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ASCETISME


d’un homme libre l’exercice du travail manuel et des industries qui s’y rattachent. P. Allard, op. cit., p. 381 sq. En ne combattant point l’antique préjugé contre le travail manuel, en l’entretenant même, par son approbation formelle, l’ascétisme philosophique a contribué, pour sa part, à perpétuer le grand obstacle à la destruction de l’esclavage. Les nobles protestations émises par quelques-uns de ses meilleurs représentants sont restées sans aucun elïet pratique. Tant que l’on proclamait le travail manuel une occupation exclusivement réservée aux seuls esclaves, l’esclavage était une nécessité sociale, car aucune société ne peut exister suis le travail manuel. P. Allard, op. cit., p.' 383.

3° Quant à l’ascétisme bouddhique, il a constamment ignoré l’obligation et la pratique du travail manuel, Hardy, Der Buddhismus nach ûlteren Pali-Werken, Munster, 1890, p. 80 sq. ; R. Falke, Buddha, Mohammed, Cliristus, ein Vergleich der drci Persônlichkeiten vint ihrer Religionen, Gùtersloh, 1897, t. ii, p. 167, 209 ; Oldenberg, Budd ha, sein Leben, seine Gemeinde, 3e édit., Berlin, 1897, p. 1 47 ; soit parce que ces occupations ne sont d’aucune utilité pour la science du vrai bonheur, soit parce qu’elles constituent assez fréquemment une occasion de tuer quelque être vivant, ce que réprouve la doctrine bouddhique de la métempsycose.

2. Bienfaisance et assistance matérielle.

1° L’ascétisme chrétien, particulièrement l’ascétisme monastique, s’est rendu très utile à la société par beaucoup d'œuvres de charité corporelle, comme de fréquentes distributions d’aumônes, l’hospitalité à l'égard des voyageurs et des étrangers, l’assistance et le soin des malades à domicile ou dans des hospices fondés par la charité chrétienne. Souvent aussi, les ascètes chrétiens intervinrent, par charité-, auprès des empereurs, des princes ou de leurs représentants, en faveur des intérêts matériels de leurs concitoyens. S. Macaire, Régula, 20, P. L., t. ciii, col. 450 ; S. Pakhôme, Régula, 50, 51, P. L., . xxiii, col. 70 ; S. Jean Chrysostome, In Matth., homil. i.xxji, n. 3, 4, P. G., t. lviii, col. 071 ; S. Basile, Régulas brevius tractât se, interrog. 87, 91, 92, 100, 101, 181, 271, 302, P. G., t. xxxi, col. 1139, 1146, 1151, 1203, 1231, 1295 ; Pallade, Hist. lausiaca, ci, exiv, cxvi, P. G., t. xxxiv, col. 1205 sq., 1221 sq. ; Sozoméne, II. E., 1. III, c. xvi, P. G., t. i.xvii. col. 1091 sq. ; Théodoret, Relig. hist., iv, x, xiv, xvii, /'. G., t. i.xxxii, col. 1342, 1390, 1411, 1423 ; de Monlalembert, Les moines d’Occident, Paris, 1800, t. i, p. LVll-l.vx, i.xyiii-i.xxiv ; Marin, Les moines de Cons1897, p. 01-72 ; 1°. Allard, Saint Basile, Paris, 1899, p. 100-112 ; dom Besse, Les munir* d’Orient, Paris, 1900, p. 445453.

2° L’ascétisme philosophique non chrétien a quelquefois proclamé', d’une manière éloquente, par Fores meilleurs représentants, le devoir d’aimer tous les hommes. Sénèque, De clementia, 1. I, c. ni ; 1. II, c. vi ; De ira, I. I, e. v ; 1. II, c. xxxi ; DebenefiI. VII, c. i : Epist., XI vit ; Epictète, Entretiens, I. 13 ; Ilannol, Essai sur la morale stoïcienne et ses consi I de vue de la civilisation,

Bruxelles, 1880, p. 'i~ sq., 55-58 ; Ogereau, Essm sur le ophique des stoïciens, Paris, 1885, p. 237 ; Cbollet, /." morale stoïcienne, Paris, 1898, p. 259 sq. il ilement prononcé de belles paroles sur la pratique de l’aumône. Sénèque, De clementia, 1. II, c. vi ; De vita beata, 24 ; Epist., xcv ; Epictète, Fragments, cvin ; Marc-Aurèlc, Pensées, l. XII, c xxvi ; de Champagny, Les Césars, 5e édit., Paris, 1870, p. 244 ; Hannot, ../.. cit.. p. 15.

