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ASIE (ÉTAT RELIGIEUX DE L')


type à peu près pur que dans les îles Adaman et Nicobar ; les dravidiens, de race blanche et d’une culture beaucoup plus avancée, durent cependant reculer devant les envahisseurs venus de l’est et de l’ouest ; les touraniens jaunes arrivèrent ensuite par le Tibet, et les aryens du plateau de l’Iran ; beaucoup moins nombreux, les aryens triomphent cependant grâce à leur intelligence supérieure ; avec l’appui des peuplades noires, ils vinrent à bout des dravidiens ; c’est de là sans doute qu’est sorti le mythe de Rama, conquérant l’Inde à la tête d’une armée de singes. Les jaunes se retirèrent vers leur pays d’origine où ils importèrent la religion de Bouddha.

Le bouddhisme, refoulé avec les dravidiens dans le sud de la péninsule et dans l'île de Ceylan, ne fut pas cependant sans influence sur la formation de la religion nationale de l’Inde, le brahmanisme, où se trouvent amalgamées des traditions d’origine très complexe. Au IIe siècle de notre ère une nouvelle invasion touranienne, venue celle-là de la vallée de I’Oxus, ébranla la domination aryenne, déjà compromise depuis l’apparition des armées d’Alexandre ; puis, jusqu’au xine siècle, les migrations se succédèrent venant de l’ouest et amenèrent dans l’Inde les nombreux éléments aryens qui finirent par donner à la race son empreinte définitive. Une tribu aryenne qui arriva, au VIIe siècle, de la Perse est celle des parsis, seclateurs de la religion de Zoroastre ; ils se fixèrent sur la cote de Goudjerate et, grâce à leur religion, qui tranche nettement avec toutes celles des populations voisines, ils sont demeurés homogènes tout en sachant profiter des avantages que leur procure la civilisation moderne.

Enfin, entre le XIIIe et le XVIe siècle, ce furent les musulmans qui par la vallée de l’Indus, se répandirenl dins le Bengale et le Dekkan ; ils y fondèrent l’empire du Grand-Mogol, qui, directement ou par ses vassaux, s'étendait sur toute la partie centrale de l’Inde, au moment où la France et l’Angleterre commencèrent à se disputer la suprématie. Cette lutte, pleine de glorieux épisodes, se termina par la victoire de la Compagnie dis Indes à laquelle l’Angleterre se substitua au milieu du XIXe siècle ; la conquête graduelle de la péninsule et de ses dépendances a modifié la constitution politique du pays ; mais sans influer sur l’ethnographie.

Les habitants de l’empire des Indes parlent centvingtIrois langues et dialectes qui se rangent surtout en deux groupes : les langues aryennes (hindi, 89 millions ; ben’iljmahratti, 16 ; pendjabi, 18 ; goudjerathi, 11, etc.) ; les langues dravidiennes (telougou, 20 millions ; tamoul, 13 ; canara, 10, etc.). L’hindoustani, langue modernr, qui, avec un fond aryen, a fait de grands emprunts au l> srsan et a l’arabe, est une langue commune à presque t jus les habitants des grandes vallées du nord ; et le loulou joue le même rôle dans les provinces du sud |i iuplées de dravidiens.

D’après les statistiques publiées après le recensement de 1891, voici quelle était alors* la répartition des religions.

Hindous 207731727

Musulmans 57 321 164

Païens et divers [juifs, 17 l’Ji ;

parsis, 89901 i 11338161

iddhistes H.V.T'.i'.)'.)

