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ASIE (MISSIONS CATHOLIQUES DE L']


Mongolie sans avoir pu pénétrer dans sa mission. Deux missionnaires, plus heureux que lui, MM. Maubant et Chastan, réussirent à s’introduire, en 1836. dans le pays où ils trouvèrent 4000 chrétiens ; leur nouvel évêque les rejoignit en 1837, et en 1839 le nombre des chrétiens était de 9000. Mais les trois apôtres furent reconnus, et reçurent la palme du martyre le 21 septembre 1839.

La Corée était un pays tellement fermé que même les jonques chinoises ne pouvaient entrer dans les ports ; il fallait s’embarquer en pleine mer sur les barques des pêcheurs coréens ; car la voie de terre était sévèrement gardée.

Ma r Ferreol n’arriva dans la mission qu’après six ans do tentatives ; il amenait avec lui le premier coréen ordonné prêtre, André Kun, qui devait être martyrisé l’année suivante. M. Maze mit douze ans à entrer en Corée. Ma r Ferreol mourut en 1853 et fut remplacé par Ma r Berneux que suivirent son coadjuteur, Mo r Daveluy, et 10 missionnaires européens ; mais la persécution reprit en 1866 avec violence, et dans le courant du mois de mars les deux évêques et 7 de leurs prêtres furent mis à mort. Maigri : une démonstration navale, mal conçue d’ailleurs, de l’amiral Roze, l’accès du pays fut impitoyablement interdit, toutes les chrétientés furent détruites et les principaux chrétiens furent exécutés.

Mor Bidcl, un des survivants des massacres de 1866, fut sacré en 1870 et ne put rentrer qu’en 1876 ; le sang ne coulait plus, mais les étrangers étaient proscrits : arrêtés, ils étaient embarqués à destination de la Chine. Ce n’est que depuis la guerre sino-japonaise que toutes les barrières se sont abaissées et qu’un fructueux apostolat s’exerce sur une population qui accepte avec joie l'Évangile.

Japon.

Le Japon a donné moins de martyrs dans

ce siècle ; mais de l'église qui compta jusqu'à deux millions d’Ames, il ne paraissait rien rester ; un millier de missionnaires, jésuites, augustins, dominicains et franciscains, y avaient été martyrisés avec 200000 chrétiens ; au début et même au milieu du xixe siècle, il n’y avait que des ruines. lieux missionnaires, envoyés en 1816 par Grégoire XVI, furent arrêtés presque aussitôt ; l’un, M. Le tord, mourut en prison, l’autre, M. Forcade, depuis archevêque d’Aix, condamné à mort et conduit au lieu de l’exécution, se jeta à la mer et gagna à la nage un navire qui (lait dans les environs.

Ce ne fut qu’en 1861, que les missionnaires purent s'établir dans les ports ouverts par les traités de commerce, l’eu après M’i' Petitjean lit une émouvante découverte : des milliers de Japonais étaient restés catholiques ; bien que cent quatre-vingts ans fussent écoulés depuis la mort du dernier prêtre, ils continuaient à prier ensemble et 1rs anciens administraient validement le baptême. Marnas, La religion de.Irsus ressuscitée au Japondans I" : ' moitié du xrxe siècle, 2 in-8°, Paris, 1896.

Il y eut une dernière persécution de 1868 à 1873 ; six à huit mille chrétiens furent arrêtés, déportés, torturés, deux mille succombèrent dans d’horribles tourments ; puis ce fui la pacification et, si le gouvernement japonais, copiant les [lires traditions « le l’Europe, se proclame alliée 1 1 refuse de reconnaître aucun culte, au moins laisse-t-il aux missionnaires une liberté que ne restreignent que les règlements administratifs plus mesquins que malfaisants.

