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AUGUSTIN (SAINT :

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Evang., n. 48, il applique au Christ Is., lii-liv, surtout Vulneratus est propter peccata nos Ira… livore ejus sanati sumus, P. L., t. XXXiv, col. 1065. Cf. InPs. lxviii, n. 9, 10, col. 818-819, qux non rapui, tune exsolvebam, et Augustin ajoute : fuit delictorum susceplor, sed non commissor. In Ps. xuv, n. 7, ibid., col. 498 ; In Ps. xxxi, n. 18, ibid., col. 270. — d. Il y voyait la réalisation de la grande figure de l’agneau pascal, avec saint Pau), I Cor., v, 7. Cf. De doct. christ., 1. II, c. xii, n. 62, P. L., t. xxxiv, col. 64 ; Enarr. in Ps. xxxix, n. 13, P. L., t. xxxvi, col. 443.

Après des affirmations si nettes et qui vont encore se multiplier en se précisant, il est inconcevable que certains critiques aient pu attribuer à saint Anselme l’origine de cette idée rédemptrice. Depuis les articles de Cremer dans Studien and Kritik., 1880, p. 7 sq., et l’assentiment donné à sa thèse par Ritschl et son école, il a été de mode de prétendre que la théorie anselmienne de la satisfaction était inspirée par les principes du droit germain. Les meilleurs critiques protestants, les plus étrangers aux préoccupations dogmatiques comme Loofs, Leilfaden, etc., 3e édit., p. 273, Harnack, Lehrbuch der Dogmengesch., t. iii, p. 357, ont montré tout ce qu’il y a d’étrange dans une assertion qui donne la coutume germaine du Wehrgeld pour origine à une croyance longuement étudiée par saint Augustin et même formulée par les Pères antérieurs, comme Tertullien et Cyprien. Bien plus, Harnack n’hésite pas à affirmer que, même avant saint Paul, le christianisme le plus ancien était basé sur le sacrifice expiatoire du Christ mourant. Cl. Harnack, Das Wesen des Christentum, 1900, 9e conf., p. 98-10-2 ; ir.id. franc., Paris, 1902, p. 163-174.

c) L’acte rédempteur du Christ c’est la mort sur la croix ; elle est, pour Augustin : a. Un véritable sacrifice : morte sua quippe uno verisximo sacrificio pro nobis oblato, quidquid culparum erat, … purgavit, abolevit, exlinxit. De Trin., 1. IV, c. xiii, n. 17, P. L., t. xlii, col. S99 ; cf. c. xiv, ii, 19, col. 901, les quatre éléments de ce sacrifice. — b. Le sacrifice unique figuré par tous les sacrifices anciens, In Ps. lxxiv, n. 12, P. L., t. xxxvi, col. 955 : lu omnibus Mis generibus sacrificiorum intelligitur illud unum sacrificium et unica vidima in Dominus. — c. Sacrifice perpétué dans le sacrifice de l’autel qui est offert dans le monde entier selon la prophétie de Malachie ; cf. De civil., 1. X, c. xx, P. L., t. xii, col. 298, où il est dit aussi : huic sumnio veroque sacrificio cuncta sacrificia falsa cesser tint. —d. Sacrifice consistant essentiellement dans la mort du Christ, décrétée par son Père. Mais nulle part on ne trouve, chez Augustin, trace des exagérations de la scolastique protestante, ’l après laquelle Jésus en croix aurait été vraiiii’’lit maudit par son l’ère, et aurait souffert les tourments mêmes île l’enfer. Gretillat, Dogmatique, t. iv, p. 298, dit avec raison que ces excès ont rendu odieuse la théorie de l’expiation.

./, I., ’rôle multiple de Jésus dans ce sacrifice est déterminé par le giand docteur : a. Tantôt il apparaît comme prêtre et sacrificateur : le péché est effacé per unicitm saa ificium mediatoris veri sacerdotis. De (lot. I IX. c. xiv, n. 25, /’. L., t. xxxiv, col. 119. — I. I antôt il est à la fois la victime et le prêtre, parce que lui-même qui offre sa vie et livre son corps aux tourments, Cf. De Trinit., loc. ai., col. 901 ; De civit., I., e. xx, /’. L., t. xii, col. 288 : Ipse afférent, ipse >/ oblai précisément la liberté de cette oblation

par lui-même qui Ir.insiorrne en sacrifice la mort inpar les bourreaux : le Christ a été immolé parce qu’il l’a voulu Serm., ii n. n. 9, /’. L., t. xxxviii, col. 821 : Et perrexil "-’passioneni morlis, mortem m, iii, , , necessitatis sed arbitrii, et il renvoie à Eph., v, 2. - c. Tantôt Augustin le montre victorieux it triomphateur, Confess., I. X. c. xi.in, /’. /.., t. xxxii,

Col. 808 : VU lue ri, ni, , iiii, il nlen VlClOr quia ncliiiia, DICT. I.L llll.ol.. CATilOL.

