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AUGUSTIN (SAINT)

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entier ses réponses sur les problèmes du temps ; la direction imprimée aux divers conciles d’Afrique auxquels il assista, par exemple à Carthage en 398, 401, {07, 419. à Miléve en 416 et 418 ; enfin ses luttes infatigables contre toutes les erreurs. Raconter ces luttes serait infini : donnons seulement les indications chronologiques qui aideront à comprendre soit ses écrits, soit des changements dans sa conduite.

Lutte contre les manichéens.

Le zèle que, dès son

baptême, Augustin avait déployé pour ramener ses anciens coreligionnaires, sans perdre de son ardeur, revêtit une forme plus paternelle ; « Que ceux-là se déchaînent contre vous, qui ne savent au prix de quelle peine on conquiert la vérité… Pour moi je dois avoir pour vous la même patience que m’ont témoignée mes frères, lorsque j’errais, aveugle et plein de rage, dans vos doctrines. » Cont. epist. Funâani. (en 397), c. iii, P. L., t. xlii, col. 174. Sans entrer dans le détail des œuvres, signalons la grande victoire remportée en 404, sur Félix, élu manichéen et docteur des plus renommés. Comme il répandait ses erreurs dans Hippone, Augustin l’invita à une conférence publique dont l’issue eut un immense retentissement : Félix s’avoua vaincu, embrassa la foi, et souscrivit avec Augustin les actes de la conférence. Cf. P. L., t. xlii, col. 519. Dans ses écrits, Augustin réfuta successivement Manès (397), le fameux Faustus (400), Secundinus (405) ; puis vers 415 les priscillianistes fatalistes et astrologues qui lui furent dénoncés par Paul Orose, et enfin un ouvrage marcionite vers 420.

Lutte contre le donatisme.

Le schisme durait

depuis près d’un siècle. C’est en 312 que les évéques de Numidie avaient déposé illégitimement Cécilien, évêque de Carthage (comme ayant été consacré par un traditor), et nommé un évêque intrus, Majorin, à qui succéda Donat le Grand. Quoique condamné par le pape et par les empereurs, le schisme s’était propagé au point qu’en 330 un synode du parti comptait 270 évoques. Il avait fondu en les ressuscitant deux vieilles erreurs, celle des rebaptisants et celle des novatiens. Comme les premiers, il faisait dépendre la validité des sacrements de la foi et même de la pureté morale du ministre ; comme les seconds, il excluait de l’Église les pécheurs. De plus, il est difficile de n’y pas voir un courant de revendications antisociales que les empereurs durent combattre par des lois rigoureuses. La secte étrange des milites Christi, que les catholiques appelaient des circumcellUmes (rôdeurs, brigands), montenses, campitse, ressemblaient, par leur fanatisme destructeur, aux sectes révolutionnaires du moyen âge. Peut-être même, d’après Thummel, Dôllinger et Harnack, y avait-il un mouvement national d’opposition à la domination romaine. D 373 à 379, les empereurs Vab>ntinien I er et Graiien renouvelèrent les anciens édits pour interdire ce culte mattque et confisquer leurs églises. Les donatistes en Numidie étaient assez, puissants pour paralyser fis lois. Mais un ferment de dissolution était au dedans, et une multitude de sectes différentes avail morcelé le parti. Au moment où Augustin arrivait à Hippone, une re impitoyable venait d’éclater entre deux factions : le M juin 393 un synode de cent évéques donatistes à Cabarsussi condamnail Primien, successeur de Parménien, et lui substituait Maximien ; niais Primien réunil au lia trois cent dis évéques, ses partisans, qui excommunièrent Maximien et, avec le secours du pou oir public, il enleva leurs églises à ses adversaires. Contre les catholiques, tous les partis s’unissaient, et à Hippone où ils dominaient, leur haine allait jusqu’à interdire de faire cuire du pain pour les catholiques. IJonh, dans Realencyclopâdie, t. IV, p. 7%.

I. histoire des luttes d’Augustin contre les donat

il histoire du changement de ses opinions sur i -loi des rigueurs contre les bén tiques : et ce chan gement est celui de l’Église d’Afrique dont il était l’âme dans ses conciles.

