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ART CHRETIEN PRIMITIF


/II. rapports avec l’art PROFANE. — Ces rapports ont été exagérés. Il est aussi inexact de dire que l’art chrétien a découvert un style propre etdes formes absolument nouvelles, que de dire qu’il a emprunté tout, le fond et la forme, à l’art profane, ainsi que l’ont fait Raoul-Rochette dans Trois mémoires sur les antiquités chrétiennes des catacombes, dans les Mém. de l’Acad. îles inscr., etc., Paris, 1838-1839, et Hasenclever, Der altchristliche Grûberschmuck, Brunswick, 1886, qui va jusqu’à nierle symbolisme dans l’art chrétien. L’art chrétien, ayantlamème techniqueque l’art profane, dont il est né, a la même histoire. Plus d’une fois, surtout dans les premiers siècles, les chrétiens ont dû se servir d’artistes païens, ou de monuments fabriqués dans leurs ateliers. Le christianisme avait bien ses idées propres, mais, pour les rendre intelligibles, il fallait leur donner une forme, et cette forme générale, ainsi que le système de décoration, ont été empuntés à l’art profane. On. retrouve même assez souvent dans le système général de la composition des monuments chrétiens des analogies frappantes entre les deux arts. — Quant aux sujets eux-mêmes, il y en a parfois qui sont indifférents et qui n’ont un caractère chrétien qu’en raison du lieu où ils se trouvent, ou bien % i ; tàce à la présence accidentelle de quelque signe d’une signification incontestable, l’ancre, le chrisme » , etc. Ailleurs, dit M. Prost, on emprunte des images à l’art ancien comme ornement purement décoratif, soit comme expression traditionnelle de certains sujets : les personnifications du ciel, de la mer, des saisons, etc., soit à titre de symboles d’une signification convenue qui ne compromettaient aucune des croyances nouvelles ou qui s’y adaptaient : les génies funéraires avec leur torche renversée, les griffons, etc., soit enfin en leur accordant une signification allégorique spéciale, conforme aux doctrines de la nouvelle loi : Orphée, etc. Quelques sujets, purement mythologiques, se rencontrent très rarement dans la deuxième et la troisième période. Quoi qu’il en soit, qu’il y ait emprunts ou simples analogies, il est certain que l’art chrétien a des caractères, une inspiration, un swnbolisme qui lui sont propres.

De Rossi, toc. cit. ; V. Schultze, Archâolugische Studien, Vienne, 1880, p. 1 srj. ; Id., Die Katakomben, Leipzig, 1882 ; A. Prost, dans la Revue archéologique, 1887, t. i, p. 329-844 ; Kraus, Geschichte der christl. Kunst, t. i, p. G5-7fi, 212-223 ; Piper, Mythologie d. christl. Kunst, Weimar, 1846 ; Vincenzo Strazzula, dans la Romische Quartalschrift, 18’J7, t. xi, p. 507-529 ; Aube, dans la Revue des Deux Mondes, t. L VIII, 1833 ; Jul. von -ser.dans VAllgemeine Zeitung, Beilage, n°’248, 249, 300 ; Marignan, Études d’iconographie religieuse, Paris, 1889 ; etc.

tv. SOURCES ; movens d’interprétation. — 1° Décoration. — Les artistes chrétiens ont profité des lieux communs de décoration profane. Ainsi les motifs d’architecture, des vues de perspective, des petits paysages, des lignes ornementales, des oiseaux, des vases, des llturs, des fruils. des guirlandes, des animaux fabuleux, in un mot. les éléments d’une ornementation tout à fait innocente se retrouvent aussi bien dans les catæombes <i’"' dan - les ruines de Pompéi.

Sujets représentés.

