Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.2.djvu/421

Cette page n’a pas encore été corrigée

2333

AUGUSTIN (SAINT1

2334

même, De vera rrlig., c. x, n. 20, P. L., i. xxxiv, col. 131 : Intende igitur diligenter et pie, quantum potes : taies enim adjuvat Dcus ; De moribus Eccl., passim, mais surtout 1. I, c. I, n. 1, P. L., t. xxxii, col. 1311 : neque omnes qui qussrunt discere digni sunt ; et diligentia et pietas adhibenda est ; Epist., cxl, c. xviii, n. 48, P. L., t. xxxiii, col. 558 : tanto fructuosius cogilabis, quanto magis pie cogilaveris. D’après le De online, 1. II, c. xix, n. 51, P. L., t. xxxii, col. 1019, « la vision du vrai est l’apanage de celui qui vit bien, qui prie bien et qui étudie bien. » — En particulier l’orgueil de l’esprit est le grand obstacle à la conquête de la vérité, et si les philosophes ne se rendent pas aux preuves de la foi, c’est qu’ils persistent dans cet orgueil, in superhia et invidia rémanentes, est-il dit. De vera relig., c. iv, n. 6, P. L., t. xxxiv, col. 126. — b) Une raison de cette loi, c’est que la vérité religieuse se présente à l’homme, non comme un froid théorème à contempler, mais comme un bien qu’il faut embrasser de toute son à me pour en faire la règle de sa vie. Le grand docteur ne dit pas (comme certains aujourd’hui) : La religion n’est point une doctrine, elle est une vie, » mais il dit fort bien : « La religion n’est pas seulement une doctrine, elle estime vie de notre âme. » Déjà dans eCont. acad., 1. II, c. iii, n. 8, P. L., t. xxxii, col. 723, il exige que toute l’âme se donne à la vérité : ipsum verum non videbis, nisi in philosophia rorus intraveris. Dans le De morib. Eccl., 1. I, c. xvii, n. 31, ibid., col. 132 i, il dit énergiquement de la vérité révélée : amore pctitur, amore qussritur, amore pulsatur, amore revelatur, amure denique in eo quod revelatum fucrit, permanetur. Enlevez l’amour, c’est-à-dire l’influence d’une volonté toujours libre, les démonstrations ne retiendront plus. Cꝟ. 1. II, c. ii, n. 4, col. 1319 (tableau de ceux qui cherchent, non la vérité, mais des objections à la vérité). — c) Aussi ne craint-il pas d’affirmer que la connaissance de la vérité est le fruit de la vertu, non sa cause. Cont. Faust, manich., I. XXII, c. lii, P. L., t. x l 1 1, col. 433 : Prior est in recta hominis’ilione labur operandi quæ recta sunt, quant vptas intelligendi quse vera sunt. Voir aussi au début des Soliloques, 1. I, c. I, n. 3, P. L., t. xxxii, col. 872, la belle prière : Dcus, … quem nemo invenit, nisiplene purgatus ; etle passage très significatif, / ; *’util. cred., c. xvi, n. 3’t-, P. L., t. xi.n, col. 90, où il formule cette loi. si étonnante à première vue : chercher h vérité pour purifier l’âme, c’est illusion et désordre ; il faut au contraire purifier l’âme pour voir la vérité ; n’eu m lie ut anitnum purges, eum ideo purgetur m videos, perversum certe atque prseposterum est. Mais le caractère de toute démonstration religieuse qui explique le mieux la part de liberté qu’elle laisse, c’est, d’après Augustin, le mystère qui pénètre toute conception de Dieu, de l’infini, de l’éternel. Il n’est pas de ceux qui ne veulent en philosophie religieuse que des évidences absolues et croient résoudre toutes les difficultés. Il décrit l’étal d’âme de ces esprits trop dogmatiques, au début du De Tfinit., 1. I, c. i, n. 3, /’/, ., t. xi.ii, col 821 : il prend pour exemple la conciliation de l’immutabilité divine avec la création, qui, pour lui, est mi insondable mystère ; « mais quand on parle ainsi à certains, ils s’indignent, etc. i II reconnaît que ce fut son erreur, avant sa conversion, d’exiger des preuves d’une évidence absolue et pour ainsi dire mathématique, Confess., I. VI, c. iv, n.(S, / » . L., t. xxxii, col. 722 : volebam enim, <, , -, , , , , , /(, , lèvent, ita

i fieri, ut certus essem quod septem et tria deeem tint. Il conclut que notre science de Dieu est toujours mystérieuse, cujus (Dei) nulla scientia est, , < ire quomodo eum nesciat. lie on/., I. ii, c. xviii, n. 17, ibid., col. 1017. - e) Bien plus, dans la philosophie naturelle, Augustin retrouve ce caractère mystérieux, qui, sans détruin la valeur de nos preuves,

