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ASCÉTIQUE

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l’on sait lui.’tic plus agréable, s. Thomas, Sum. theol., Il » II » , q. iiwmy, ; i. -i ; Suarez, ! <. cit., n. ">, IT. En réalité, cette perfection chn tienne ne diffère dom point de cette vraie dévotion, si fidèlement décrite par sont François de Sales au premier chapitre de son / luction à la > te dévole.

Assurément, l’âme parfaite n’est point, par le bit même, absolument exempte de toute lotte ou de toute inclination contraire ; mais elle n’a pas J lutter péniblement, connu.- 1rs âmes encore mal affermies, pour se maintenir habituellement sous la direction de l’amour divin. S. Thomas, Sum. tliroi., IIa-IIæ , q. xxiv, a.’J. L’âme parfaite n’est point non plus préservée de toute faute vénielle, surtout des fautes vénielles dépure fragilité, auxquelles la volonté a une moindre part, mais cette âme n’a point l’affection au péché- véniel délibéré, affection inconciliable avec la disposition habituelle de charité qui constitue la perfection. Suarez, loc. cit., n. 12 ; S. François de Sales, Introduction ù la vie dévote, 1. I, c. xxii. On doit aussi reconnaître que la perfection n’empêche point ni ne condamne les affections légitimes qui n’ont pas Dieu pour objet immédiat ; elle exige seulement que toutes ces affections se rapportent finalement à Dieu, comme le terme auquel nous devons tout ramener et le but vers lequel toutes les créatures doivent être dirigées. Enfin la perfection n’exclut point les actions de la vie matérielle, elle demande seulement qu’on écarte, de toutes ces actions, ce qui est contraire à l’amour divin, et même ce qui les empêche d’être entièrement faites par le motif de cet amour. Cf. S. Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ , q. ci.xxxiv, a. 2.

La charité qui constitue la perfection chrétienne est-elle seulement l’amour divin, ou comprend-elle aussi l’amour envers le prochain ? Puisqu’il n’y a qu’une vertu de charité, ayant pour objet principal Dieu lui-même, et pour objet secondaire le prochain aimé pour Dieu, cf. S. Thomas, Sum. theol., II a II", q. xxii, a. 5 ; q. x.w, a. I, la perfection chrétienne doit consister premièrement et principalement dans la charité envers Dieu, et secondairement dans la charité- envers le prochain. S. Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ , q. Ci.xxxiv, a. 1, ad 2um. Les vertus morales naturelles ou acquises, s.m^ constituer l’essence de la perfection, sont requises pour sa pleine possession, parce que, sans elles, la charité n’aurait point sur nos passions et inclinations le domaine parfait qui lui est cependant nécessaire. Car la grâce sanctifiante et les vertus infuses qui l’accompagnent, tout en nous unissant à Dieu, ne détruisent point les inclinations naturelles opposées à cette union ; cette destruction n’est effectivement opérée que par les vertus morales acquises qui nous disposent habituellement a faire promplement, constamment, et facilement le bien exigé de nous. S. Thomas, Qusestiones disputâtes, De virtutibus m communi, a. 10, ad li""> et 15um.

La perfection chrétienne peut-elle exister sans la pratique de quelques conseils de perfection’.' — On doit distinguer d’après saint Thomas, Sum. Ihetil., I » 11’. q. cviii, a. 4, deux sortes de conseils de perfection : I" les uns sont en eux-mêmes des moyens constants d’acquérir plus facilement et plus sûrement la p tion, en écartant les obstacles principaux à la ferveur habituelle de notre charité envers Dieu, (t surtout en aidant à faire, en mainte circonstance, des actes positifs de celle parfaite charité : ce sont les trois conseil-, évangéliques de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, pratiqués dans leur universalité ou du moin< partiellement et sous certains rapports ; 3° d’autres conseils sont en eux-mêmes des actes passagers qui, ^ans cire commandés m s, ib gravi ni sut ew par les différentes vertus, s, , ni simplement plus agréables à Dieu et témoignent d’une plus grande charité envers lui, tels sont certains actes de miséricorde corporelle ou spirituelle envers le pro ebain ou de généreuse charité envers un ennemi, Dans