Sur ce point l’artiste chrétien

n’a pa clusif. Il a cherché son inspiration : t. Dans

{’Ecriture sainte. Tantôt il l’interprété librement. Les

additions ou abréviations qu’il introduit dans les sujets

bibliques, sont dues à l’initiative personnelle, ou à des

rémin de l’art profane ri de l’atelier. Tantôt il

il, i l’Ecriture sniis la forme dans laquelle elle

mployée dans les prières pour les morts, dans

les liturgies funéraires. Telle est au moins la théorie

particulière de m. i.e Blant, Etude sur tes sarcophages

d’Arles, l’an- (1878), Introduction, p. xxi-xxxix. Cette

vie a l’inconvénient d’être insuffisante : les Bujets

différents y ont ions la même signification ; et il y en

a d’autn i iii, rentrent pas. Tantôl l’artiste profite

de l’Écriture telle qu’il la trouve dans la prédication

orale, Kraus, Real-Encyclopàdie, l. ii, p. Il ; Steinmann, Die tiluli unddie kirchl. Wandmalerei, Leipzig, 1892, p. 72 sq. ; M. Schmid, Die Darstellung der Geburt Christi, Stuttgart, 1890, p. 128 sq. ; et dans les écrits des Pères. — 2. Dans les livres apocryphes, en particulier dans les évangiles. Depuis Constantin, on emprunte à cette source un certain nombre de traits.et de détails qui font bien dans le tableau, par exemple le bœuf et l’âne à la crèche, Marie puisant de l’eau au moment de l’annonciation. Ces détails intéressants répondaient aux exigences populaires mieux que les sobres récits des Évangiles canoniques. De Waal, dans la Rôm. Quartalschrift, t. I (1887), p. 173 sq., 272 sq., 391 sq. ; Nuovo bullett. d’arch. crist., t. m (1897), p. 103 sq. ; t. xv (1899), p. 137 sq. — 3. Dans les représentations religieuses de l’art profane auxquelles on donnait une signification chrétienne. Voir plus haut. — 4. Dans certains faits de la vie réelle. Voir plus loin. — La détermination des sujets ainsi faite, il reste à en pénétrer le sens. Pour cela, il faut recourir aux auteurs ecclésiastiques, aux actes des martyrs, et aux poètes chrétiens, Ficker, Bedeutung der altcltr. Dichtungen fur die Bildwerke, Leipzig, 1885 ; en tenant compte du temps et du lieu ; à l’archéologie classique ; aux inscriptions funéraires ; à ce qu’on appelle « le contexte » des monuments.

Muntz, Sources de l’archéologie chrétienne, dans les Mélanges d’archéol. et d’histoire, Rome, 1888 ; Le Blant, Étude sur les sarcophages d’Arles, Paris, 1878, Introd., p. vu sq., et Revue archéol-, 1879, p. 223 sq., 576 sq. ; Kraus, op. cit., t. i, p. 65 sq.

Composition de l’ensemble.

Elle a été faite souvent

sous la surveillance de l’autorité ecclésiastique. Cela a dû être le cas pour les grands cycles, peut-être même pour certaines représentations isolées. D’autres fois, l’artiste s’est livré à son inspiration et a suivi moins une idée d’ensemble qu’une idée particulière pour chaque scène. Tantôt il a usé d’une grande liberté d’interprétation personnelle selon que la place et l’agencement matériel des scènes l’exigeaient, tantôt il a reproduit plus ou moins systématiquement des modèles courants où la maladresse et la lourdeur de l’ouvrier sont plus visibles que l’idée même de l’artiste.

v. l’art et l’église. — Les réformateurs du xvp siècle, et à leur suite différents auteurs modernes ont prétendu que l’Église primitive eut en horreur l’art et la civilisation antiques, jusqu’au règne de Constantin où des éléments païens pénétrèrent dans le christianisme. Ce reproche est sans fondement, comme nous le démontrent les nombreux monuments qui ont été’découverts dans les cinquante dernières années et dont quelques-uns remontent aux deux premiers siècles de l’ère chrétienne. Sorti du judaïsme, le christianisme pouvait pour des raisons d’opportunité partager quelque peu la réserve imposée par l’ancienne loi, Exod., xx. 4 ; Deut., iv, 16, 23, 2°> ; v, 8, au sujet de certaines reproductions plastiques. Mais les juifs eux-mêmes n’étaient pas entièrement étrangers à toute idée artistique et les chrétiens ne devaient pas tarder à rompre définitivement avec la synagogue et ses observances. Il y eut sans doute quelques particuliers peu favorables à l’art, par exemple Tertullien, le sombre montaniste, De idol., c. iii, viii, /’. I… t. i, col. 664-665, 669-671 ; l’historien Eusèbe, l’ami des ariens, II. E., vii, 18, /’. C. t. xx, col. 680 ; saint Épiphane, Epist. ail Joa. Uieros., 9, /’’'. i.xi.iii, col. 890-392, etc. Mais ce ne sont que des exceptions. Un très grand nombre de témoignages attestent que l’Église était bien loin de partager ces exagérations occasionnées par certaines préoccupations dogmatiques. Le fameux canon d’Elvire, porté en l’an 300, selon Mo’Duchesne, Mélanges Renier, 1886, p. 159-174 :

., 1 fuel unis in eeilrsia evse nnii ili’herc. ne i/itnd CO liiur et adoratur, in parietibus depingatur, a été diversement expliqué Li uns le regardent comme une dé-