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ARTÉMON — AIITICLI-] DE ! 01

doute supérieur en vertu ; mi prophète*, et rempli d’an pouvoir divin, mais il n'était pu Dieu. C'était ^disaitil, l’enseignement venu des apôtres et des anciena, reçu el conservé jusqu'à Victor, mais altéré parle pape Zéphyrin. Ses audacieuses prétentions avaient beau se heurter an Nouveau Testament, aux écrits des Pères apostoliques et des apologistes, aux cantiques chantés dans les réunions chrétiennes, tous remplis des témoignages les plus for mcls sur la divinité de Jésus-Christ, il n’en cherchait p ; imoins à les accréditer comme I expression de l'Écriture et de la tradition. Il est vrai qu'à l’exemple de tous 1rs hérétiques du lle siècle, il entendait l'Écriture et la tradition dans un sens exclusivement favorable à ses vins.

L'Écriture, il commença par l’altérer sous prétexte de la corriger, mais il ne put imposer une rédaction uniforme ; chacun voulut avoir la sienne ; et les exemplaires d’Asclépiodote, de Théodote, d’Hermophile et d’Apollonidés étaient loin de concorder. Aussi, autour de lui. finit-on par l’abandonner, en la sacrifiant aux sciences exactes : on résolut tous les problèmes à coup de syllogismes, finalement on plaça Aristote et Théophraste audessus de Jésus-Christ, et on rendit un culte à Euclide et à Galenus.

Quant à la tradition, elle fut traitée avec une impudence égale ; on tint pour non avenus les renseignements de l’histoire ainsi que les documents écrits ; on passa sous silence la condamnation par le pape Victor de Théodote le corroyeur, l’un des premiers qui eût affirmé que le Christ n’est qu’un homme ; on s’en prit uniquement à Zéphyrin, qu’on accusa d’innover en matière doctrinale, comme d’autres l’accusaient d’avoir innové en matière pénitentielle. Zéphyrin dut excommunier Artérnon.

La secte songea à se donner un évêque. Théodote le banquier et Asclépiodote firent sacrer le confesseur Natalis, auquel ils promirent de fortes mensualités ; mais cet évêque improvisé, bourrelé de remords, fit pénitence aux pieds du pape et fut admis à la communion ; la tentative schismatique échoua par là même.

L’anonyme d’Eusèbe, H.E., v, 28, P. G., t. xx, col. 512 sq., Caius d’après Photius, mais plus vraisemblablement llippolyte, écrivit contre Artérnon, qualifia son hérésie de nouveauté, releva quelques-unes de ses extravagances, li' déclara aussi éloigné que possible de la foi, et l’enferma dans ce dilemme, au sujet de l'Écriture : ou vous la croyez inspirée par le Saint-Esprit et alors vous êtes infidèle, ou vous vous croyez plus sage que le Saint-Esprit et alors vous êtes fou. D’après saint Épiphane, Paul de Samosate développa plus tard les vues d’Artémon. Hxr., lxv, 1, P. G., t. xlii, col. 13.

Eusèbe, H.E., v, 28, P. G., t. xx, col. 512-514 ; Épiphane, Hxr.. i.xv, 1, />. (.'.. t. m ii. cl. 13 ; Théodoret, Béret, fab., II, 4, P. (, '., t. Lxxxiii, col. 389 ; Photius, Diblwlh., 48, P. G., t. ciii, col. 85.

G. Baiu.ii.le.

    1. ARTICLE DE FOI##


ARTICLE DE FOI. Le mot « article de foi » n’appartient pas à la langue théologique des Pères. Pour désigner les propositions du symbole des apôtres, ils se servent volontiers du mot sententia. S. Ambroise, Explanatio symboli ad initiandos, ! ' L. % t.xvii, col. 11581159 ; S.Léon, Epist., xxxi, ad Pulcheriam, P. L., t. Liv, col. 7 (.H. Au moyen âge, cette expression est encore employée. AJbélard, Expositio symboli apostolorum, /'. /.., t. CLXXV1II, col. 6 lit-Mi). Mais le mot articulas la supplante peu à peu. Voir col. 1679, la pièce de vers mise sens le nom d.' samt Bernard ; Pierre Lombard, Sent., 1. M.dist. XXV, P.L., t. cxcii, col.810 ; Albert le Grand, Compendium theologicx veritatiê, I. V, c. ixi ; Opéra, Paris, 1896, t. xxiv, p, 169. Ces textes montrent qu’on employait comme Bynonymes les termes « article de toi,

article du svmhole D, mais ne nous renseignent pas sur

ce qu’on exigeait d’une proposition révélée pour lui don

lier ce litre. Plusieurs définitions peu précises ou fondées sur une fausse étymologie avaient encore cours.

