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ASCÉTISME


principales sont recommandées à tous les chrétiens : I. ki vigilance sur soi-même pour se préserver de toute défaillance, Matth., xxiv, 42 ; xxv, 13 ; xxvi, 41 ; Marc, xiii, 33-37 ; xiv, 38 ; 2. le renoncement à soi-même et à ses inclinations, pour suivre Jésus-Christ parfaitement, Matth., x, 38-40 ; xvi, 21-26 ; Marc, viii, 34 ; Luc, xiv, 27 ; Joa., xii, 25 ; 3. le jeûne, annoncé par Jésus-Christ comme devant être pratiqué par ses disciples, Matth., ix, 14, 15, et même déclaré nécessaire pour obtenir certaines faveurs, Matth., xvii, 20 ; Marc, ix, 28 ; mais dans lequel on évitera avec soin toute recherche de l’estime des hommes. Matth., vi, 16-19. — 2° Aux âmes plus désireuses de la perfection, Jésus recommande particulièrement le renoncement à tous les biens temporels, Matth., xix, 21, 27 ; viii, 20-22 ; Marc, x, 28 ; Luc, ix, 57-62 ; xiv, 28-3 i, et la virginité perpétuelle. Matth., xix, 12.

2. L’ascétisme dans les Épitres de saint Paul. — 1. Saint Paul recommande à tous les chrétiens : 1. la vigilance sur soi-même pour ne point défaillir, I Cor., xvi, 13 ; Eph., vi, 18 ; 2. la lutte contre les inclinations rebelles de la nature, ou du vieil homme, ou de la chair, que le chrétien doit dompter et même crucifier, Roui. vi, 6-23 ; vii, 23-35 ; viii, 5-13 ; xiii, 14 ; I Cor., ix, 24-27 ; Gal., v, 1-6, 16-26 ; Col., iii, 5 ; Phil., iii, 10, pour faire régner en lui-même les vertus de Jésus-Christ, Rom., xiii, 14 ; Gal., v, 16 ; Col., III, 10-16 ; c’est celle lutte que saint Paul a habituellement en vue, quand il parle du combat que tout chrétien doit soutenir. ICor., ix, 24-27 ; Eph., vi, 12-18 ; Phil., iii, 12 ; I Tim., iv, 7-8 ; vi, 12. Le texte grec I Tim., iv, 7, yj^/aÇe 5k vix-j-.bv r.phç cJTÉSï'.av, exprime plus fortement celle lutte. — 2° Aux âmes qui veulent être à Dieu sans partage, saint Paul recommande la virginité perpétuelle. I Cor., vii, 25-40.

II. DÉVELOPPEMENTS DES FORMES PRINCIPALES DE I ISCÉTISMB DAN* LE* TROIS PREMIERS SIÈCLES DE L'ÈRE

CHRÉTIENNE. — i. Aperçu général sur le développentent historique des trois formes principales d’ascétisme. — 1° Ce qui constitue véritablement une forme distincte d’ascétisme ce n’est pas tant l’objet immédiat sur lequel il s’exerce, objet négatif ou positif, privations ou austérités corporelles, que le genre de vie dans lequel on pratique ces privations ou ces austérités. Sous ce rapport, on distingue trois formes principales d’as

I. l’ascétisme pratiqué au milieu du monde,

soit dans la vie commune, soit dans l'état de virginité embrassé volontairement par amour pour Dieu ; 2. l’ascétisme de la vie anachorétique ou érémitique, pratiqué dans la solitude, en dehors de toute relation habituelle avec le monde ; 3. l’ascétisme de la vie cénobilique ou monastique, pratiqué dans une communauté religieuse entièrement séparée du monde, où l’on observe la vie commune, sous une régie déterminée.

2° La deuxième et la troisième tonne d’ascétisme sont l’objet d'études particulières. Voir Anachorètes, col. 1134, et HoNACIUSHE. Nous ne les mentionnons ici que pour montrer la place qu’elles occupent dans l’ensemble de l’histoire de l’ascétisme.

