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ART CHRÉTIEN PRIMITIF


tagne mystique, d’où coulent les quatre fleuves du paradis, symboles des quatre Évangiles ; ou encore entre les princes des apôtres, tandis que les autres apôtres représentés symboliquement se trouvent dans une zone inférieure. Il remet d’une main à Pierre le rouleau, symbole de la loi nouvelle, comme le dit l’inscription : dominus legem dat, ou une autre inscription semblable, et il étend l’autre main comme s’il parlait, tandis que Pierre reçoit respectueusement le rouleau dans ses mains enveloppées. Cette scène a été assez souvent reproduite en différents pays, comme l’attestent des monuments nombreux : un sarcophage d’Arles, un verre trouvé à Porto, Garrucci, t. III, p. 148, une peinture de Priscille, Bullett., 1889, pl. vii, p. 23 sq., des verres dorés, par exemple, Garrucci, Vetri, t. x, p. 8 ; t.xix, p. 8, où Pierre porte encore la croix, une médaille de dévotion, un graffito sur une plaque de marbre, Bullett-, 1887, p. 27, et Perret, Les catacombes, t. v, pl. 3, un sarcophage du Latran, Eicker, op. cit., p. 117, n. 17 i, et Garrucci, tab. 323, 4-6, etc. Sur une mosaïque de Sainte-Constance, du commencement du IVe siècle, on a deux représentations parallèles : Dieu le Père donnant la loi à Moïse et Dieu le Fils donnant la loi à Pierre. Garrucci, tab. 207 ; Pératé, op. cit., p. 196-197. Sans voir des symboles partout, on est obligé de reconnaître liniportance de cette scène allégorique de la traditio legis, au point de vue théologique, surtout si on considère son prototype dans l’art profane : on aimait à représenter les empereurs remettant par écrit leurs ordres à ceux qu’ils envoyaient comme vicaires ou gouverneurs dans les provinces ; ceux-ci recevaient respectueusement ce volume, les mains couvertes du palliurn. Cahier, Nouveaux mélanges d’archéol. ; curiosités mystérieuses, Paris, 1874, p. 65-81, pl. vu.

Kneller, Moues und Petrus, dans Stimmen aus Maria-Laach, 19CH, t. ix, fasc. 3, p. 237-257 ; Grisar, Geschichte…, 1901, t. i, p. 284, 294 sq. ; Wilpert, Principienfragen, p. 23-32 ; Id., dans Rum. Quartalschri/'t., 1890, t. iv ; p. 10 15 dû tirage à part.

De cette figure de Pierre-Moïse, du bâton thaumaturge, des clefs, de la table de la loi, tirons les conclusions qui en résultent sur la nature de l'Église. Un seul chef, une seule Eglise. En Pierre se trouve l’autorité de Dieu ; en lui. la loi du Cbrist. Lui seul tient le bâton symbolique et thaumaturge ; lui seul dispose du rocher, image du Christ qu’il remplace comme chef et fondement de I Église : de ce rocher il fait sortir, par l’exercice de son pouvoir, les eaux divines, les sources de la grâce, en particulier les eaux du baptême. Sans Pierre, pas de pouvoir, pas de loi divine, pas de source, pas de sacrements, etc.

3° La primauté de Pierre vient directement du Christ ; ues de Rome est fondée sur celle de Pierre qui. g si jamais il a franchi les portes de Rome, comme il it R.-k.Lips’ms, dans Jahrbùcher fur protest. Théologie, 1876, p. 562, y est venu, non pas comme simple voyamais en vertu de son pouvoir apostolique. » Son séjour et sa mort à Rome sont prouvés par l’histoire. De nombreux monuments des cimetières apostoliques, de celui de Priscille, etc. et de plusieurs anciennes basiliques, des médailles, dont la plus ancienne est du He siècle, représentant les princes des apôtres, de nombreux verre dor< - 80 sur 240 dans Garrucci — avec son image, ei d autres traditions monumentales confirment ces faits. Toutes ces preuves prises dans leur ensemble ont fait dire ;, M. d( Ro i Bullett., 1864, p. 81 : « L’accord parindications historiques (sur le ir de Pierre a l’en et le témoignage des monuments n’est pas un effet du hasard ; il est plutôt uni rantie pour la véracité des monuments aussi bien que des documi m 9 Marucchi, Memorie dei ss. Apostoli Pietroe Paolo nella cilta ! < Rom a, Home, 1894.

