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    1. ATHÉISME ET ERREURS CONNEXES##


ATHÉISME ET ERREURS CONNEXES. HISTOIRE

sont le contre-pied dei dogmes épicuriens. On s’attend

i regagner les liauteurs du spiritualisme de Platon el

d’Aristote, en les entendanl parler de providence, mail on se trouve surpris, en parcourant leur physique, ou mieux leur physiologie, de les voir retourner à Heraclite <>t à son panthéisme naturaliste, à ce feu artiste dont dépend, suivanl eux, la genèse du monde. La nature leurappai s un organisme immense dont chaque

être est un mbre vivant. Toutes les âmes, toutes les

forces sortent ri une.'mie universelle, d’un esprit de feu répandu partout et fécond, centre de tous les mouvements « lu monde, forge de toutes les intelligences. En dépil de ses apparences et de ses aspirations spiritualités, la physique stoïcienne est strictement panthéiste et plus voisine de l’athéisme qu’on ne le croirait rie prime abord. La providence enfermée dans la nature ne saurait la soustraire à ce reproche.

La philosophie grecque devait Unir, avec les Alexandrins, par où elle avait commencé, par le panthéisme, mais par un panthéisme raffiné, spiritualisé, caché dans les nuages dorés du mysticisme, laissant loin derrière lui celui des philosophes anciens. Ici encore, on part de l’unité, mais on ne s’y enferme pas comme les éléates. Au sein de celle unité, il y a un principe de diversité, une loi d'émanation qui la fait épanouir en trinité. Le monde n’est que l’unité multipliée ; il en est l’image et le produit ; tout se replie vers l’unité' qui, seule, est vraiment réelle, pure, immobile, et tend à tout absorber dans son sein. Une fois de plus, on ne voit sur l'écran qu’un panthéisme spiritualiste porté', il est vrai. à sa plus haute puissance, mais toujours éloigné de l’affirmation d’un Dieu réel, vivant et distinct du monde.

IV. no.ME. — Les Romains n’ont rien innové en philosophie. Leur génie politique et militaire, leur respect pour la tradition, pour la sagesse des ancêtres, les rendaient peu propices aux pures spéculations de la pensée. La philosophie grecque ne pénètre chez eux qu’au IIe siècle avant l'ère chrétienne, et elle n’y trouve de faveur que pour les théories de la nouvelle Académie, du Portique ou d'Épicûre. Lucrèce a poétisé le culte de la matière et du plaisir. Cicéron a donné ses préférences à la nouvelle Académie. Varron, Sénèque, Épictète et Marc-Aurèle ont cultivé et mis en honneur cette morale stoïcienne si sympathique aux vertus nationales. L’histoire de l’athéisme n’a rien à signaler dans une génération de philosophes qui, de parti pris, ont écarté, dans leurs emprunts aux théories grecques, tout ce qui concerne le côté physique et cosmologique de ces doctrines, pour s’occuper uniquement de morale ou rie rhétorique. Rome resta fidèle à son polythéisme. Ce sera l'éternel honneur de la révélation chrétienne d'être venue s’interposer entre l’athéisme et le polythéisme pour faire briller au ciel de la conscience religieuse des peuples et des philosophes l’idée de son Dieu unique, personnel, créateur et providence de l’univers. L'éclat de cette lumière refoula pour longtemps dans les ténèbres les systèmes qui servaient d’appui à la superstition ou à l’incrédulité. De la sorte, on traverse pies de seize siècles sans rencontrer une négation de Dieu organisée, liée à une genèse scientifique du monde ou à un nouveau système de morale.

111. Temps modernes. Mouvement cartésien. —

Mais des le jour où la philosophie voulut reprendre son indépendance et ne plus être l’auxiliaire de la foi. mais sa rivale, elle recommença bientôt, sur une nouvelle

gamme, la série de ses premières erreurs.

