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ARNO

ARNOBE LE JEUNE

1986

consummata, non transierit ; ac proinde nec latria ei, quai soli Deo debetur, sed potins dulia sit exhibenda. P. L., t. cxciv, col. 1533. Arno combat ces erreurs, pires que celles de Nestorius ; il prouve l’union des deux natures divine et humaine, en Jésus-Christ, et la possibilité de cette union tant du côté de la nature divine que de la nature humaine. Jésus-Christ, Dieu et Fils de Dieu, est égal à son Père en puissance et en gloire. Cette gloire, voilée pendant l’enfance et la vie terrestre de Jésus, est complète et plénière dans le ciel. A ce sujet, Arno se raille des « enfants » , qui s’imaginent que le Christ siège corporaliter au ciel. Il prétend que ascendit illocaliter ad divinilatis conformitatem atque coæternilatem ; la droite du Père n’est pas un lieu, et le ciel, où Jésus-Christ habite, est cœlum intellectivum. L’ascension de Jésus signifie qu’il est noslrse beati/icationis lemplum sive domus, nostrse beatitudinis cselum atque paradisus. L’humanité de Jésus mérite le culte de latrie. Arno s'écarte parfois des sentiments de Pierre Lombard et de Hugues de Saint-Victor ; il cite saint Bernard et Rupert, abbé de Deutz.

D. CeiUier, Histoire des auteurs ecclésiastiques, Paris, 1863, i. xiv, p. 033, P. L., t. CXC1V, col. 1489-1492 ; Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée, t. m ; Allgemeine Deutsche Biographie, Leipzig, 1875, t. I, p. 578 ; A. Potthast, Bibliotheca medii, rci, Berlin, 1896, t. I, p. 118 ; Chronic. Reicherspergense, dans Monumenta Germanise, Scriptores, t. XVII, p. 490 sq., 501 ; Realencyklopàdie fur protest. Théologie und Kirche, 3e édit., Leipzig, 1896, t. ii, p. 106-107.

E. DUBLANCIIY.

    1. ARNOBE L’ANCIEN##


1. ARNOBE L’ANCIEN, rhéteur païen et l’un des apologistes chrétiens du ive siècle, naquit à Sicca, ville de l’Afrique proconsulaire. Il y enseigna la rhétorique, vers la fin du iiie siècle, avec beaucoup d'éclat et, devenu chrétien, se signala par son ardeur à défendre sa foi nouvelle. D’après saint Jérôme, Chron., P. L., t. XXVII, col. 675-676, ce fut un songe qui détermina la conversion d’Arnobe. Quoi qu’il en soit, l'évêque de Sicca, par une prudence trop justifiée en Afrique, hésitait, maigri les prières du converti, à le recevoir dans l'Église. Pour mériter cet honneur et sur la demande peut-être de l'évêque, Arnobe n’hésita pas à publier ses sept livres contre les païens, Adversus gentes, P. L., t. v, col. 7131290 ; il avait apparemment choisi pour point de mire li livre assez récent du néoplatonicien Cornélius Labéon. Nul doute que l’Adrcrsus gentes ne remonte aux dix premières années du ive siècle. L’auteur, en effet, y parle, 1. IV, c. xxxvi, P. L., t. v, col. 1075, des livres jetés au feu ; allusion manifeste à la persécution I - Dioclétien. La date approximative du christianisme, lequel comptait, selon l’auteur, 1. I, c. xiii, ibid., col. 735, trois cents ans, nous conduit à la même époque. Du

reste, or sait rien de la vie d’Arnobe ; saint Jérôme,

loc. cit., le fait mourir en 327.

Le vaste ouvrage d’Arnobe est à la fois une apologie de la religion chrétienne et une attaque passionnée contre le polythéisme, sous la forme de l’anthropolatrie. Dana les deux premiers livres, le rhéteur de Sicca, marchanl sur les traces de saint Cyprien et reprenant la thèse de l’opuscule Ad Demetrianum, réfute la vieille calomnie des païens, que le christianisme était responde tous les malheurs d l’empire. Le IIP, le IV' cl le livres, qui forment un loul bien lié, prennent direent à partie le polythéisme gréco-romain ; ils en font irtir d’abord l’absurdité, puis l’immoralité. Imposremarquer, dans les derniers chapitres du V livre, c. XXXII-XLV, la critique incisive et mordante rie -mi lesquelles stoïciens et néoplatoniciens 'évertuaient a voiler fiscandale des mtlies et a idéaliser l’ancien les livres VI » et VIIe, Arnobe flagelle

Impitoyablement les cultes polythéistes et venge les chrétien di ! iccu ation d’impiété que provoquait contre eux hur manque de temples, de sacrifices et d’idoles.

DICT. DE TIIÉOL. CATIIOL.