Mais l.i barque de Pierre n est pas abandonnée a

elle-même. Le sarcophage de Spolèle indique que Jésus

est avec son Église et qu’il la dirige. La même idée est encore exprimée par plusieurs autres monuments, par exemple, par un verre doré sur lequel est figurée la chaire adossée au rocher d’Horeb, d’où jaillit l’onde viviliante (de la doctrine chrétienne), natalis fons imda aquse cunctse procedunt, et per diversas totius mundi regiones puri latices capitis incorrupti manant, Innocent l", Èpi$t., xix, 1, P. L., t. xx, col. 583, et par un marbre gravé représentant la colombe, symbole de l’Esprit-Saint, posée sur le dossier de cette même chaire. Rosio, Roma sott., p. 327 ; Bullett., 1872, pl. ix, 2.

5° Relativement aux différents membres de la hiérarchie, l’art chrétien ne nous fournit que très peu d’indications. On voit bien, par exemple, dans la f radio panis, à Priscille. un homme barbu qui préside, le TipoEortiç de saint Justin, Apol., i, 65, P. G., t. vi, col. 428 ; ailleurs il est question d'évêques portant barbe, à la chapelle des sacrements A 2, un ecclésiastique qui baptise. Nuovo bullett., t. vi, 1900, p. 96. A Priscille, il y a une fresque du IIIe siècle, qui représente la prise de voile d’une vierge chrétienne, présidée par un évêque (ou prêtre) assisté d’un diacre. Wilpert Die gottgeweihlen Jungfrauen, p. 52-64, pl. I. A Domitille, on voit quelques /essores, etc. C’est peu de chose en comparaison de ce que disent les inscriptions.

II. l’art’cbrêtien et la théologie dogmatiqve spéciale. — 1° La Trinité ; la création. — 1. La Trinité. — Ce mystère n’est représenté que très rarement. Mb' Gerbet, Esquisse de Rome chrétienne, c. viii, n. 5, en donne les raisons. Saint Paulin de Noie, Epist., xxxii, 5, P. L., t.LXi, col. 332-333, l’avait fait représenter plus ou moins symboliquement daïis l'église de SaintFélix. Pératé, op. cit., p. 209, croit la trouver dans la mosaïque absidale de Sainte-Pudentienne : la main du Père était dans la partie supprimée, mais on voit encore aujourd’hui, dans la partie inférieure, le Christ assis sur la montagne, et au-dessous, le Saint-Esprit en forme de colombe. Il y a peut-être une représentation de la Trinité dans les trois anges d’Abraham, sur une mosaïque de Saiute-Marie-Majeure. D’après de Rossi, Bullett., 1865, p. 30 ; Kraus, op. cit., t. i, p. 186 ; Grisar, op. cit., t. i, p. 435, etc., il y en a une sur le célèbre sarcophage de Saint-Paul, aujourd’hui au Latran : Dieu, formant l’homme et la femme, est entre deux personnages qui figureraient leFilset le Saint-Esprit. Quelques archéologues, se fondant sur le silence de certains auteurs contemporains et sur l’absence d’une troisième personne dans la scène de la création sur un autre sarcophage du Latran, Garrucci, tab. 399, 7, ont affirmé que la troisième figure, sur le sarcophage mentionné plus haut, était accessoire et sans aucune signification. Leur conclusion no s’impose nullement. Stuhlfauth, Die Engel in der altchristl. Kimst, Fribourg-en-Rrisgau, 1897, p. 253 sq. Le Saint-Esprit, en particulier, est représenté sous la forme d’une colombe dans les fresques du baptême du Christ, dont la plus ancienne est. de la première moitié du IIe siècle, et deux aulres de la seconde, sur la mosaïque de Sainte-Pudentienne, dans l’annonciation sur l’arc triomphal de Sainte-Marie-Majeure, etc.

Krnus, Real-Encyctopàdie, t, I, p. 379-380 ; Garrucci, t. i, p. 284 sq.

2. Les anges.

Avant l’homme, Dieu a créé les anges. Les artistes chrétiens les distinguent très bien des victoires et des -/nies du paganisme, Dès le iie siècle, dans la scène de I an m mçial ion. à Priscille, l’ange

Raphaël a le type d’un jeune homme, revêtu de la tunique et du pallium. Au IVe siècle (en particulier dans la peinture), les anges son ! nimbés ; vers la fin du

IV siècle et au coiniiieiicenien I du v paraissent le-- ailes.

Le premier ange ailé est le symbole de saint Matthieu. dans l’abside de Sainte-Pudentienne : le texte de l’Apocalypse

i ce sous ce rapport une grande influence. Vers la