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ASCÉTISME — ASÉITE


piété convenable. Le canon 16 condamne de même les enfants qui, sous prétexte de piété, abandonnent leurs parents et ne leur rendent pas l’honneur qui leur est du. Les canons 18 et 19 frappent d’anathème ceux qui, sous prétexte d’ascétisme, jeûnent le dimanche, ou qui, par orgueil, n’observent point les jeûnes de tradition en usage dans l'Église. Hefele, op. cit., t. ii, p. 1039 sq.

Nous arrêterons ici notre étude historique sur l’ascétisme pratiqué au milieu du monde. A partir du IVe siècle, cet ascétisme, grâce à la diffusion de l’anachorétisme et du monachisme, perd bientôt ce caractère spécial qu’il possédait dans les premiers siècles. Il n’y a donc plus de raison de l'étudier à part.

Sur les ascètes des trois premiers siècles, outre les Pères cités précédemment et les ouvrages généraux sur l’histoire de l’Eglise, on peut consulter : dom Berlière, Les origines du monachisme et la critique moderne, dans la Revue bénédictine, janvier et i 1891 ; J. Mayer, Die christliche Ascèse, Fribourg-enBrisgau, 1894 ; E. Schiwietz, Dus Ascetentum. der drei ersten ehristtichen Jahrhundcrte, dans Archiv fur katholisches Kirclienrecht, Mayence, 1898, t. lxxviii, p. 3-24, 305-332.

E. DUBLANCHY.

ASCHBACH (Joseph d>), historien allemand, né à Bonn le 29 avril 1801, mort le 25 avril 1882. Il enseigna d’abord à Francfort, puis à l’université de Bonn (1842), enlin à celle de Vienne (1852). Il a écrit l’histoire de cette dernière et collaboré à VAUgemeines Kirchenlexicon, qui parut à Francfort et à Mayence de 1846 à 1850.

Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 1895, t. iii, col. 1409 ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, Paris, 1853.

V. Oblet. ASÉITÉ, aseitas, aO-rouTÉa, ens a se : mode d’exister par soi-même, sans l’intervention d’aucune cause. — I. Sa véritable nature. IL Historique du mot. III. Erreurs d’Aétius et d’Eunomius. IV. Est-elle attribut primaire ?

I. Sa vi :  ; p.itable nature. — L’aséité, entendue dans son sens étymologique, éveille l’idée d’une certaine autonomie d'être et d’agir, avec exclusion de tout concours étranger. On la rencontre à la hase des questions d’origine. Lorsque l’esprit humain, emporté par son irrésistible appétit de savoir, se met à rechercher la provede toutes choses, à vérifier leurs titres à l’existence, a leur poser, dirait Leibnitz, la question déraison suffisante, il se trouve amené, en dernière analyse, à l’une ou l’autre de ces hypothèses : 1. Ne devoir à d’autre qu'à soi son droit d’exister ; en puiser l’affirmation dans le fond même de son essence ; être à soi toute sa raison

se légitimer par cela seul qu’on se pose ; en un

mot, s’appeler l'être nécessaire, justifier son être par son être même et pouvoir dire, sans note d’arrogance et detémériti p iree que je suis ; — 2° Se reconnaître,

a tous égards, redevable de son être à une intervention ne rien posséder ou propre, avoir tout d’emprunt, tirer <in dehors toute -a raison d'être, rester inexplicable en si ! renfermant en soi, être, sur toute la ligne, l’antithèse île l'être nécessaire, se voirdans une re dépendance vis-à-vis d’autrui, n’exister enfin qu'à la condition d'être produit : cela est le propre de Vêlrecontingent le./, lui. l’essence, prise en elle-même, n’inclut enaucune manière le fail de sa réalisation ; elle e-t, par rapport à l’existence, dans une attitude | neuf passive, dans un étal d’inertie et d’impuissance toiale. si elle ieni à franchir cette indifférence absolue, certes pas en raison de aa nature : elle est '. à meperpétuelle immobilité. Ce ne m plus par l’effort de son activité : on ne peut mdition d’exister. Ce sera donc uniquement intervention, ou. comme écrivait Platon, à la commisération d’une existence antérieure qui lui est étrangère et qui lui communique, par vole lité, toul ce qu’elle possède en fait d’acte et de perfection. L'être qui n’est pas hune nie sa

