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ART CHRETIEN PRIMITIF


quelquefois aussi le pavé, des sanctuaires chrétiens. — Composées d’un nombre infini de petits cubes de verre ou de marbre colorié, ces peintures ont un caractère particulièrement durable et monumental. En dehors de l'élément purement décoratif, elles représentent des scènes symboliques, bibliques ou historiques. Les murs ne portent souvent que des cycles historiques. L’abside, au contraire, est l’endroit le plus richement décoré. Les sujets qu’on y représente ne sont pas toujours les mêmes. Au IVe siècle, par exemple, on y célèbre le triomphe du Christ et de son Église, les splendeurs du royaume céleste et la majesté du jugement, sujets empruntés, en partie, à l’Apocalypse de saint Jean. Dans ces compositions tout converge vers le centre qui est occupé par le Sauveur. Celui-ci est debout sur la montagne ou sur les nues, ou assis sur son trône et donnant la loi ; des apôtres l’entourent ordinairement, tandis que sur les murs attenant à l’abside on aperçoit les vingt-quatre vieillards portant des couronnes. Les membres des deux églises, Gg urées par les villes de Jérusalem et de Bethléhem, se dirigent vers lui. On y voit aussi l’agneau de Dieu nimbé, avec ou sans la croix, immolé ou debout sur la montagne sainte, d’où sortent comme symboles des Évangiles, 1rs quatre fleuves du paradis, dont l’eau abreuve des brebis ou des cerfs, symboles des fidèles. Voir col. 580.

— Les premières mosaïques, qui forment la transition entre l’art chrétien et l’art profane, sont celles de Sainte-Constance, sur la voie Nomentane. On y rencontre encore « un mélange assez singulier d’idées chrétienneset de formes païennes, aussi bien dans les types que dans les motifs d’ornement et dans la composition » . Kondakolf, Histoire de l’art byzantin, Paris, 1886-1891, t. i, p. 103. Viennent ensuite celles de la nef de Sainte-Marie-Majeure, bâtie sous Libère, et la précieuse mosaïque absidale de Sainte-Pudentienne, vrai chefd'œuvre de la fin du ive siècle, qui, toutes, d’un caractère nettement chrétien, sont pleines de vie, de noblesse, <li dignité, de naturel, et différent avantageusement de la raideur des monuments postérieurs de l'époque byzantine. Les mosaïques de Sainte-Sabine, de l’arc de triomphe de Sainte-Marie-Majeure et de Saint-Paul, à Ravenne, le mausolée de Placidie et le baptistère des orthodoxes, deux monuments splendides et parfaitement conservés, appartiennent au v c siècle. Les autres sont déjà du vi » .

Pératé, op. cit., p. 199-268 ; Gerspach, La mosaïque, Taris ; i rnxihini. Rome, 1876-1894 ; Kraus, toc. cit., I 399-446 ; Muni/., plusieurs articles dans la Revue arckéolugique, 1870-1893.

L’architecture.

1. Les premiers monuments de

l’architecture sont les catacombes. Ce sont les cimetières des premiers chrétiens creusés généralement dans le tuf naturel - exceptionnellement dans des sablières — à plusieurs étages et consistant en de longs et étroits corridors plus ou moins élevés, flanqués de loculi, ordinairement superposés et de cryptes sépulcrales avec arco-Boles. L’ouverture des loculi, taillés en forme de parallélogramme dans les parois des galeries, en proportion de la taille du défunt, est fermée par une plaque de marbre on par des briques, avec ou sans inscriptions et symbole : chrétiens. Les arcosoles, assez fréquents au iir siècle, sont des tombeaux taillés en forme de sarcoune niche voûtée. Les cryptes, eu*

'. sont des chambres d’ordinaire de forme rectan lire avec (1rs tombeaux appartenant a une famille

dation funéraire ; quelquefois elles de i nt de '.rai. 's chapelles, quand elles renferment un tombeau de martyr. Corridors, arcosoles, cryptes sont i / souvent ornés de peintures.

