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ATTP.ITION

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de charité ; d’autre part, celles qni n’exigent pascette condition. On appelait dans les anciennes discussions, conlritionisles, ceux qui défendaient, sous une lorme ou sous une autre, la nécessité de l’amour initial de charité ; atli’ilionistes, ceux qui combattaient par une opposition plus ou moins radicale, dans le sens contraire. Scavini, Tlieol. mor., Paris, 1855, t. iv, p. 25.

1 er groupe.-opinions qui exigent un commencement d’amour de charité. — Ces opinions ont comme origine commune les deux principes suivants : 1° il n’y a pas de vraie conversion sans amour de Dieu ; 2° il n’y a pas d’amour vrai en dehors de l’amour désintéressé ou de charité. Mais sous quelle forme et dans quelle mesure l’amour de charité est-il requis dans l’attrition ? Les explications ne sont plus concordantes.

1. Opinion de Juenin, De pœn., q. iii, c. IV, a. 2, n. 2, Institut. theol., Paris, 1700 (à l’index par décrets du Saint-Office du 22 mai et du 17 juillet 1708), t. vi, p. 457 sq., et de Ilabert, De pœn., c. viii, a. 4, Theol. dogm. et mor., Paris, 1709, t. vi, p. 179 sq. — Il y a deux formes de la charité, l’une qui est la charité intense, charitas intensa ; l’autre, la charité moindre, charitas remissa, cette dernière restant toutefois l’amour de Dieu par-dessus toutes choses, licet prgedominans. Le péché est remis en dehors du sacrement par la charité intense qui engendre la contrition parfaite, mais non par la charité moindre qui ne produit qu’une contrition imparfaite. C’est dans cette contrition née de la charité de degré inférieur que consiste la véritable attrition. — Nous répondons : L’essence de la charité n’est pas dans un degré spécial d’intensité, mais dans son objet formel ou motif qui est Dieu en lui-même ; et l’amour de Dieu pour lui-même, à quelque degré qu’il se rencontre, produit la contrition parfaite.

2. Opinion de quelques thomistes, dont Billuart, Tract, de sacrant, pxii., diss. IV, a. 7, Theologia, Paris, 1828, t. xviii, p. lGtisq. — Ces auteurs distinguent deux amours de Dieu pour lui-même, l’un qu’ils appellent d’amitié, l’autre de bienveillance. Le premier aime Dieu parce qu’il est souverainement bon et aimable en lui-même et appelle la réciprocité d’amour : c’est la charité proprement dite. Le second aime Dieu aussi pour lui-même, mais sans appeler la réciprocité : d’où le nom de bienveillance. L’amour d’amitié, ou de charité, fait la contrition parfaite ; l’amour de bienveillance est requis dans l’attrition. — Nous répondons : Cette distinction est purement verbale. Tout amour de Dieu pour lui-même est charité et, par le fait, appelle en retour et produit nécessairement l’amitié divine. C’est pourquoi l’amour de bienveillance et l’amour d’amitié sont une seule et même

- la charité parfaite.

3. Opinion do Pallavicini, Assert, theol., 1. VU, De sacram. pœnil., c. xii, Rome, 1651, t. vi, et de Bossuet, De doctrina cotieilix Tridenlini circa dilectionem in ! lentia requi itoifi, n.vm, xxviii.xxxiv, xii, Œuvréà

plètes, Bar-le-Duc, 1879, t. x, p. 646 sq. — On peut aimer Dieu pour lui-même sans l’aimer par-dessus toute i In n’a ainsi qu’une charité ébauchée qui

De peut suffire à constituer la contrition parfaite, non per/iciens. Mais ce commencement d’amont désintéressé est nécessaire avec la crainte des peines de l’enfer pour constituer l’attrition salutaire. — Sur cette explication, nous remarquons d’abord qu’un amour de Dieu qui ne serait pas au-dessus de toul autre ne suffirai ! pas à constituer un repentir appréciativement souverain. Mais ensuile nous ne comprenons pas qu’il puisse se rencontrer un amour de Dieu pour lui-inèrne, c’est-à-dire en raison de sa perfection et de ^on amabilité infinies, qui I en même temps un amour prédominant sur t. r j t

autre, ou de charité parfaite. Laperfection de l’amour el

de li contrition vient de leur objet formel, c’est-a-iln c du motif qui les fait naili C.

