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ASIE (ÉTAT RELIGIEUX DE L’)


beaucoup plus accessibles à la prédication évangélique que le reste des Hindous et surtout que les musulmans ; enfin il faut remarquer que c’est par le sud de la péninsule qu’a commencé l’œuvre des missionnaires ; c’est sur les côtes du Malabar, du Carnatic et du Coromandel qu’ont été fondés les premiers établissements catholiques, et l’action plusieurs fois séculaire de l’apostolat peut avoir amené dans la population une transformation qui la met mieux à même de s’adapter aux enseignements du christianisme. Cela est vrai surtout dans l’Inde où les préjugés de caste sont un des principaux obstacles à la propagation de notre foi ; des siècles ne sont pas suffisants pour venir à bout des répugnances que rencontre chez le peuple la doctrine de la fraternité chrétienne. S’il en était ainsi, les missionnaires qui travaillent dans le centre et le nord auraient cette consolation, à défaut de grands résultats immédiats, de songer qu’ils défrichent un sol qui, sous leurs successeurs, produira des moissons abondantes.

On peut faire la même remarque sur la répartition des chrétiens baptisés par les sociétés protestantes : voici un tableau établi d’après les renseignements donnés par Warneck, pour l’année 1890.

Population Pro totale, testants.

Pendjab et provinces du N.-O.. 83000000 51030

Bengale 62 000000 108901

Bombay et provinces centrales.. 50000000 33798

Madras et provinces du Sud… 35000000 365912

Geylan 3000000 30000

Les israélites sont environ 18000 dont 5000 à Bombay, 1 000 à Calcutta et les autres groupés en grande partie dans le Malabar sous la domination portugaise.

V. Asie orientale.

Chine.

C’est à l’extrémité

occidentale du continent asiatique, dans les îles, sur les côtes et le long du cours des grands fleuves navigables que sont réunies des populations innombrables, et les Statistiques les plus vraisemblables ne peuvent être garanties à une ou plusieurs dizaines de millions près. Si nous rapprochons le chiffre donné par VAlmanach de Gotha (1901) de celui que fournit Y Annuaire pontifical de la même date, nous trouvons pour la Chine un écart de 61 millions.

On a dit souvent que la religion des Chinois est une religion athée ; e ! en réalité on ne peut pas trouver la notion du Dieu personnel dans ce Tien au sujet duquel il a été disputé avec tant d’ardeur, alors même qu’il faudrait l’interpréter, non comme le « ciel » matériel, mais comme le ci maître du ciel » , ainsi que le voulaient les iésuites. En réalité il y a en Chine non pas une, mais trois religions nationales. Le confucia. réservé aux lettrés et aux fonctionnaires, ce qui d’ailli il.ni m i’1 1 1 1 >, puisque les grades littéraires

sont le chemin qui conduit aux fonctions publiques, est un culte purement civil qui a pour base un panthéisme philosophique, mais qui, dans la pratique, se réduit à l’observation méticuleuse de rites dont la signification échappe à ceux même qui les accomplissent. Le Id comme la religion des habitants primitifs du pays, est le culte des génies et des démons ; il a dégénéré en polythéisme et en idolâtrie ; ses prêtres se livrent aux pratiques de la sorcellerie. Enfin le boud"’.i perdu son caractère original de doctrine morale pour dégénérer en un paganisme grossier. Ces reline m, nt pas, pour le Chinois, exclusives l’une des nt considérées comme également vraies dément bonnes ; en réalité elles n’en font qu’une i, diversifiée suivant les contrées par l’influence des milieux et le caractère propre aux habitants de chaque

lire.

A côté du culte officiel, la première place est tenue par l’i. qui fait di progn - inquii tants dans

tout l’Extrême-Orient. Un article très curieux paru dans la Revue de l’Orient chrétien, 1901, n. 2, p. 221-253, estime à 30 millions le nombre des musulmans chinois ; ils forment des groupes très homogènes dans le Turkestan chinois, la Dzoungarie et la Mongolie, puis dans le Kansou et le Yunan ; on en trouve aussi dans le Koueitcheon, le Fokien, dans les grands ports de Canton et Chang-hai ; enfin, ils seraient à peu près 200000 dans l’agglomération pékinoise ; leur influence se fait sentir jusque dans le domaine de la politique, et ils ont contribué pour une forte part aux récents massacres, de même que par leur cohésion ils donnent actuellement au gouvernement chinois un point d’appui pour sa résistance aux réclamations des puissances alliées. Ils se tiennent en relations avec leurs coreligionnaires des Philippines et des Indes néerlandaises et pourront un jour devenir l’occasion de graves complications.

Les missions protestantes Ont été tardivement introduites en Chine et ont eu un succès relativement médiocre ; mais cependant elles progressaient au moment où les événements de 1900 ont complètement paralysé leur action dans une moitié de l’empire chinois. L’Almanarh de Gotha de 1901 donne pour 1881, 19000 protestants, et pour 1887, 35750.

Gundert, Die evangelische Mission, fournit un chiffre légèrement supérieur ainsi réparti :

Missionnaires. Communiants.

Presbytériens….

Méthodistes

Congrégationalistes.

Baptistes

Épiscopaux

Divers

122 73 68 50

44 232

589

12347 6954 5627

4 471 3215

5 613

37 287

Warneck donne, pour 1893, un total de 55093, pour 1897, de 80682, et évalue le nombre actuel à 200000 ; il est vrai qu’il compte tous les baptisés alors que Gundert ne recense que les communiants, mais le progrès n’en est pas moins très considérable. Ces missions sont administrées par 53 sociétés dont la moitié sont américaines ; mais le travail utile est donné par une dizaine au plus de groupements ; les méthodistes tiennent le premier rang avec 20326 adhérents, les presbytériens américains 8300, la China-Inland mission 7900, la London missionary society 7100, la Church mission society 50(10, les presbytériens anglais 4000, la mission de Bàle3000.

Les missions catholiques, d’origine beaucoup plus ancienne, s’étendent sur toute la superficie de la Chine qui est divisée en 39 vicariats el 2 préfectures apostoliques, auxquels il convient d’ajouter l’ancien évêché portugais de Macao.

Les terribles persécutions de l’année 1900 ont apporté de graves perturbations dans le fonctionnement d’une partie de ces missions, et les chiffres que nous allons donner ont sans doute été considérablement modifiés. Ces événements ont momentanément désorganisé les vicariats de la moitié septentrionale de l’empire ; le Yunan et le Su-tchuen sont également parcourus par des bandes de fanatiques ; nous ne pouvons pas encore évaluer l’importance du désastre, mais il est énorme et il faudra de longues années pour relever ton lis les ruines.

Corée.

En Corée, au contraire, l’ère des persécutions

officielles paraît close ; ce royaume s’est tenu temps fermé’à toute action venant des peuples chrétiens, el les missionnaires n’y pénétraient qu’au périlde leur vie. Depuis la dernière guerre sino-japonaise, la i a passé de la suzeraineté plus ou moins nominale de la Chine à l’hégémonie encore dissimulée, mais très réelle, du.lapon, et 1rs Européens sonl autorisés i résider dans le royaume ; les missionnaires j jouissent, au munis en théorie, d’une liberté c plete, ce qui n’em-