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AUGUSTIN (SAINT)

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discussion, du Fils et do Sain) Esprit Le caractère saillant de ni doctrine ii inilaire, c’est « pic nous pouvons > saisir, dans une pleine lumière, la marche de l’esprit

latin dans la concepti le la ["rinité, marche op|

à celle des Péri rientauz. Le P. de Régnon,

Éludes de théologie positive, p. 300-429, a développé cette divergence des deux conceptions, mais il faut le □naître, son admiration pour les grecs ne lui a pas permis d’apprécier toute la valeur du progrès accompli ou du moins préparé par le génie d’Augustin. Ce développement tlu dogme est cependant d’autant plus remarquable qu’en passant parla Bcolastique, la théorie ti-inil. ii if d’Augustin orientera tous les théologiens occidentaux. Les principes communs aux Pères grecs et latins, au moment où écrivait Augustin, étaient d’abord le d des trois personnes participant pleinement et (’gaiement à une même nature divine, puis l’explication du dogme par cet axiome, implicitement formulé parles grecs eux-mêmes : In divinis omnia sunt unum, ubi non obtint relationis oppositio, formule dans laquelle l’unité se rapporte à la nature, l’opposition aux personnes ; cf. De Trin., 1. V, c. v-vi, P. 7.., t. xlii, col. 912 ; dans le Proœmium du 1. VIII, ibhl., col. 917, dont les formules ont été certainement imitées par l’auteur du symbole pseudo-atbanasien Quicunque, il aflirme la grande règle : il faut exprimer au singulier toutes les propriétés absolues de l’essence : imus Deus, bonus, omnipotent ipso, Triniias, et quidquid aHud non invicem relative, sed ad se singuli dicuntur ; /toc enim tecundum essentiam dicuntur. Trois traits caractérisent le concept latin et le progrés accompli sous l’influence du grand docteur : a) la conception de la nature avant les personnes ; b) l’insistance à attribuer toutes les opérations ad extra à la Trinité entière ; c) l’explication psychologique des processions.

A. Dans l’explication de la Trinité, Augustin conçoit la nature divine avant les personnes. Sa formule de la Trinité sera : une seule nature divine subsistant en trois personnes ; celle des grecs au contraire disait : trois personnes ayant une même nature. Jusque-là, en effet, l’esprit des grecs se fixait directement sur les personnes : sur le Père, conçu comme le Dieu unique (primitivement le mot Deus, 6 0Éoç, lui était spécialement réservé), credo in unum De uni Patrem ; puis sur le Fils, né du l’ère, Deuni de Deo, et enfin sur le Saint-Ksprit procédant du Père on tant que l’ère, donc par le Fils. Ce n’est qu’à la réflexion que leur esprit considérait directement dans ces trois personnes une seule et même nature divine. Saint Augustin au contraire, préludant au concept latin que les scolastiques lui ont emprunté, envisage avant tout la nature divine et poursuit jusqu’aux personnes pour atteindre la réalité’complète. Deus, pour lui, ne signifie plus directement le Père, mais plus généralement la divinité-, conçue sans aucun doute d’une manière concrète et personnelle mais non comme telle personne en particulier. C’est Dieu-Trinité, C’est-à-dire au fond la divinité qui s’épanouit sans succession de temps ou de nature, mais non sans ordre d’origine, en trois personnes, Père, 1 ils et Saint-Esprit.

Ce caractère spécial de la théorie trinitaire d’Augustin explique seul la forme si nouvelle du symbole pseudoathanasien qu’elle a inspiré. Tous les anciens symboles, Denzinger, Enchiridion, a. 1-43, même ceux usités du temps d’Augustin, et employés par lui à Milan et en Afrique, Rahn, Bibliothek der Symbole, 8e édit. s’Xlii, sont formulés d’après le concept antique, débutant par la foi au Dieu unique qui est le Père, pour clôturer par le Saint-Esprit, sans exprimer autrement la Trinité,

Credo in Deinii l’itlrem (première personnel… et in

Jesum Christum filium, etc. (forme la plus ancienne du symbole, Denzinger, loc. cit.) ; Credimvs, in i NOM Dn m

l’uni :)/…, l m i i i DOHIItl M nottrum Jesum. vie. (symboles dits de Nicée it de Constantinople, 11. dm.

