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ATHANASE (SAINT 1


arien. Deux ou trois ans après, il était en communion avec plus de quatre cents évêques ; des adversaires signalés, tels que Valens et Ursace, voulurent même rentrer en grâce avec lui. Hisl. ariah., 26-28, P. G., t. xxv, col. 724 sq. Des écrits importants, comme ['Apologie contre les ariens et le traité sur les Décrets de Nicée, se rapportent à cette période. Il y eut aussi chez les Alexandrins, après le retour de leur père bien-aimé, un mouvement intense de ferveur religieuse qui porta beaucoup de monde vers la vie ascétique et monastique. Athanase le favorisa ; plusieurs fois, il prit des moines pour auxiliaires, en les faisant monter sur le trône épiscopal, et la lettre que, dans une occasion de ce genre, il écrivit à Draconce, reste profondément instructive à plus d’un titre.

La mort de l’empereur Constant, en janvier 350, priva l'évêque d’Alexandrie d’un puissant protecteur et raviva l’ardeur des eusébiens. Des mesures énergiques prises contre des ariens ou des mélétiens, quelques ordinations laites par Athanase dans des diocèses dont il était le métropolitain supérieur, fournissaient un facile prétexte à de nouvelles accusations. Socrate, H. E., ii, 2't, P. G., t. lxvii, col. 263. Toutefois Constance, que la crainte de l’usurpateur Magnence portait à prendre des ménagements, n’entra pas alors dans ces vues ; il écrivit même au patriarche pour le rassurer : « Nous voulons, disaitil en terminant, que, conformément à notre décision, tu sois en tout temps évêque dans ton église. » Et d’une autre main : « Que la Divinité te conserve pendant de longues années, Père très aimé ! » Apol. ad Constant., 23, P. G., t. xxv, col. 624.

Mais, après la défaite de Magnence, en septembre 351, une nouvelle coalition se forma contre l'évêque d’Alexandrie ; Léonce d’Antioche, Acace de Césarée, Valens et Ursace en étaient les principaux chefs. Athanase essaya vainement de conjurer l’orage en députant à la cour Sérapion de Thmuis, accompagné d'évéques et de prêtres égyptiens ; Constance était trop prévenu contre l’accusé, et la mort de Magnence, en août 353, le laissa enfin libre de satisfaire sa rancune longtemps comprimée. On profitait, du reste, de tout pour l’irriter, comme nous le voyons par l’Apologie qui lui fut adressée plus lard par saint Athanase. Celui-ci avait eu des relations amicales avec l’empereur Constant ; on l’accusait d’avoir excité ce prince contre son frère Constance. Un envoyé était venu à Alexandrie de la part de Magnence, qui désirait gagner à sa cause le grand évêque ; on dénonçait ce dernier comme complice de l’usurpateur, malgré sa conduite loyale en toute cette affaire. Plus tard, en 354, dans un cas de force majeure, le patriarche permet la

ration du service divin dans une église construite sur un terrain impérial et u'étanl pas encore consacrée ;

un nouvel empiétement ci une profanation, On allait même au delà des accusations ; on tendait des pièges pleins de perfidie, comme de remettre à l’empereur une lettre fabriquée, où l'évoque d’Alexandrie était censé lui demander la permission de se rendre à la coin-. L’autorisation une fois accordée, le reins d’Athanase de fuie une démarche qu’il n’avait pas voulue et qu’il savait être un piège, devenait un grief de plus. A Rome, I.- pape Jules, ce fidèle défenseur el.uni du saini patriarche, était mort le 12 avril 352 ; le 22 mai, Libère était monté sur le trône pontifical. On ne saurait retarder comme authentique la lettre Student pari, o mrait, dis son avènement, invité Athanasi i com

tre devant lui, et, sur son refus, l’aurait retranché communion ; mai-- il est certain que les eusébii n lui transmirent lem ntrel évêque d’Alexandrie.

En revanche, quatre-vingts évêques parlèrent en sa faveur dans un mémoire justificatif, envoyé a Rome, qui suivent se rapportent.i l’interven lion de l’empereur Con tance et es procédés violents, d’abord à l'égard des évoques occidentaux dansie lynode

d’Arles, vers la fin de 353, et celui de Milan, au printemps de 355, puis à l'égard d’Osius de Cordoue et du pape Libère, pour les amener à son double objectif : la condamnation d’Athanase et la communion ecclésiastique avec les prélats orientaux de son parti. Voir Arianisjie, col. 1819 sq.

