Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.2.djvu/261

Cette page n’a pas encore été corrigée
2017
2018
ART CHRETIEN PRIMITIF


qui exprime parfois une idée analogue (cf. Ps. cxviii, 32 ; Gai. v, 67, etc.) voir Épigraphie chrétienne et Symbolisme de l’art chrétien. — L’assistance de Dieu, la divine providence qui intervient activement dans la vie de l’homme, ont aussi leurs figures dans le symbolisme primitif. Pour le temps des persécutions cela n’est nullement étonnant. Il fallait encourager les chrétiens en leur montrant le secours d’en haut. Les scènes de Daniel et des trois jeunes Hébreux dont la foi a « fermé la gueule des lions » et « éteint la force du feu » , Hebr., Xi, 33, 31, s’y prêtaient fort bien. Il en est de même des scènes de Susanne « dont l’histoire montre si manifestement que Dieu assiste ceux qui lui restent fidèles et qu’il rend vaines les embûches des ennemis » . On a ainsi la raison pour laquelle ces scènes apparaissent dès le commencement du ile siècle. Voir d’autres monuments dans Kaufmann, Die sépulcral. Jenseitsdenkmàler, Mayence, 1900, p. 179 sq. « La foi à la vie future est donc exprimée par le décor peint et sculpté en un langage clair et accessible à tous, » et la bonne confiance de l’artiste chrétien contraste singulièrement avec les idées si confuses des païens et leur est même absolument opposée.

2. La mort et la résurrection.

Le christianisme enseigne qu’après la mort une nouvelle vie commence. L’àme paraît devant le juge ; le corps est déposé en terre où il attend la résurrection. La mort n’est donc qu’un sommeil. De là le nom de xotinrjT/ipca, « cimetières, » donné aux lieux de sépulture ; de là la manière particulière d’enterrer les morts contrastant si singulièrement avec celle des païens. Cette idée est également exprimée sur différents monuments, par exemple, sur une fresque de la catacombe deTrason, Garrucci, tab. 70, 2 ; Perret, op. cit., t. iii, p. ix-xi, où un jeune homme, richement habillé, marque avec le calamus, sur deux feuillets grossièrement ouverts, les paroles : Dormit || io || Silvest H RE. — Le point capital, c’est la résurrection. Fresques et sarcophages, verres dorés et lampes contiennent des symboles qui attestent clairement la foi à ce dogme fondamental. Ici, c’est Daniel dans la fosse aux lions ; là, ce sont les enfants dans la fournaise, Noé dans l’arche et surtout la résurrection de Lazare, symbole de notre propre résurrection, par exemple, dans la chapelle grecque. A la fin du iie siècle, nous rencontrons les représentations du cycle de Jonas, dans les chapelles des sacrements, etc. La vision d’Ézéchiel, xxxvii, 1 sq., image de la résurrection générale, Tertullien, De resurrect. , c. xxix, P. L., t. ii, col. 83C-837, est également représentée. L’idée de la résurrection est encore exprimée par des symboles non bibliques, par exemple, les saisons (cf. Tertullien, loc. cit., c. XII, P. L., t. il, col. 810811), à Prétextât, le paon, qu’on trouve dès le IIe siècle, le phénix, Clément de Rome, 1 Cor., xxv, Funk, Opéra Patrum apost., Tubingue, 1887, 1. 1, p. 94. Rare avant Constantin, il devient assez fréquent après 300.

3. Le jugement.

Ce dogme, affirmé par l’Écriture : Omnes enimstabimus ante tribunal Christi, Rom., xiv, 10, cf. Hebr., ix, 22, et ailleurs, est bien clairement re-I i enté dans l’art chrétien primitif, qui est avant tout un art funéraire. — o) Lejugement particulier. — L’idée d’un jugement particulier, qui existait déjà, d’une certaine façon, avant le christianisme, est celle que nous rencontrons d’abord sur les monuments, moins cependant sur les sarcophages, par exemple, le n. 13(5 du Latran, Marucchi, op. cit., t. i, p. 329, que sur les fresqui des catacombes, par exemple, sur celle de la chapelle des sacrements A-, Wilpert, Malereien der Sacra tskapellen, p. IV, 32, de la fin du ir siècle" I>eS représentations de lu Nioi-.ialclln, de Saints-Pierre-et-Marcellin sonl de la seconde moitié du IIIe sierle, Wilpert, dans le Bullett., 1892, [i. 28 ; Ein Cyclut christolog < pl. i-iv, p. 5, 17 ; Nuovo bullett., 1900,

t. vi. p. 97 ; celles de Domitille, liosio, p. 231 ; Garrucci,

DICT. DE THÉOL. tATIIOL.

