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AUGUSTIN (SAINT)

teur, aucun n’a été plus universellement lu et admiré : aucun n’a fait couler plus de larmes salutaires. Ni pour l’analyse pénétrante des plus complexes impressions de l’âme, ni pour l’émotion communicative, ni pour l’élévation des sentiments ou la profondeur des aperçus philosophiques, ce livre n’a son pareil dans aucune littérature.

Éditions fort nombreuses. Signalons celles de Sommalius, S. J., in-8°, Douai, 1608, souvent réimprimée ; de Wagnereck, S. J., avec une étude et d’excellentes notes ascétiques, Dillingen, 1631 ; avec commentaire en latin, Florence, 1757. — Éditions récentes : de Pusey, Oxford, 1828 ; de Raümer, 2e édit., Stuttgart, 1876 ; de Knöll dans le Corpus de Vienne, 1896, t. xxxiii — Cf. Études signalées à Vie (Harnack, Wörter) ; Arthur Desjardins, Essai sur les Confessions, in-8°, Paris, 1858 ; Douais, Les Confessions de saint Augustin, in-8°, Paris, 1893 (étude, non traduction).

Retractationum libri duo, P. L., t. xxxii, col. 583-665. — Écrit dans les dernières années, 426-427, ou même fini en 428, d’après Tillemont, t. xiii, p. 1040. Le titre doit être compris moins dans le sens français de rétractation, que dans le sens primitif de revision, ou examen critique de ses ouvrages, par l’auteur : « Je revoyais, dit-il, Epist., ccxxiv, n. 2, P. L., t. xxxiii, col. 1001, mes modestes ouvrages, et, si quelque passage me blessait ou pouvait blesser les autres, tantôt je le condamnais, tantôt le justifiant, j’établissais le sens qu’on pouvait et devait lui donner. » Il énumère ses écrits dans l’ordre chronologique, expliquant le but, l’occasion et l’idée maîtresse de chacun d’eux. Le livre Ier va de sa conversion, 386, à son épiscopat, 386-395 ; le IIe, de l’épiscopat à l’an 426 : en tout 94 ouvrages en 232 livres. Cet ouvrage, monument de l’humilité du saint, est un guide d’un prix inestimable pour saisir le progrès de la pensée chez le saint docteur.

Epistolæ, P. L., t. xxxiii. — L’édition bénédictine compte 270 numéros : il faut y ajouter les deux lettres et un fragment retrouvés depuis, P. L., ibid., col. 751, 789-792, 929-938, et retrancher 53 lettres qui sont des correspondants d’Augustin : il reste 220 lettres authentiques distribuées en 4 classes par les bénédictins : 1. avant l’épiscopat, i-xxx ; 2. de l’épiscopat à la conférence de 411, xxxi-cxxiii ; 3. de 411 à la mort, cxxiv-ccxxxi ; 4. lettres de la 3e période sans date plus précise, ccxxxii-cclxx. Cette correspondance est de la plus grande valeur pour connaître la vie, l’influence et même la doctrine de l’évêque d’Hippone. Les lettres de pure amitié occupent assez peu de place : aussi en ce genre n’a-t-il pas un cachet bien original. Mais, dit Ébert, Histoire de la littérature du moyen âge, trad. franç., t. i, p. 270, « nulle part mieux qu’ici ne se montre l’importance considérable dont jouissait saint Augustin de son temps. » On le voit, consulté de tous côtés comme l’oracle de l’Occident, répondre aux questions les plus variées. Bon nombre de ses lettres sont en réalité de vrais traités que nous classerons dans le tableau de ses œuvres. Les bénédictins, P. L., t. xxxiii, col. 1173-1177, dans un index méthodique très utile, ont distingué les lettres : 1. théologiques ; 2. polémiques ; 3. exégétiques ; 4. ecclésiastiques ou liturgiques ; 5. morales ; 6. philosophiques ; 7. historiques ; 8. familières. Fessler, 2e édit. Jungmann, t. ii a, p. 380-384, a fait une distribution analogue, précise et détaillée.

Goldbacher, l’éditeur des Epistolæ dans le Corpus de Vienne, a rendu compte de la découverte de deux nouvelles lettres dans Wiener Studien, 1894, t. xvi, p. 72-77. Le fragment (extrait du commentaire de Primasius), P. L, t. xxxiii, col. 751. a été édité plus correctement par Haussleiter dans les Forschungen zur Geschichte d. Neut. Kanons, de Zahn, fasc. iv, Erlangen, p. 200-283. La correspondance de saint Augustin et de saint Jérôme a été éditée à part, à Grätz, 1744, par Smith. Sur cette correspondance, cf. Philippe de Barberiis, O. P., Discordantiæ SS. Hieronymi et Augustini, Rome, 1481 ; Overbeck, Aus dem Briefwechsel des Augustinus mit Hieronymus, dans la Histor. Zeitschr. de Sybel, 1879, t. vi, p. 222-259 ; Dufey, Controverser entre saint Jérôme et saint Augustin d’après leurs lettres, dans la Revue du clergé franç., 1901, t. xxv, p. 141-149. Sur les lettres en général, voir A. Ginzel, Der Geist des h. Augustinus in semen Briefen, dans Kirchenhistorische Schriften, Vienne, 1872, t. i, p. 123-245 ; Dubelman, Das Heidenthum in Nordafrika, nach den Briefen des h. Augustinus, Bonn, 1859.