6° Troisième exil, du 9 février 356 au 21 février 362. — Depuis longtemps, une action décisive se préparait contre Athanase. Peu à peu diverses mesures vexatoires avaient été prises contre sa personne ou contre ses amis et ses ouailles. Une première fois, dans l'été de 355, le notaire impérial Diogène, puis, le 5 janvier de l’année suivante, le général Syrianus étaient venus pour faire partir l'évêque, mais celui-ci, fort de la parole donnée après la mort de Constant, attendait un ordre écrit de l’empereur. Apol. ad Constant., 22, P. G., t. xxv, col. 624. Le dénouement fut le coup de main exécute par Syrianus, dans la nuit du 8 au 9 février, contre l'église de Théonas, où le patriarche se trouvait avec une nombreuse assistance. Ce fut comme par miracle que le saint, resté jusqu’au bout à son poste, put être soustrait par une poignée de prêtres et de moines aux cinq mille soldats qui avaient fait irruption dans l'église ou qui la cernaient. Vainement les catholiques d’Alexandrie protestèrent contre ces violences et les excès sans nom dont elles furent accompagnées ou suivies. Constance passa outre, et lança un édit pour faire rechercher Athanase et enjoindre à tous les évêques de quitter sa communion. Le siège patriarcal fut donné à l’arien Georges de Cappadoce, dont l’intrusion n’eut lieu que plus tard, le 24 février 357.

Après s'être caché quelques jours dans Alexandrie ou dans les environs, Athanase s'était enfui au désert. Il y composa son Apologia ad imperatorem Constantium, P. G., t. xxv, col. 593 sq. Ne pouvant croire à la complicité formelle de l’empereur en tout ce qui venait de se passer, il caressa d’abord le projet de se rendre à la cour, et mémo il se mil en route ; mais quand il eut appris les dispositions réelles et les desseins sanguinaires de Constance, il retourna dans le désert. Comment y vécut-il et qu’y lit-il ? Dans beaucoup de récits qui se rapportent à cette période, la légende s’est évidemment mêlée à l’histoire, comme le remarque Montfaucon, Vita Athanasii, an. 356, n. 10, P. G., t. xxv, p. ('xxix sq. ; mais, au fond de tout cela, il reste que, poursuivi à outrance par lis émissaires de l’empereur, le fugitif courut de grands dangers et dut souvent changer de retraite. Les moines et les solitaires de la Haute Egypte, tout dévoués à celui que saint Pacome avait tant de fois glorifié et auquel saint Antoine mourant avait légué sa tunique, furent le principal instrument de la providence dans la conservation du grand proscrit ; plusieurs se laissèrent torturer plutôt que de le trahir. Acta sanctorum, t. m niaii, Anvers, 1680, p. 330 ; Annales du musée Guimet, t. xvii, p. 679 sq. Mais,

c me on l’a remarqué dans l’histoire de l’arianisme,

toujours fugitif et toujours poursuivi, le grand champion de la foi de Nicée n’en resta pas moins l'âme du mouvement de résistance à l’hérésie triomphante et montée sur le trône impérial. Il sufiii de jeter un coup d'œil sur la listede ses ouvrages et leur date, pour comprendre quel parti le sain) docteur tira de ce séjour forcé au désert. « C’est de là qu’Athanase encourageait quelques évêques d’Egypte zélés pour sa cause ; qu’il adressait des lettres apostoliques à son église d’Alexandrie ; qu’il répondait savamment aux hérétiques ; qu’il lançait desanathèmes contre les persécuteurs… Mu fond de sa cellule,

il était le patriarche invisible de l’Egypte. » Yillemain,

Titiilci-Di de l'éloquence chrétienne <<>< txe siècle, 2 1 édit.,

1849, p. 102. L’avant-propos syriaque des lettres

pascales nous apprend quelque chose de plus. Athar

ne craignit pas de se rendre à Alexandrie, peut être

le départ de l’intrus Georges (2 octobre 358), el d’y