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2189 ATHANASE DE BALAD — ATHÉISME ET ERREURS CONNEXES 2190

Louvain, 1872, t. i, p. 287-294 ; Assémani, Bibliotheca orientalis, t. I, p. 335 ; P. Boscliius, Histona chrouologica patriarcharuin anliochenorum, dans les Acta sanctorum, t. IV julii, 2e édit., Paris, 18f18. p. 114 ; R. Duval, La littérature syriaque, Paris, 1809, p. 378. J. PARISOT.

6. ATHANASE DE PAROS naquit vers 1725, à Kosto.dans la petite ilede Paros. Il étudia successivement la grammaire dans sa patrie, les belles-lettiies à Smyrne, sous l’habile direction de Hiérothée Dendrinos, et la théologie à l’Académie de l’Athos, où professait alors le fameux Eugène Bulgaris. Doué de réelles aptitudes pour l’enseignement et la prédication, il exerça tour à tour cette double fonction à Salonique, à Corfou et à Missolonghi. Lorsque Bulgaris quitta la direction de l’Académie athonite, Athanase fut appelé à lui succéder ; mais il dut, bientôt après, abandonner cette haute position. Ayant pris ouvertement parti contre les novateurs dans la question des eolybes, il fut excommunié et déposé en juin 1776 par le patriarche Sophronios. Voir, sur cette longue controverse, L. Petit, La grande controverse des eolybes, dans les Échos d’Orient, t. n (1899), p. 321-331. Cinq ans plus tard, en 1781, il fut relevé de l’excommunication à la suite d’une rétractation publique. Après avoir passé encore quelque temps à Salonique, tout occupé d’enseignement et de prédication, il alla prendre, mis 1792, la direction d’une grande école à Chios. C’est là qu’il mourut, le 24 juin 1813.

Athanase est assurément, après Eugène Bulgaris, le plus remarquable théologien grec de la fin du dernier siècle. Ennemi de Borne et de l’Occident, il attaque tour à tour la, scolastique, le protestantisme et l’esprit philosophique représenté par Voltaire. S’il fait usage de la science moderne, c’est pour triompher plus aisément de ses adversaires ; il n’épargne même pas ceux de ses coreligionnaires qui pensent autrement que lui. Non moins fécond que passionné, il porta son activité sur les principales branches de la science sacrée, théologie, hagiographie, liturgie, prédication. Je ne parle pas de ses œuvres purement grammaticales ou littéraires : elles sont exclues de notre domaine. Dans l’énumération qui va suivre, j’observe l’ordre chronologique, le plus simple eu pareil cas :

1°’O IIaXau.5î âxeïvo ;, tÎtoc ëi’oç… to-j… Tpriyop^ou, apXtsictffxrfitou ©E<T<ra>ovixr|( ; toO Gocu|j.aTovpyoO, To-JTnx).r l v [IaXapâ, in-4o, Vienne, 1784. C’est la vie de Grégoire Palamas écrite par le patriarche Philothée et traduite en grec moderne par Athanase, qui l’a fait précéder et suivre de diverses pièces, dont on peut voir une énuinération exacte dans la Byzantinische Zeitschrift, t. vin (1899), p. 71-73. — 2°’()’Avt17raTiaî, T, Tot àYôivîî… toO… Mâpxo’j ip^teitimôttou xîjç’Eçéaou, to"j tuxXtjv (sic) EùyevixoG, in-8o, s. I., I78Ô. Vie de Marc d’Éphèse, suivie du décret de canonisation, en date de février 1734 (p. 177-186), et de la sentence d’absolution promulguée en 1781 en faveur d’Athanase (p, 187-190). — 3° XporTcavixr, àiroXoyîa.in-S", Constantinople, 1798. Cet ouvrage, publié sans nom d’auteur, a toujours été mis sur le compte d’Athanase ; c’est une curieuse réfutation des idées révolutionnaires de liberté et d’égalité. — 4° AiSaoxaXfa Traxpixr, , in-8°, Constantinople, 1798 : pamphlet dirigé contre les partisans du progrès moderne, et où se révèle la vieille haine des ntre les Latins et leurs sympathies pour les Turcs. — 5°’EictTO|AT| v’.-i ouXXoyti tûv 8cîu>v ttjî tiitteo) ; BoyuÂtuv, in-i", Leipzig. IStKi. Ces ! un manuel de théopar Uhanase.i l’usage de ses élèves de Chios. Les trois premières parties, qui traitent de Dieu, de li création et de li rédemption, ne sont qu’un abrégé plus ou moins indépendant du cours d’Eugène Bulgaris. La qua ti ie partie, qui a pour objet les sacrements, es1 beaucoup

