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ATHÉISME ET ERREURS CONNEXES. HISTOIRE


l’autre côté du Rhin. La métaphysique allemande avait ii i rance, à la ptyi h taise, dès 1818,

i la milite d’un voyage de Victor Cousin (1793-1867) en

Allemagne. A partir de cette époque, le restaurateur officie] de l’enseignement philosophique réédita successivement, dans Bi b éloquentes lirons, les théories de Kant, de Fichte, de Schelling et d’Hegel. I » .-s soucis d’orthodoxie lui Grent adoucir les nuances de panthéisme trop tranchées de ses nouveaux maîtres, ce qui donna à --, 1 théodicée un aspect fort étrange, an ton faux et indécis. Quand Hegel it ses formules ainsi métamores ; a M. Cousin, dit-il. m’a pris quelques poissons, mais il les a bien noyés dans sa sauce. » Taine, Philosophe » classiques, Paris, 1868, p. 135. Plus tard, le père de l'éclectisme modifia encore ses opinions et revint an spiritualisme de Descartes et de Leibnitz. Mais il avait acclimaté dans l’esprit de ses illustres élèves et de l.i génération universitaire ce criticisme germanique qui, en se moulant dans le génie français", allait altérer ou détruire la vraie notion de Dieu au nom de la science moderne, du progrés et de la liberté de penser. On voit sortir, do cet amalgame doctrinal, le scepticisme religieux de Jouffroy, le déisme rationaliste d’Emile Saisset et de Jules Simon, le positivisme de Comte, de Litlré, de Taine, le criticisme de Renan, l’idéalisme hégélien de Vacherot et de Schérer. Quand, de tous ces noms, on a excepté' ceux des déistes spiritualistes, E. Saisset et Jules Simon, on peut assigner aux autres ces deux dogmes fondamentaux : condamnation de la métaphysique et négation formelle de la personnalitédivine. On s’accorde pour réduire Dieu à un être essentiellement indéterminé, relégué dans un vague obscur, sans influence aucune sur le monde et ses lois. Sous prétexte de le laisser dans son infini, on se défend sévèrement de le définir, de lui donner des attributs. Toute tentative de s’expliquer sur ce principe nébuleux est traitée de dogmatisme impertinent, de grossier anthropomorphisme. Au fond, ces airs d’abstention respectueuse servent à voiler aux propres yeux de ceux qui les prennent ou à ceux du public la vérité d’un athéisme qui, présenté dans tout son jour, répugnerait et ferait peur. < ! n est suffisamment renseigné, par exemple, sur la neutralité systématique des positivistes français, bien qu’ils se piquent de pousser plus loin la réserve et la modération dans les questions de cause première. Avec des apparences plus modérées, Bain, Bailey, Stuart Mill. Herbert Spencer et autres positivistes anglais, ne pratiquent pas mieux l’indifférence. Leur commune sympathie pour le darwinisme, leur prosélytisme à chasser l’idée de Dieu du domaine scientifique et à la remplacer par des hypothèses où l’on explique le monde sans l’intervention d’une cause intelligente montre suffisamment dans quel sens il faut interpréter leurs théories sur l’inconnaissable. En résumé, « le positivisme nous offre la forme la plus concrète, la plus actuelle et. en un sens. la plus populaire de l’athéisme. » G-uthlin, Les doctrines positivistes mi France, Paris, 1873, p. 360. Ondoil ajouter. I, i plus redoutable, car en groupant sous son nom et sous sa méthode toutes les spécialités scientifiques, l’historien, le philologue et l’artiste, aussi bien que le physicien, le naturaliste et le chimiste, elle tend à envahir tous les modes d’activité de la pensée contemporaine

pour v supprimer l’idée et le nom du créateur. Sous son influence, les diverses brandies du savoir prennent de plus en plus les allures d’un complot universel tramé' contre Dieu. Sans avoir jamais fait adhésion formelle au positivisme, Ernest Renan (1823-1892) lui appartient néanmoins par s rs assertions familières et par la base de ses travaux critiques. Sa théodicée flottante et

indécise, bien que rebelle a l’analyse et ennemie déclarée des formules arrêtées, se rapproche sensiblement, dans l’ensemble, « les vues positivistes. A toul propos,

J auteur partage leur mépris pour la métaphysique il

déclare que i le problème de upréme nous

déborde et nous échappe, qu’il se résout en poémi non en lois. Dialoç hilosophiquet,

p. 326. Malgré son intention expresse de répudier toute connivence avec l’athéisme et le panthéisme, Renan * retombe souvent parla toi principes hégéliens.

