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ART CHRETIEN PRIMITIF


une figure mal reproduite par Bosio, Garrucci et même par de Rossi a induit en erreur et ces auteurs et ceux qui se sont fiés à leurs copies ; 2° employer les moyens d’interprétation indiqués plus haut ; 3° avoir une connaissance approfondie de l’esprit chrétien, puisée non seulement dans les ouvrages théologiques, mais dans toute la littérature religieuse contemporaine ; se transporter dans le milieu social dans lequel les monuments ont été produits et juger tout avec l’esprit d’alors qui était bien différent de celui de notre époque ; 4° tenir compte du développement dogmatique : la loi du développement extrinsèque existe même dans l’ordre surnaturel ; il ne faut donc pas chercher dans les anciens monuments de la foi populaire toutes les subtilités des luttes religieuses contemporaines ni les raffinements d’une science théologique postérieure ; 5° ne pas suivre un parti pris : les monuments soumis à la torture disent tout ce qu’on veut leur faire dire. « Les faits doivent parler seuls ici » (de Rossi). Ce n’est qu'à ces conditions que les monuments apportent à plusieurs dogmes un supplément de preuves théologiques. Quelques indications se trouvent dans De Groot, Summa apologelica de Eccl. cath., Ratisbonne, 1893, p. 797, 798 ; Berthier, Traclatus de locis theologicis, Turin, 1888, p. 570 sq.

I. l’art chrétien et la théologie dogmatique Générale. — 1. L'Écriture sainte. — La Bible, qui a dû occuper une place importante non seulement dans renseignement mais encore dans la vie chrétienne, facilite beaucoup l’intelligence des monuments. On a constaté que, dans les trois premiers siècles, les apocryphes n’ont pas eu d’influence sur l’art, que les artistes chrétiens ont puisé indistinctement aux livres protocanoniques et aux deutérocanoniques, autant que leur sujet y prêtait et que le cycle restreint des types constitutifs le permettait, par exemple, les scènes de Susanne à la chapelle grecque ; à Rome, en particulier, à en juger d’après certains détails, ils se sont servis de l’ancienne version latine. Les peintures les plus anciennes de Domitille, de la crypte de Lucine et de Priscille, qui sont de la fin du r r siècle et du commencement du IIe, représentent l’annonciation, l’adoration des mages, le baptême de Nôtre-Seigneur, la résurrection de Lazare, sujets tirés de saint Matthieu, de saint Luc et de saint Jean, etc.

L. Fonk, Bibel und altchristliche Kunst, dans Stimmen aus Maria-Laach, juin 1895 ; Vigouroux, Le Nouveau Testament et tes découvertes archéologiques modernes, 2e édit., Paris, 1896, p. 353-Vil ; Dictionnaire de la Bible, Paris, 1895, t. H, col. 155158 ; Philippe, Manuel d’introduction générale aux Livres saints (lith.)j Paris, s. d. [1885], t. I (seul paru), p. 126-141.

2. L’Eglise.

1° L’idée de représenter l'Église sous la forme d’une matrone est très ancienne dans la littérature chrétienne. Hermas, Paslor, vis. 1, 2 ; Funk, Opéra Patrum apostolicorum, Tubingue, 1887, t. i, p. 338. Elle n’est pas non plus étrangère à l’art chrétien. Témoin la mosaïque de Sainte-Sabine, où deux femmes tiennent chacune un livre ouvert. L’inscription placée au-dessous dit que ces deux matrones sont VEcclesia ex circumeisione et VEcclesia ex genlibus. M. Pératé, Op. rit., p. 208, trouve le même symbole dans les deux femmes de la mosaïque de Sainte-Pudentienne portant

ouronne au.Maître. Le fond de cette mosaïque donnant en perspective une vue de Jérusalem, et non de Rome, comme on l’a cru jusqu’ici, Nuoro bullell., t. vi, 1900, p. 72 ; Grisar, Analecta romana, « liss. XIII, n. 2, on ne voit plus pourquoi ces deux femmes repré

