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ASCETIQUE


vent ^on^la forme de sentences morales ou d’apophtegSon objet principal est l : la lutte que le

moine doit soutenir contre tea défauts et ses inclinations, pour acquérir la vertu, et préparer ain-i ion ftme a la contemplation des choses divines, par la lecture et la méditation des Ecritures et la prière qui unit l’ftme â Dieu. Dans la première période de l’ascétisme, jusqu'à l’institution de la vie cénobitique, au iv< siècle, cet enuement resta simplement oral. Il était transmis, aux anachorètes moins expérimentés, par quelque ancien sous l’autorité duquel ils se plaçaient et auquel ils obéissaient, sans abandonner cependant la vie érémilique, si ce n’est pour de courts intervalles. Avec la vie cénobitique, cet enseignenieut oral se maintint sous forme de conférences faites par l’abbé ou higoumèm du monastère. Pour donner à cette tradition plus de fixité et d’uniformité, les chefs de communautés cénoLitiques rédigèrent des règles monastiques, d’abord très courtes, puis plus détaillées et plus complètes. A ces règles monastiques se joignirent bientôt des écrits ascétiques, destinés à entretenir chez tous les moines la ferveur religieuse et la pratique de toutes les vertus de leur état. Nous ne pouvons que mentionner les principaux auteurs de ces écrits : en Orient, saint Basile, saintÉpbrem, saint Grégoire de Nysse, saint Jean Chrysostome, et plus tard saint Jean Climaque ; en Egypte, saint Nil, saint Isidore de Péluse, Macaire, Évagre du Pont, moine de Scété, et l’abbé Isaïe ; en Occident ou pour l’Occident, saint Jérôme, Cassien, saint Benoit et les nombreux commentateurs de sa règle, Cassiodore, saint Grégoire le Grand, et plus tard saint Benoit d’Aniane.

2° Mais l’enseignement ascétique, pendant toute cette période, n’est point exclusivement réservé aux moines. Il est assez fréquemment donné aussi aux fidèles retenus par les liens du monde, et qui veulent cependant s’unir étroitement à Jésus-Christ par une vie plus parfaite. Il suffit de mentionner les nombreux écrits des Pères sur la pratique de la virginité dans le monde, et leurs fréquentes exhortations aux œuvres de charité envers tous les nécessiteux.

3° A côté de cet enseignement ascétique, d’ordre presque exclusivement pratique, destiné aux moines, ou aux simples fidèles retenus dans le monde, commence à se manifester, dans plusieurs écrivains ascétiques de cette époque, une certaine tendance, encore bien lointaine cependant, vers l’ascétique scientifique. Cette préoccupation scientifique paraît avoir été inspirée par le désir de combattre le pseudo-mysticisme néo-platonicien. Elle se manifeste d’abord dans le Pédagogue et surtout dans les Stromates de Clément d’Alexandrie. Dans le portrait du parfait gnostiquequi a la vraie connaissance pratique de Dieu, ou la connaissance perfectionnée par la charité, le docteur alexandrin nous montre le type véritable du chrétien parfait, constamment uni à Dieu par la charité. Quoi que l’on puisse penser de certaines expressions, où se reflètent des idées platoniciennes et surtout stoïciennes, on doit convenir que l’auteur donne d’excellents aperçus doctrinaux, sur la nature de la perfection qu’il place dans la charité pratique ou dans l’union constante avec Dieu, sur les meilleurs moyens de tendre à la perfection, l’acquisition îles vertus opposées à nos passions et une véritable prière constante ; et sur la manière de pratiquer la perfection, même au milieu des occupations du monde.

Vers le milieu du ve siècle, un autre docteur alexandrin, le pseudo-Aréopagite, oppose ans fausses théories mystiques la théologie mystique chrétienne. Malgré une certaine teinte de platonisme dans les expressions et même dans les idées, sa doctrine mystique est Irréprochable et de tout point remarquable. On sait quelle influence elle a exercée sur les Bcolastiques du moyen âge. Quelque tendance scientifique se retrouve aussi dans le traité De vita contemplative, que le mou :

attribuait à s :, i„( Proaper d’Aquitaine, mais oju réellement l'œuvre de Julianus Pomériua au commi ne ut iiu vie siècle.