L’anachorétisme chrétien, bien qu’il réponde à certaines aspirations du cœur humain et qu’il puisse s’autoriser de l’exemple de Jésus-Christ, passant quarante n’apparaît dans l’histoire de l'Église onde moitié du ur siècle, ta persécution mpereur Dèce, vers l’an 250, en fut plutôt l’occs qn> la cause, comme le témoigne la suite des événe1 ar même après toutes les persécutions, les solitude ' ! i i le la péninsule du Sinaï, de la

tine.de la Syrie et des autres régions orientales conpeupler d’anachorètes, De même, vers le milieu du ive siècle, en picme paix de ] Église, la M. ' ropagea dan tout l Occident, Le cénobitisme ou monachisme naquit de l’anachoré tisme par une sorte de transformation naturelle. Des disciples nombreux accoururent autour des solitaires les plus renommés, comme saint Antoine et d’autres saints, pour proliter de leurs enseignements et de leur direction. D’abord on ne se réunissait autour du maitre que pour recueillir sa doctrine, et l’on rentrait aussitôt dans sa solitude où chacun était sa propre règle. Un peu plus tard, on se rapprocha davantage d’une sorte de vie commune, au moins deux jours de la semaine, le samedi et le dimanche, où l’on se réunissait pour la prière commune. Les avantages de ces réunions, joints aux inconvénients que pouvait souvent présenter un isolement trop complet, conduisirent comme naturellement à la vie commune complète. Au commencement du ive siècle apparaissent en Egypte les premières communautés monastiques fondées par saint Pakhôme à Tabennîsi, à Peboou, à Schénéslt et ailleurs. D’Egypte le monachisme se répand bientôt en Syrie, en Palestine, en Mésopotamie, en Arménie et particulièrement dans la Cappadoce et dans les provinces voisines, sous la direction de saint Basile. Presque à la même époque, le monachisme apparaît dans les Gaules avec saint Martin, vers 360, et se propage bientôt dans tout l’Occident.

Ainsi, avant la naissance du monachisme, au commencement du ive siècle, et la première eftlorescence de l’anachorétisme, vers l’an 250, l’ascétisme, pratiqué au milieu du monde, règne seul dans l'Église. A cause de cette situation spéciale pendant les trois premiers siècles, nous devons l'étudier à part, avec un intérêt d’autant plus grand qu’il est, en toute vérité, la source cachée d’où ont jailli plus tard les deux autres formes d’ascétisme.

2. État particulier de l’ascétisme des trais premiers sii-cles. — Ce que nous savons, d’après les documents actuels, sur l’ascétisme de cette période, peut se résumer dans les points suivants : 1° D’après le témoignage de saint Justin, Apol., I, c. xv, P. G., t. VI, col. 350 ; d’Athénagore, Legalio pro christianis, c. xxxiii, P. G., t. VI, col. 966 ; de Minutius Félix, Octavius, c. xxxi, P. L., t. iii, col. 337 ; de Clément d’Alexandrie, Strom., 1. III, ci, P. G., t. viii, col. 1103 ; 1. III, c. xv, P. G., t. viii, col. 1198 ; d’Origène, InJeremiam, homil. xix, n.7, P. G., t. xiii, col. 518 ; Contra Celsum, 1. I, c. xxvi, P. G., t. xi, col. 710 sq. ; 1. VII, c. xlviii, /'. G., t. XI, col. 1491 ; de Tertullien, Apolog., c. ix, P. L., t. i, col. 379 ; De vclandis virginibus, c. x, P. L., t. ii, col. 951 ; De cullu feminarum, 1. II, c. ix, P. L., t. i, col. 1412, et de saint Cyprien, De liabilu virginum, n. 3 sq., P. L., t. iv, col. 455 sq., il est certain qu'à cette époque un grand nombre de fidèles des deux sexes, dans l’espérance d’arriver à une union plus intime avec Dieu, observaient la continence parfaite et pratiquaient certaines abstinences, parmi lesquelles Origène mentionne particulièrement l’abstinence de viande et de iii, lu Jereni., homil, xix, n. 7, /'. G., t. xiii, col. 518, celle même abstint avait déjà été fréquemment louée par Clément d’Alexandrie, Pœdag., 1. II. c. i, ii, /'. c., t. viii, col. 383 sq., 410 sq. ; Strom.. 1. VII, c. VI, VII, /'. G., t. ix, col. 447 sq.

2° Le mot ascète, appliqué aux chrétiens, se rencontre pour la première fois dans le Pédagogue de Clément d’Alexandrie. Le divin Pédagogue, dans sa mystérieuse apparition à Jacob, le consacre comme lutteur ou asi KOXT)Trjv, pour combattre le grand adversaire de l’humanité et le supplanter ; Jacob devient ainsi le modèle des

généreux lutteurs ou ascètes qui veulent en ce monde le triomphe de l'âme sur le corps, et dans l’autre vie le triomphe éternel du ciel, f-'eedag., I. 1, c. viii, P. G., t. viii. col. 318. Ce même nom d'àoxi)T^< est formellement appliqué par < Irigène à une catégorie particulière de chrétiens qui pratiquaient la continence et observaient certain.InJerem., homil. xtx, n. 7, jP. G.,

t. xiii, col. 518. | A cette époqm les ascètes elles vierges consacraient