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i l RIBUTS DIVINS — AïïT.n [ON


façonner Dieu sur le type simplement agrandi de l'âme humaine on d’un homme de.me. Écoutons Renan, Fragment* philosophiques, Paris, 1876, p, 334 : i L’anthropomorphisme populaire il le grand écuei) que la Ihéodicée philosophique cherche à éviter, el elle a raison i un anthropomorphisme dont il |nj. t impi qui es) inhérent à sa tentative même c’est l’anthropomorphisme psychologique. I sions dont se sert la théodicée pour expliquer la nature et les attributs de Dieu impliquent une psyi I finie. On transporte â Dieu tout ce qui. dans l’homme, a le caractère de la perfection, liberté, intelligence, etc., sans remarquer qui sont la négation même de l’infinité, i Ce que l’objection implique, à son tour, el avec plus d'évidence, c’est I rance réelle on simulée des corrections sévères que nous faisons subir aux perfections créées avant de les reporter à Dieu. Les développements que nous leur avons consacrés nous dispensent d’une plus ample réponse.

Voir ANTHROPOMORPHISME, col. 13C7.

S. Thomas, In IV Sent., 1. I, dut. II, q. i, a. 3 ; Sum. theol., ]-, q. xiii, a. 12 ; De votent., q. vii, a. 5, ad 2— ; Contragentes, 1. 1, e.xxxv ; Caprëolus, In /VSent., l.I, dist. VIII, q.iv ; JeandeSaint Thumas, Cursus theol., in part. I, q. IV, a. 6, disp. IV ; qutti, De Dco, q. iv ; Thomassin, Dogm. theol. de Deo, I. I, c. xviii ; Suarez, Disput. metaphys., disp. XXX, sect. vi ; Fénelon. Traité de l’existence de Dieu, part. II. c. v ; Kleutgen, La philosophie scolastique, trad. Sierp, Paris, 1868. 1. 1, p. 299 sq. ; Maret, Théodicée chrétienne, Paris, 1844, p. 197 ; Gratry, La connaissance de Dieu, Paris, 1856, t. ii, p. 99 ; Scheeben, La dogmatique, trad. Bélet, Paris, 1880. t. il, p. 72 ; Farges, Idée de Dieu, Paris, 1894, p. 259 ; Vacant, Études théolog. sur les constil. du concile du Vatican, Palis, 1895, t. I, p. 17C.

C. Toussaint. ATTRITION. Nous exposerons d’abord l’ensemble de la doctrine catholique sur l’atlrition, puis nous expliquerons le décret que le pape Alexandre Vil a porté à son sujet.

I. ATTRITION.

I. Xotion. II. Honnêteté. III. Efficacité. IV. Conditions. V. Sens de la formule : ex attrito conlritus.

I. Notion.

L’atlrition est appelée aussi par les théologiens contrition imparfaite. Étymologiquement ce nom vient de allcro qui signifie « briser » , comme contrition vient de contera, verbe plus expressif qui veut dire « broyer » . Saint Thomas écrit à ce sujet. Sum. theol., Supplem., q. i, a. 2, ad 2um : In corporalibus dicuntur attrilaquse aliquomododiminuta sunt, sed non adhuc perfecte sunt comminuta ; sed contrita dicuntur quando omîtes partes triUe sunt simul per divisionem ad minima. Et ides significat attritio in spiritualibus quamdam displicentiam de peccatis commissis sed non perfeclam ; contritio autem perfectam. Ce que nous pouvons traduire en résumé par cette formule : L'âme pénitente est brisée par l’atlrition et broyée par la contrition.