1. Période de douceur et de discussion pacifique. — C’est par des conférences et une controverse amicale que l’évêque d’Hippone aurait voulu rétablir l’unité. Dès 393, au synode d’Hippone, auquel il assista comme simple prêtre, les Pères adoucirent la loi qui ordonnait de ne recevoir les clercs donatistes qu’au rang des laïques : on excepte ceux qui n’ont pas rebaptisé, ou qui ramènent leur paroisse au sein de l’Église. Hefele, Hist. des conciles, trad. Leclercq, t. ii, p. 89 ; Mansi, t. iii, col. 921. C’estle moment où Augustin publia son Psalmus co>ilra partem Donati. En 397, le concile de Carthage renouvelle les mesures de 393. Aux avances des catholiques et aux écrits d’Augustin, les donatistes répondent par le silence. Ils ont peur, ils n’osent même signer leurs lettres et opuscules, ils les dérobent aux regards, et refusent tout colloque. Voir ces reproches dans Contra litt. Petiliani, 1. I, c. xix, n. 21, P. L., t. xliii, col. 255. Il n’a pu se procurer la lettre de Pélilien qu’après un an de recherches. Il y eut pourtant deux controverses : en 377 ou 378 une conférence avecFortunius, évêque donatiste de Tubursicum, Epist., xliv, P. L., t. xxxiii, col. 173-180 ; puis en 398 une controverse épistolaire ; à la demande du donatiste Honorât. E/iist., xux, col. 189-191. Il en proposa une troisième (399) à Crispinus, évêque de Calama, mais sans succès. Epist., LI, col. 191-191. En 398-400, dans l’ouvrage perdu Contra partem Donali, il plaidait pour la tolérance et la douceur. Vers iOO, il écrit ses grands traités contre Parménien, Œbaptismo, 1. VII, et en 400-1-02, Contra lilleras Petiliani, etc.

Les conciles d’Afrique, sous l’inspiration d’Augustin, continuent à montrer un grand esprit de conciliation. Le 16 juin 401, le V* concile de Carthage demande au pape Anastase d’autoriser les enfants donatistes à la cléricature. Le 13 septembre 401, le VF’permet de maintenir dans leur ordre les clercs convertis du donatisme, et surtout il décrète d’envoyer des ambassadeurs aux donatistes pour les inviter à rentrer dans l’Église. Hefele, Hist. desconcil., t. ii, p. 126 ;.Mansi, t. iii, col. 771-772 (ce sont les canons 66-69 du Codex Ecclesiœafricanse). Le 25 août 403, le VIF synode de Carthage décide que, par l’intermédiaire des magistrats civils, on invitera les donatistes à envoyer des députés à un colloque. Hefele, /oc. cit., p. 154 ; Mansi, t. iii, col. 787 ; S. Augustin, Cvnl. Crescon., I. III, c. xi.v, P. L.. t. xi.n, col. 523.

Les donatistes répondirent d’abord par des refus injurieux (à Hippone, Proculeianus déclina tout colloque au nom du parti, Epist., lxxxv ; ii, n. 7, P. L., t. xxxiii, col. 306 ; lxxvi, ibid., col. 263-266, appel aux laïques donatistes ; à Calama, Crispinus insulta les catholiques, Cont. Crescon., loc. cit., n. 50, col. 523), puis les violences redoublèrent : Possidius, évêque de Calama cl.uni du saint, n’échappa que par la fuite, Cont. Crescon., I. 111, c. xlvi ; l’évêque île Bagaia fut laissé couvert d’horribles blessures, ibid., c. xi. ni ; on essaya plusieurs fuis d’attenter à la vie de l’évêque d’Hippone. Possidius, Vita, c. xii. Ces atrocitestamentrent un changement dans les dispositions des Pères d’Afrique.

2. Période de répression rigoureuse.

Saint Augustin a indiqué les deux motifs pour lesquels il approuvai, ! rigueur des lois qui lui déplaisait autrefois : Notnlinn expertus eram vel quantum malt eorum auderet impuni tas, velquantum eis in melius mutandis conferre possit diligentia disciplina. La vue des conversions

nombreuses l’encouragea doue, niais ce fut la fureur des eirconcellions qui l’avait d’abord décide.

En.juin iOi, le IX’concile de Carthage députe aux empereurs Arcadius et Honorius, deux évéques, dont l’un est Evodius. ami d’Augustin, pour exposer le refus du colloque, les atrocités des donatistes, et demander l’application des lois théodosiennes. H< fêle, op. cit., t. ii, p. 155 ; Mansi, t. m. col. 794, I 159. Miis Augustin nous