Descaries (1596-1650), avec son doute méthodique, est le véritable initiateur de cette révolution intellectuelle. Toute sa vie. il luttera contre les conséquences de ses principes, mais il en a posé le germe. Par une analyse hardie, le philosophe français avait ramené le monde corporel à la seule étendue, le monde spirituel a la seule

pensée. Il est déjà facile de prévoir que ses disciples ne

s’en tiendront pat a ce dualisme. L’unité, qui est comnu la loi de la pensée humaine, simplifiera i deux

types d’existeni -mènera s un principe commun,

, i une seule substa née. L’occasionalisme de Malebrani supprimant toutes les causes secondes et réduisant tout a une seule cause, accuse déjà cette tendance.

Spinoza (1632-1677) achève logiquement la cor. tiation et en vient à ne faire du fini et de l’infini que les deui -i-i" et* ri un seul et même être. Partant de la définition cartésienne « le la substance. i- ;  : { par soi. il déduit immédiatement, avec une rigui trique, l’unité de substance. Une telle su !, - ! iiiie estl inlini, doué- d’une série infinie de modes ou attributs qui répondent au monde des esprits et au monde des corps. Le total de la substance et de s C -s attribut ! pour le philosophe, la nature naturante ; l’inlinitmodes de l'étendue et de la pensée forme la nature naturée. Que devient Dieu, dans ces conditions'.' La lettre du système lui accorde une sorte d’existence propre et distincte avec une intelligence qui lui donne l’apparence d’une personnalité consciente. Mais l’esprit riil le contraire. Car. suivant les doctrines cartésiennes, la pensée se manifeste sous deux formes distinctes : entendement et volonté. Or, Spinoza dit que Dieu n’a pas de volonté', et que l’entendement n’appartient qu'à la nature naturée. non à la naturante. Le Dieu de Spinoza n’est donc pas une intelligence ; il n’a ni personnalité, ni conscience, ni aucun des caractères d’une existence distincte. En définitive, il absorbe Dieu dans la créature. el en fait, comme le panthéisme naturaliste, un Dieu réduit à une abstraction, à une idée creuse, à un pur néant. Nous nous arrêterons à cette qualification qui nous paraît plus rigoureuse et prend la voie moyenne entre les divergences des critiques au sujet de l’athéisme de Spinoza. Voir Nourrisson, Spinoza et le naturalisme contemporain, Paris. 1866. p. 219.

IV. Mouvement BACONIEN.

La philosophie anglaise a sa part dans ce mouvement des esprits mé thodes nouvelles, sans être, pour cela, un prolongement, une sorte d'écho du cartésianisme. Elle a pris naissance dans un esprit national arrivé, au xvir siècle, à la conscience de sa tendance prédominante : goût exclusif pour l’expérience, certaine horreur de la spéculation et de la métaphysique, amour prépondérant des questions d’intérêt immédiat et des solutions qui paraissent pratiques. François Bacon (1560-1696 est le père de cette philosophie expérimentale qui substitue l’observation à l’hypothèse, l’induction au syllogisme. Tout en s’attachant à réglementer l’expérimentation et à donnera la 'science une direction pratique vers l’industrie, commodis liumanm inservire, il ne nie pas néanmoins la métaphysique, ni les causes finales, encore moins la cause première, comme le prétend de Maistre, dans le livre où il le prend si violemment à parti. On ne peut donc le soupçonner d’athéisme.

Il n’en est pas de même de son disciple Ilobbos (1588-1679) qui exclut de la philosophie Dieu, sa nature. ses attributs, parce qu’il n y a rien en Dieu qui pi la science, étant donné que Dieu n’est pas un corps. L’inconséquent matérialiste dit bien que l’homme peut connaître Dieu par la foi, mais ce Ddéisme juxtapi une philosophie crûment matérialiste semble d’autant plus une concession à ce qu’il estimait être le pi religieux de ses compatriotes, qu’ailleurs il ne voit dans la religion qu’un artifice et une combinaison politique. Sans injustice, on doit le ranger parmi les athée : mieux caractérii

Locke (1631-1704) est loin d'être aussi radical dans doctrines ; il a même soin de prouver l’existena Dieu, mais néanmoins sa psychologie sensualiste développée dans son Kssay convriting huma » undeittanding, Londres. 1690, est fatalement destinée, cou nous Taxons vii, à battre en brèche la théodio e. Elle ua