Cependant, il ne faut pis prendre ces expressions : « briser » et « broyer » , trop à la lettre. Le cœur peut être aussi bien broyé' de douleur dans la contrition imparfaite ou attrition que dans celle que nous appelons parfaite. Ce n’est point l’intensité de la douleur qui les différencie essentiellement l’une de l’autre, mais le motif qui les produit. Ce motif peut être, en effet, ou la charité, c’est-à-dire l’amour de Dieu pour lui-même, ou quelque autre motif honnête et surnaturel, maiinférieur â la charité. Dans le premier cas. la contrition est dite parfaite, parce que, porlant avec elle la charité' et la

grâce sanctifiante, elle a sa forme parfaite : çjratia formata. Dans le second cas, elle est imparfaite, quoique

bonne, parce qui", ne procédant pas de la charité, elle est privée de sa forme de perfection. Ces explications

sont empruntées au concile de Trente, sess. MX. c. iv : Gonlritionem alujuando charitate perfectam esse…

Jllam ver, ,, ., , , imperfectam qum attritio <ii lione, n-t ex gehennx et pœnarum mit

ni peut, avec le concile, ramener a deux tous les motitd’attrition 1 la considération de la laideur du péché, peccati

2 la crainte de l’en), ge hennm et pœnarum tnetu.

Premier motif. — Le péché est laid.-n lui-mém u de 1, 1 laideur qu il produit dans i

Lu lui-même, il est d’abord opposé a la charité, puisqu’il offense Dieu souverainement bon et digi .ume. Le détester pour cette pi : laideur

serait faire acte de (hanté- et partant de contrition parfaite. Mais le pécheur peut s’arrêter à d’autreconsidérations. Son acte coupable est opposé à la prud' a la justice, à la reconnaissance, parce qu’il viole toutes les obligations que ces vertus nous imposent à l'égard de Dieu, créateur et rédempteur, et ce sont autant de formes de laideur. Détester le pécher pour ces motifs étrangers à la charité, c’est faire acte de contrition imparfaite.

D’autre part, le péché enlaidit l'âme. Il la dépouille de la grâce qui est sa beauté dans l’ordre suruatupar le fait lui imprime une tache, macula peccati. De plus, il engendre les mauvaises habitudes, les inclinations perverses qui s’accentuent par la rechute et sont sans contestation des laideurs morales que doit redouter et détester tout homme raisonnable. Ceci encore c=t motif d’attrition.

Il faut ajouter que dans chaque faute considérée isolément, qu’il s’agisse d’orgueil, d’avarice, de luxure ou d’autre péché, la raison éclairée par la foi peut saisir un ou plusieurs caractères de laideur spéciale et détester la faute pour ce motif particulier. C’est toujours la contrition imparfaite, ex cunsideratione turpitudiuis peccati.

Second motif. — Le péché entraîne comme conséquence les châtiments de Dieu.

L’enfer, sanction éternelle du péché mortel, est de tous ces châtiments le plus grand et par conséquent le plus capable d’inspirer au coupable une crainte salutaire qui l’amené à résipiscence. L’enfer comporte deux peines : la privation de Dieu ou le dam et la peine du ou du feu. Ces deux peines étant inséparables en fait l’une de l’autre, la crainte du pécheur s étend d ordinaire à toutes les deux simultanément ; mais elle pourrait, par une abstraction de l’esprit, être limitée soit à la peine du dam, soit à la peine du feu. et c rait encore un motif suffisant d’attrition. Le désir du ciel est également pour l’homme un motif de fuir le péché, de le regretter, quand il a été commis, et d’entreprendre de le réparer. Ce motif d’attrition. a notre avis, ne se distingue pas de la crainte du dam.

Les peines temporelles sont aussi des châtiments de Dieu et peuvent être l’origine du repentir. Parmi peines temporelles il faut mentionner d’abord celles du purgatoire, privation de Dieu pour un temps et p. sensible. Mais il faut compter aussi les, preuves qui affligent des cette vie le pécheur, souffrances physiques ou morales, infirmités, insuccès, remords, etc… Le chrétien sait que ces châtiments terrestres du pêche ne sont point rares dans l’ordre de la divine provideUO la crainte de lesubir ou bien leurs atteintes douloureii-es peuvent être motif d’attrition.

De tout.- hconsidérations qui précédent, résulte cette d. finition : « L’atlrition est la détestation du p, i motivée par la considération de sa laideur ou par la Crainte des châtiments de Dieu. »

Quant à l’origine du mot. Morin écrit". Ue disciplina m administr. suce, pszn., 1. VIII. c. il, n. 11. Pal 1651, p. 505, qu’il se répandit dans les écoles de théologie.'i 1220. Alexandre de Haies, Guillaume