Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.2.djvu/339

Cette page n’a pas encore été corrigée
2169
2170
ATHANASE (SAINT)


ché d’Adam et ses conséquences passeront désormais à ses descendants : « Tous les hommes, depuis Adam, sont morts et restent morts… Adam péchant, le péché s’est transmis à tous les hommes. » Orat. contr. arian., i, 44, 51, P. G., t. xxvi, col. 103, 118. A la vérité, ni la puissance de connaître Dieu ni la liberté ne furent perdues ; mais les hommes ne firent qu’abuser de plus en plus de ces dons et tombèrent dans la plus effrayante corruption. De incam., 12, P. G., t. XXV, col. 116-117. Il fallait un sauveur.

Incarnation.

On l’a déjà remarqué, la doctrine

de saint Athanase sur le Verbe incarné est le centre de toute sa théologie, comme sa foi en ce même Verbe fut l’âme de sa vie militante. C’est par ce côté surtout qu’il attaqua l’arianisme, montrant que la négation de la divinité du Verbe mettait cette hérésie en opposition avec les sentiments les plus intimes des vrais chrétiens ; qu’elle élevait une barrière infranchissable entre Dieu et nous, puisque, suivant la sainte Écriture, nous ne connaissons le Père que par le Fils ; qu’elle annihilait en réalité l’œuvre de la rédemption, puisque nul autre qu’une personne divine ne pouvait réformer en nous l’image primitive, détruite par le péché, et nous faire enfants de Dieu. C’est donc sous l’aspect sotériologique que saint Athanase considère d’abord le Verbe incarné. « C’est pour notre salut qu’il s’est manifesté dans un corps humain. » De incam., 1, P. Cf., t. xxv, col. 98. « Quand même rien n’eût été créé, le Verbe de Dieu n’en existait pas moins, et le Verbe était Dieu. Mais il ne se serait pas fait homme, si le besoin des hommes ne l’y avait forcé. » Orat. contr. arian., ni, 56, P. G., t. xxvi, col. 268. Par le péché d’Adam, le genre humain avait perdu les dons spéciaux de l’état originel ; il était tombé sous la loi de la corruption et de la mort. Dieu, qui avait porté la loi, ne pouvait, sans se contredire en quelque sorte, accorder un simple pardon, solution qui, du reste, eût manqué d’eflicacité suffisante ; l’homme ne pouvait se refaire lui-même à l’image primitive. Et pourtant il convenait à la bonté divine de ne pas laisser périr son œuvre de prédilection. Le Verbe, lui, pouvait refaire er nous sa propre image, et, en se faisant homme, poser dans le genre humain un principe de résurrection et (immortalité. En même temps, par sa vie et par sa mæ t, il serait Verbe et Sagesse de Dieu, c’est-à-dire, il manifesterait son Père aux hommes, et leur servirait lui-même de modèle.

Dans Y O ratio de incarnalione, Athanase met principalement en relief un aspect de la rédemption suggéré tout d’abord par le récit de la Genèse et développé par p.iin t [renée et l’école asiatique ; l’aspect physique, ayant pour objet le passage de la corruption à l’incorruptibilité,

  • mort à l’immortalité. Mais cet aspect n’est nullement

exclusif ; dans ce même écrit, le corps du Christ onsidéré comme hostie et victime, (gpeîov y.ai Sùp.a, son œuvre est envisagée comme une rénovation, et la formule célèbre apparaît déjà : « Le Verbe s’est fait homme, pour que nous fussions déifiés, » A-Jto ;  ; yàp ivi]v8pa>7[T)<nv, îva /, ; /£" :  ; 8ï(i>itour)8d » |Atv. /’. G., t. xxv, col. 112, 192. Grande’; idées, que le saint docteur ne pas ensuite de rappeler ou de développer, dans’$ comme dans ses Discours contra

iens.

La doctrine christologique de saint Athanase se relie

naturellement trine sotériologique. Le Verbe

incarné est et doil être l’Homme-Dieu, i ix Mccpi’a ;

fSvOpioftoc. Orat. contr. arian., iv, ’.'S, ]>. < ;., t. vi, col.