Chrétiens 2284380

287 223 431

Les bouddhistes sont cantonnés dans l’Ile de Ceylan < f en Birmanie

Le protestante s’est développé 1res lentement

d’abord dans l’Inde, il ne comptai) que 128000 adi on 1852 ; mai ? depuis il a fail des progrés très rapides :

en 1872, 318, en 1878, 460000. Christlieb, The foreign

musions of prolestanlism, ti.nl. de D. A. Croom, Lon dres, 1881. Cet auteur faisait alors (p. 159, note) le calcul qu’en augmentant suivant la même proportion le nombre des protestants arriverait à 1 million, en 1901, et à 138 millions, en l’an 2000. — La première partie de cette conjecture s’est réalisée exactement. Au Congrès des missions protestantes tenu à NewYork en avril 1900, les statistiques présentées par les missionnaires de l’Inde donnaient un nombre de prosélytes s'élevant à 1005960 ; il est vrai que celui des communiants n’est que de 102554. Report of the ecumnical conférence on foreign missions, April 21 to May 1 1900, t. il, p. 424. Warneck, dont les calculs s’arrêtent à l’Inde proprement dite, évalue le nombre des protestants à 700000, pour l’année 1899.

Ces fidèles relèvent d’un nombre très considérable de missionnaires appartenant à toutes les dénominations : anglicans, baptistes, presbytériens, méthodistes, calvinistes ; d’après le livre de M. Warneck, 70 sociétés se consacrent à la prédication ; plus de la moitié sont anglaises, une vingtaine américaines, dix sont allemandes, Scandinaves ou néerlandaises. En général, il ne faut pas trop s’arrêter à la multiplicité des groupements, dont un grand nombre cache, sous des appellations sonores, une grande insuffisance ; suivant la remarque de l’auteur cité plus haut, sur 150 ou 200 sociétés de missions protestantes, il n’y en a pas 60 qui aient plus de 20 membres, et beaucoup d’entre elles avouent qu’après des travaux prolongés elles n’ont pas converti un millier d’infidèles. Nous devons donc faire surtout état des missions qui, dirigées avec méthode, ont produit des résultats appréciables ; c’est d’abord la société anglicane pour la propagation de l'Évangile (S. P. G.) ; puis la Church missionary society, évangélique ; parmi les dissidents, les plus actifs sont les westeyens qui ont 130000 fidèles dans l’Inde seule, les baptistes, les presbytériens écossais et irlandais ; l’Armée du salut fait beaucoup de bruit, plus peut-être que de besogne, et les autres missions la redoutent beaucoup, carc’est dans leurs rangs, plus que chez les païens, qu’elle essaie de recruter ses « soldats » . Les missions américaines les plus développées sont celles de V American board et des diverses associations baptistes et méthodistes. Les sociétés allemandes de Leipzig et d’Hermansburg travaillent avec succès dans la présidence de Madras, et les missions de Bàle ont de nombreux établissements sur la côte du Malabar.

Les anglicans comptaient, en 1891, plus de 200000 fidèles, les baptistes un peu moins, les luthériens 70000, les congrégationalisles 50 000, les presbytériens 35000, les westeyens 25000 ; depuis cette époque le nombre total des protestants s’est accru de 400000.

Les progrès du catholicisme n’ont pas suivi une marche aussi rapide que ceux du protestantisme, cependant ils sont loin d'être négligeables et le nombre de ses fidèles dépasse deux millions, inégalement répartis, comme il résulte du tableau ci-après.

Nous avons laissé les chiffres de la population totale tels qu’ils sont donnés dans les Missiones catholinv, mais en faisant remarquer qu’ils sont de près d’un sixième inférieurs à la realité'. En ce qui concerne la population catholique, nOUS avons suivi le Madras callin ic directory de 1900 que nous avons corrigé d’après les renseignements plus récents que nous avons reçus des sociétés de missionnaires louchant la répartition et la situation présente des circonscriptions catholiques.

On remarquera que le nombre des catholiques monte rapidement en passant du nord au sud. La proportion de catholiques qui est de 3, 6 pour looixi habitants dans la province ecclésiastique d’Agra, passe à 190 pour Kmkki dans celle de Pondichérj et à (.kio pour Kmkki dans relie de Ceylan. il faut en voir l’explication d’abord dans la présence d’une énorme quantité de musulmans dans le nord ; tandis que le sud renferme une majorité de Iribus dravidiennes (TelougOUS, Tainuiils, Cauaras)