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ATHANASE (SAINT)


l’élu, explique les efforts d’Eusèbe de Nicomédie auprès de l’empereur Constantin, pour faire infirmer la nomination d’un redoutable adversaire à un siège aussi prépondérant que l’était alors celui d’Alexandrie.

Le nouveau patriarche s’occupa d’abord de fortifier ses ouailles dans la foi et la vie chrétienne ; c’est l’objet unique de ses premières lettres pascales. P. G., t. xxvi, col. 1360 sq. L’avant-propos syriaque nous le montre aussi visitant successivement les diverses parties de son diocèse, la Thébaïde, la Pentapole et l’Ammoniaque, puis les régions inférieures, col. 1352. Beaucoup d’évêques et des foules nombreuses l’accompagnaient ; comme il se dirigeait vers le Saïd, saint Pacôme vint à sa rencontre avec ses religieux. Des liens de mutuelle estime el d affectueuse charité s’établirent entre eux ; le grand législateur de la vie cénobitique vit dans le « père patriarche » un saint, « l’homme christophore, » qu’il glorifia souvent ; il s’associa désormais à ses joies et à ses épreuves, l’appelant « le Père de la foi orthodoxe du Christ » et le faisant saluer par ceux de ses fils qui allaient à Alexandrie. Histoire de saint Pakhôme et de ses communautés, Documents coptes et arabes inédits, publiés par E. Amélineau, dans Annales du musée Guimet, Paris, 1889, t. xvii, p. 384-386, 589-590, 642-643, 678 ; 143, 267-268. C’est probablement encore au début de son épiscopat que saint Athanase ordonna Frurnence évèqrie d’Axuma et lui confia la mission d’évangéliser l’Abyssinie. Rulin, H. E., i, 9, P. L., t. xxi, coi. 479 ; S. Athanase, Apol. ad Constant., 31, P. G., t. xxv, col. 636.

Bientôt commença pour le patriarche cette vie militante qui ne fut plus désormais qu’une alternative incessante d’exils et de demi-tranquillité. Les attaques contre la validité de son élection furent comme un prélude ; après son refus de recevoir à la communion ecclésiastique Arius et ses partisans, la lutte s’engagea. Les mélétiens d’Egypte, alliés d’Eusèbe de Nicomédie, lancent contre le saint toute une se Vie d’accusations mensongères et perfides : il a chargé les Égyptiens d’une sorte d’impôt en les obligeant à fournir des linges de fil pour l’église d’Alexandrie, empiétement sur les pouvoirs impériaux ; il a même trempé dans un crime de haute trahison en faisant don d’une cassette remplie d’or à un rebelle nommé Philomène. Un délégué de

lievèque, Macaire, se rend chez un certain Ischyras, feux prêtre qui usurpait les fondions sacerdotales, pour le rappeler au devoir ; bientôt on invente une scène de violence brutale, où Macaire aurait renversé l’autel, brisé le calice et brûlé les saints Livres. Athanase dut se rendre à Nicomédie, vers la fin de 330 ; il y resta quelque temps et fui même souffrant, comme on le voit par le débul de la seconde lettre pascale. P. G., t. xxvi, Col. 1377 ; Chronicon, ibid., col. 1352. La justification h, complète, el l’accusé repartit pour Alexandrie avec une lettre où Constantin l’appelait un « homme de Dieu » . Apol., 62, P. G., i. xxv, col. 362. Mais les mélétiens ne se tinrent pas pour battus ; ils reprirent l’affaire d’Isrh ras, et suscitèrent un autre ras, beaucoup plus grave : Athanase avait fait assassiner un des leurs, Arsène,

[ue’I Hypsélé ; une main coupée, qu’ils promenaient

ut, étail la pièce à conviction. L’empereur chargea

i nseur Dalmatius, sou neveu, de faire une enquête ;

n’eut pas de suite, car le prétendu mort avait été pa tecusateurs pour se cacher dans un monas tèi Uhana recul de Constantin une lettre bienveillante, et ce triomphe lui valut la soumission extérieure et momentanée du chef « lemélétiens, Jean Arcaph, el d’Arsène, le mort déterré, Apol, 65 sq., P. (’., t. w. col. 365 sr(. La lutte n’était que suspendue.

i’i 1 1 juillel 335 au 23 novembre 337.