M. us., n ne iii, ii aucune preuve réelle de sa bienfaia l'égai d -lieux île I..ii i genre ; la pra tique 'le I.imi.i m lie lui est point Connue ; e( il

complètement étranger < toute œuvre d’assibtance. en pré ence des plus grandes infortunes, Sénèque

'.e.le a conseiller que l. smenle, moyen

providentiel qui est toujours à la disposition des malheureux. Sénèque, Consolalio ad Marciam, 20 ; Epist., LXX, lxxvii ; De providentia, 6 ; De ira, 1. III, c. xv ; P. Allard, Les esclaves chrétiens, p. 170-172 ; Id., Etudes d’histoire et d’archéologie, Paris, 1899, p. 84-90.

3° L’ascétisme bouddhique ne connaît point la charité proprement dite. Ce qu’il recommande et pratique n’est que l’absence de haine, même à l'égard des ennemis, comme aussi l’absence de tout amour quel qu’il soit, fût-ce même l’amour de la famille. Le motif de cette double pratique purement négative est l’amour intéressé de soi-même et le désir de s'épargner les soull’rances inséparables de tout amour ou de toute haine, et de se faciliter l’accès du nirvana. Monier Williams, Buddhism, Londres, 1889, p. 131, 143-146 ; Falke, op. cit., t. ii, p. 204 sq. ; Oldenberg, op. cit., p. 335 sq. ; Schrœder, Buddhismus und Christenthum, was sie gemein haben und was sie unterscheidet, 2e édit., Reval, 1898, p. 26-32. Si l’on rencontre chez les peuples bouddhistes, particulièrement à certaines époques, des institutions humanitaires, on n’a point de preuve qu’elles sont ducs à l’influence des ascètes bouddhistes. Car ceux-ci, d’après les documents que nous possédons, paraissent n’avoir donné aucun concours à ces œuvres de bienfaisance et d’assistance, du moins à l'égard des laïques. Ils se sont contentés de prêcher la nécessité de l’aumône que leur doivent leurs coreligionnaires et de la recevoir régulièrement. Oldenberg, op. cit., p. 346 ; de Groot, Le code du Mahâyâna en Chine, son influence sur la vie monacale et sur le monde laïque, Amsterdam, 1893, p. 126, 129, 131 ; Kern, Histoire du bouddhisme dans l’Inde, trad. franc., Paris, 1901, t. i, p. 460.

3. Activité intellectuelle.

1° Les ascètes chrétiens surtout les moines, ont attaché une grande importance à l'étude de ce qui pouvait leur être utile, particulièrement à l'étude de la sainte Écriture, soit comme préparation à la contemplation des choses divines, soit comme moyen d’exercer autour d’eux un apostolat plus fructueux. S. Pakhôme, Régula, 139, 140, P L.. t. xxiii, col. 78 ; S. Basile, Epist., ii, ad Gregorium theol., P. G., t. xxxii, col. 229 sq. ; S. Jean Chrysostome, Comparatio régis cum monacho, n. 2, P. G., t. xi.vii, col. 389 ; In Matth., homil. lxviii, n. 5, P. G., t. lviii, col. 646 ; Ini Tint., homil. xiv, n. 4, P. G., t. lxii, col. 570 ; S. Jérôme, Epist., cxxx, ad Demetriadem, n. 15, 20, P. L., t. xxii, col. 1119, 1124 ; Bulin, Hist. monach., xxi, P. L., t. xxi, col. 444 ; Pallade, Hist. lausiaca, xxi, c.xi.in, P. G., , t. xxxiv, col. 1003, 1240. Cette estime des moines chrétiens pour l'étude les porta à s’imposer le pénible travail de transcription des manuscrits, soit de la Bible soit des écrits des Pères ou même d’autres ouvrages. Pallade, Hist. lausiaca, xxmx, P. G., I. XXXIV, col. 1103 ; S. Jean Chrysostome, In I Tim., homil. xiv, n. 4, P. G., t. lxii, col. 570 ; S. Jérôme. Epist., cxxv, « il Rusticum monach., n. 11, /'. /, ., I. XXII, col. 1079 ; Marin, op. cit., p. 401-409 ; dom Besse, op. cit., p. 378-395.

2° Quant aux ascètes philosophes, il est évident que leur étude a noialilenient différé de celle.le-- ascètes chrétiens dans son objet et dans son motif ; et il est non moins évident, comme nous le montrerons bientôt, qu’elle n’a point contribué, comme pour les ascètes chrétiens, à aider leur influence morale sur la société

qui les eut..ur.nl. Cliollet, np. cil., p. 236 Sq. 3° L’ascétisme bouddhique n’a jamais donné', dan

règlements monastiques, aucune place au travail intellectuel ou a l'étude, en dehors de la lecture ou r..il, lion de la loi ou Dharma, Monier Williams, op. cit., p. 83 ; Hardy, op. cit., p. 81 ; Oldenberg, op. cit., p. 471 sq. Une seule connaissance lui importe, celle des quatre grandes vérités du bouddhisme sur la souffrance, n -.-. sa cessation et les moyens d’obtenir cette n..n. route autre connaissance lui est indifférente .1 net, le s rl pari l’objel d’aucune recherche. Mu : n r