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ARNAULD


celle de la théologie. El c’est Missi « or le conseil de Saint-Cyrao que 1 1 lève i n lli oloj ie lui saint Augustin beaucoup plus que le* ' miei ! ' ïea I"'" 1 ' Sorbonne. Le mattri ofllcieui rit ses vœux comblés : les thèses de la tentative qui valul à Antoine Arnauld le ilauréat en théologie, en 1636, formaient une manière il.1 avant la lettre [l’Augustinus de Jansénius parut en 1640. Tandis qu’il préparait sa licence et alors que Saint-Cyran était enfermé ; i la Bastille par l’ordre de Richelieu, en 1038, le jeune théoli sr mil plus étroitement encore sous la direction spirituelle de l’austère abbé. Ce fut sans doute ce qui empêcha le cardinal de sanctionner son admission dans la maison et société de Sorbonne, où il ne put entrer qu’après la mort du grand ministre, en l*ï V3. Antoine axait été reçu docteur, non sans éclat, dés 1641 ; et, la même année, il s'était fait ordonner prêtre.

L’occasion se présenta bientôt, et il la saisit avec ardeur, d’affirmer bruyamment les doctrines de son directeur et de prendre contact avec les adversaires qu’il com1j.iI I ra sans trêve jusqu'à son dernier jour. A un écrit de Saint-Cyran contre la communion fréquente, qu’on se passait de main en main dans le monde faisant profession de piété, le P. de Sesmaisons, jésuite, avait opposé une instruction en sens différent, qui circulait de nu nie. Inaugurant hardiment la méthode, qui réussira si bien au jansénisme, de porter devant le grand public les controverses même les plus épineuses, les plus délicates, Arnauld attaqua l'écrit du directeur jésuite avec un gros in-4° intitulé : De la fréquente communion : Où les sentiments des Pères, des papes et des conciles, touchant l’usage des sacrements de pénitence et d’eucharistie sont fidèlement exposés, Paris, 16't3. Ce livre lit grande sensation : sans parler de l’attrait qu’il tenait de son caractère polémique, il séduisait les lecteurs sérieux par le zèle affiché à chaque page pour l’antique discipline, pour la pureté' primitive du christianisme ; et les autres par l’agrément, austère encore, mais très réel, d’une langue qu’on n'était pas accoutumé à entendre parler aux théologiens. Vivement combattu, néanmoins, et de divers cotés, l’ouvrage ne fut pas expressément censuré à Rome ; mais le pape Alexandre VIII a condamné trois propositions qu’on y retrouve à peu près textuellement et qui en résument les doctrines fondamentales. Ce sont la 18e, la 22e et la 23, ; des 31 proscrites le 7 décembre 1690 : Comuetudo moderna quoad administralionem sacramenti pœnitentiæ, ctiamsi eam plurimorum hominum sustentet auctoritas et multi temporis diuturnitas confimiet, nihilominus ab Ecclesia non habeturpro usa sedabusu. — Sacriler/i siott judicandi, qui jus ad communionem percipievdani prætendunt, antequam condignam de delictis suis pmnitentiam egerint. — SimUiter arcendi sunt a sacra communione, guibus nondum inest anior Dei purissimu » et omnis mixtionii expers. Saint Vincent de Paul a constati' et déploré en termes très forts la diminution considérable dans l’usage des sacrements, produite par la lecture du livre Dr la fréquente communion délires du 25 juin et du Ht septembre 1648). Plus près de nous, saint Alphonse de Liguori n’a pas craint d'écrire : a Tenez-vousen garde contre Antoine Arnauld, qui f.iii étalage de sainteté el semble ne chercher que pureté et perfection pour s’approcher de la communion,

tandis qu’il n’a d’autre intention que d'éloigner les Bdèles de ce sacrement, l’unique soutien de notre faiblesse. > Tannoja, Mémoires sur saint.1 Iphonse, trad. franc., l’a ris. 1842, t. ii, p. 197. Que, iln reste. Arnauld ait explicitement visé ce but ou non, certainement la rigueur outrée des conditions, qu’il exigeait pour la réception des ments de pénitence et d’eucharistie, ne pouvait qu'éloigner les fidèles de ces sources de la grâce, aussi, quoi que I "n pense de la réalité du i projet de Bourgfontaine. c’est-à-dire du plan qui aurait été concerté entre J

Saint-Cyran et Antoine Arnauld, pour établir le n les ruines du chii~ti.ciiismr.iir.nit ! naître que l’oeuvre de ces trois nouveaux réformateurs du dogme et de la morale tendait, par le fait, à rendre le christianisme intolérable et impossible pour la grande majorité des hommi -.