Wonumenti <irtin arti ci imitlve netia me 1 Ron e, I hi, op. cit., t. i,

p. l’Zû-128 ; Kraus, Heut-Encyctupudie, t. ii, p. 98 13C ; etc.

2. Les basiliques.

Il est aujourd’hui certain qu’en dehors des lieux de réunion dans les maisons privées et dans les cryptes souterraines, les chrétiens avaient à leur disposition des églises publiques, même avant Constantin. Voir Kirsch, Die christl. Kultusgebànde in dervorkonstantinisclien Zeit, dans Elises, Fetschrift z. 1 100 jii/tr. Jubil. d.deutsch Campo santo in Rom, Fribourgen-Brisgau, 1897. Après l'édit de Milan, les constructions chrétiennes devinrent plus nombreuses : elles présentent généralement le type de la basilique dite constanlinienne. La forme centrale, ronde ou polygonale, domine dans les mausolées et les baptistères. Comme cette partie de l’art chrétien est sans grande importance pour la théologie, nous renvoyons le lecteur aux livres d’architecture chrétienne.

La sculpture.

1. La sculpture chrétienne est

moins ancienne que la peinture : elle ne date, pour ainsi dire, que de l'époque de la paix. Plusieurs raisons expliquent ce retard ainsi que la rareté des monuments avant Constantin. Les artistes chrétiens tirent d’abord défaut. Ensuite les monuments plastiques, dont le prix est élevé en raison de la difficulté du travail, se conservent moins facilement. Exposées au dehors, ces sculptures pouvaient enfin devenir une occasion d’idolâtrie ou, du moins, un danger de profanation religieuse ou de persécution de la part des païens. Avec la paix de l'Église sous Constantin, cet art prend son essor et arrive à son plus grand développement dans la seconde moitié du iv c siècle, à Rome et en Italie, et un peu plus tard dans les provinces. La chute de l’empire entraîne l’abandon de la sculpture, qui au VIe siècle, n’existe pour ainsi dire plus. La sculpture chrétienne commence au moment où l’art profane tombe en décadence. Les artistes, tout en continuant tant bien que mal la tradition de l’antiquité, se font généralement remarquer par l’absence de talent, le manque de sens plastique et le peu d’intelligence de l’art classique.

2. La statuaire.

L’existence de la statuaire nous est attestée par des écrivains tels qu’Eusèbe, II. E., IX, 9, 10, 11, /'. (', ., t. xx, col. 824, 833, 837 ; Vita Const., i, 40 ;

m, 49, ibid., col. 953, 1109,

etc. La série des rares monu ments encore existants s’ouvre

par la célèbre statue du Bon

Pasteur (fig. 20) au Latran, qui remonte au commencement du

me siècle, et non à la renaissance constantinienne. Kraus,

op. cit., t. i, p. 227 sq., contre Pératé, op. cit., p. 289. Il

existe d’autres statuettes analogues dont plusieurs sont

passablement mutilées, toutes

inférieures en valeur artisti que. Kraus, op. cit., t. i, p. 228, 229. Sur les types, voir de

Rossi, Bullelt., 1887, p. 136

sq. Puis vient la statue de

saint Hippolyte, vrai chef d'œuvre du III° siècle, certainement d’origine chrétienne.

On l’a trouvée, en 1551, tout

près du cimetière du saint ;

récemment elle a été médio crement restaurée. Kraus, op.

nt., t. i, p. 230, et Real-Encyclopâdie < ! <>' christl. Altertûmer, t. i. p. 659-665. Enfin, à la basilique vaticane, la statue

en bronze de saint Pierre qui

est du v siècle, Grisar, S. J.

Home, 1899.

ûarrucci, Storia delFarte, t. vi.

20. — Statue du Bon Pas teur au musée de Latran,

d’après II. Marucchi, / lé ments d’archéologie i I

tienne. Paris, 19l>0, t. I,

Mutions générales, p. 330.

Analecta roniana, c. XV,