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ASIE (MISSIONS CATHOLIQUES DE L')


pénurie des sujets ne permettait pas d’envoyer assez de missionnaires pour développer les œuvres ; à peine pouvait-on les empêcher de disparaître. Puis vint la Révolution, qui ferma les noviciats et les séminaires, déporta et massacra les prêtres ; puis les guerres de l’Empire qui désolèrent l’Europe et pendant lesquelles le chef de l'Église, prisonnier, ne pouvait rien pour les chrétientés lointaines ; enfin, après 1815, il fallut pourvoir aux besoins des églises de France, d’Italie, d’Allemagne, longtemps veuves de leurs pasteurs, panser les plaies qu’avaient faites les schismes, instruire et baptiser vingt générations qui avaient grandi sans culte et presque sans prêtres.

Pouvait-on songer à des conquêtes en pays infidèles quand l’Europe sortait à grand’peine des désastres que le xviiie siècle incroyant avait préparés et que la grande crise révolutionnaire avait consommés ?

IV. Missions au xixe siècle. — Il ne subsistait en Chine, au début du xixe siècle, que trois des huit vicariats institués par Innocent XII ; dans l’Indo-Chine, il y avait les quatre vicariats de Siam, Cochinchine, Tonkin oriental et Tonkin occidental. Un homme de génie, Ms r Pigneau de Béhaine, évêque d’Adran, avait imprimé à ces chrétientés une telle impulsion que longtemps après sa mort (1799) on vivait sur ses traditions et les souverains du Siam et de l’Annam, même quand ils étaient hostiles à la religion chrétienne, rendaient un respectueux hommage à sa mémoire ; s’il ne restait plus comme missionnaires français que quelques vieillards usés par le travail, il y avait autour d’eux un clergé indigène formé avec soin qui continuait à desservir les chrétientés. Dans l’Inde, les Portugais avaient aussi ordonné des prêtres indigènes ou métis, mais la préparation sacerdotale écourtée et l’instruction scandaleusement insuffisante de prêtres « goanais » donnait peu de valeur aux services de ces coopérateurs, qui, malgré leur nombre, fournissaient peu de travail et contribuaient surtout à discréditer la religion par leur conduite rarement édifiante.

Quand le pape Grégoire XVI qui, avant son élection, était préfet de la Propagande, vit que le moment ('tait venu de rendre leur ancien lustre aux missions d’Extrême-Orient, il sentit qu’il fallait tout d’abord mettre fin aux scandales que donnait le clergé goanais et aux abus que le gouvernement portugais ne savait pas empêcher. Il commença donc à instituer dans l’Inde des vicariats apostoliques et les confia à diverses sociétés de missionnaires. Ainsi furent établis, en 1834 et 1835, les vicariats de Ceylan, de Sirdhana, du Bengale, et en 1836, ceux île Madras et de Pondichéry ; en même temps, il confirma ceux qui existaient antérieurement, celui de Bombay, créé en 1720, celui du Tibet et de l’Indoustan. établi en 1826 par les capucins dans les États encore à demi indépendants du Grand-Mogol. Juris pontificii de l’i nparjamla fi.de, part. 1, Rome, 1893, t. V, p. 95-96, 119-120, 135-136, 167-172, 180-181.

Les protestations du Portugal amenèrent le souverain

pontife à publier, le 24 avril 1838, le bref Multa prseclare

jui suspendit la juridiction des évéques portugais sur

lès territoires attribués aux vicaires apostoliques. Ibid.,

. 195-198.

Les Portugais refusèrent de se soumettre et après avoir contesté la valeur de l’acte pontifical par des arguties juridiques, en vinrent à un schisme formel. Pie [.

ivciir réprimé certains actes de révolte, voulut

er d’un accommodement pacifique avec la cour portugaise, « t après quatre ans di négociations, parut le concordat du 21 février 1857. Juris pontificii de l’ropagunda fide, part. I, Rome, 1898, I. vii, p. 316-322.