le premier sens, il est certain que la perfection peut exister sans Ij pratique constante et un. moyens qui, tout en étant très utiles pour conduire à la perfection, S. Thomas, Sum. theul., IIa-IIæ , q. Ci.xxxiv, a. 3, ne ^ o m t cependant point indis| car il est certain que la perfi ction peut dehors de l’état de perfection. S. Thomas, Sum. th IIa-IIæ , q. ci.xxxiv. a’Dans le deuxième sens, il paraît impossible que l’irne soit habituellement dans cette disposition constant charité qui constitue la perfection, sans témoigner cette charité par quelques actes, accomplis simplement parce ipi ils sont plu> agréables à Dieu ou recommandi désirés par lui. Aussi saint Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ . q, i i. xxxiv, a. 2 ; Suai--/, I)c statu perfectionit et imperfectionis, I. IV, c. xvii. n. 17 ; saint François de S Introduction " la vie dévote, 1. I, c. I, disent-ils que la perfection de la charité consiste à aimer Dieu non seulement de manière à exclure tout ce qui détruit la charité ou diminue sa ferveur, mais encore à faire ce que l’on sait être agréable à Dieu ou recommandé et inspiré par lui.

b La perfection chrétienne ainsi comprise est-elle possible en cette vie ? — Tout en réprouvant Terreur quiétiste. qui affirme la possibilité d’un amour de Dieu absolument désintéressé et habituel, on doit aflii que la perfection, telle qu’elle vient d’être défini’possible en cette vie, avec le secours de la gr.’ice, S. Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ, q. clxxxiv, a. 2, t qu’elle peut être réalisée dans tous les états de vie, quels qu’ils soient. S. François de Sales, Introduction i la rie dévote, 1. 1, C. III.

c) Y a-t-il obligation de tendre à la perfection ? — S il -.’agit de tous les fidèles d’une manière -encra ! doit répondre qu’il n’y a point pour eux d’obligation grave, positive et directe, de tendre à la perfection, bien qu’il y ait faute grave a la mépriser absolument, ou à s’exposer, même par une grande négligence des fautes vénielles, au danger prochain d’enfreindre gravement les préceptes obligatoires. Salmantic rtut theo logise moralis, tr. XV. c. i. n. 29 ; S. Alphonse de Liguori, Theologta moralis, 1. IV. n 12 ; Ribet, L’ascélijuc chrétienne, Paris, 1888, p. 89 sq.

Il est également vrai pour les prêtres, qu’il n’y a point d’obligation positive et directe de tendre a la perfection, en dehors des préceptes communs ou spéciaux qui les atteignent. Il y a cependant une obligation négatif indirecte, en ce sens qu’ils ne doivent point mépi la perfection, et qu’ils sont tenus de ne point s’exp au danger prochain de scandaliser les fidèles, ou de manquer gravement a ces nombreuses obligations particulières, qui supposent, dans celui qui les accomplit Qdèlement, un degré non commun de perfection. SuareI. De statu perfectionis et religionis. 1. I. c. XVII, n. 29 ; c. XXI. n. ti. Quant à l’obligation spéciale qui incombe aux religieux placés dans l’état de perfection à acquérir, nous n’avons point à nous en occuper présentement.

Cel exposé sommaire de la naturede la perfection chrétienne nous a fait connaître l’objet spécifique de Pas© tique. Il nous permet en même temps de délimiter nettement les domaines respectifs (bl’ascétique et de la théologie morale. Le luit commun de ces deux sciences est de diriger tous nos actes vers notre tin dernière. d’après les enseignements de la révélation chrétienne. Hais tandis que la théologie morale traite de cette direction de nos actes, seulement d’après les obligal Strictes imposées suh i/curi ou sub U’ii, directement ou indirectement, à tous les fidèles en général, laines catégories en particulier, l’ascétique, supposant déjà réalisée cette orientation obligatoire di i vers notre fin, s’occupe directement de l’orientation plus complète, ajoutée pal la pratique de la perfection