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ATHANASE (SAINT)


Geou Aôyoç ; non pas le Logos-démiurge des philosophes et des ariens, mais le Logos-Dieu, qui est la Raison même du Père et sa propre Sagesse, dans laquelle il a fait toutes choses. Et c’est aussi sa propre, parfaite et immuable image, àuapâW.axto ; eizciv.

Le Saint-Esprit est surtout présenté en rapport immédiat avec le Fils. Pour Athanase, comme le Fils rentre dans le Père, le Saint-Esprit rentre dans le Fils, lui étant uni par l’identité de nature, de substance et d’opération : « Le Saint-Esprit est en même relation d’ordre et de nature avec le Fils que le Fils avec le Père… Rien qui n’existe et ne soit opéré par le Fils dans l’Esprit… L’Esprit étant dans le Verbe, il est manifeste qu’il est en Dieu par le Verbe. » Ad Serapion., i, 21, 31 ; iii, 6, /'. G., t. xxvi, col. 580, 601, 633. Aussi bien, la troisième personne dérive-t-elle de la seconde, comme celle-ci de la première. C’est l’esprit du Verbe, l’Siov roO A.dyou ; qui procède du Père et que le Père donne parle Fils ; qui reçoit du Fils tout ce qu’il a, et que le Fils donne et envoie. Le Fils est même appelé la source du Saint-Esprit, irapà tw Qtù> riarp’i ovta tôv Vlbv ty|v tuyiyyjv toC âyt’ou Ilv£j[xaToç, mais dans un ouvrage dont l’authenticité est contestée, De incarn. et contr. arian., 9, P. G., t. xxvi, col. 1000. Comment ne pas reconnaître, en cet ensemble de témoignages, l'équivalent du dogme catholique de la procession du Saint-Esprit ab utroqueï Voir Th. de Régnon, Eludes de théologie positive sur la sainte Trinité, 3 série, Paris, 1898, étude xxi, c. i.

Quand le saint docteur expose ces réalités transcendentales, sa pensée se meut dans un ordre de comparaisons et d’analogies qu’il emprunte soit à l'Écriture soit à des images courantes dans le milieu alexandrin. C’est la splendeur qui sort du soleil, sans que la substance de ce dernier se divise ou diminue ; elle reste entière, et la splendeur est également entière. C’est le fleuve engendré d’une source : la source n’est point le fleuve, et le fleuve n’est point la source ; mais l’une et l’autre sont une seule et même eau qui coule de la source dans le fleuve. Ainsi la divinité' passe du Père au Fils sans division ni partage. De même, s’il s’agit des trois personnes à la fois : ce n’est pas reconnaître trois soleils, que d’admettre un soleil, sa splendeur et une lumière qui procède du soleil dans sa splendeur. Comparaisons et analogies qui ont fait appeler la théologie alexandrine. et celle d’Athanase en particulier, une théologie « dynamique » , parce qu’elle présente la divinité comme une vie d’où pullulent toutes les perfections divines.

La méthode théologique dont se sert notre docteur pour prouver la divinité' du Fils contre les ariens et celle du Saint-Esprit contre les macédoniens, est aussi simple que concluante. Il leur oppose les témoignages de l'Écriqui attribuent soil au Fils, soit au Saint-Esprit les caractères de la divinité, et conclut qu’ils sont consubstantiels à Dieu le Père. La seconde et la troisième lettre à Sérapion, résumé des preuves relatives à la divinité du Fils et du Saint-Esprit, sont un modèle du genre. Le est travail de défense, consistant surtout dans l’explication des textes scripturaires que les ariens et les macédoniens invoquaient ou objectaient. Une distinction mérite d'être signalée, car elle est pour Athanase la clef qui ouvre l’intelligence « les textes s’appliquanl au Verbe incarné ; c’est la distinction fondamentale que fournit la dualité des natures dans le Christ. H se dit un avec le

Père, il crée, il vivifie, il sanctifie ; entendez cela du 6eïxfd< ;. Il se dit inférieur au l'ère, il ignore el

h souffre et meurl. entende/ cela de l’homme, àvûpa>7r(v<jx ;. En outre, les théophanies de l’Ancien Testament demeurent dans la théologie allianasienne, mais

en un sens qui tient le milieu entre la rmi

iens apologi tes qui le rappoi taient immédiatement au Verbe et celle de Bain ! Augustin qui i rapporte toutes aux anges. Il faut distinguer, dans

les apparitions sensibles, celui qu’on voit et celui qui parle ; on voit un ange sous une forme empruntée, mais en lui c’est le Verbe qui parle. Orat. contr. arian., iii, 12-14, P. G., t. xxvi, col. 346-251.. I. Tixeront, Histoire des dogmes, Paris, 1909, t. ii, p. 67-75.

