Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.2.djvu/441

Cette page n’a pas encore été corrigée

2373

AUGUSTIN (SAINT)

2374

Augustin : l’orgueil c’est le péché, l’humilité est la source et la lorce de tout bien. Dans les abaissements du Cbrist, il puisa ce sentiment nouveau qu’il a implanté dans l’Eglise, le culte de l’humilité. Cf. Lehrbuch der Dogmengesch., t. iii, p. 122 ; Précis de l’hist. des dogmes, p. 270. Telle est bien l’impression que laisse ce texte du 1. VIII De Triait., c. V, n. 7, P. L., t. XLII, col. 952, où l’humilité est présentée comme le grand mystère sauveur : Hoc enim prodest credere, et firnvum atque inconcussum corde retinere, humilitatem qua natus est Deux ex fernina et a mortalihus per imitas contumelias perductus ad mortem, summum essf. medi-CAMENTUM, quo superbiæ nostrse sanaretur tumor, et ALTUM SACRAMENTIM quo pcccali vinculum solverctur.

b) C’est précisément par l’humilité que Jésus est pour nous la voie. Dans les Confessions il raconte comment lui fut révélé, à lui qui ne voyait encore dans le Christ qu’un homme incomparable, le rôle de Jésus, voie des âmes, mais voie par l’humilité : non enin tenebam Jesum, humii.is humilem, nec cujus rei magistra esset ejits infirmitas, noveram : Verbum enim luum… œdificavit sibi humilem domum de linio nostro (la nature humaine), per quam subdendos deprimeret a seipsis, et ad se Irajiceret sanans tumorem et nutriens amorem. L. VII, c. xviii, n. 24, P. L., t. xxxii, col. 745 ; cf. c. xix-xx. Un peu plus loin, il s’écrie, parlant de son orgueil passé : Vbi erat Ula sedificans carilas a fundamento humilitatis i/nod est Christus Jésus ? n. 26, col. 747. Tel est le thème ordinaire de ses discours de Noël : Doclrinam lantse humilitatis agnosce… Tantum te pressit humana superbia ut te non posset nisi humilitas sublevare

D1VINA.

c) C’est au Verbe, à la personne divine, non à l’humanité, qu’il attribue cette humilité. Dieu sans doute ne peut s’humilier dans sa nature divine : mais Dieu consentant à s’unir à une nature créée, voilà la grande leçon de l’humilité ! Dieu seul pouvait être le maître de cette vertu. Via humilitatis hujus aliunde manat, a Chris to vend : Hœc via ab illo est qui, CUM esset altus, HUMiLis venu… Quiil aliud docuit nisi liane humilitatem ? non immerilo ait : ego sum via… In hac ergo humilitate propinquamur ail Deum. Enarr. in Ps. xxxi, a. 18, P. L., t. xxxvi, col. 270. Ainsi la leçon de l’humilité, Augustin l’exalte moins dans la vie et la passion du Sauveur, que dans le fait primordial de l’incarnation, décrétée et réalisée par le Verbe. Quel mot profond que celui où il montre le Christ vainqueur parce qu’en lui Dieu est humblement uni à l’humanité : qui vieil, ri homo erat et Deus ; et ideo sic viril natus ex Virgine, quia Deus humiliter, non quomodo alios’os, regebat illum hominem, sed gerebat. De Triu.. I Mil, c. xviii, n. 23, P. L., t. xlii, col. 1033. Cl. In Ps. iii, n. ii, /’. L., i. xxxvi, col. 114 ; In Ps. xviii, n. 15, col. 163 ; Epist., cev, ad Consentium, n. ii, P. L., t. XXXIII, col. 946 ; De pecc. orig., c. xl, n. 46, P. L., t. xi. iv, col. io’.i.

Conclusion. — Un résumé précis de la théorie augusliniennede la rédemption nous es) fourni dans VEnchi « jC.cviii. Harnack le commente, Lehrbuch, i. iii, p. 191, comme l’expression de son système. Que le lecteur juge : Cum genus humanum peccata longe sepai nt a Deo, per média torem, qui soins sine pec natus est, vixit, occisus est, reconciliari nos oportebai Deo usque ad carnis resurreclioneni in vitani (voilà le but premier de l’incarnation, réparation el réconciliation avec Dieu) ; ut humana superbia