source et son principe, mais qui trouve l’un et l’autre hors de soi et au-dessus de soi, est donc un être essentiellement dépendant. Il ne commence à exister que parce qu’il a été produit. Ainsi la dépendance causale est ce qui constitue, entre l'être nécessaire et l'être contingent, leur fond d’opposition irréductible et trace la ligne de démarcation qui sépare celui qui est à soi de celui qui, en rigueur de justice, est tout entier à autrui. Il en résulte que la notion d’aséité implique avant tout, dans son contenu logique, absence de cause productrice, indépendance native, absolutisme partait. C’est sous cette forme négative, signe et reliquat de son origine abstraite, qu’elle se présente de front, in recto, à notre esprit. L'élimination d’un concours quelconque, dans le fait d’exister, est sa face principale, son côté en vue, et, par suite, le premier sens du mot aséité. Celui d’exister par soi, en vertu d’une nécessité inhérente à sa nature, n’apparaît qu’en second lieu, à l’arrière-plan du concept, in obliquo, el comme faisant suite à l’aséité proprement dite. Il donne, sous une forme positive, la raison de cette autonomie : une plénitude d'être qui se suffit à elle-même. Deux appellations distinctes correspondent, chez les néo-thomistes modernes, à cette double nuance. La première, avec son aspect négatif, s’approprie le nom d’aséité ; la seconde prend celui de perséité, de subsistance, d’aséité radicale, toutes choses éminemment positives. Billot, De Deo uno et trino, Borne, 1897, p. 81 ; Farges, L’idée de Dieu, Paris, 1894, p. 287 ; U r Scheeben, La dogmatique, trad. Bélet, Paris, 1880, t. il, p. 68. Bien que réunies sous une seule dénomination, ces diverses formalités n'étaient pas totalement inconnues à la théologie qui a précédé la renaissance du thomisme. Elles commencent à se dessiner avec la controverse sur l’essence métaphysique de Dieu. Plusieurs auteurs distinguent déjà l’aseitas inadœquata, côté négatif de l’aséité, exclusion de causalité étrangère, et l’aseitas adsequata, celle-ci ajoutant à celle-là la plénitude de l’existence. Voir Lafosse, Théologiæ cursus complétas de Migne, Paris, 1839, t. vii, p. 83. Franzelin, dans son Traclalus de Deo uno, sect. III, c. I, Borne, 1876, p. 259, envisage pareillement le concept d’ens a se sous deux points de vue distincts : comme négation de causalité extrinsèque, negatio simul entis participati, puis comme affirmation de l'être absolu, et af/irmatio entis absoluti. En associant et s deux notions dans le même mot, la terminologie ancienne voulait sans doute marquer leur étroite corrélation : elle comprenait qu’elles s’expliquent et se complotent mutuellement. L’absence d’influence étrangère ne se comprend parfaitement que par la nature d’une chose qui est à elle-même sa raison d'être, non pas par une sorte de causalité réflexe, mais par l’identité de son essence avec l’existence. Exister par soi-même ne signifie pas s'être produit soi-même, « se réaliser soi-même, » suivant l’expression panthéiste de Gûnther. Kleulgen, La philosophie scolas tique, trad. Sierp, Paris, 1870, t. iv, p. 375. Ce serait une contradiction manifeste. Ce terme signifie exister en vertu d’une nécessité absolue impliquée dans le fond d’un être qui identifie en lui

essence et existence. Il a donc un abîme entre l’aséité ainsi comprise et celle que décrit Hegel. Ici. nous

sommes en face d’une pure potentialité, d’une abstraction poussée à ses dernières limites ; là, nOUS Contemplons la réalité dans ce qu’elle a de plus vivant, de plus positif, de plus parfait. L'être pur du panthéisme idéaliste s’appelle bien, en théorie, an principe premier, un absolu sans égal, un être à soi, m.iis il ne doit ces privilèges qu'à son état d’indétermination. Il est obligé, en pratique, de partira la conquête de sa primauté et, sans autre ressource qu’un progrès sans iin.de se tailler dans l’ordre réel un type d’existence qui cadre avec l idéal qu on a en est fait. Au contraire, l’aséité, prise au

sens orthodoxe, donne UD être qui, des le principe, est