Le ieariat du Japon, rétabli en 1846, Jura pontifiai de Propaganda fide, pari. 1, Rome, 1863, t. v, p. 359, fut divisé en deux en 1876 ; en 1877, un troisième l’ut érigé, puis un quatriè il enfin, en 1891, une hiérarchie régulière composée d un archevêché et de trois hés a été instituée par Léon XIII. i C’est un gage de résurrection et de vie pour cette uni. le éeiise si l<>netemps ensevelie dans le anj. de ses martyrs. » Louvet, Mission » catholiques, p. ! 19

G° Empire oUoman. — L'œuvre des missionnaires en

Orient a pris dès l’origine un tout autre caractère qu’en Extrême-Orient. Les musulmans sont partout rebelles au prosélytisme ; ils le sont plus encore dans le pays où l’islamisme est la religion d'État et où le Coran est à la fois la loi civile et religieuse. Les missionnaires ont donc à peu près renoncé à convertir les musulmans et se sont principalement appliqués à évangéliser les chrétiens ; ceux-ci forment trois catégories : les Européens, les Orientaux unis et les Orientaux séparés. Il ne faut pas croire que leur rôle soit insignifiant auprès de leurs compatriotes : transportés pour leur commerce dans un pays lointain, l’isolement et le milieu corrompu les invitent à vivre dans le désordre et, privés de tout secours religieux, beaucoup d’entre eux seraient exposés à perdre la foi avec ce qui leur restait d’habitudes chrétiennes ; ceci est aussi vrai pour les autres pays, et les missionnaires ont eu de tout temps à déplorer les scandales que leur donnaient les Européens. Comment pouvoir présenter le christianisme comme la règle de la vertu quand ceux qui y sont nés donnent l’exemple de l’irréligion et de tous les vices ?

Les Orientaux unis ont surtout besoin d'être instruits dans leur religion, car, dans bien des endroits, le clergé indigène n’a pas assez de science pour pouvoir en communiquer aux fidèles : il faut cependant éviter de se substituer aux pasteurs naturels, et le meilleur moyen de procurer aux peuples l’instruction religieuse, c’est de former un clergé suffisamment pourvu de savoir et de zèle. C’est la mission que se sont donnée les jésuites de Beyrouth, les assomptionnistes de Constantinople, les dominicains de Mossoul, les pères blancs de Jérusalem, en attendant que les bénédictins marchent sur leur trace, comme ils se préparent à le faire.

Auprès des Orientaux séparés, il y a à prêcher la véritable doctrine, soit en donnant des missions dans les villes et dans les villages, soit en entreprenant de convaincre les évêques et les prêtres ; c’est ainsi qu’on est arrivé à des résultats fort importants chez les Arméniens et les Gréco-Arabes ; c’est ainsi que le schisme jacobite a été à peu près complètement éliminé de la province de Mésopotamie.

Mais à côté de son action sacerdotale, le missionnaire européen a un autre moyen d'étendre partout sa bienfaisante inlluence ; il représente en Orient, non seulement l’Eglise catholique, mais aussi l’Europe civilisée, ou du moins la foi et la civilisation s’identifient entre ses mains et sont deux formes différentes d’une même vérité.

Par ses écoles, ses collèges, ses établissements d’instruction supérieure et ses maisons hospitalières, l’Eglise atteint tous les Orientaux sans distinction d'âge, de sexe et de religion ; avec l’instruction qu’elle donne, elle fait pénétrer dans les familles musulmanes comme dans les maisons chrétiennes le respect de l’autorité, de la famille, de la propriété, l’amour du bien et le culte de la vertu. Aussi les élèves accourent-ils en foule dans les classes qui s’ouvrent en grand nombre ; les vieillards et les malades viennent sans défiance mettre leurs misères entre les mains de nos vaillantes religieuses ; les préjugés hostiles ont disparu depuis longtemps, la voix de la reconnaissance a commencé à parler au fond de ces cœurs endurcis par l'égoïsme et la brutalité ; c’est le chemin de la vérité ; la charité plus encore que les prédications conduit à la foi.

Outre les ouvrages cités à l’article précédent :

Baren d’Avril, l.n Chaldée chrétienne, Paris, 1892 : Eug. Bore, Correspondance et mt-funr*-* d’un voyageur en Orient, S vol., Paris, 1840 ; Lettres édifiantes, 84 voL, Parla, 1708-1776 ; Picard, Histoire il l'établissement du chi istianisme dans les Indes, 2 vol., Paris, 1808 ; R. P. Maffei.S.J., Histoire des Indes orientales et occidentales, trad, de Pure, Pari. 1665 ; h. I M. Tonner, s. S., Socletas Jesu usque ad effusionem esmguinia militons, Prague, 1673 ; il. I'. Paulin de Saint-Barthélémy, carme, Tndia o> lali Rome, 1794 ; 11. P. Touron, O.S.fi.,

Histoire des hommes illustrés de l’ordre de Saint-Dominique,