laisse dans l’esprit une certaine indétermination et à la volonté la liberté de l’adhésion. Ainsi l’union de l’âme et du corps lui parait, et non sans raison, un mystère impénétrable. De civil., 1. X, c.xxix, n. 2, P. L., X. xli, col. 308. Et à propos de l’origine de l’âme, il adresse à Vincentius Victor, représentant les intellectualistes exagérés, cet avis précieux : inleUige quid non intelligas, ne totum non intelligas. De anima et ejus orig., 1. IV, c. xi, n. 15, P. L., t. xliv, col. 333.

2° Théorie augustinienne de la connaissance intellectuelle. — Ce problème est d’une importance capitale, non seulement par sa difficulté (Augustin a reconnu que cette connaissance est un mystère, Epist., eux, ad Evod., n. 2, P. L., t. xxxiii, col. 699), ou à cause des interprétations diverses si souvent tentées au XIXe siècle, et récemment renouvelées, mais surtout à cause du rôle que joue cette théorie dans le système augustinien : ce n’est pas un problème isolé, c’est une partie, un aspect du grand problème général de notre dépendance de Dieu. Pour Augustin, l’intelligence a besoin de la lumière de Dieu, son soleil, pour la vérité, comme la volonté « V la grâce île Dieu, bien suprême, pour la vertu. Bien des interprètes ont fait fausse route pour n’avoir pas remarqué cette ressemblance entre le rôle de l’illumination et celui de la grâce.

A. La théorie et ses formules d’aprcsles œuvres de saint Augustin. —A. Préliminaires à supposer. — a) Il s’ayit d’expliquer l’origine des idées intellectuelles qui, d’après Augustin, sont séparées par un abîme des connaissances inférieures données par les sens. Celles-ci ne constituent que la science : il cherche l’origine de la sagesse. — /^Primitivement, Augustin avait admis l’idéologie de la réminiscence néoplatonicienne, il l’a rejetée. Voir col. 2331.

— c) Nul ne doute que saint Augustin n’ait admis le monde intelligible de Platon ; seulement, de ces idées qui sont la-vérité en elle-même, il fait, non un monde réel hors de Dieu, mais les idées mêmes de la sagesse divine. Il s’agit de savoir comment nous parvenons à les atteindre.

B. Voici, par ordre chronologique, les principales formules d’Augustin et les sources île sa doctrine :

a) Dieu, soleil de l’âme. Dés 387, dans Solil., 1. I, c. VIII, P. L., t. xxxii, col. 877, il dit des vérités intellectuelles, ea non passe intelligi, nisi ab alio quasi suo suie illustrentur. Cf. c. i, n. 3 ; c. xiii. — b) Dieu le seul maître, et maître intérieur de l’âme. En 389. />< magistro, document exceptionnel, et (avant 391) Epist., xiii, a<l Nebrid., P. L., t. xxxiii, col. 78, il ajoute que l’âme comprend, Deum consulendo. — ci Dieu est la lumière de notre âme dans laquelle nous voyons tout, De Gencsi ad lUteram (3915), 1. XII, à propos de la vision de saint Paul, passage liés difficile, c. xxxi, n. 59, P. L., t. xxxiv, col. 479. cf. même théorie dans De pecc. mer., 1. I, c. xxv, n. 38, P. L., t. XLIV, col. 130. « L’âme est l’œil, Dieu est la lumière. » — Dans le De civil, (après il 5), I. X, c. il, /’. L., t. XLI, col. 279, il développe l’idée que le Verbe est cette lumière de toute âme (il parle de la connaissance naturelle). — d) I, ’âme a dans sa nature une relation intime avec le monde intelligible quelle voit in quadam luce sut generis incorporea. De Trinit, (415), I. XII, c. xv, n. 24, P. L.. t. xi.ii, col. 1011 ; Betrat. (426427), 1. I, c. viii, n. 2, /’. L., t. xxxii, col. 594. Dans ces deux passages, Augustin essaie d’éviter les métaphores pour être précis.

On peut creuser les citations savamment réunies par André Martin, .S. Augustini philosophia, part. II, c.xix-i.iv, 1865, p. 176-277, et.Iules Martin. Saint Augustin, 1- I, p. 51 sq., on n’en tirera que cette assertion : « nous voyons la vérité immuable, » et cette métaphore : « nous la voyons à In lumière divine. » Or quel est le sens de celle nelapliore’.'

2. Interprétations diverses, — A. Interprétation

panthéiste : Dieu, raison universelle et unique mtelll-