Dans cette convention, le saint-siège fixait les limites f diocèses portugais de Goa, Granganor-Damao, jochin, San-Tomé de Méliapour, Malaccn et Vlarao de plus il reconnai mvernement i"

droit d'établir de nouveaux diocèses dans l’Inde, de manière à faire disparaître graduellement les vicariats, mais à condition que ces diocèses seraient dotés et que des garanties seraient fournies sur le recrutement et l’entretien d’un clergé digne de confiance. Cette disposition, qui effraya beaucoup les chefs de missions existantes, montrait que le saint-siège ne refusait pas de reconnaître au Portugal certains droits sur les pays que ses missionnaires avaient évangélisés les premiers, mais à la condition que ces droits fussent réellement exercés ; or il n’en avait pas été ainsi depuis que s'était tari le recrutement des missionnaires en Portugal ; depuis deux siècles le diocèse de Malacca n’avait pas de titulaire et le clergé goanais desservait presque seul les régions sur lesquelles les évéques portugais avaient étendu leur juridiction. Au lieu de contester les prétentions du Portugal, Rome le mettait en demeure de prouver qu’il pouvait exercer ce qu’il appelait ses droits ; si, après un temps d’essai, il se montrait incapable d’user utilement de ses droits, il pouvait légitimement en être déclaré déchu. Cette politique à la fois habile et paternelle permit de régler définitivement, en 1886, la situation des chrétientés indiennes ; le Portugal avait été hors d'état non seulement d'établir de nouveaux diocèses, mais même d’empêcher les abus que les goanais semblaient tenir à perpétuer : l’institution d’une hiérarchie régulière pour les pays qui ne sont pas soumis politiquement au Portugal vint mettre fin, le 1 er septembre 1886, à une contestation que la prudence des négociateurs pontificaux avait seule empêché de dégénérer en un schisme irréparable, lbid., p. 319-357.

Inde.

Ne pouvant donner un historique détaillé

des travaux des missionnaires dans l’Inde, j’indiquerai seulement les conditions dans lesquelles ont été créés les diocèses actuels.

La province ecclésiastique d’Agra, presque tout entière confiée aux capucins, a pour origine l’ancienne mission de ces religieux devenue le vicariat du Tibet-Indoustan, en 1822. On en détacha, en 1846, le vicariat du Tibet, confié aux missions étrangères.

Le vicariat d’Agra a été successivement divisé, en 1815, pour former celui de Patna, aujourd’hui Allahabad, ibid., 1893, t. v, p. 351-352, en 1880, celui du Pendjab, actuellement diocèse de Lahore, en 1887, la préfecture du Kafiristan etKaschmir, en 1892, les préfectures de Radjpoutana et de Bettiah.

Le Kafiristan est évangélisé par les missionnaires anglais de Mill-Hill ; les autres diocèses et préfectures par les capucins ; le Radjpoutana par ceux de la province de Paris.

La province de Calcutta se compose de trois diocèses et d’une préfecture apostolique et a pour origine le vicariat du Bengale, qui fut divisé, en 1850, en deux vicariats dont le second est devenu le diocèse de Dacca, ihiil.. 1894, t. vi a, p. 88-89 ; en 1870 un nouveau démembrement a constitué un vicariat pour les piètres du séminaire des missions étrangères de Milan ; c’est le diocèse de Krichnagar. Ibid., t. vi b, p. 91-95. Enfin, en 1889, la population d’Assam a été confiée aux prêtres allemands du divin Sauveur.

L’archidiocèse de Calcutta est administré par les jésuites belges et le diocèse de liacca par la congrégation de Sainte-Croix du Mans, qui, après l’avoir cédé, en 1875,

m bénédictins, l’a repris en 1889.

La province de Bombay, est tout entière administrée par les pères jésuites. Bombay a été le siège d’un vicariat depuis 1720 et c'étaient les cannes qui en étaient chargés eu 1854, quand, obligés de se retirer par les vexations des goanais, ils furent remplacés dans le sud

par les jésuites, et dans le nord par les capucins, ibid., t. vi a, p. 222-223 ; puis, en 1858, les capucins, voulant concentrer tous leurs efforts sur les provinces de l’Indoustan, laissèrent leur vicariat aux jésuites ; cesdeux vica-