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AUGUSTIN (SAINT)

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eivit., I. VIII, c. ix-x, n. 2, P. L., t. xli, col. 235. Voir plus haut col. 2328. Or nul ne doute que l’influence de la grâce s’exerce d’une manière effective ; il en sera donc de même de l’illumination intellectuelle. Un texte très intéressant est fourni par le 1. Xl, De Trinit., exil, n.15, P. L., t. xlii, col. 1018, où la lumière qui éclaire l’âme est comparée à la grâce qui la justifie, et l’une et l’autre sont des formes créées dans l’àme. — c) Elle est réclamée enfin par ses origines historiques.il serait facile, mais trop long, d’établir que Platon et Plotin par leurs explications ont préparé le système du docteur d’Hippone.

Conclusion. —Est-ce à dire que cette explication d’Augustin soit la vraie théorie de la connaissance ? Nous ne le pensons pas, mais nous avions à déterminer la pensée d’Augustin, non à la justifier. D’ailleurs il sied d’être réservé en ces matières : du système que nous attribuons à Augustin, saint Thomas, In IV Sent., 1. II, dist. XVII, q. ii, a. 1, Paris, 1873, t. viii, p. 221, parle avec respect : satis probabilité)’, dit-il. Il est d’ailleurs très intéressant de comparer ces deux grands génies sur cette question : dans l’opuscule qu’ils ont écrit chacun De magistro et dans les passages suivants : Soliloq., 1. I, c. vi, n. 42, P. L., t. xxxii, col. 875, et S. Thomas, Sum. theol., I a II æ, q. cix, a. 1, ad 2um ;.De magistro, c. XI, XII, ibid., col. 1215, et S. Thomas, In IV Sent., 1. II, dist. XXVIII, q. i, a.5, ad3""> ; Confess., 1. X, ex, n.17, ibid., col. 786 ; De Gènes, ad litt., . XII, c.xvi, n.33, P.L., t. xxxiv, col.467, etS.Thomas, £>erc/i<., q. x, a. 6, ad 5 ura ; De Trinit., 1. XII, c. ii, n. 2, P. L., t. XLII, col. 999, et S. Thomas, ibid., ad 6um ; Confess., 1. XII, c. xxv, n. 35, P. L.. t. xxxii, col : 840 : siambo ..ni* veruni esse quod dicis, etc. ; De vera rclig., c. XXXVI, n. 66, P. L., t. xxxiv, col. 151, et S. Thomas, Quodlib., X, q. iv, a. 7, ad l um.

3° La foi et ses rapports avec la raison : Augustin apologiste. — « Augustin est le premier des Pères qui ait senti le besoin de raisonner sa foi, et de se rendre distinctement compte des problèmes préliminaires que nous devons aujourd’hui traiter dans les prolégomènes de toute dogmatique. Les Alexandrins, il est vrai, avaient agité ces questions, mais chez eux, formel et matériel de la loi, fondements primitifs et déductions éloignées, tout est mêlé’. » Cette réflexion est de Harnack, Lehrb. der Dogmengesch., t. iii, p. 97, et il cite à l’appui les questions de Laurentius dans VEnchir., c. iv, P. L., t. XL, col. 232. Nous ajouterons que le système si clair et si net du grand docteur sur l’union de la foi et de la raison, s’il avait été mieux compris, aurait préservé les théologiens du xviie siècle des subtilités nuageuses dont l’analyse de la foi se dégage aujourd’hui avec tant de peine.

1. Augustin affirme, des le début de sa conversion, les deux sources de nos connaissances religieuses, la n, t l’autorité. — C’est la conclusion de son premier ouvrage, Cont. acad., 1. III, c. xx, n. 43, P. L., t. xxxii, col 958 : Nulli dùbium est, geniino pondère nos viiipelli a, / diseendum, auctoritatis algue)~ationis. Voir col. 2326.

la thèse développée dans le De ordine, 1. II, c. ix,

n. 26, ibid., col. 1007. — La nécessité de croire à une autorité est le fond même du De utilitate credendi, où il établit en général nihil omino huma/ce societatis inco lunie rémunère, si nihil eredere stut iieriiniis, ijiunt nmi

potsumut tenere perceptuni, c. xii, n.26, P. L., t. xlii, col. 81. — La util ure île lu foi est nettement exposée par

exemple dans Y Epist., cxlvii, ad Paulinam, c. ii, iii, n. 7, 8, P. L., . xxxiii, col. 699-600 ; elle n’est point je ne quel sentiment vague de l’âme adhérant à une doctrine sans motifs rationnels ; elle est une adhésion Intellectuelle aux vérités qui lui sont garanties, non par

une vision intime de ces vérité*, mais par des témoins

dignes de créance ; Creduntur ergo illa qum abtunt a tension » nostri » si videtur idoneum quod eis testimoniuiu perhibetur. Lue. cit., n.7. Ainsi, d’après le grand

DICT. DE T1IÉOL. CATHOL.

docteur, le caractère essentiel de la foi, c’est d’avoir pour unique motit d’affirmation un témoignage, mais un témoignage vérifié, tandis que la science voit l’objet en lui-même, dans les causes ou les effets intimement liés avec lui. La liberté de l’adhésion et la nature mystérieuse de l’objet sont des propriétés de la foi chrétienne, elles n’en constituent pas le fond essentiel.