l'époque desaint Tl attribuait la suivai

Richard de SaintVid ité indivisible qui a Iiieu

pour objet et ni ni arclans, d où serait

arliculiu) i croire. Cest en discutant cette notion et

d’autres semblables que saint Thomas fut arie I

donner de l’article de foi une théorie compli I

cise. Sum. theol., II » H", q. i, a.6 ; In 1 V Sent., 1. iii,

dist. XXV, q. i. i 1

S’appuvant sur le sens du mot grec à'pf>p.ov et sur ceux que l’usage attribue au terme latin articulas, il conclut qu’il convient d’appeler article de foi une proposition révélée distincte et apte à s unir à d’autres pour former avec elles l’organisme vivant de la doctrine chrétienne. Une vérité est vraiment distincte d’une autre lorsqu’elle n’apparaît pas avec elle secuttdum detn cutinnent. dans un même concept ; pratiquement, on est en face de deux articles lorsque, ; admettre chacun d’eux, l’esprit se heurte à une difficulté- spéciale. Ainsi passion et résurrection de.1 Christ sont deux articles, souffrances et mort n’en forment qu’un. L’article de foi doit être aussi un membre apte à s’unir à d’autres pour former un tout organique : beaucoup de vérités ne satisfont pas à cette

condition. Parmi les objets de la connaissance surnaturelle, il en est que Dieu nous fait connaître pour euxmêmes afin de nous conduire à notre fin dernière : la trinité, l’incarnation et d’autres semblables (ici saint Thomas pense sans doute aux vérités du symbok apôtres) : ce sont ces notions qui composent les di articles de foi. D’autres propositions ont été ri Dieu, mais ce n’est pas pour elles-mêmes, c’est pour manifester les notions principales : par exemple, les miracles d’Elisée ; ces vérités sont des moyens et non pas des conclusions, elles ne forment pas un tout organique et ne peuvent être appelées articles de foi. Et de la sorte saint Thomas aboutit à une définition très précise qu’on pourrait formuler ainsi : l’article de f, une vérité révélée pour elle-même et assez distinct' autres de même nature pour offrir à l’esprit de celui qui veut l’admettre une difficulté spéciale. Ainsi entendu il est en théologie ce que sont, dans les sciences. Ii s principes fondamentaux. Sum. theol., II* II*. q. I, a. 7. Pour cette raison et parce qu’il s’agit ici. par hypof de vérités dont la connaissance nous conduit au ciel, l’homme est tenu de croire explicitement les articles de foi. lbid., q. il. a. 5.

Comme la vertu de foi est une participation à la connaissance même de Dieu et que la sagesse incréée n’a pas besoin de distinguer pour connaître, on peut être tenté de conclure qu’il n’y a pas lieu de décomposer en articles les vérités révélées. Le faire serait les empêcher de rester des propositions de foi. II n’en est rien, cest en hommes que nous participons à la connaissance de Dieu et si nous entrevoyons aujourd’hui par la foi ce que Dieu contemple, c’est avec une intelligence obligée de diviser pour ne pas confondre. Le mot article de foi a donc sa raison d'être. Ibid., q. i, a. 6. sed contra, ad '2um. Il était d’un usage commode pour la désignation des vérités chrétiennes les plus importantes et -.i définition permettait de découper les divers symboles en leurs éléments fondamentaux d’après un procédé uniforme et rationnel.

Malheureusement, il n’a pas été engagé' dans lescontro erses, ni consacré par l’autorité enseignante. Les théologiens, d’autre part, ne gardèrent pas en entier la théorie de saint Thomas et par la même, se divisèrent Pour un article de foi plusieurs conditions étaient requises dans la Somme ; on n’en exigea qu’un, 1 d’ordinaire. Aussi Suarez constate que les théol s’accordent pas dans leur définition de ce mot. De fide theol., disp. 11. sect. v. n. 10. Opéra, Paris. 1858, t. xii, p. 30. De Lugoditque les articles de foi sont les vél principales qui soutiennent les autres. l>c virt. fidei d.-