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ARNAUD DE VILLENEUVE — ARNAULD


qu’elle a morne pouvoir (ce qui semble une erreur dans la foi, car rien de créé ne peut être égalé à Dieu), — l’autre que l'àme du Christ, à peine unie à la divinité, eut toute la science de la divinité, sinon il n’y aurait pus eu dans le Christ unité de personne, la science appartenant au suppôt individuel et non à la nature (de ces paroles, dit la sentence de condamnation, magna duo dubia insurgunt, car elles attribuent à l'àme du Christ toute la science de la divinité et elles paraissent n’accorder au Christ qu’une science).

3. Le diable a fait dévier tout le peuple chrétien, il régne sur lui ; tous les chrétiens, par leur vie et leurs mœurs, ont renié le Christ ; leur foi est celle des démons, et tous vont en enfer (téméraire et erreur dans la foi).

4. Tous ceux qui vivent dans les cloîtres sont en dehors de la charité et se damnent, et tous les religieux falsifient la doctrine du Christ (téméraire et mensonge manifeste).

5. L'étude de la philosophie est condamnée et condamnés sont encore les docteurs théologiens qui ont mis de la philosophie dans leurs œuvres (téméraire et périlleux dans la foi).

6. La révélation faite à Cyrille est plus précieuse que toutes les saintes Écritures (erreur dans la foi).

7. 8, 9, 10, 11, 12. Une œuvre de miséricorde plaît davantage à Dieu que le sacrifice de l’autel (téméraire et erroné). Établir des chapellenies et faire célébrer des messes après sa mort n’est pas une œuvre de charité et n’est pas méritoire pour la vie éternelle (hérétique). Celui qui connaît des indigents, et emploie son superflu à foncier des chapellenies et des messes après sa mort, tombe dans la damnation éternelle (faux et téméraire, à moins que les indigents ne fussent dans une extrême nécessité). Le prêtre qui célèbre la messe, celui qui la fait célébrer, n’offrent rien à Dieu de ce qui leur appartient, pas même la volonté (faux et téméraire). L’aumône représente mieux que la messe la passion du Christ d’aux et erroné). Dans le sacrifice de la messe Dieu est loué' en paroles, non en acte (faux et erroné).

P5. Dans l’information relative aux béguins et dans les constitutions papales il n’y a de science que d’oeuvres humaines (téméraire, mensonger, et proche de l’erreur, car il y a beaucoup de choses sur les articles de foi et sur les sacrements de l'Église).

14. Dieu n’a jamais menacé de la damnation éternelle les pécheurs, mais seulement ceux qui donnent le mauvais exemple (erroné).

15. L’avènement de l’Antéchrist est prochain (téméraire et erroné, déjà quelques-unes des prédictions d’Arnaud ont été démenties par les faits).

La plupart de ces propositions sont l'écho plus ou moins exact d’erreurs antérieures ou contemporaines. La thèse sur la science du Christ reproduit, en l’aggravant, ce semble, l’enseignement d’Hugues de SaintVictor, dans le De sapientia animai Christi an sequalis çum divina fuerit, P. L., t. ci.xxvi, col. 815-856. De tout temps il y eut des esprits pour nier l’utilité de la philosophie et de toutes les sciences autres que la théologie. Les dires d’Arnaud sur l’Antéchrist, sur la pseudorévélation faite à Cyrille, et sur la corruption du christianisme le rattachent au joachimisme outré et en il te contre l'Église. La 13* proposition témoigne de nipatbies pour les béguins dont il prit la défense devant Clément V. De Guillaume de Saint-Amour qui, lui aussi, avait prédit la fin du monde à brève échéance, il a hérité l’hostilité contre les religieux. Par ses affirmations sur le sacrifice de la messe, il donne la main aux sectes diverses qui rabaissaient ou supprimaient haristie et le culte, et préludaient au protestantisme.

Nous ne savons si les doctrines théologiques d’Arnaud « le Villeneuve exercèrent une influence sérieuse. Toutefois, elli nient un contre-coup assez important

pour que deux dominicains d’Aragon n’aient pas jugé inutile de les réfuter, l’un, Pierre Maza, vers 1400, Je second, Sanchez Besaran, vers 1419. Cf. Quélif et Echard, Scriptores ordinis prædicatorum, Paris, 1719, t. i, p. 721, 771.

