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ATHÉISME El ERREURS CONNEXES. NOTK


humaine dans des intérêts matériels et gi que

l’usage courant nomme) à quelques vai iantes près, indifférence religieuse, neutralité confessionnelle, libre penou bien encore irréligion, impiété, incrédulité. Voir Lamennais, E$$ai sur l’indifférence en matière de religion, t. i. c. i, n. Ces divers états de conscience pratique reposent tous Bur le même axiome fortdamental :.1^ i -- -- <n -. comme s’il ny avait point de Dieu. Sur ce même principe, le rationalisme contemporain s’est efforcé de construire on nouveau système de morale. Ces) sur les ruines du dogme et « les croyances religieuses, dit-il, que doit s'élever la règle de vie capable de s’imposer nécessairement à tous les hommes et de faire l’union des esprits et des cœurs dans un même idéal. Le peu de succès et de progrès des scieno b morales et Bociales vient de leur solidarité avec des hypothèses et des spéculations qui divisent les esprits et échappent à tout contrôle et à toute vérification scientifique. Par conséquent, les libérer de cette servitude, leur donner l’autonomie, les asseoir sur des bases scientifiques, ce sera les ranger, du même coup, parmi les sciences exactes et leur en faire partager les avant d'évidence et de faveur universelle. Hel avenir assurément. On se rendra alors aux prescriptions de morale comme on obéit aux lois de la pesanteur ou de l’affinité. S’obstiner, au contraire, à faire de l'éthique un corollaire de la théologie ou de la métaphysique, c’est la vouer à l’impuissance et à la stérilité, a La supposition de l’existence de Dieu, déclare Taine, est incapable de produire une morale naturelle. » Taine, Philosophes classiques du ixe siècle, 3e édit., Paris. 18(>8. p. -iT'.t. Donc, nécessité de laïciser la morale et de couper ses attaches avec la théodicée..Mêmes principes et mêmes procédés en matière politique. L’unité nationale, la paix, la concorde, la mutualité, la prospérité d’un pays exigent, au dire des juristes modernes, que la constitution et les lois d’un Etat aient un fondement étranger i tout système religieux, à toute conception théologique proprement dite. Dès lors, on efface Dieu du code, des constitutions civiles, des monuments publics, des cérémonies et des harangues officielles, et, par-dessus tout, de l’enseignement des écoles de l’Etat : tout cela au nom de ce qu’on appelle athéisme d'État. Une même maxime. un même programme dans la vie intellectuelle et dans la vie sociale, dans la morale et les règles de gouvernement : Se passer de Dieu, le reconduire à ses frontières. dit (".ointe, en le remerciant de ses services provisoires. D’où part ce mol d’ordre universel'.' Evidemment des écoles philosophiques qui nient ou révoquent en doute l’existence de Dieu. L’athéisme pratique naît de l’athéisme théorique. « Tout sort des doctrines : les mœurs, la littérature, les constitutions, les lois, la félicité des Etats et leurs désastres, la civilisation, la barbarie. » Lamennais, loc. cit. On aura donc saisi l’athéisme dans sa racine-mère, quand on aura fait l’examen des doctrines philosophiques plus ou inoins en rupture avec la théologie et spécialement avec la théologie calholiqu sera le plan de cette étude.

H. Rapports de l’athéisme avec la thëoi ogii catholique. — A première vue, l’athéisme semble rentrer de préférence dans le cadre des questions philosophiques, qui sont comme la préface obligée de la théologie, a peine lui accorde-t-on l’espace de quelques lignes, dans la plupart des cours théologiques. Hais les négations toujours plus audacieuses et plus radicales « lu rationalisme obligent actuellement les théologiens i se porter en avant de leurs frontières naturelles, pour défendre l’idée de Dieu en péril. Indépendamment des

nécessités d’une lutte qui donne, de plus en plus, B la

théologie une forme apologétique, l’existence de Dieu

n es) pas seulement un domine de la raison naturelle,

c est encore un dogme de foi puisqu’elle nous est présentée, par le magistère de l'Église, comme un article

de la révélation, et, de ce chef, elle appartient de au domaine théologique. Cette vérité était formait tête du sj ml. oie des apôtre » el ell

ile du Vatican. Elle ouvre la jérii des déclarations oatiques que I I glise v a pi sur Dieu.