2. Priorité de la raisonetde la foi sous divers aspects.

— Il est assez d’usage de résumer la pensée d’Augustin, comme Weber l’a fait, Histoire de la pliilos. europ., 4e édit, p. 168 : « Chronologiquement, la foi précède l’intelligence : pour comprendre une chose, il faut préalablement l’admettre, credo ut intelligam. » Et de fait bien souvent le grand docteur affirma la priorité de la loi, De ordine, 1. II, c. ix, n. 26, P. L., t. xxxii, col. 1007 : Ail diseendum necessario dupliciter ducimur, aucloritate et ratione. Tempore auctoritas, re autem ratio prior est ; De Trinit., 1. VIII, c. v, n. 8, P. L., t. XLII, col. 952 : priusqunm intelliganvus, credere debemus ; 1. IX, c. i, n. 1, col. 961 : fuies utcumque inchoat cognitionem ; In Evang. Joa., tr. XL, n. 9, P. L., t. xxxv, col. 1690 : credimus ut cognoscamus, non cognoscimus ut credamus. Mais dans tous ces passages, il s’agit uniquement de l’intelligence intime des vérités révélées. Quant à la préparation de la foi, nul n’a marqué, avec plus de netteté et de mesure qu’Augustin, le rôle de la raison qui précède et accompagne l’adhésion de l’esprit. Voici donc l’ordre complet des relations entre la raison et la loi : — a) Avant toute foi, la raison doit montrer non la vérité intime des affirmations du témoin, mais les titres de celui-ci à être cru sur parole : De prædest. sanct., c. ii, n. 5, P. L., t. xliv, col. 962-963 : nullus quippe crédit aliquid, nisi prius cogitaverit esse credendum ; De vera relig., c. xxiv, n. 45, P. L., t. xxxiv, col. 141 : auctoritas fidem fkigital et ralioni præparat hominem. .. Quanquam neque auctoritatem ratio penilus deserit, cum considérât cm sit credendum, et c. xxv, n. 46, col. 142 : nostrum est considerare quibus vel hominibus vel libris credendum sit ad colendum recte Deum. La lettre cxx à Consentais étudie les rapports de la raison et de la foi, et, après avoir proclamé le grand principe : etiam credere non possemus, nisi raliouales animas haberemus, explique cette priorité de la raison, c. i, n. 3, P. L., t. xxxiii, col. 4ô3 : Si igitur rationabile est itt ad magna quiudam, quse capi non possunt, fuies prœcedat rationem, procul dubioquantulacumque ratio quse hoc persuadet, eliam ipsa antecedit fidem. — Mais une fois établies l’autorité et l’existence du témoignage divin, ce serait folie d’attendre pour croire qu’on ait résolu toutes les questions quse non sunt finiendsB ante fidem, ne finiatur vita sine fide, dit-il. Epist., Cil, ad Deogratias, n. 38, P. L., t. xxxiii, col. 386. — b) Dana l’acte de foi lui-même, la raison garde cette vision de l’autorité du témoignage : l’esprit ne peut atteindre que le vrai, et la vérité des dogmes révélés n’apparait que dans le témoignage. Saint Augustin ne cesse de le redire : cogitât omnis qui crédit, credendo cogitât,

et cogilanilii crédit. De pr : rdest. suint., C. II, /’. L.,

t. xliv, col. 203. Et que voit le croyant ? ce ne sont pas seulement les concepts, éléments du dogme, c. De Trinit., 1. VIII, c. v, n. 7, P. L., t. XLH, col. 952 ; c’est la vérité de ces dogmes, manifestée par un témoignage autorisé : si videtur idoneum… testimmiium. Cf. Epist., cxi. vii, n. 7. Et avec plus de clarté encore, Epist., cxx, ad Consentium, n. 8. /’. /, ., t. xxxiii, col. 156 : lluiiet namque ftdes oculos sims, quibus quodamnwdo

    1. VIDET VBRUH ESSE quod imudiim videt##


VIDET VBRUH ESSE quod imudiim videt, et i/uilius cerlissime videt ui’iidum se videre quod crédit. (Quodamnwdo exprime la vérité vue seulement par le dehors, par le témoin.) Quelle n’eûl pas été la stupéfaction d’Augustin si on lui eut dit que la foi doit fermer les yeux sur les preuves du témoignage divin, sous peine de devenir la science ! si on lui eût parlé d’une foi d’au I. - 71