m ni les deux sœurs Pudentienne et Praxède. Quant

à la théorie de la plupart des archéologues, qui voient un

ms un certain nombre durantes des

catacombes, elle fondement solide et sans va leur pratique. Voir Symbolisme de l’art chrétien, Wilpert, dan ; la Rom. Quartalschrift, t. xiii, IN ! » !), p. 23, 24 ; Kaufmann, Die sepulkralen Jenseilsdenkmâler der Antike und des Urchristentums, Maycnce, 1900, p. 142

sq. ; Schultze, Archâologische Studien, p. 262, n. 7. Une seule fois, sur la porte de Sainte-Sabine, l'Église parait avoir été symbolisée sous la forme d’orante entre saint Pierre et saint Paul. L’idée de l’union de Jésus à l'Église protégée par Pierre et Paul ou présentée par eux au divin Époux, y est manifeste. Grisar, Geschichle Bonis und der Pàpste im M. A., Fribourg-enBrisgau, 1901, t. i, p. 256. A ce premier symbole de l’Eglise se rattache celui des villes de Jérusalem et de Bethlé.hem, d’où sortent des brebis symboliques qui se dirigent vers le Sauveur ou l’Agneau sur la montagne sainte. Bethléhem figure l'Église de la gentilité, Maxime de Turin, Hom., xviii, P. L., . lvi, col. 261 ; S. Augustin, Serm., ccii, P. L., t. xxxviii, col. 1033 ; Jérusalem celle des Juifs. Tous les hommes sont appelés à être membres de l'Église du Christ fondée par les apôtres, à rendre hommage à Jésus et à son Évangile, Rom., I, 16, afin de se sauver et de faire partie de l’Eglise du ciel.de la « Cité de Dieu » , de la « Jérusalem céleste » . Cette représentation se trouve sur des verres dorés, Garrucci, Velri, lab. 10, 8 ; Storia…, tab. 180, 6 ; sur des sarcophages et surtout sur des mosaïques, Garrucci, tab. 211, 253,

21. — Fragment de sarcophage, de la collection particulière de J.-B. de Rossi, représentant le navire de l'Église dirigé par Jésus et trois évangélistes, d’après une photographie.

258, 271, 291, où les deux villes sont indiquées nommément, et tab. 209, 265, 572, 285, 286, 298, 303, 324, 326329, 331, 333, 331, 213, 350, où le nom manque. Les plus anciens monuments sont le verre à fond d’or mentionne plus haut, et la mosaïque de Sainte-Constance, sur la voie Nomentane, commencement du ive siècle. Kraus, BealEnctjclopàdie, t. il, p. 172, 781, 782. — Un autre symbole de l'Église, d’ailleurs bien connu dans la littérature chrétienne, S. Ilippolyte, De C/irislo et anticliristo, c. Lix, P. G., t. X, col. 777, est le navire figuré de plusieurs manières. Sur la gemme illustrée par Aleander, Nav. Eccles. réfèrent, symb., Rome, 1626 ; Kraus, op. cit., t. i, p. 91, le navire est porté par un dauphin, symbole du Christ, qui conduit ainsi à travers les tempêtes son Église à laquelle il sert de fondement. Devant le navire Pierre marche sur les Ilots, soutenu par Jésus, qui lui tend la main : tous deux sont désignés par leurs noms. Sur un sarcophage de Spolète, du IVe siècle, collection de M. de Rossi. Bullett., 1871, p. 124, pl. vii, 1 ; cf. Garrucci, tab. 477, 478 ; l’artiste a représenté la nef mystique voguant vers le phare du ciel, protégée par le piiole JESUS : trois matelots, MAncrs, Li cas, |, ! o]annes, sont aux rames (lig. 21). Saint Matthieu manque parce que le fragment est brisé à cet endroit. Sur l’extrémité du navire, qui a disparu, J.-B. de Rossi place Pierre tenant le gouvernail, tandis que M. Kaufmann, op. cit., p. 183, y suppose la figure du défunt qui, après avoir observé la loi évangélique, se dirige vers le ciel sous une telle conduite. Le symbolisme est ici manifeste, mais il est très difficile de le déterminer avec précision. Dans

la chapelle des sacrements A-, de Rossi, lioma sotterra nea, t. il, pl. xv, I, et mieux Wilpert, Malereien der

Sakramentskapellen, p. 22, sur un navire battu et sou - ir l’orage, un homme se tient debout et étend les