Mais, autant les coups portés aux superstitions païennes sont habiles et vigoureux, autant l’apologie du christianisme fourmille de lacunes et d’erreurs. On comprend aisément que l'écrivain ne fût pas très au courant d’une doctrine qu’il venait à peine d’embrasser. Ainsi, loin de ranger les dieux du paganisme, supposé qu’ils existent, parmi les esprits infernaux, Arnobe en fait, avec les néo-platoniciens, des puissances célestes et comme des dieux secondaires ; de sorte que, pour leur opposer le Dieu des chrétiens, Dieu le Père, il le nomme toujours le premier des dieux ou le Dieu suprême, deus princeps, deus siunmus. Plus d’une fois, notamment 1. II, c. lx, P. L., t. v, col. 906, il affirme bien haut la divinité de Jésus-Christ ; il s’avise néanmoins de le subordonner au Dieu suprême, comme un être inférieur, et tient qu’au lieu de s’incarner, 4e Christ a revêtu seulement et porté sur lui notre humanité, 1. 1, c. lxii, ibid., col. 802. L'âme de l’homme est, à ses ' yeux, quelque chose d’intermédiaire, anceps, médise qualilalis ; elle a pour auteur, non pas le Dieu suprême, mais un des princes de sa cour, un ange et peut-être du plus haut rang et, sans être immortelle de sa nature, elle peut obtenir de Dieu le don d’une longévité indéfinie, 1. II, c. xjx sq., col. 832 sq.

Avec une teinture si légère et si vague de la théologie chrétienne, Arnobe n’a pu échapper, dans la partie dogmatique de son ouvrage, à l’imprécision et à l’obscurité. La prolixité souvent fatigante du rhéteur africain, la recherche outrée du style, la pompe et l’accumulation des épithètes et des synonymes, tout concourt à épaissir les nuages et à justifier l’arrêt de saint Jérôme : Arnobius insequalis et nimius, et absque operis sui paiiitionc confusus. Epist., lviii, ad Paulinum, 10, P.L., t. xxii, col. 585.

L'érudit Arnobe a trop excité l’intérêt des philologues modernes, pour que l' Adversus gentes n’ait pas eu nombre d'éditions. La première édition est celle de Faustus Sabæus Brixianus, in-fol.. Rome, 1513 ; la plus récente, celle de Reifferscheid, Vienne, 1875.

Le Nourry, Dissert, prwia, P. L., t. v, cnl. 363-714 ; Orelli, ibid., col. 1291-1996 ; Kettner, Cornélius Labco, ein Beitrag zur Quellenkritik des Arnob., Naumbourg, 1877 ; Leckelt, Ueber des Arnobius Schrift, a Adversus nationes » (Progr.), Neisse, 1884 ; Freppel, Conunodieu, Arnobe, etc., Paris, 1893, p. 28-ë3 ; Rohricht, De Clémente Alexandrino Arnobii in irrideudo gentilium cultu deorum auctore, Hambourg, 1893 ; Die Seelenlehre des Arnobius, Hambourg, 1893 ; Bardenhewer, Les Pères de l'Église, etc., trad. franc., 1. 1, p. 360-364 ; A. lïbert, Hist. gén. de la littérature du moyen âge en Occident, trad. franc., t. I, p. 7483 ; Khrhard, Die ait christ. Litteratur, 1900, p. 481-484 ; Monceaux, Hist. lit. de l’Afrique chrét., Paris, 19U5, t. iii, p. 241-286.

P. GODET.

    1. ARNOBE LE JEUNE##


2. ARNOBE LE JEUNE, ainsi surnommé pour le distinguer d’Arnobe de Sicca, était évéque ou prêtre dans la Gaule, vers le milieu du Ve siècle ; c’est tout ce qu’on sait de lui. Il a écrit sur les Psaumes un ample commentaire, P. L., t. Lin, col. 327-570, dans lequel il s’attache au sens mystique et moral, et laisse fréquemment percer le 'plus pur semi-pélagianisme. Mais rien ne nous autorise à lui attribuer le recueil informe de scolies, intitulé Adnotationes ad qusedam evangeliorum loca, P. L., t. UH, col. 569-580, et découvert à liàle m 1543 par Gilbert Cousin ; ce recueil très probablement est de date anté-constantinienne, (in ne saurait non plus admettre, avec Bellarmin, Feuardent, Le Mire, Cave, l’authenticité du Conflictus Arnobii catholici cum Serapione ASgyptio, P.L., t. i.iii, col. 239-322. Méchante relation d’une assez, piètre conférence théologique qu’auraient tenue, en présence de deux arbitres, Arnobe et Sérapion et qui, deux jours durant, aurait roule sur toute la dogmatique en général, mais spécialement sur

la grosse question du monophysia pour aboutir à la

pleine victoire de l’orthodoxie. I. 'attachement naïf et passionné de l auteur à la doctrine de saint Augustin

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