Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.2.djvu/249

Cette page n’a pas encore été corrigée
4993
1991
ARSÈNE AUTORIANOS — ARSÈNE


tion de réconciliation l’abandon pur et simple du trône impérial. Michel Paléologue trouva naturellement la pénitence trop forte, et, après deux années de pourparlers, il fit déposer Arsène à la fin de mai de 1264. Relégué au couvent de Saint-Nicolas, dans l’île de Proconnèse, le patriarche détrôné y mourut en 1273.

Arsène a peu écrit. Citons pourtant : 1° son Testament, précieux monument historique de cette période agitée, P. G., t. cxl, col. 947-958. 2° Le patriarche Nicéphore Il († 1261) lui attribue la composition d’une partie du rituel de l’extrême-onction, P. G., t. cxl, col. 808. Cf. Échos d’Orient, 1899, t. il, p. 197. L’Euchologe grec contient, en effet, un canon dont l’acrostiche trahit l’œuvre d’Arsène. 3° Une Synopsis canonum, écrite en L255 et publiée par G. Voèl et H..lustel, Bibliolheca juris canonici veteris, in-fol., Paris, 1661, t. ii, p. 749784, est attribuée par les éditeurs à notre patriarche, mais à tort. L’auteur de ce recueil est un Arsène, « moine de la Sainte-Montagne, » c’est-à-dire de l’Athos, Corinne le porte la suscription, indication qui ne concorde pas avec ce que nous savons par ailleurs de la vie de notre Arsène. 4° Par contre, nous avons de lui bon nombre de bulles. On en trouvera l’énumération dans l’ouvrage cité plus haut d’A. Miliarakis, p. 571576. 5° Les éditeurs de la Patrologie font honneur à Arsène d’un petit poème anacréontique sur le dimanche de Pâques. P. G., t. cxl, col. 937-940. Il est difficile, pour qui connaît l’instruction un peu rudimentaire du patriarche, d’admettre cette attribution. 6° Le ms. 7 de la bibliothèque Lincoln à Oxford contient le traité suivant d’Arsène, encore inédit : Aôyoi ; nip toû ttote xa êtâ Ti’vtov t| tti ; ’Pcouï ;  ; iléns.<rv âxxXv)<rta. Incipit : IlScra ypaçT| ŒôitveviTToç. Cf. A. K.Démétrakopoulos, ’OpOôSoÇo ; l EXiç, in-8°, Leipzig, 1872, p. 46.

IL Schisme des arsénistes. — L’exil d’Arsène avait créé des divisions qui prirent, à sa mort, les proportions d’un véritable schisme, car l’exilé avait eu soin de renouveler dans son testament l’analhème contre l’empereur et ses partisans. Les patriarches se succédaient — il y en eul quatre en dix ans — sans réussir à calmer la fiireur des arsénistes et des joséphistes : les grands, le peuple, les mendiants, les moines, les brigands même, étaient partagés — tous ne savaient pas pourquoi — entre les deux factions. Les joséphistes représentaient le parti de la cour et du clergé officiel : le 2 février 1267, le patriarche Joseph (1 er janv. 1267- mai 1275 ; 31 déc. 1282 -mars 1283) avait absous l’empereur, crime impardonnable aux yeux des arsénistes, fanatiques intranets. La mort de Michel VIII (1282), suivie bientôt de celle dcloseph (1283), laissa le champ libreaux arsénistes : ils en profitèrent pour réclamer au nouvel émir, Andronic II, des églises et l’épuration du clergé coupable de complaisance pour l’union avec Rome, i lit la majorité du haut clergé. L’empereur accorda tout, et le concile des Blachernes (Pâques 1283), présidé par le patriarche Grégoire de Chypre (Il avril 1283-juin . proscrivit sans pitié les partisans de l’union. Ces violi’uffirent pas à apaiser la discorde entre

phistes et arsénistes. Il fallut les réunir en colloque Iramyttion (Asie Mineure). L’empereur présidait ; les arsénistes rédigi rent leur profession de foi et sommèrenl les joséphistes d’en faire autant ; puis, s’en remettant au jugement de Dieu, les deux partis dépo nl 1rs cédules sur un brasier ; le feu respecterait la bonne cédule. Elles furent consumées toutes deux (8 avril Les deux partis, très penauds, promirent alors de ivre en paix.

Quelques moisaprès, nouvelle brouille, suivie de l’excommunication lancée parle patriarche contre les récalcitrants. Pour calmer ceux-ci, on leur permet de ramener en grande pompe à Constantinople le corps 1284), que l’on ensevelit d’abord à Sainteni monastère de Saint André m Criai.

