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ASSÉMANI - ASSISTANCE DU SAINT-ESPRIT

corriger quelques erreurs portant sur l’attribution de plusieurs des ouvrages mentionnés aux articles précédents.

J. Parisot.

ASSERMET François-Marie, cordelier français commencement du xviiie siècle, était docteur en Sorbonne et enseigna longtemps la théologie au Grand-Couvent de son ordre à Paris. Il publia les deux ouvrages suivant ; 1° Theologia scholastico-positiva ad S. R. Ecclesisæ mentem elucubrata, 2 in-8°, Paris, 1713. Le t. ier contient, à la suite de courts prolégomènes sur la théologie, un traité De Deo uno ejusque attributis ; le tome ii comprend les deux traités De Deo trino, De Deo Creatore. Dans la préface, l’auteur se déclare un disciple convaincu de Duns Scot. 2° Tractatus scholastico-positium de divina gratia ad mentem S. R. Ecclesiæ, 2 in-8°, Paris, 1715. Il y combat les erreurs de Baius, de Jansénius et des autres néoaugustiniens ; il défend la constitution Unigenitus et il y réfute la Plainte et protestation du P. Quesnel contre cette constitution.

Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 1893, t. ii, col. 632-633.

E. Mangenot.

1. ASSISTANCE DU SAINT-ESPRIT, secours par lequel Dieu empêche l’Eglise enseignante de tomber dans l’erreur et de mal remplir la mission qu’il lui a confiée ou de s’en écarter.
I. Existence.
II. Nature.
III. Effet, objet et sujets.

I. Existence.

L’assistance du Saint-Esprit est assurée à l’Église entière pour remplir sa mission divine aussi bien qu’à ceux qui sont chargés dans l’Eglise du magistère suprême. Des témoignages explicites de l’Écriture et de la tradition catholique démontrent que le Saint-Esprit les assiste constamment et perpétuellement pour les empêcher d’errer et de dévier de la voie droite de la vérité.

Écriture sainte.

1. Jésus-Christ a promis à ses apôtres, comme chefs de l’Église, une assistance spéciale du Saint-Esprit, pour les aider dans l’accomplissement de leur mission d’enseigner au monde la vérité évangélique. Après le dernier repas pris avec eux, voulant les consoler de sa prochaine séparation, il leur promit le secours de l’Esprit consolateur : « Je prierai le Père, dit-il, et il vous donnera un autre Paraclet pour qu’il demeure avec vous toujours : l’Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous le connaîtrez, car il demeurera parmi vous et il sera en vous. » Joa., xiv, 16, 17. Sur la prière de Jésus, lorsqu’il sera retourné vers son Père, celui-ci enverra aux apôtres, pour les consoler du départ de leur Maître, un Paraclet, c’est-à-dire un avocat, un consolateur et un aide autre que Jésus lui-même. Ce nouveau Paraclet différera du premier, en ce qu’il ne demeurera pas avec les apôtres quelques années seulement, mais toujours, durant tout le cours de leur existence, pour les consoler et les soutenir. Ce sera l’Esprit de vérité, la vérité substantielle, qui leur apprendra l’infaillible vérité ; Esprit, que le monde pervers, fils de Satan, père du mensonge, ne peut recevoir, qu’il ne perçoit et ne conçoit même pas. mais que les apôtres connaîtront, lorsqu’il sera avec eux et demeurera parmi eux. Revenant, plus loin, dans le même discours, sur la promesse de l’envoi du Paraclet, Jésus précisa l’action du Saint-Esprit sur les apôtres : « Le Paraclet, l’Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes chose et vous suggérera tout ce que je vous aurai dit. » Joa.. xiv. 20. Il viendra donc parfaire l’instruction que le Maître, en raison « les circonstances, n’avait pu qu’ébaucher, et il le fera de deux manières :
1° en leur enseignant tout ce qui sera l’objet de la révélation divine et en leur révélant, au besoin, des vérités nouvelle, voir col. 1657.
2° leur rappelant et leur remettant en mémoire, au moment opportun, tout ce que Jésus leur aura enseigné. Il ne leur laissera oublier rien d’important ; il leur donnera, sans mélange d’erreur, la pleine intelligence de l’enseignement du Maître. Cet Esprit de vérité rendra témoignage à celui qui l’aura envoyé, Joa., xv, 26 ; il vaincra et reprendra le monde de Joa., xvi, 7-11 : et ce sera par le ministère des apôtres. Il agira autrement a l’égard de ceux-ci ; il leur enseignera la vérité pleine et entière de tout ce que Jésus leur annoncé et il sera leur introducteur et leur guide d la voie de la vérité chrétienne, ὁδηγήσει ὑμᾶς εἰς τὴν ἀλήθειαν πᾶσαν. Il leur apprendra ce que le Maître avait encore a leur dire, mais qu’ils étaient alors incapable de porter. Il ne tirera pas ces vérités de son propre fond et n’enseignera pas une révélation différent celle que le Fils de Dieu a apportée au monde ; il complétera seulement celle-ci et en donnera l’intelligence parfaite aux apôtres. Joa., xvi. 12-15.