plus originali, Dans la cinquième, Athanase ne fait guère qu emprunter a fîrégoire Palamas son explication des commandements. Voir Ph, Meyer, Realencyklopàdie fur prot. Théologie und Kirche, 3’édit., Leipzig, 1897, t. ii,

p. 205-206. — 6°’AXe^ixaxov çàpu.axov ï ; Tot rcvevu.aTixbv £Y7eipt610v, in-8, Leipzig, 1818 : œuvre dirigée contre le voltairianisme biblique et historique. — 7° Néov AEiuwvdiptov, in-8o, Venise, 1819. Ce recueil hagiographique, composé en grande partie par Macaire Notaras, métropolitain de Corinthe, contient bon nombre de pièces écrites par Athanase. La préface, qui lui appartient, a pour but de montrer que les victimes du fanatisme musulman n’ont pas moins de droit à notre culte que les martyrs des premiers siècles. — 8° Plusieurs traités d’Athanase sont restés inédits. Je citerai, parmi ces derniers, l"Ey.Gî<riç V ; ’ouv 6[xo).OYi’a tT|Ç à).ï)900 ; v.oéi opQoSôEou tcî<7te<ik, écrite en 1774 contre les partisans du dimanche dans la question des eolybes, et conservée au monastère d’Iviron sous le n. 604. — 9° Le recueil des panégyriques de Macaire Chrysocéphalos, imprimé à Cosmopolis, s. d., probablement en 1793, contient en appendice, p. 457-469, un panégyrique de Grégoire Palamas par Athanase ; ce n’est qu’une violente diatribe contre la façon dont les latins entendent le culte des saints.

C. Sathas, Nio « tt>|vt*i| *.>.o5.o r ; « , in-8°, Athènes, 1868, p. 630-R42 (biographie aussi superficielle qu’élogieuse de notre héros, écrite par un de ses élèves, Z. Mamoukas) ; Ph. Meyer, Realencyklopàdie fur prot. Théologie und Kirche, 3’édit., Leipzig, 1807, t. ii, p. 205-207.

L. Petit.

ATHÉISME ET ERREURS CONNEXES. -
I. Notions.
II. Histoire.
III. Condamnation.

I. ATHÉISME ET ERREURS CONNEXES. Notions.

En vue des développements réservés aux mots Dieu et Morale, le présent article se renfermera dans les paragraphes suivants :
I. Diverses acceptions de l’athéisme.
II. Rapports de l’athéisme avec la théologie catholique.
III. Nécessité de distinguer l’athéisme des autres erreurs.
IV. Le matérialisme, forme de l’athéisme scientifique.
V. Autres erreurs connexes.

I. Diverses acceptions de l’athéisme.

Le mot atliéisme prête à des sens multiples. Tout d’abord, l’a privatif, un de ses éléments étymologiques, donne lieu, par sa double valeur significative, à deux premiers genres d’athéisme : l’un, négatif, ou, pour mieux dire, précisif, absence totale d’idées sur Dieu, plutôt agnosticisme qu’athéisme proprement dit ; l’autre, positif et formel, négation catégorique de l’existence d’un Etre suprême. C’est dans cette dernière acception que s’entend l’athéisme, au sens ordinaire du mot, pour se décomposer, à son tour, sous l’analyse philosophique, en deux autres espèces bien tranchées. Il y a l’athéisme théorique ou négation de Dieu restreinte au champ de la spéculation, puis il y a l’athéisme pratique, même aégation étendue au domaine des résolutions actives et appliquée avec logique au détail de la vie. Car si notre intelligence peut, par des essais de démonstration rationnelle, rejeter Dieu de l’univers, lui refuser une place dans la série des choses vraies, il est malheureusement encore plus facile à notre volonté d’opérer cet ostracisme dans sa zone d’influence, et de bannir le divin de nos pensées, de nos sentiments et de notre vie tout entière. On a décrit l’athéisme pratiquée un certain état d’àme qui fait qu’on vit en réalité dans cette sphère qui limite notre activité- humaine comme si Dieu n’existai) pas » . P. Didon, Carême de Marseille, 187."), Conférence sur l’athéisme pratique. Dans ce déplorable système de vie, on ne pense pas à Dieu, sinon à de rares intervalles ; on ne l’aime pas, on l’écarté de sa mémoire comme un souvenir importun, comme un fantôme d’imagination arriérée ; on ne tient surtout aucun compte de sa loi, on la regarde comme un joug stupide et insupportable et on se rit de ses sanctions, de son ciel et de son enfer, i es pênes et d’- ses récompenses. <>n reconnaît aisédans ces tendances systématiques a exclure de l’ùme toute influence divine et à murer l’existence