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APOLOGISTES LES PÈRES

(Jrecs ou aux Romains ; des traitéi particuliers. Nom

m m plus loin les argumenta mi-- en valeur contre

l, i thèse des Juifs, les calomnies de la foule, la tyrannie

du pouvoir et l’o] ' des lettrés.

II. LES PI RE8 AT. : OC18TI 8 El LEURS SI VBES. — La liste dea apologistei du ile siècle s’ouvre par les noms de Quadrat et d’Aristide ; elle contient ceui d’Ariston <l<' Pella, de sain) Justin, de Tatien, d’Hermiaa, de Milliades, de Bainl Apollinaire, évéque d’Hiérapolis, de saint Athénagore, de Baint Théophile, évéque d’Antioche, et de saint Méliton, évéque de Sardes, parmi lea grecs ; ceux de Minucius Félix et de Tertullien, parmi les lalins ; elle (livrait renfermer également celui de saint [renée, à cause de son llso ; "EXVqvac ou Ilep’t fa(0rr)U.i)C, vaut, par Eusèbe, II. E., v, 26, P. G., t. xx, col. 509, et sigmalé à tort par saint Jérôme comme un double ouvrage, De vir. M., 35, P. E., t. xxiii, col. 083, actuellement perdu ; et celui de saint Apollonius qui, sous Commode, a présenté au sénat une substantielle apologie. Eusèbe, II. E., v, 21, P. G., t. xx, col. 488. Mais il sera question de saint Irénée ailleurs ; quant à la défense purement orale d’Apollonius, découverte par Conybeare dans le recueil arménien publié en 1874 par les méchitaristes de Venise, Apollonius' apology, Londres, 1394, ce n’est pas à proprement parler une apologie au sens où nous le prenons ici, mais plutôt un document à laisser parmi les Actes des martyrs. Texte grec dans les Analecta bollancUana, t. xiv, 1893. Cf. Th. Klette, Der I’roccss und die Acta S. Apollonii, dans Texte und Vntersucliungen, t. xv, fasc. 2, Leipzig, 1897. Voir col. 1508.

Quadrat, un Athénien peut-être, très vraisemblablement missionnaire, Eusèbe, H. E., ni, 37 ; v, 17, P. G., t. xx, col. 292, 473, fut le premier apologiste. Voyant que « des mal intentionnés cherchaient à nuire aux chrétiens » , il présenta à lladrien.de passage à Athènes, en 125-126, une apologie du christianisme pour venger l.nnocence des fidèles et prouver la divinité de la religion ; nous ne la possédons pas. Eusèbe, qui l’a lue, vante l’orthodoxie de sa doctrine et sa fidélité à l’ens ignement apostolique. H. E., IV, 3, P. G., t. xx, col. 308 ; Otto. Corpus apolog., t. ix, p. 333.

Aristide, philosophe d’Athènes, s’adressa vers 139, non pas à Hadrien, comme l’ont cru Eusèbe, H. E., iv, 3, P. G., t. xx, col. 308, et Jérôme, De vir. ill.. 20, P. L., t. xxiii, col. 610, mais à Antonin le Pieux, 138-161, comme le porte la suscriplion de la version syriaque, trouvée par Rendel Marris, en 1889, The apology of Aristide*, 1 91 ; de Rossi, Bullet. diarch. christ., 1891 ; Harnack, Die Apologie des Aristides, Leipzig, 1893 ; Bardenhewer, Patrologie, Fribourg-en-lirisgau, 1894, p. 85-87. Aristide montre que la vraie notion de Dieu ne se trouve ni chez les barbares, ni chez les Grecs, ni chez les Juifs, mais chez les chrétiens. Ceux-ci, par la dignité de leur vie, la pureté de leurs mœurs et leurs vertus, prouvent la supériorité du christianisme ; étant les seuls à posséder la vérité, ils ont le droit de renseigner librement. Voir Aristide.

On aimerait à croire que la voix de Quadrat et d’Aristide fut entendue et que leur intervention inspira les rescrits d’Hadrien et d’Antonin, Mais, outre la difficulté des dates, l’esprit léger de l’ami d’Antinous et l’indolente bonhomie d’Antonin empêchent de prendre cette hypothèse pour l’expression de la réalité. Apres comme avant leurs resents, le sang des chrétiens fui répandu.