(Tusioni mystiques p piri tualisme bplus orthodoxe, enrichies d une élocution biblique éblouissante, mparviennent pas à dissimuler une certaine affinité avec la négation de Dieu. I prouvent, tout au plus, qu’en l’ait de religion et de croyane.. le dernier mot de sa critiquées ! un scepticisme artistique.

En voulant, à son tour, remplacer la philosophie par le criticisme, Charles Renouvier était allé jusqu'à dire, dans le premier volume (b '.j de critique </

raie, Paris, 1854, que l’athéisme était la vraie méthode scientifique. Une étude plus attentive de la finalité un111e lui fit rétracter, dans la suite, cette profession de fui paradoxale empruntée a Proudhon. On ne doit donc pas l’inscrire au nombre des atl

Il est pénible autant que surprenant, pour la critique théologique, d’avoir à y laisser le nom d’un illusb profond penseur, dont le but fut précisément de rétablir t de solidifier, dans les consciences savante-, cette n notion de bien qu’avaient si fortement ébranlée les coups de la critique négative. Nous voulons parler d’Etienne Vacherot. L’illustre disciple de Cousin s'était proposé, dans les deux gros volumes intitulés La métaphysique et la science, ou Principes de métaphysique positive, Paris, 1858, de reconstruire la ajjVtaphysique du xixe siècle sur des bases nouvelles et de refaire à neuf la théodicée. « Si les fausses définitions de la liberté, dit-il. ont engendré le fatalisme, les fausses idées sur Dieu ont engendré l’athéisme. » En conséquence, il s’applique à réformer les conceptions que théoloet métaphysiciens se sont faites communément sur la divinité". Il croit en découvrir la fausset » ' et 1 impuissance dans l’obstination qu’ils ont mise à réunir constamment sur un même sujet perfection et réalité, universa individualité, toutes choses, selon lui. absolument contradictoires. Son principe à lui, c’est que la perfection est incompatible avec la réalité. A la théologie de choisir entre un Dieu parfait ou un Dieu réel. Mais il faut renoncer désormais à les identifier. Toute l’exist réelle est bornée au monde : hors « le la. plus de réalité, l.e Dieu parfait n’est qu’un idéal. Par conséquent. Dieu est l’idée du monde, et le monde la réalité- de Dieu. Tout le système de Vacherot est dans cette antitl d’une part, 1 Infini, la substance du monde, seul être réel et vivant ; d’autre part l’Idéal, le vrai Dieu, qui n’est ni réel ni vivant. 0° est-il alors.' une simple idée de l’esprit, une fiction subjective, pour tout dire, un être de raison. I Supprime ? les êtres pensants. l'Être infini et universel (le Cosmos existerait toujours, mais hDieu vrai aurait cessé- d’exister. La métaphysique et la science, tU, p. 277. Ce Dieu a une singulière ressemblance avec celui d’Hegel, et. puisqu’on lui refuse express, -ment toute existence réelle, nous sommes en face d un athéisme doctrinal très explicite. Les protestations très sincères d, - fauteur appuyés par l’intention qui se dégage de tout son livre ne peuvent infirmer la vérité de cette conclusion ; elles ne font que couvrir l’honorabilité et la droiture de la personne et de son dess, in. L'œuvre si originale et si savante de Vacherot est le dernier événement a signaler dans l’histoire de l’athéisme scientifique : son examen nous dispense de suivre les progrès île la pensée hégélienne dans une foule d’autres écrits publies, tant en France qu'à l'étranger, depuis son apparition.

i fin île l’article préciient : HeimriKin. Hisloria atheismi et athtorum falso et > pectorum, HUdeahelm > 178& ; Leclerc, Histoire des systèm