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ATHÉISME ET ERREURS CONNEXES. — ATHENAGORE


anciens athées, Amsterdam, 1696 ; Spizelius, Scrutinium athcismi historico-theologicum, Augsbourg, 1663 ; Zeller, Philosojiltic der Griechen, trad. Boutroux, Paris, "1877 ; Blessig, De origine philosophie apud Bomanos, Strasbourg, 1770 ; F. Ravaisson, Essai sur le stoïcisme, Paris, 1835 ; Rollin, Histoire ancienne, Paris, 1837, t. iii, p. 622 sq. ; Catéchisme historique des incroyants, Migne, Démonstrations évangéliques, Paris, 1853 ; Saint-René-Taillandier, L’athéisme allemand et le socialisme français, dans Ta Revue des Deux Mondes, nouvelle série. t. xxiv ; Emile Saisset, De la philosophie allemande, dans la Bévue des Deux Mondes, nouvelle série, t. m ; Caro, Le matérialisme et la science, Paris, 1876 ; Paul Janet, Le matérialisme contemporain, Paris, 1875 ; Félix Ravaisson, La philosophie en France au xixe siècle, Paris, 1868 ; Gruber, Le positivisme depuis Comte jusqu'à nos jours, trad. Mazoyer, Paris, 1803 ; Tabaraud, Histoire critique du philosophisme anglais, Paris, 1806 ; Gratry, Les sophistes et la critique, Paris, 1864 ; E. Saisset, Précurseurs et disciples de Descartes, Paris, 1862.

III. ATHÉISME ET ERREURS CONNEXES. Condamnation. _ Avant le concile du Vatican, on ne rencontre aucune condamnation solennelle de l’athéisme. La raison en est claire. Aux premiers âges du christianisme, la croyance en Dieu était une vérité si éclatante, qu’elle était mise en dehors de toute controverse, soit avec les hérétiques, soit avec les païens. La négation de Dieu ne se rencontrait, au sein de l'Église, qu'à l'état erratique, comme un phénomène tout à fait extraordinaire, une sorte de folie et d'égarement monstrueux. Ainsi, en 1215, le panthéisme d’Amaury de Chartres est frappé par le IVe concile de Latran comme une inconcevable aberration d’esprit, plutôt que comme une hérésie. Reprobamus etiam ac condemnamus perversissimum dogma impii Almarici, cujus mentem sic pater mendacii excœcavit, ut ejus doctrina non tant hxretica, quant insana sit censenda. Denzinger, Enchirîdion, n. 359. Voir col. 939. Il n’en est plus de même au XIXe siècle. Le rationalisme, toujours plus menaçant, cherche activement à effacer ou à corrompre, dans les consciences catholiques, la notion de l'Être suprême. Il fallait un prompt remède. La première constitution dogmatique, Dei Filius, promulguée par le concile du Vatican, fit face à ce premier danger.

Athéisme.

Le premier paragraphe du chapitre

premier nolilie, dans ses premières lignes, la profession de foi de l'Église en l’existence de Dieu : La sainte Église catholique, apostolique, romaine croit et confesse qu’il y a un seul Dieu vrai et vivant, créateur et rneur du ciel et de la terre et tout-puissant… Cette iration suffit pour exclure du corps de l'Église celui qui nie le Dieu des chrétiens, envisagé d’une ma i oncn ti. tel qu’il s’est révélé dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Le premier canon, qui fait suite à l’exposé doctrinal du chapitre, confirme et précise cette conclusion, en disant : Anathème à qui nierait le seul vrai Dieu, créateur et seigneur des choses visibles cl des elmses invisibles. Deux erreurs nous semblent comprises dans cette condamnation ; 1° celle qui consiste à nier l’existence de toute divinité ; 2° celle qui refuse de voir un Dieu véritable dans le Dieu du christianisme. La première est l’athéisme, non pas, assurément, l’athéisme pratique, l’hérésie étant essentiellement

une adhésion formelle de l’intelligence, encore moins l’athéisme négatif, qui ne peut nier un Dieu qu’il ignore, mais bien l’athéisme spéculatif, doctrinal, scientifique, celui qui rejette formellement et explicitement la réalité de l'Être suprême.

Matérialisme.