— Après une tentative infructueuse pour faire compa

i un synode tenu à Césarée en 334, les

ent à obtenir de l’empereur la convo DICT. DE TI1ÉOL. CATIIOL.

cation d’une nouvelle assemblée à Tyr ; l’évêque d’Alexandrie reçut l’ordre formel de s’y rendre, et partit le Il juillet. Au synode, les eusébiens se posèrent en juges, et les mélétiens en accusateurs ; presque toutes les anciennes charges furent reprises, en particulier l’assassinat d’Arsène, ce qui valut au saint un nouveau et dramatique triomphe. Rufin, H. E., i, 17, P. L., t. xxi, col. 490. On regarde généralement comme douteux ce que cet historien ajoute touchant une accusation d’incontinence et sa piquante réfutation ; il n’en est question ni dans le récit de saint Athanase, ni dans les actes du synode. Sozomène, H. E., il, 25, P. G., t. i.xvii, col. 1004 sq. ; Montfaucon, Animadv., IX, P. G., t. xxv, p. clxviii. Devant le parti pris de la majorité eusébienne, Athanase partit pour Constantinople, afin de faire appel à la justice de l’empereur. Il fut condamné à Tyr d’abord par défaut, puis définitivement, soit à Tyr soit à Jérusalem, après le retour des commissaires envoyés en Egypte. Défense lui fut faite de rentrer dans Alexandrie. Le succès se compléta bientôt. Arrivés auprès de Constantin, les chefs du parti eusébien produisirent contre Athanase un nouveau grief ; il aurait menacé d’affamer la ville impériale, en arrêtant le transport annuel des blés d’Alexandrie à Constantinople. Sans accepter les dénégations de l’accusé, l’empereur l’exila dans les Gaules, mais ne permit pas qu’on lui donnât un successeur. Voir Arianisme, col. 1803 sq.

A Trêves, où il arriva le 6 novembre 336, Athanase fut accueilli avec la plus grande bienveillance par Constantin le jeune et l’évêque saint Maximin. Papebroch, dans sa Vita Alhanasii, c. x, a signalé les récits légendaires qui se rattachent au séjour dans les Gaules du noble proscrit. Acta sanctorum, loc. cit., p. 202. Malgré la distance, celui-ci restait étroitement uni, par la correspondance comme par l’affection mutuelle, à ses amis et à ses fidèles d’Alexandrie ; la dixième lettre pascale, écrite en 332, avant le retour du saint, montre avec quels sentiments de foi, de tendresse et d’héroïsme chrétien le pasteur exilé soutenait et encourageait son troupeau. P. G., t. xxvi, col. 1397 sq. Et le troupeau fut fidèle au pasteur légitime ; les efforts tentés par les eusébiens pour imposer Arius aux Alexandrins échouèrent devant l’hostilité menaçante de ces derniers ; l’hérésiarque mourut à Constantinople en 336. L’empereur n’en resta pas moins inflexible à toutes les instances qu’on fit auprès de lui pour obtenir le retour du patriarche. Sa mort, arrivée le 22 mai 337, fut le signal de la délivrance. Peu de temps après, Athanase quittait Trêves, porteur d’une lettre louangeuse, adressée par Constantin le jeune aux Alexandrins et datée du 17 juin. Il lit son voyage à travers la Pannonie, eut une audience de l’empereur Constance à Vitninacium, en Mésie, puis passant par la Srie, rentra dans Alexandrie, aux acclamations du peuple, le 23 novembre. Son absence avait duré deux ans et quatre mois. Voir Gwatkin, Studies of .1 rmiiism, 2e édit., Cambridge, 1900, p. 140-142, note sur le retour d’Athanase en 337.

L’année suivante, au mois de juillet, saint Antoine vint à Alexandrie, pour se prononcer ouvertement contre les ariens et donner au grand défenseur de la foi orthodoxe un témoignage public de son estime et de son affection. Chronicon syriæum, /’. ( ;., t. xxvi, col. 1353 ; Vita s. Antonii, 69-71, P.. ;., t. xxvi, col. 942 sq, Les mélétiens et les ariens, excités par l’attitude éni rgique que dut prendre le patriarche et encoui par l’élévation d’Eusèbe de Nicomédie au siège épiacopal de Constantinople, recommençaient en’effet les hostilités. Non contents de reprendre les anciens griefs, ils en formulaient de nouveaux, ceux-ci en particulier : Athanase avait occasionné’des troubles et l’effusion du tang par iitn’e dans Alexandrie ; il étail remonté, sur son être autorisé par un jugement préalable de

lige. Sociale, II. A.’., Il, 3, /’. G., t. l.wil, COl, 190. Les

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