Il faut dire, en résumé, que ces trois opinions et d’autres qui se ramènent à celles-ci, réclamant, sous des formules différentes, l’amour de charité dans la contrition imparfaite, ne font que renouveler l’ancienne opinion de Pierre Lombard et de saint Bonaventure que nous avons réfutée à propos de l’efficacité de l’attrition dans le sacrement de pénitence.

2e groupe.-opinions quin’exigent pas un amour initial de charité. — Saint Liguori, loc. cit., n.440, donne la note « presque commune » , fere communis, à la thèse générale qui soutient que l’attrition est suffisante dans le sacrement de pénitence sans qu’il soit nécessaire en même temps d’un amour de charité à un degré quelconque. Nous croyons qu’on peut dire qu’elle réunit aujourd’hui l’unanimité des théologiens. Mais les auteurs qui sont d’accord sur cette thèse générale, ne le sont plus de tout point dans leurs explications, et il nous faut ici encore noter des opinions distinctes.

1. Un grand nombre de théologiens se contentent d’affirmer la valeur suffisante de l’attrition, sans rien de plus. Ils excluent de l’attrition, de par sa définition même, tout amour de charité, mais ne disent rien d’un autre amour. Ainsi Suarez, disp. XX, sect. i, loc. cit., p. 121, et De Lugo, disp. V, sect. ix, loc. cit., p. 375. Nous devons remarquer qu’on nomme souvent, comme les premiers représentants de cette opinion, François de Victoria et Dominique Soto, en raison de la doctrine particulière professée par ces auteurs, et que nous avons rappelée plus haut, à savoir que si un pénitent se présentait de bonne foi à la confession, avec une contrition imparfaite, il serait justifié par la vertu du sacrement. Benoît XIV, De synodo diœcesana, 1. VU, c. xiii, n. 6, dans Theol. cursus completus, t. xxv, col. 1961.

2. D’autres disent qu’il faut dans l’attrition, avec la détestation du péché, un mouvement d’amour vers Dieu, qui n’est pas l’amour de charité, mais l’amour de concupiscence. Cet amour de concupiscence, appelé aussi d’espérance, est l’amour intéressé qui cherche Dieu parce qu’il nous fait du bien et qu’il est pour nous la source du bonheur et la satisfaction des aspirations multiples de notre âme. C’est l’enseignement de Tournely, Præl. theol. de sacram. psen., q. v, a. 3, Paris, 1728, t. i, p. 278 sq., et des théologiens de Wurzbourg, De sacram. psen., disp. II, c. iii, a. 3, 4, loc. cit., p. 150 sq.

3. D’autres enfin affirment d’abord avec les précédents, qu’il faut dans l’attrition un amour d’espérance ; mais ils ajoutent cette observation : rien n’exige que l’acte d’amour soit explicite ; il peut n'être que virtuel ou implicite. Or, dans toute atlrition vraie et surnaturelle, il y a implicitement et virtuellement le mouvement de la volonté vers son bien, qui est l’amour d’espérance. Ainsi raisonnent entre autres les théologiens 'de Salamanque, De p.i’nitentia, disp. VII, dub. i, n. 39-57, Cursus theologicus, Paris, 1883, t. XX, p. 57 sq., et saint Liguori, Titrai, titor., I. VI, ri.442, obj, 3, loc. cit., p. 349.' Cette troisième forme de l’opinion dite attritiortiste concilié entre elles les deux précédentes, et paraît avoir/prévalu dans renseignement actuel. C’est la solution que nous admettons. Elle sera prouvée dans les trois assertions qui suivent.

}. Solution. - Première assertion : Il faut un commencement d’amour de Dieu avec l’attrition dans le

sacrement de pénitence.

La conversion du pécheur doit être la rétractation complêfe du péché. <)r. l’acte du péché a un double aspect : il détourne de Dieu, il porte vers la créature, aversio a l), 'D. conversio ad creaturcMl. La rétractation ne sera complète que si elle a aussi un double aspect en sens contradictoire, c’est-à-dire si elle détourne lame de la

créature et la reporte vers Dieu, aversio a creatûra, conversio <i<i Deum. Mais comment Pâme est-elle détournêede la créature, sinon par le [regret ? el comment

Dîeu. sinon par un commence ni

d’amour 7 — Le concile de Trente, au reste, mentionne