in lit, en tête de la constitution Dei Filitu, < -ion solennelle : l.a sainte apostolique, romaine, croit qu’il y a un

Dieu i/'d et vivant, Créât igneurdu

la terre, tout-puissant, La conséquence directe oV paroles, remarque M. Vacant, c’est que l’exi Dieu est un dogme de foi catholique. ! logiquet

sur les constitutions </" com ile <lu Vatican, Paris, '. t. 1. p. 165. Et cela sans rien préjuger sur la controverse avant trait a la compossibilité d’actes de foi et de démonstrations philosophiques sur une même réi Donner droil de cité à I athéisme danune œuvre théologique n e-.t pas sortir de cette stricte neutralité, s’harmoniser avec les intentions d’un concile qui, par la teneur de ses définitions et de ses anathèmes, tend a viser et i mettre à découvert les fallacb : 10ns

du rationalisme.

III. NÉCESSITÉ DE DISTINGUER L’ATHÉISME ! > ! > ADIRES erreurs. — A part de rares exceptions, le qualifii 1 athée fait horreur dans le mond.- savant, et 01 généralement à s’en défendre. On s c. plaint iron, ment de ceux 1 par : lesquels on est panlhi

matérialiste, athée sans le savoir » . Renan, Et d’histoire religieuse, préface.

On repousse une épithète si souverainement injurieuse et teintée de calomnie ; on n’a pas assez de mépris pour les procédés vulgaires d une polémique qui fait entrer, de gré- ou de force, ses adversaires dans les catégories tranchées de croyant ou d’athée. « Jadis, dit très bien M. Vacherot, l’athéisme était la calomnie de tous les docteurs en théologie contre les philosophes qui n’acceptaient pas sans réserve le Dieu de leurs Eglises. » Renan, Dialogues et fragments philosophiques, Paris, 1876, p. 3I7. Parfois, sans doute, dans les ardeurs de l.i lutte des idées, cette accusation a été- prodiguée au delà de toute mesure, ("liez les peuples anciens, il suffisait, pour en être atteint, de ne point | ri stupides

et si ridicules qu’elles pussent être, les opinions dominantes, les croyances officielles d’une époque à 1 de la divinité. Les chrétiens furent autrefois qualifiés d’txŒoi d’une manière absolue. Avant eux. ceux qui. dans la Grèce païenne, furent les premiers apôtres d’un Dieu unique, pur esprit, législateur suprême et providence du monde, subirent la même injustice. An. ix échappe, par l.i fuite, aux suites d’une accusation qui, plus tard, fera mourir Socrate et forcera Platon à ahriti 1 ses conceptions théologiques sous le manteau de la mythologie. Plus près de nous, on a taxé- d’athéisme des penseurs tels que Descartes, Malebrancbe. Locke, liant et nombre d’autres philosophes, qui ne pouvaient assurément en être suspectés, puisque, dans leurs, ilont détendu l’existence de la divinité'. Désireux d'éviter semblables exagérations, tout en maintenant le droit d’appeler chaque chose par son nom, nous marquerons, d’après des règles équitables et logiques, la ligne de démarcation qui sépare les vrais athées de ceux qui ne

le sont pas.

I Ne doivent pas figurer dans l’athéisme les philosophes qui ont eu sur la nature divine et sur ses attnbutS des théories fausses OU incomplètes..Limais le polythéisme, malgré sis grossièn s erreurs théologiques, n’a passé pour synonyme d’athéisme.

J A mettre également i l’abri de ce reproche l’absence d niées définies et précises sur la divinité, et n

grossir, avec le principe contraire, le nombre des peuples -ans croyance, comme l’a fait le naturaliste anglais John Lubbock. DtQualreîsges, L’espèce kumaiimt, Il édit, Paris, 1892, p. 352.