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cette époque tandis que I enseignement pratique continue, a peu près sous la même forme qu’aux sii

c Abbon de Fleury et Odon de Cluny [//m le cloître, et saint Pierre Damien et d’autres pieux prédicateurs pour la masse des fidèles, l’enseignement scientifique, sous l’influence de diverses causes, Fe, fectionne successivement. Les œuvres du pseudo-An opagite, récemment traduites par Rcot Érigène, ne furent pas sans influence sur ce progrès de l’ascétique ; la cause principale doit cependant en être plutôt attribuée au mouvement scolastique de toute cette époque. 1 prit scrutateur qui cherche à se rendre compte des problèmes les plus ardus de la philosophie spéculative, et à concilier leurs solutions avec les enseignements de la foi. cherche aussi à approfondir les mystères intimes de l’ascétique et de la mystique, et à les concilier avec les données de la philosophie et avec les enseignements de la foi. But bien digne des efforts de l’esprit humain it dont la scolastique poursuivra incessamment la plète réalisation. Au XIe siècle saint Anselme, au xii » Ilonorius d’Autun et Guillaume de Saint-Thierri sont, dans le domaine spéculatif, de véritables précurseurs de l’ascétique scientifique, pendant que Rupert et saint Bernard, avec une tendance plus pratique et un genre plus effectif, cherchent surtout à en inculquer la pratique dans les âmes. Les voies sont ainsi prépaie Hugues de Saint-Victor qui, dans la première moitié du xiie siècle, est le premier à donner à l’ascétique scientifique une forme à peu près définitive. Sans d sa classification des degrés de la contemplation est encore imparfaite ; son enseignement est incomplet sur un certain nombre de points assez importants ; sa méthode n’a point la perfection et le fini que l’on rencontre chez les grands auteurs des siècles suivants ; mais ses principes resteront pour les points principaux et les problèmes les plus importants de l’ascétique, sans parler ici de ce qui concerne la mystique. Voir HuGDES DB Saint-Victor.

IV. DEPCIS LE Xir SIECLE JUSQU'À L'ÉPOÙLB COS1EM PORAIXE. — L’ascétique scientifique passe par plusieurs phases distinctes. Au xiiie siècle, avec les grands maîtres de’la scolastique, le bienheureux Albert le Grand, saint Thomas et saint Bonaventure, elle atteint une perfection de doctrine qu’elle ne pourra guère dépasser. Au xtv et au XVe siècle, elle combat les erreurs des pseudo-mvstiquesde cette époque. Du xvi* au XVIII » siècle, elle nous apparaît sous la forme particulière de cours de théologie ascétique ou mystique, où toutes les questions relatives aux trois voies purgative, illuminative et unitive ordinaire ou extraordinaire, sont successivement tra le plus souvent avec la méthode scolastique, et conformément aux données de la théologie et de la philosophie scolasliques. On y a souvent recours à l’autorité des grands théologiens, particulièrement de saint Thoi sans négliger cependant l’enseignement expérimental des saints, particulièrement celui de sainte Tl. exposé scientifique n’empêche point une certaine polémique contre les pseudo-mystiques de cette époque, particulièrement contre les quiétistes.

111. Principales œuvres ascétiques. — Avant d’indiquer les principaux cours d’ascétique, il convient de mentionner les principales œuvres spirituelles, qui. avoir de vrai caractère scientifique, ont eu, sur la vie chrétienne dans l'Église, une profonde et durable infiuence. Nous ne nous occuperons point de celles qui n’ont eu, directement du moins, qu’une înlluence particulière, restreinte aux ordres religieux. COinmi règles ou constitutionmonastiques avec leurs nombreux commentaires ; œuvres cependant si remplit