s.i lettre i Vilalis, 1. Trois grandes vérités dogmai < K-s’.< canons du concile d’Afrique. Ce concile. U Carthage en JI8, voir col. 2281, lut confirmé p’tr la célèbre Tractoria du pape Zozime, JafTé-Lowenfeld, n. 312-343, /’. /, ., t. xx. col. 693 ; t. xi.v. col. 1730. Le texte du concile dans Mansi, t iv, col. 327. /’. L., t. xi.v, col. 1728 ; Denzinger, Enchiridion, n. 64. On sait qu’Augustin, l’âme de ce concile, a condensé dans ces définitions les vérités pour lesquelles il combattait :

A. Sur le péché d’origine, il affirme l’immortalité d’Adam avant la chute (can. 1) ; la transmission des péchés à ses lils, et la nécessité- pour les entants d baptisés in remissionem peccatorum, dans le sens propre de ce mot (can. 2) ; et l’impossibilité pour les enfants non baptisés d’entrer au royaume des cieux, ou même de jouir ailleurs dune véritable béatitude (can. 3). L’authenticité de ce 3 canon est contestée : elle semble cependant sérieusement établie ; cl. Ilergenrother, Kirchengeschichte, t. n. n. 112 ; en tout cas, la doctrin sûrement augustinienne.Cf. Augustin, De anima eteju » orig., 1. II, c. xii, n. 17, /’. L., t. xliv, col. 505.

D. Sur la nécessité et le rôle de la grâce, les Pères affirment : a) que la grâce qui nous justifie n’est pas seulement le pardon des péchés passés, mais aussi un secours, adjutorium ut non committantur (can.’» . — b) Ce secours n’est pas seulement une lumière qui révèle la loi. mais l’amour du bien, ut etiant f’acere diligamus atque valeamus (can. 5) ; — e)La nécessité de ce secours est absolue et non pas seulement ut /a. possimus (can. 6).

C. Contre l’impeccabilité et la perfection prônées par les pélagiens. les Pères proclament et démontrent par l’Écriture qu’en fait la providence laisse les hommes, même les plus justes, tomber dans des fautes : a) An.ithème à qui ne vomira pas entendre dans toute sa rigueur le mot de saint Jean. I Joa., 1, 8 : Si dicimus quia peccatiun » cn habenvus, nos ipsos seducimus (can. 7. — li) Anathème à qui prétend que les saints ne récitent le dimilte nobis peccala nostra qu’au nom de leurs frères pécheurs (can. 8). — c) Ou par pure humilité (can. 9).

2. La lettre à Yitalis développe une quatrième vérité, la gratuité de la grâce, dans douze règles de foi, excellent résumé de la lutte d’Augustin contre les semipélagiens. Epist., ccxvii, c. v, n. i(i. P. /…t.xxxiii, col. 984, Après l’affirmation du péché originel (a. I), la gratuitéde la grâce : — o) est affirmée dans son universalité pour tous, pour les enfants ia. 2), pour chaque acte che/ les adultes, majoribus ad singulos actus dort (a. 3). — b) Elle est prouvée par sa distribution : Dieu ne la donne p.is à tous, mais à qui il veut (a

l Ile est expliquée en rejetant la théorie des semipélagiens pour qui la mort des enfants sans baptême était la punition des fautes qu’ils auraient commi s’ils avaient vécu plus longtemps (a. 7. s. 10. — <’! Elle est confirmée par les prières de l’Église pour obtenir la foi aux infidèles, par les actions de grâces pour leconvertis (a. 1 1. 12).

5 Les t> ;, is principes fondamentaux du système ttinien. — Le P. Wolfsgruber, Auguslinus, p. v dit que la clavis augusliniana se trouve dans l’affirma-