PER HUMILITATEM DEl arquerel u r nr sanaretur et ilemonStraretur limai ni quani lange a Deo recesseral…

l’incarnation : œuvre morale du Christ humble, œuvre capitale, mais après la réconciliation : celle-ci étanl affirmée, il n’a plus d’apparence i naliste et abailardienne, comme le croil Harnack) ; et Vnigenito suscipiente formant servi, qute nihil unie

meruerat, fons grati.e PANDERETrn (résultat de l’œuvre rédemptrice : ce n’est pas seulement le pardon, la délivrance, mais la sanctification par une grâce comparée à celle de l’incarnation) ; et carnis eliam resurrectio redemptis promissa in ipso redemplore præmonstrarctur (rôle de la résurrection, garantie du triomphe futur que nous assure la réconciliation par le Christ) ; et per eamdem naturam quam se decepisse lœlabatur, diabolos vinceretur (la délivrance du démon représentée comme une victoire sur lui, remportée par la nature humaine, et comme une conséquence de la réconciliation avec Dieu : de rançon payée au démon, pas un mot).

4. La Mère du Christ d’après saint Augustin.

La théologie de la Mère de Dieu était en plein épanouissement au ive siècle. C’était la suite du développement de la christologie. Par le même principe qui élevait l’humanité du Christ à un rang divin, la mère de qui Dieu avait voulu naître devenait en toute vérité ©sorô/.oc (expression déjà employée par Athanase et Grégoire de Nazianze) et ce titre à son tour enfermait d’ineffables privilèges. Augustin, de l’aveu des critiques protestants, cl. Harnack, Lehrb. der Dogmengesch., t. iii, p. 217, loin d’arrêter cet élan, contribua puissamment à l’accélérer. Signalons quelques traits principaux :

a) Le rôle incomparable de la Mère de Dieu dans le plan divin, est mis en relief par le grand docteur. Il ne se contente pas d’affirmer, avant le concile d’Éphèse, la maternité divine : natus est Deus ex fernina, dit-il. De Trin., 1. VIII, c. v, n. 7, P. L., t. xlii, col. 952. Cf. De Gen. ad litl. lib. imperf., c. i, n. 4, P. L., t. xxxiv, col. 221 ; Serm., clxxxvi, n.l, P.L., t. xxxviii, col. 999. Il en cherche la raison profonde et affirme que Dieu a voulu l’enfantement du Sauveur par Marie précisément afin qu’elle concourût à la délivrance de l’humanité. Adam et Eve l’ont perdue ; Jésus et Marie la sauveront. Ainsi la coopération de Marie à la rédemption n’est pas seulement une conséquence de sa maternité, elle est l’intention première de Dieu. Il ne s’agit pas seulement d’honorer les deux sexes, dit-il dans le De agone christ., c. xxii, n. 24, P. L., (.XL, col. 1103, il y a là un mystère plus profond : Hucaccedii magnum sacramentum, ut quoniam per feminam mors nobis aeciderat, vita nobis per feminam nasceretur ; de même, ajoutet — il » il lallait que le démon fût vaincu par les deux sexes.

b) La virginité perpétuelle de Marie, même in partu, est très résolument défendue contre Jovinien. Epist., cxxxvii, ad Votus., n. 8, P. L., t. xxxiii, col. 519 ; ciaii, ad Evodium, n. 6, col. 707 ; Op. imp. cuit, .lui., 1. IV, n. 122, P. L., t. xlv, col. 1418 (Julien et Augustin sont d’accord sur ce point). Dans les sermons pour Noël il célèbre cette merveille. Serm., clxxxvi, n. 1, /’. L., I. xxxviii, col. 999 : Cnnci/iiens virgo, pariens virgo…, virgo perpétua. Quid miraris heec, o homo ? Il aime à attribuer à la foi de Marie l’accomplissement de ces merveilles. Serm., ccxv, n. 4, ibid., col, loTi : credendo peperit.

c) La préservation de tout péché (au moins personnel ) est affirmée comme un admirable privilège dû à la dignité incomparable de Marie. De nat. et grat., c. xxxvi, n. 1% P. L., t. xi. iv, col. 267 : Exce la iiaquc sancia Virgine Maria, de qua propter bonoi

llmilM nullam pl’OI’SUS, cum de peccatis nijitur. hnberi vola quicsl inuem : mule cuim sdmus quai ci plus

gratis collatum fuerit ad oincendum omni ex parte peccatum, qux concipere ac parère vbrvit, quem constat nullum habuisse peccatum. Il raul remarquer que saint Augustin vient de ranger parmi les pécheurs les justes les plus célèbres de l’Ancien testament, Abel, Enoch, Abrahi Élie, … saint Joseph lui même. Harnack a fort bien compris l’importance d’un si grand privilège, surtout appuyé sur de tels motifs, « Augustin,