hic 145, p. 160-160 M symbole I

cumque, d inspiration augustinienne, s’ouvre par la foi à la divinité commune aui do Fideê eatho liea /, , /-, rt, i, nt unum Deum [nal I initate et

Trinilatem m unitate vent Denzinger,

n. 136.

i i doctrine, certes, est la même, maiqui ruvoit que le concept augustinii a, i a exprimant avant tout l unité de nature, prévient el écarte d’avance les object

— a) Jamais, jusque-là, I unité divine n a.ait été mi puissamment en relief en lace des trois personnes divines, atuaient le rôle de ces personm s, était nt constamment harcelés par les accusations detrith.V et, pour cela, obligés de récapituler ta Trinité dans -a source première, le Père. Voir les paroles du pape saint Denys a saint Denys d Alexandrie citées par saint Athanase. De decretit A n., n. 26, /’. G., t. xxv,

col. 164. Mais chez saint Augustin, la divinité- unique apparaît de prime abord et, de cette vue, naîtra plula distinction des deux traités De Deo une <’. D trino, distinction que le concept grec n’aurait point inspirée. Cf. De Trin., tout le I. VII, spécialement c. i vi, P. L-, t. xxii, col. 939, 946. — b) L’égalité des sunucs divines éclate aussi avec plus de clartcept antique faisait ressortir le rôle du Père, unique principe de la divinité, et, pour parler avec saint Di de tout l’être, t ?, ; ôvtotiitoç, source, origine des autres personnes, en sorte qu’à lui seul semblait appartenir en propre la divinité- ; il est le Dieu suréminent, i jiavTÛv 9eo*c, ô mâv 4Xfi » v W : i ;  : mais cette insistance, pour certains esprits moins profonds, n’était pas danger d’une subordination du Fils et du Saint-Fsprit. Chez Augustin, c’est la nature divine, avec touteperfections absolues, qui apparaît tout d abord, existant identiquement la même dans chacune des trois personnes. De là cette égalité si grande qu’Augustin peut dire, De Triait., 1. VIII, proœm., P. L., t. xtn, col.917 : Tantant esse xi/ualitatem, ut non solum Pater non sit major quant ï’tlius, sed nec… singula quwque persona qttxlibet trium minus aliquid sit quant Trinitas. — c) L’n autre péril, il est vrai, se présente. Cette divinité, que l’on s’habitue à considérer indépendamment des trois personnes, ne sera-t-elle pas conçue peu à peu comme Dieu personnel, avant d l’ère. Fils et Saint-Esprit, entraînant ainsi ou une quaternité en Dieu, ou l’absorption des trois personnes. n un sabellianisme nouveau ? Jamais la théorie de Cajet.ni, lu Sunt. S. Th., III » , q. III, a. 2 ; I » , q. xxxix, a. 4, et de Durand, In 1 V Sent., I. III, dist. 1, q. il. n. 7, affirmant une sttbsistence commune aux trois personnes, n’aurait pu surgir de la conception antique, tandis qu’eli présente assez naturellement à l’esprit latin. Ce danger, Augustin l’a pressenti et l’a prévenu, en niant à cette divinité toute réalité distincte de la réalité des personnes divines. Cf. plus haut col. Q’M. n. 90.

11. L’n autre progrès de la théorie trinitaire d’Augustin, c’est l’insistance à faire de toute opération divine ad extra l’œuvre indistincte des trois personne--. Seulement comme chaque personne possède la nature divine dune manière particulière, on attribue à chacune d’elles dans les opérations extérieures le rôle qui convient « I 1ère de son origine : simple appropriation, diront les latins après Augustin. Certes les P< i eux

aussi, affirmaient cette unité- d’tvtpYtia en Dieu : elle était même pour eux la grande preuve de l’unité de nature. Mais celait là l’ouvre de la réflexion : danla description directe de la Trinité, ils accentuaient, au contraire, connue un l’oie distinct de chacune dl - ;

sonnes danles œuvres accomplies en communauté

d’action. De là ceformules si difficiles pour les latins :

j llaffo ; ôii tov flot) h ti’. « [Ivtû|um. De là des

assertions absolues qui semblaient réserve r exclusivement a chaque personne une opération propre : seul le