tab. 21 ; Bullett., 1877, p. 150 ; 1888-1889, p. 79 sq. ; _de Sainte-Cyriaque, Bullett., 1876, pl. ix ; Marucchi, Éléments, t. ii, p. 230 ; de Saint-Hermès, Garrucci, tab. 82, 2 ; Marucchi, op. cit., t. i, p. 307 ; t. ii, p. 374, et de la catacombe de la Vigna Cassia, à Syracuse, Bullett., 1877, p. 150 sq., pl. x, xi ; Armellini, Cimiteri cristiani, p. 722, sont toutes du IVe siècle. A Sainte-Cyriaque et sur une inscription du Latran, Perret, op. cit., t. v, 22, 28 ; Bôm. Quar taise hrift, 1892, p. 366 sq. et pl. XII, le jugement est réduit à sa plus simple expression. L’àme y est figurée par une femme qui se tient debout, seule, devant le juge assis, la tête entourée du nimbe. La scène est plus développée à la Nunziatella : au milieu, le juge assis, avec le livre, la main levée comme s’il parlait ; quatre saints autour de lui, dont deux parlent, tandis que les deux autres écoutent. Entre les saints, quatre figures orantes, deux hommes et deux femmes ; à leurs pieds, des brebis, symbole des élus. Cette scène, dit M9 r Wilpert, Il valore domtnatico délie pitturc cimileriali, Rome, 1897, p. 18, nous rappelle instinctivement les paroles du Dies irse : Judex ergo cum sedebit

— liber scriptus proferetur — quem patronum rogaturus — inter oves locuni prsesta. Sur la lunette d’un arcosole, à la catacombe de la Vigna Cassia, à Syracuse, l’artiste a représenté une femme agenouillée et levant les mains vers le Christ nimbé. Celui-ci est debout entre saint Paul et saint Pierre, ce dernier également nimbé. Par respect pour son juge, Marcia porte au bras gauche le manipule du diacre. Évidemment ces représentations se ressemblent. On y trouve les différents éléments d’un jugement. Le juge est le Christ, orné parfois du nimbe, debout, ou assis sur une chaire élevée de plusieurs degrés. De la gauche, il tient quelquefois le livre ouvert, ou le rouleau, tandis qu’il étend la droite du côté du défunt comme pour prononcer la sentence. Devant lui, l’âme, debout, les mains levées comme les orantes, ou à genoux, comme à Domitille, et tendant les mains suppliantes pour demander pardon et miséricorde. Les saints qui assistent le Christ doivent être « les avocats » de l’àme, d’après une inscription de Sainte-Cyriaque, du IVe siècle, Bullett., 1864, p. 34 : CUIQUE Cyriacee] PRO vita : svje les] timonium (sic) sancti martyres aput (sic) Deum et^eruntadvocati ; ils doivent défendre sa cause

— leurs gestes l’indiquent — et la conduire au ciel. Leur nombre est de deux ou de quatre. A Saints Pierre-el-Marcellin, il y en a six : c’est le collège apostolique réduit faute de place. Le type connu de saint Pierre est remarquable à Syracuse, l’apôtre est désigné nommément, tandis que dans la fresque de Saint-Hermès ce sont les deux martyrs Prote et Hyacinthe, enterrés tout près dans la même catacombe. Rienheureuse l’àme, dit l’inscription du prêtre Sarmata, de Verceil, qui a de pareils avocats : O felix gemino meruit qui martyre duci || ad dominum mei.iore via REQUIEMQUE mereri. Rruzza, Iscriz. Verceil., p. 319, n. cxxxv ; Gruter, Inscript, antiq., 1169, 7. Souvent l’artiste indique le caractère de la sentence : elle a été favorable, l’âme est représentée comme orante, c’est-à-dire en possession du ciel où elle prie pour les siens. Le rouleau ou le livre qu’on voit entre les mains du Sauveur ou placé devant le trône dans une corbeille, symbolise la sainte écriture, qui renferme la règle de vie pour chaque chrétien.

b) Le jugement général. — L’idée de représenter le jugement général est de date postérieure. D’aucuns ont voulu voir une représentation de la séparation des lirebis d’avec les boucs, à la crypte dite délie peccorelle, à Saint-Cal liste. De Hnssi, Roma soit., t. II, ail. agg. A. Ils

ont tort, d’après Wilpert, Malereien der Sacramentskapellen, p.’il 16. Cette séparation est représentée, d’après l’ératé, o/). cit., p. 320 et li^. 184, par un couvercle de

sarcophage de la collection Strogonof, a fin Garrucci)

tabl. 301, 3. Cf. Wilpert, Zeitschrift f. kath. Théologie,

I. - 61