524 Dieu, pour refaire en nous l’image du Verbe, pour

non r le Père, pour nous déifler. Homme, pour

i la ran< on du péché en souffrant dans son corps, et

r dans l’humanité un principe d’immortalité, mais

pour être parmi nous une manifestation visible de

divinité. De là, dans un seul et même sujet,

ibslantielle et inséparable du divin et de

l’humain, si fortement accentuée dans la théologie athanasienne. Si les expressions de temple, de demeure, de vêtement, d’instrument, s’y rencontrent, appliquées à l’humanité du Christ, rien dans le contexte ou dans la doctrine générale qui ne soit radicalement opposé au nestorianisme. « Le Verbe s’est fait homme, mais il n’est pas venu dans un homme. » Orat. contr. arian., III, 30, P. G., t. xxvi, col. 388. Toutes les conséquences de l’unité ontologique du Christ apparaissent. Communication des idiomes fréquemment appliquée ; c’est le Verbe qui crée et qui ressuscite les morts ; c’est le Verbe qui a faim et qui souffre. Maternité divine de Marie, ttj ; ©eotôxo’j Mapc’a ;. Orat. contr. arian., iii, 14, 29, 33, P. G., t. xxvi, col. 350, 386, 394. Action théandrique nettement formulée. Ibid., 31-32, col. 390-391 ; Epist., i, ad Sera))., 14, P. G., t. xxvi, col. 656-657. Adoration de l’humanité sacrée du Sauveur, enseignée et défendue formellement. Epist. ad Adelphium, P. G., t. XXVI, col. 1074 sq.

Mais n’y aurait-il pas excès dans le sens contraire ? n’est-ce pas préparer la voie au monophysisme, que d’employer des expressions comme <p-j<nxT) svùh « ç ? Contra Apollin., I, 10, P. G., t. xxvi, col. 1110. Quel que soit l’auteur de cet ouvrage, Athanase ou l’un de ses disciples, sa véritable pensée ne peut faire de doute ; il entend affirmer une union vraiment substantielle dont les termes sont, d’un côté le Verbe, et de l’autre la nature humaine dans sa pleine intégrité ; çuctixti ëviixrt ;, ne dit donc pas unité de nature. A cette question, toutefois, se rattache un point important de la doctrine christologique d’Athanase. Que la complète dualité des natures dans le Christ soit contenue dans les deux livres contre Apollinaire, c’est un fait : TÉXeioç 0ebç xa xéXetoç av8pti>ra> ; ô Xpi<rrtfç, I, 16, P. G., t. xxvi, col. 1121. Mais la paternité de cet ouvrage est contestée au saint docteur, et pour cela même. On a prétendu que, dans ses écrits authentiques, il ne reconnaît pas d’âme humaine dans le Christ ; le Verbe s’est fait homme en ce sens qu’il s’est uni à un corps, mais lui-même tient lieu d’âme raisonnable. Les termes du composé théandrique seraient donc, d’un côté la personne du Verbe, de l’autre ce que saint Athanase appelle tô àv8po>irivov, l’élément humain du Christ, c’est-à-dire uiçti, <jâ>|xa, la chair ou le corps. En un mot, Athanase serait apollinariste. Opinion (’mise jadis par iiaur, Die christliche Lchre von der Dreieinigke.it und Menschwerdung Gottes, Tubingue, 1841, t. i, p. 570 sq., et reprise tout récemment par A. Stûleken, Athanasiana, p. 90-106, et K. Hoss, Sludien ùber das Schrifttum und die Théologie des Athanasius, p. 76-79.

Celle thèse repose d’abord sur une interprétation abusive des termes <râpÇ et o-wjj.a. Athanase les emploie dans leur sens biblique, qu’il a expliqué lui-même : « C’est la coutume de l’Ecriture d’appeler l’homme chair. » Orat. contr. arian., iii, 30, P. G., t. xxvi, col. 388. Et ailleurs : « Dire : Le Verbe s’est fait chair, c’est dire : Le Verbe s’est fait, homme. » Epist., II, ad Serap., 7 ; Epist. ad Epictet., 8, P. G., t. xxvi, col. 620, 1084. De l.i vient que, pour désigner l’élément humain dans le Christ, le saint docteur se sert indifféremment des termes chair, corps, humanité, et qu’il attribue l’ignorance rès dans le Christ soit à la chair, soit à la nature humaine : Tî)Ç tXv6pcofttVT)( (p-jiEoj ; r, ; èttcv i’ôtov v.-x tô ayvosîv… û( avBptouoç àyvoei’, … àvvoîï <Tapxixû ;. Orat.contr. arian., iii, 13, P. '>'.. t. xxvi, col. M3, H6. A cette explication il faut joindre la doctrine générale d’Athanase sur l’incarnation qu’il désigne habituelle ment, non parle terme de Ivo’tou.iToxyi ;, mais par celui de ÈvavOyii-r.T’. :, exprimant l’idée de Verbe fait homme,

en effet l’idée du Verbe fail I le qui est à la

base de cette doctrine ; hom semblable « nous par la

nature, Sp.oio< xat& rt|v pûaiv toî< àvOpc&noïc, De incam., 37 ; homiii. uc4juA{ à/Opantov, Oral, contr.