Cet envoi du Saint-Esprit aux apôtres pour l’aider à remplir leur mission de docteurs ne devait avoir lieu qu’après la glorification de Jésus. Joa., vii, 39. Aussi au moment de remonter au ciel, le Sauveur leur rappela la venue prochaine du consolateur promis et leur ordonna de demeurer à Jérusalem jusqu’à sa descente sur eux. Luc. xxiv, t. i : Act., 4, 8. La promesse se réalisa le jour de la Pentecôte, et le Saint-Esprit descendit d’une façon sensible sur les apôtres. Act., ii, 1-4. Dans son discours aux juifs rassemblés, Act., ii, 14-18, saint Pierre proclama que cette effusion du Saint-Esprit était l’accomplissement de la prophétie de Joël, ii, 28, 29. C’est avec l’assistance de l’Esprit de vérité qu’ils avaient reçu, que les apôtres remplirent leur mission, soit dans leurs prédications isolées, soit réunis comme à Jérusalem où ils délibérèrent entre eux et décidèrent par l’autorité du Saint-Esprit. Act., xv, 28. Voir col. 1652-1653, 1653-1656.

A première vue, cette promesse et cette effusion du Saint-Esprit semblent avoir été réservées seule des apôtres. Les Pères qui ont commenté l’Évangile de saint Jean et beaucoup d’exégètes les ont entendues dans ce sens restreint. Jésus, en effet, consolait les apôtres de la peine que leur causera son départ prochain ; il leur annonçait un autre consolateur qui devait demeurer avec eux durant toute leur vie terrestre et remplacer le Maître, remonté au ciel. La promesse supposait leur persévérance dans l’amour et l’observance des commandements, Joa., xiv, 15. Elle visait la situation personnelle des apôtres, incapables alors de comprendre toute la doctrine de Jésus, Joa., xvi. 12. et avant entendu les enseignements qui leur seraient rappelés à propos. Joa.. xiv, 13. Enfin, les apôtres seuls devaient recevoir du Saint-Esprit des révélations nouvelles. Joa., xvi. 13. Tout cela ne convient qu’à eux seuls et la promesse n’est pas faite immédiatement a leurs successeurs. L’effusion du Saint-Esprit sur eux a réalisé la promesse de Jésus-Christ. Nonobstant la justesse de ces observations, plusieurs exégètes pensent cependant que cette promesse d’envoyer le Saint-Esprit adressait non seulement aux apôtres, mais encore à leurs successeurs, qu’ils représentaient en leurs personnes. Jésus, en effet, annonce aux apôtres la venue de l’Esprit de vérité, qui leur enseignera toute la vérité du salut, Joa., xvi, 13 ; dans quel but, sinon en vue de la mission, qu’il devait leur confier, d’instruire toute nation et de leur apprendre ses commandements. Matth., xxviii. 20. Or, les apôtres, Jésus le savait, ne pouvaient remplir par eux-mêmes toute cette mission. L’Eprit de vérité leur était donc promis pour eux et pour leurs successeurs dans l’œuvre de l’apostolat. Le consolateur annoncé était nécessaire à l’Église entière, qui allait être privée de la présence sensible de son fondateur. Enfin, au jour de la Pentecôte, le Saint-Esprit répandu sur les apôtres et sur les disciples rassemblés,