Sources anciennes. — Les œuvres d’Arnaud ont paru, en un volume in-folio, à Lyon en 1504, à Paris en 1509, a Venise en 1514, à Bàle en 1515, à Lyon en 1520 et 1532, à Baie en 1585. Mais ces éditions ne contiennent ni les œuvres théologiques ni tous les traités scientifiques. Sur toutes ces œuvres imprimées et inédites, cf. Hauréau, Histoire littéraire de la France, t. xxviii, p. 50-126, 487-490. Dans son Ensayo, M. Menéndez Pelayo a publié quelques-uns des textes théologiques, et réédité l’acte de condamnation des quinze propositions par l’inquisiteur Jean Llotger publié par J. Villanueva, Viage literario a las iglesias de Espafia, Madrid, 1851, t. xix, p. 321-328 (le résumé de Nicolas Eymeric, Directorium inquisitorum, éd. Pegna, Rome, 1578, p. 198-199, 225, est insuffisant et quelque peu inexact). On trouve dans Denifleet Châtelain, Chartularium universilalis Parisiensis, Paris, 1881, t. ii, sectio prior, p. 87-90. l’acte d’appel d’Arnaud à Boniface VIII, et, p. 86-87, 90, 155, le résumé de quelques documents inédits.

Travaux modernes. — M. Menéndez Pelayo, Arnaldn de Vilanova, médico catalan del siglo xiii, ensayo historico segicido de tres opuscolos inéditos de Arnaldo, Madrid, 1879 ; et Historia de los heterodoxos Espanoles, Madrid, 1880, t. 1 ; B. Hauréau, Histoire littéraire de la France, Paris, t. xxviii, p. 26-126, 487-490. Voir, pour l’indication des autres ouvrages beaucoup moins importants, U. Chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen âge. Bio-bibliographie, *col. 167-168, 2424-2425.

F. Vernf.t.

    1. ARNAUD MONTANERI##


5. ARNAUD MONTANERI, franciscain du milieu du XIVe siècle, né à Puix Cerdan, au diocèse d’Urgel, en Catalogne. On l’accusait de soutenir les quatre propositions suivantes : 1° Christum et apostolos nil habuisse nec in proprio née in communi ; 2° Qitod nullus possit damnari qui déferai habitum sancti Francisa ; 3° Quod sanctus Francisais semel in anno deseendat in purgatorium et exlrahat inde animas eorum qui sub suis militarunt institutis ; 4° Quod cjusordo durabit in perpétuant. L’inquisiteur Nicolas Rossclly exigeait une rétractation de ces erreurs ; mais le franciscain s’enfuit en Orient. Nicolas Eymerich, successeur de Rosselly, d’accord avec l'évêque d’Urgel, le condamna comme hérétique et le pape Grégoire XI, qui avait été consulté, ordonna à Armand, vicaire de l’ordre des frères mineurs, de faire amener le fugitif enchaîné aux tribunaux apostoliques. On ignore ce qu’il advint d’Arnaud Montaneri.

Eymerich, Directorium inquisitionis, part. ii, q. Xi ; Wading

Annales minorum, 2e édit., Rome, 1733, t. VIII, p. 245-247 ; Raynaldi, Annales eccles., an. 1370, xix, Lucques, 1752, t. VII, p. 240 : Kirchenlexikon, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1882, t. i, COl. 1423-1424.

E. Mangenot. ARNAULD Antoine, docteur de Sorbonne, le chef et l’oracle, durant cinquante ans, du parti janséniste, qui l’appela le « grand Arnauld » , naquit à Paris, le « février 1012. Il fut le dernier des ini ; i enfants d’Antoine Arnauld, avocat, et de Catherine Marion, fille d’un avocat général au Parlement de Paris. La famille Arnauld était originaire d’Auvergne, d’où l’aïeul du docteur était venu s'établir à Paris, environ l’an 1547. Cet aïeul appartint quelque temps au calvinisme, avec ses enfants. Antoine Arnauld le père brilla au ban-eau, mais se rendit fameux surtout par son plaidoyer virulent pour L’université de Paris contre les jésuites, en 1594.

Si le lils tenait ainsi, de ses origines mêmes, une Certaine

prédisposition à son rôle futur, bien plus décisive encore fut l’impulsion qu’il reçut du fameux Jean Duvergier de Hauranne, abbé de Saint-Cyran, l’ami infime de Jansénius et le premier apôtre des idées jansénistes m France. C’est à la suggestion de Saint-Cyran que Catherine Marion, qu’il dirigeait, engagea son plus jeune Bis a quitter l'étude 'lu droit, déjà commencée, pour