Vers 150, Justin s’adressa à Antonin le Pieux, à ses ('..ux fils adoptifo, Marc-Aurèle et Lucius Verus, au s nat et à tout le peuple romain. Il pouvait se Qatter d'être favorablement accueilli. Fort de sa conscience, il 1.rie sans crainte et avec fierté, demande que l’on juge les chrétiens avec la raison, après un examen exact et minutieux, sans se laisser entraîner par des préjugés ou par le désir de plaire à une foule superstitieuse, sous

l’impulsion d’un emportement aveugle ou l’influence de bruits calomnieux. Âpol., i.2, col. 389. Fort

1 1 té- politique. H parle en patriote et en Romain, montrant dans les chrétiens des sujetfidèles, el danle

christianisme une force efficace pour empêcher crimes et maintenir l’ordre dans la société. Apol., i col. 341. Fort de sa culture hellénique, il parh philosophe a des philosophes ; il est loin de méconnaître les gloires de la philosophie, mais il sait par ience quelle est son impuissance et il présente le christianisme comme une philosophie nouvelle, comme lu seule philosophie, expression complète et définitive de la raison. Or une telle doctrine ne saurait être le réceptacle des infamies qu’on reproche aux chrétiens ni la source d’une morale flétrissante pour la nature humaine. Que des abominations se passent ailleurs, il veut l’ignorer, il constate du moins qu’on n’en poui pas les auteurs. Apol., I. 26, col. 309. Et sachant ce qui se passe parmi les chrétiens, il se permet d’entrouvrir la porte du mystère eucharistique : tout y est digne de respect. Et des lors il s'étonne qu’on ne punisse chez les chrétiens que leur nom ; il proteste contre ce qu’il regarde comme une monstruosité juridique, comme un attentat à la droite raison et à l'équité naturelle. Au nom de la liberté de conscience, il réclame la tolérance, le droit de vivre, le droit commun.

Ce fut en vain, les calomnies continuèrent de plus belle ; des bas fonds populaires elles envahirent la classe des philosophes : des délateurs obtinrent de nouvelles condamnations et la tragédie sanglante alla se répétant. C’est un drame domestique qui mit de nouveau la plume à la main de Justin, en lfiO, et lui fit rédiger sa seconde apologie, dans "l’espoir d’obtenir l’amél tion d’une situation intolérable en elle-même et i plètement en opposition avec les principes libéraux du gouvernement. Ici encore, il est fidèle à sa grande conception du christianisme, expression de la raison même de Dieu, et seule philosophie en possession de la vérité totale ; il écarte en passant cette objection : pourquoi vous plaindre quand on vous tue ? La mort, comblant vos vœux et vous mettant plus tôt en possession du bonheur, autant vaudrait recourir au suicide ; et cette autre : si Dieu est pour vous, pourquoi vous laisse-t-il opprimer ? Il flétrit de nouveau les calomnies, auxquelles il serait si facile d'échapper en colorant comme les païens d’un motif religieux toutes les abominations reprochées aux chrétiens. Les chrétiens défendent la vérité ; puissent les hommes se rendre dignes de la connaître ! Et puissiez-vons vous-mêmes, en princes sincèrement pieux et en philosophes, ne prendre conseil que de vos véritables intérêts et porter une sentence équitable ! Apol., n. 13. col. 169.

Entre ces deux apologies se place le Dialogue avec Tryphon. Saint Justin y combat les préjugés de certains juifs en faveur du mosaîsme et en haine de la foi ; il y prouve surtout la divinité de Jésus-Christ par lidentitication du Jésus de l'Évangile avec le Messie de l’Ancien Testament et la réalisation des prophéties, entre autrrs celles qui concernent la vocation des gentils et rétablissement du christianisme.

M.ns déjà, avant loi, Ariston de Telia avait aborde ce côté de la question juive dans son 'IaoovocMrt llar : <ry.ov ivTt/oMï rapl Xpioroî, Origène, Cont. Cett., n

P. G., t XI, COl. 1116 ; Eusèbe.II. E.. iv. < ;./'. G., XX,

col. 313 ; Otto. Corpus apolog., t. iv. p. 349, et prouve, a laide de l'Écriture, que fis prophéties concernant le Christ se trouvent vérifiées en Jésus. Voir AlilsTON DE

Pi I I A.

Apres Justin, son disciple Tatien inaugure, av.. .W, ; -v. ; 1 >V’i ;. M genre d’apologétique bien différent de celui de son maître. Laissant de côté b les calomnies populaires, il s’en prend uniquement à l’hellénisme, qu’il traite avec un parti pus et une