et ideo sacerdos quia sacrificium, faciens tibi nos de servis filios. — d. Enfin il le représente au ciel intercesseur pour nous, comme le grand-prêtre, dans le Saint des saints. Cont. epist. Parmen., 1. II, c. vii, Vin, P. L., t. mil, col. 59.

e) Les fruits de la satisfaction du Christ sont sans doute d’abord le pardon des péchés, Cont. Faust., 1. XIX, c. vi, P. L., t. xlii, col. 352, le pardon de tous les péchés, même de ceux commis après le baptême (ce que nie Scheel, op. cit., p. 313) : Sanguis… delcvit oui nia peccata nocenlium, prelium tantum dalum redemit omnes captivas… In I’s. CXXIX, n. 2, P. L., t. xxxvii, col. 1697. Mais saint Augustin exprime avec non moins d’insistance et sous mille iormes les dons positifs de la réconciliation avec Dieu. C’est une grâce analogue à celle de Jésus-Christ qui nous est assurée. De pecc. mer., c. xxvi, n. 39, P. L., t. xliv, col. 131. C’est l’incorporation au Christ dont tous les croyants deviennent les membres : per êjus sanguinem… Christi corpori copulantur. InJoa., tr. LUI, n. 6, P. L., . xxxv, col. 1772 ; cf. Serm., cxliv, n. 2, P. L., t. xxxviii, col. 188. C’est l’adoption divine jusque-là empêchée par nos fautes : illevenit Unigenitus solvere peccata, quibus implicabamur ne adoptaret nos… In Joa., tr. II, n. 13, P. L., t. xxxv, col. 1394. Et dans le Serm., cxcii, n. 1, P. L., t. xxxviii, col. 1012, il dit avec plus d’énergie encore : Deos faclurus, qui homines erant, liouio foetus est qui Deus erat. Comment Harnack a-t-il pu parler de réconciliation purement négative ?

/’) L’étendue de la rédemption du Christ, d’après Augustin, est universelle et ne souffre pas d’exception : Sanguis innocens fusus delevit omnia peccata nocenliinn, prelium lantum dation ralentit omnes captivos. .. In Ps. cxxix, n. 2, P. L., t. xxxvii, col. 1697. Ainsi : a. Tous les péchés sont expiés, même ceux commis après le baptême, qui, d’après Scheel, op. cit., p. 313, ne seraient point compris dans la rédemption. — b. Tous les captifs sont rachetés, même les enfants qui meurent sans recevoir le baptême. Augustin l’affirme expressément. Cont..lui., 1. III, c. xxv, n. 58, P. L., t. xuv, Col. 732. Il faut même remarquer l’argumentation d’Augustin qui ferme toute échappatoire aux jansénistes. Au 1. VI Cont. Jul., c iv, n. 8, ibid., col. 825, et dans VOp. imperf. cont. Jul., 1. II, n. 175, ibid., col. 1217, il raisonne ainsi : Jésus-Christ est mort pour tous sans exception, donc tous sans exception sont pécheurs : mu ucs itaque morlui sunt in peccatis, NEMINE trorsus EXCEPTO, et pro omnibus mortuis vivus morluus est unus. De civit., 1. XX, c. vi, P. L., t. xii, col. 665. Voilà la pensée des dernières années d’Augustin. On sera donc bien forcé, quand il restreindra aux élus les effets de la rédemption, de l’entendre des grâces efficaces qui ne sont pas données à tous. Les sermons de saint Augustin ne peuvent laisser aucun doute ; après le H. P. O. Rottmanner, Scheel l’a remarqué, op. cit., p. 155. Serwi., cccxliv, n. 4, P. L., t. xxxix, col. 1515 : Sanguis Domini tui, SI vis, datus est pro te, si NOLUERIS c.iKe, non est datus pro te… Une est magnum quia semel cl pro OMNinrjS dédit. Sanguis Christi volculi estsalus, nolenli supplicium. Serm., ccxcii, n. 4, P. L., t. xxxviii, col. 1322 : APOSTOLICA et vera sententia

EST, Ql’IA ChRISTUS Sai.VATOR OMNIUM HOMINUM. Cf.

.l.-li. Faure, ad cap. xlvii Enchir. ; Stentrup, De Verbo incarnato, Soteriologia, th. xxxiii, t. i, p. 387-416. Voir plus loin la doctrine de la grâce. — Huant aux ailles, Augustin eût craint de favoriser la croyance origéniste au salut final des démons, s’il ne les laissait en dehors de la rédemption. Il signale seulement, Enchirul. , C. l.Xl-ixii, /’. L., t. XI., col. 260-261, que la mort du Christ a réuni hommes justes et bons anges en une même cil de Dieu, dans laquelle les élus remplaceront

les ailles déchUS.

3e question : Saint Augustin a-t-il iu dans la rc I. - 73