5e Grâce. Église. Sacrements. — Le Verbe incarné continue son œuvre ici-bas de deux façons : au dedans, parla grâce ; au dehors, par l'Église et les sacrements. Dans ses écrits dogmatiques, Athanase ne s’occupe pas directement de la grâce actuelle, mais il en suppose plus d’une fois la nécessité, surtout quand il met dans tout son jour le profond abaissement où le genre humain était réduit avant la venue du rédempteur. Il est plus explicite dans les écrits moraux ; ainsi les lettres pascales montrent dans la grâce un principe de force et d’illumination qui reste toujours en notre pouvoir. Epist., iii, 3 ; v, 1, P. G., t. xxvi, col. 1373, 1380. Dans la vie de saint Antoine, parlant des victoires de ce héros chrétien, le biographe ajoute : « Le Seigneur était son aide, <rjvY)pvEi yàp 6 K-jpio ;  ; ocÙtôj ; le Seigneur qui pour nous s’est fait chair, et nous fait triompher de Satan en notre corps, en sorte que quiconque lutte bien peut dire : « Ce n’est pas moi, mais la grâce de Dieu avec moi. » Vita Anton., 5, P. G., t. xxvi, col. 849. Certaines imputations de semipélagianismesontrepousséespar Mohler, Athanase le Grand, trad. franc., t. iii, p. 257 sq.

La grâce sanctifiante rentre dans la doctrine sotériologique du saint docteur sous l’idée multiple de nouvelle création, déification, filiation, adoption, sainteté, etc. Elle nous est communiquée par le Fils dans le Saint-Esprit : « Dans le Saint-Esprit, le Verbe glorifie la créature ; déifiant les hommes et les faisant fils, il les conduit au Père… C’est en participant du Saint-Esprit que nous avons la charité du Père, et la grâce du Fils, et la communication du Saint-Fsprit lui-même. » Epist., i, ad Serap., 25, 30, P. G., t. xxvi, col. 589, 600. Grâce et communication de l’Esprit se perdent par le pèche, et se recouvrent par la pénitence. Orat. contr. arian., iii, 25, ibid., col. 376.

Si de la grâce, principe intérieur de vie surnaturelle, nous passons à l'Église, c’est comme une théologie en action qu’il faut voir en saint Athanase. Sa vie entière, sa vie d'évêque surtout, ne fut qu’un grand acte do dévouement à la sainte Église de Jésus-Christ, une, catholique, apostolique et romaine. Sa conduite témoigne de son respect et de sa subordination à l'égard de l'évêque de Rome et de son siège qu’il appelle à7to<TTo), iy.b ; Opôvoç. Ilislor. arian., 35, P. G., t. xxv, col. 733. Ses grandes indignations furent conlre ces prélats ariens qui, par leur ambition personnelle, leur servilité à l'égard des princes et la multiplicité de leurs symboles, sacrifiaient l’indépendance de l’Eglise et brisaient l’unité de régime et l’unité de foi. Les vrais chrétiens ne déchirent pas la tunique du Christ ; ils mangent la Pâque du Seigneur (luis une seule maison, l'Église catholique. Ils ne forment qu’une bergerie, sous un seul chef qui est le Christ. Epist. heort., v, i, P. < :.. t. xxvi, col. 1382 ; Tnmus ad Antioch., 8, ibid., col. 806. Leur foi est la foi catholique, que les apôtres ont transmise par les Pères, Èy, tœv entoirrtfXcov Six tûv Hcctlpwv, Epist., u. ad Serap., 8, P. G., t. XXVI, col. 620. Aussi l’un des premiers ar^uiM ois du saint docteur contre les hérétiques consiste à leur opposer la catholicité et l’apostolicité de la doctrine qu’ils rejettent. En l’are de leurs « inventions » . il dit d’abord : « Pour leur répondre il suffit de ces quelques mots : Ce n’est point là la foi de l'Église catholique, ce n’est point là la foi des Pères. » Epist. ait Epictet., 3, /'. G., t. xxvi. col. 1056. Par conséquent, ayant renoncé à la foi apostolique, les hérétiques et lis schismatiques n’appartiennent plus à l'Église catholique ; on ne doit pa ii ippi ! r chrétiens, mais ariens ou de tout autre nom de leur secte. Orat. « </ arian., i, 1-2 ; ni. 28, /'. G., t. xxvi, col. 14-15, 381. On doit éviter leur commu-