IIe CLASSE : ŒUVRES PHILOSOPHIQUES ET LITTÉRAIRES. — Ces écrits, dont le fond résume les entretiens des solitaires de Cassiciacum, ont tous été composés ou du moins commencés dans cette villa, de la conversion au baptême (septembre 386-mars 387). Ils ont un double caractère : ils continuent l’autobiographie du saint en nous initiant aux recherches et aux hésitations de son esprit, ainsi qu’à ses conquêtes. Mais il y a moins d’abandon que dans les Confessions : ce sont des essais littéraires, écrits avec simplicité sans doute, mais avec une simplicité qui est le comble de l’art et de l’élégance. Nulle part ailleurs le style d’Augustin ne sera aussi châtié, ni sa langue aussi pure ; le saint docteur semble en avoir eu du remords : Catechumenus jam, … sed adhuc sæcularium litterarum inflatus consuetudine scripsi. Retract., prol., n. 3, P. L., t. xxxii, col. 585. La forme dialoguée montre qu’il s’inspira de Platon et de Cicéron. Les interlocuteurs sont, avec Augustin, son ami Alypius, le jeune Licentius, fils de Romanien, dont la vie mondaine préoccupera Augustin jusqu’à ce qu’il l’ait converti. Epist., xxvi. P. L., t. xxxiii, col. 103, Trygetius, frère de Licentius. Fr. Wörter, Die Geistesentwickelung des h. Augustin, p. 75-210. examine à fond tous les ouvrages philosophiques. Cf. D. Ohlnann, De S. Augustini dialogis in Cassiciaco scriptis, in-8°, Strasbourg. 1897 (diss. inaug.).

4° Les trois livres Contra academicos, P. L., t. xxxii. col. 905-958 ; Retract., l. I, c. i, sont le premier écrit d’Augustin après sa conversion (automne 386) et il le dédie à son compatriote et ami, Romanien, qui lui a confié ses deux fils. Il y combat le scepticisme de la nouvelle académie, dont il avait tant souffert : le bonheur n’est point dans la recherche de la vérité, dans sa connaissance. l. Ier ; l’esprit peut atteindre la certitude et ne doit pas se contenter de la probabilité, l. II et III.

5° Le De beata vita, P. L., t. xxxii, col. 959-976 : Retract., l. I, c. ii, est le résumé d’un entretien commencé le 13 novembre 386 (33e anniversaire de sa naissance). Il est dédié à Théodore Manlius, probablement le consul de l’an 399, mentionné dans De civitate, l. XXII, c. liv. Après un magnifique tableau de l’humanité voguant sur l’océan de la vie vers le port de la philosophie que lui ferme une montagne escarpée (l’orgueil), Augustin prouve que le vrai bonheur n’est que dans la connaissance de Dieu, et encore seulement la vie future, ajoutera-t-il dans les Rétractations, loc. cit.

6° Les deux livres De Ordine, P. L. ibid., col. 977 1020 ; Retract., l. I. c. iv, dédiés à Zénobien, riche ami de Milan, examinent le rôle du mal dans le plan de la providence (386). A remarquer : la scène ravissante du l. Ier, n. 29-33, col. 991-994 ; et dans le l. II, n. 26-45 col. 1007-1012, l’union de la raison et de l’autorité, le rôle des arts libéraux dans l’éducation.

7° Les Soliloquiorum libri duo, P. L., t. xxxii, col. 869-901 ; Retract., l. I, c. iv, sous forme d’entretien d’Augustin avec sa raison, sont un prélude aux Confessions par la magnifique prière du début, l. I, n. 1-6, par l’expression ardente de sa passion pour la connaissance de Dieu, n. 7-10. par les grandes vertus qu’il exige du sage, n. 14-26. Le IIe livre, constatant que la vérité est immortelle, en conclut que l’âme, siège de la vérité, peut mourir. Ils ont été écrits en 387.

La conclusion des Soliloques est publiée par Trombelli, dans P. L., t. xlvii. col. 1157-1158 ; Matinée, S. Augustinus in Soliloquiis quatis philosophus appercat, qualis vir, in-8°, Rennes, 1864.