Cela fait, ils réclament l’abdication du patriarche Grégoire. Grégoire se relire, laissant la place à Athanase I «  (14 oct. 128$1-$26 oct. 1293). Homme d’une impitoyable rigueur, le nouveau patriarche ameute tout le monde contre lui. Jean XII (Cosmas) qui lui succède (janv. 1294 -23 août 1303) donne à son tour sa démission sans avoir rien obtenu. Athanase revient (1303-1311) et se montre moins sévère. L’empereur estime l’occasion favorable pour réunir une nouvelle conférence (1306) : elle échoue complètement. Par bonheur, les arsénistes se morcellent en deux partis ; les intransigeants ont pour chef Hyacinthe, les modérés Jean Tarchaniote. On profite de cette division pour combler les modérés de faveurs : ils reçoivent les meilleures places dans l’Eglise comme dans l’État. Le patriarche Niphon (13111315) travaille à la réconciliation. Il y réussit, en donnant à tous l’absolution au nom d’Arsène (Il avril 1315), dont le corps est ramené de Saint-Andréa Sainte-Sophie. Ceux des récalcitrants dont cet innocent stratagème n’a pu vaincre l’obstination vont grossir de leur nombre d’autres sectes existantes ; mais il n’est plus question des arsénistes.

S’jvo^i ; ypovtxri, écrite par un ami d’Arsène et publiée par K. N. Sathas, Meuatoivexo ; BiëXioO>ïxï), Venise, 1894, t. vii, p. 1-556 ; Nicéphore Blemmydes, Ai^-f-r^iç j.£.pi’/.r {, éditée par A. Heisenberg, Nicephori Blemmxjdx curriculum t’if.r et Opuscula, in-8°, Leipzig, 1896, p. 1-92 ; le moine Méthode, De schismate vitando, opuscule publié par A. Mai, Script, vet., t. iii, p. 240 ; P. G., t. exi, col. 780-806. Parmi les chroniqueurs byzantins, on consultera surtout deux témoins oculaires : P. G., t. cit., col. 909-1220, et Georges Pachymeres, P. G., t. cxliii, col. 407 sq. ; t. CXLIV, col. 1-930.

L. Petit.

    1. ARSÈNE Matziévitch naquit##


2. ARSÈNE Matziévitch naquit, en 1697, d’un prêtre marié à Vladimir de Volhynie. Il fit ses humanités en Pologne, et en 1715 commença ses études théologiques à l’académie de Kiev. L’année suivante, il s’enferma au monastère de la Transfiguration à Novgorod, d’où il sortit en 1718 pour reprendre ses cours de théologie à Kiev, jusqu’en 1723. Le saint-synode, en 1730, l’envoya comme missionnaire à Tobolsk, et en 1741 le nomma métropolite de la Sibérie. Nous le rencontrons à Rostov en 1742, et c’est ici qu’il engagea une lutte acharnée avec le raskol. En 1763, lorsque Catherine II corn rit le projet de supprimer les biens ecclésiastiques, et d’en centraliser les revenus entre les mains d’une commission placée sous la surveillance du saint-synode, le métropolite de Rostov prit avec beaucoup de vigueur la détense des droits de l’Église russe. Il adressa au saint-synode une très énergique protestation, qui lui valut de la part de l’impératrice l’exil en Sibérie. Renfermé dans un étroit cachot de la forteresse de Revel, le courageux prélat ne fléchit point, et mourut saintement le 28 février 1772.

Le métropolite Arsène est l’auteur de plusieurs ouvrages fort prisés par les théologiens russes. On lui doit une Exhortationa l’higoumène Josaphal partisandu schisme, 1734, et uni 1 Réponse détaillée aux questions posées parles raskolniks russes, 1745. En général, le métropolite Arsène néglige do répondre par de bonnes raisons théologiques aux objections de ses adversaires : bien souvent il se borne à traiter do rêves leurs doctrines, et à dire que ceux qui se séparent de l’Eglise se privent volontairement des moyens de salut. Los deux écrits d’Arsène ont paru dans l’Interlocuteur orthodoxe [Pravoslavnyi Sobésiednik), revue do l’académie de Ka/an, 1861, t. iii, p. 184-204, 295, 349, 413. Il écrivit aussi une Réponse d un pamphlet luthérien intitulé le Marteau de l’Église russe. Los luth, rions attaquaient la Pierre de la foi(Kamène viéry), ouvrage dû à la plume du célèbre Etienne [avorskii, qui, au commencement du xviii’siooio. fut en Russie l’initiateur d’une écolo théologique favorable au Catholicisme, Dans leur pamphlet anonyme, les protestants reprochaient aux popes russes leur ivrognerie, et les traitaient d’hypocrites qui faisaient