De ce chef, le matérialisme, tel

que nous l’avons exposé en traçant la uni. il. le physionomie de l’athéisme, est, de ions les systèmes rationalistes destinés.i miner la notion de Dieu, le seul qui oit atteint directement par ce premier canon. Poui luder tout prétexte et toute da i a, les

du concile ont également stigmatisé, dans les an. (thèmes suivants, les théories modernes Boudi

DICT. DE THLOL. CATIIOL.

l’athéisme. Canon 2 : Anathème à qui ne rougirait pas d’affirmer qu’il n’existe rien en dehors de la matière. La sentence tombe sur toutes les formes du matérialisme, en l’atteignant dans son dogme central : exclusion de toute réalité distincte de la matière.

Panthéisme.

Puis viennent les condamnations

infligées successivement : 1° à la formule générale du panthéisme, canon 3 : Anathème à qui dirait que la substance ou l’essence de Dieu et de toutes choses est une et la même ; %> aux diverses formes de panthéisme : a) celle de l'émanation, la plus ancienne en date, canon 4 : Anathème à qui dirait, que les choses finies, soit corporelles, soit spirituelles, ou que du moins les spirituelles sont émanées de la substance divine ; b) celle de Schelling, ou panthéisme essentiel : identification de toutes choses dans l’examen de l’absolu, canon 4 (suite) : Que l’essence divine, par la manifestation ou l'évolution d’elle-même, devient toutes choses ; c) enfin, celle de Hegel, panthéisme de l'être universel, canon 4 (suite) : ou, enfin que Dieu est l'être universel et indéfini qui, en se déterminant, constitue l’universalité des choses en laquelle se distinguent les genres, les espèces et les individus.

Positivisme.

On s'étonne peut-être de ne pas

trouver un dernier anathème contre le positivisme. Il n’a pas, cependant, échappé à la vigilance du concile. Puisque ce système s’interdit, en principe, l’accès des questions Idéologiques, on ne pouvait l’atteindre dans un endroit exclusivement consacré à définir l’existence et les attributs de Dieu. Il était, au contraire, plus logique de le réserver au premier canon du chapitre iv de cette même constitution DeiFilius : Anathème à qui dirait que le Dieu unique et véritable, notre créateur et scigneur, ne peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine, au moyen des cires créés. Là se trouve visé l’agnosticisme, derrière lequel les positivistes de toutes nuances essayaient de se retrancher pour combattre efficacement l’existence de Dieu. Le concile a donc poursuivi la négation de la divinité dans toutes ses sources actuelles. Bien plus, la teneur du premier canon, au chapitre premier, porte sur ceux qui rejettent le vrai Dieu, c’est-à-dire le Dieu du christianisme. Pour se soustraire à la note d’hérésie, il ne suffit pas d’admettre un Dieu quelconque, sur la foi de n’importe quelle preuve philosophique, il faut reconnaître le Dieu que l’Eglise catholique présente à ses fidèles, c’est-à-dire le Dieu qui s’est révélé aux patriarches, aux prophètes, aux apôtres et aux saints.

Vacant, Études théologiques sur 1rs constitutions du concile du Vatican, Paris, 1895, t. i, p. '207.

C. Toussaint.

    1. ATHENAGORE##


ATHENAGORE, apologiste du 11e siècle. — I. Vie. IL Œuvres. III. Particularités.

I. Vie.

Athénagore n’est mentionné ni dans F.usèbe ni dans saint Jérôme, et partage dans l’ancienne littérature chrétienne le sort de l’auteur de VÉpitre à Diognète et d’Hermias. Ne serait-ce pas parce que son apologie, circulant sans nom d’auteur, avait été attribuée à saint Justin dès avant le ive siècle.' Duchesne, Bulletin critique, 1882, t. iii, p. 187. Quoi qu’il en soit, le nom et deux ouvrages d’Athénagore ont été sauvés de l’oubli. En effet, Méthodius, évéque d’Olympie en Lycie (+ 311), cite en témoignage dans son IUp’i àvacTaoeio ;, i, 37, l’enseignement d’Athénagore sur le rôle des démons ; dans saint r.piphaiie. //., ;., i.xiv, 20, 21. P. G., t , col. I loi ; dans Photius, Bibl., cod. 23V, /'. G., t. ciii, col. H09 ; Bonwetsch, Méthodius von Olympus, Leipzig, 1891. Philippe de Side (V siècle), bien que ses renseigne. ments, au dire de Socrate, II. /-.'., vii, 27. /'. a., t. i.xvii, col, 800, 801, etde Photius, BiM., cod. 35, P. G., t. ciii,

COl. 68, lie soient pas toujours sûrs, donne dis ren-ei

guements intéressants sur Athénagore. Enfin Aréthas,

évoque de I i fait transcrire le texte

I. - 70