Kn même temps que paraissait le ti iilé De la frrquente communion, VA par

Urbain VIII liiîl. agitait de plus en plus les écoles théologiques. Le docteur Habert, théologal d futur évéque de Vabres, ayant cru devoir le combattre du haut de la chaire de Notre-Dame, Antoine Arnauld publia deux Apologies de M. ' où il --outint

notamment les thèses les plus sombres de d’Ypres contre la grâce sufli>ante et sur la réprobation positive (1613-1614). Ensuite, comme Nicolas syndic de la faculté' de théologie, travaillait à ! censurer cinq propositions qu’il avait extraites de ! guslinus et qui sont bien, comme le reconnaîtra Bossuet, la quintessence de ce livre, Arnauld publia Considérations sur cette entreprise qui, dit-il, est dirin réalité contre la doctrine de saint Augustin (I649). Puis vient une Apologie pour les saints Pérès de l'Église, défenseurs de la i/ie les urs qui leur sont - (1651), qui n’est qu’une nouvelle apologie de Jansénius. Cependant les cinq propositions, déférées au pape par les évêques de France, sont condamnées comme hérétiques par Innocent X, le 31 mai 1653 ; et cette condamnation est acceptél’assemblée du clergé de France, au mois de juillet suivant, et enregistrée en Sorbonne le 1° août. Les partisans de Jansénius, qui avaient fait les derniers ellorts pour sauver les cinq propositions, n’osent attaquer de front le jugement rendu, mais travaillent à le rendre illusoire par la fameuse distinction du fait et duV Le droit, c’est la censure d’une doctrine : on l’accepte ; le fait, c’est l’attribution de cette doctrine au livre de Jansénius : là-dessus on refuse son adhésion, sous texte que l'Église n’est pas infaillible dans les questions de fait. Arnauld soutint cette distinction dans ses Lettres à un duc et pair, écrites au sujet du refus d’absolution infligé par M. Picoté-, de Saint-Sulpice, au duc de ! court, à cause de ses liaisons avec les jansénistes il6551656), l 'eux propositions, tin es de la seconde de et dont l’une contenait cette distinction, furent défén la Sorbonne. qui les censura le 30 janvier 1656. Antoine Arnauld. ayant refusé de souscrire à la censure, fut exclu de la faculté de théologie. Cet incident fait le sujet des premières Lettres à un provincial. Ce n’est qu'à partir de la cinquième que Pascal, quittant la a nsure et l’exclusion d Arnauld et les questions de la grâce, se jeta sur la morale des jésuites, où il trouva SOU grand succès. Les deux dernières Provini 17 el 18 reviennent sur la distinction du fait et du droit Grâce à cet artifice, pire que toutes les subtilités de casuistique flagellées par le pamphlétaire janséniste, on continuait à lire sans scrupule le livre prosci I saint-siège ne pouvait laisser détruire ainsi tout l’effet île ses décisions : le 16 octobre 1656, Alexandre VU définit et déclara que les cinq propositions condan par Innocent X étaient extraites de I ; - de Jansénius et avaient été condamnées dans le sens e Buteur. Par une nouvelle constitution, donnée a la demande du cierge de France et du roi. le 15 février 1665, le même pape prescrirait un formulaire s signer par les ecclésiastiques et condamnant les cinq propositions dans le -eus de Jansénius. l’n édit royal, en date du J'.i avril 1665, enjoignit la signature à toutes I, a -unes ecclésiastiques et religieuses, même aux « moniales » . Le monastère de Port-Royal des Champs, peuplé el gouverne par les sœurs et les nièces d’An Arnauld, était, depuis le temps île Saint-Cyran, comme la citadelle du jansénisme. Invitées à signere formule