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1970
ARMINIUS


Ces deux écrits n’ont été imprimés qu’après la mort de leurauteur. Celui-ci pensait dès lors que la grâce divine est offerte à tous les hommes qui l’acceptent ou la rejettent volontairement. Son collègue, Pierre Plancius, le réfuta violemment. Il lui reprochait de s'écarter de la confession de foi et du catéchisme et il l’accusait de pélagianisme et de socinianisme. Uytenbogært et Tassin se rangèrent du côté d’Arminius, qui ne reconnaissait plus l’autorité des livres symboliques et refusait à l'État le droit de s’immiscer dans les questions ecclésiastiques. En 1603, malgré l’opposition de Gomar, Arminius fut nommé professeur à Leyde pour remplacer Junius, mort de la peste, l’année précédente, et il inaugura son enseignement par un discours De sacerdotio Christi, qui lui valut le titre de docteur en théologie. Lorsque Arminius commença, en 1604, à émettre publiquement ses idées sur la prédestination, Gomar, partisan acharné du calvinisme rigide, entreprit contre lui une polémique qui divisa en deux camps les réformés de Hollande. Arminius résuma sa doctrine en quelques thèses et s’efforça de prouver que Gomar faisait de Dieu l’auteur du péché et qu’il était manichéen. La discussion continuée de vive voix et par écrit, s’envenima de plus en plus. Les pasteurs en majorité et le peuple demeuraient fidèles au calvinisme ; quelques docteurs et les hauts fonctionnaires de l'État se rangeaient au parti d’Arminius. Les calvinistes voulaient réunir un synode dans lequel Arminius serait appelé à se disculper ; les États généraux refusèrent l’autorisation. Oldenbarneweldt fournit, en 1608, aux deux adversaires l’occasion de s’expliquer en présence du Conseil d'État. Celui-ci décida que la discussion ne touchait pas aux points principaux de la foi et que les deux partis devaient demeurer en paix. Gomar n’accepta pas cette décision. Les États généraux essayèrent de nouveau de réconcilier les deux théologiens et autorisèrent une conférence avec quatre pasteurs, au mois d’août 1609. Les débats se prolongèrent de vive voix et par écrit et furent interrompus par la mort d’Arminius, survenue le 19 octobre de cette année. Les écrits latins du professeur de Leyde furent réunis peu après par ses enfants ; ses œuvres complètes ne parurent que plus tard : I. Arminii opéra théologien, Leyde, 1629, et furent rééditées, in-4°, Francfort, 1631, 1634. Elles ont été traduites en anglais par J. Nichols, The works of James Arminius, 2 in-8°, Londres, 1825-1828 ; 3 in-8°, Buflalo, 1853.

II. DISCIPLES.

Le parti d’Arminius ne disparut pas à la mort de son chef, pas plus que la controverse ne s’assoupit. Episcopius prit la direction de l’arminianisme. Il fu' accusé avec Jean Uytenbogært et Conrad Vorstius auprès des États de Hollande de troubler la pai du pas et de professer des doctrines hétérodoxes. Pour se disculper, les arminiens présentèrent, en cinq articles, une remontrance, qui leur valut le nom de remontrants : 1 « De toute éternité, Dieu a prédestiné au ciel, ceux dont il a prévu la persévérance à croire en fi us ; il a destiné à l’enfer ceux qu’il savait ne devoir pasi i fidèles ; 2° Jésus-Christ est mort pour tous les hommes, mais les fidèles seuls jouissent des fruits de sa morl ; 3° Aucun homme no pont acquérir la foi par luimème ou par pui ances naturelles, et tous ont i m. pour faire le bien, d'être régénérés par l’Esprit ; I La gi ice de Dieu est donc nécessaire, mais elle ne s’irnp i la volonté des hommes qui peuvent y ter ; 5° Celui qui est uni à Jésus par la foi a le poule résistera al. Ilajoutèrent, en Mil I, que le

fidèle peut perdre la foi. Cette doctrine, qui fait dépendre le salul de la volonté de I homme, était manifestement contraire au calvinisme, qui déclare que Dieu seul sauve opposèrent une i ontre-remone, expi imée dan le sen ï de la doctrine rigide de Calvin. Des collisions éclatèrent en plusieurs villes entre les partisansdes deux sentiments. Les colloques provo qués par les États, en 1611, à la Haye et en 1613, à Delft, n’aboutirent pas à rétablir la paix. En 1614, les États, qui étaient favorables aux arminiens, interdirent de discuter ces questions irritantes et voulurent imposer aux partis la tolérance mutuelle. Pour des motifs politiques, le prince Maurice d’Orange se rangea du côté des contre-remontrants. Il fit convoquer à Dordrecht un synode général, auquel devaient assister des députés calvinistes de tous les pays. Les églises réformées du Palatinat, de la Hesse, de la Suisse, de Genève, de l’Angleterre y eurent des représentants. Louis XIV avait interdit aux calvinistes français d’y prendre part. Le synode s’ouvrit, le 13 novembre 1618, sous la présidence de Jean Bogermann. Les remontrants n’y furent pas admis comme membres délibérants, ils furent cités à comparaître comme accusés. Épiscopius, qui avait demandé une conférence contradictoire, accepta de n’avoir qu'à se défendre. Il déclara qu’il n'était pas obligé d’adopter tous les sentiments des chefs de la réforme et il justifia les cinq articles de la remontrance. Le synode qui se prolongea jusqu’au mois de mai 1619, porta des canons qui confirmaient la doctrine calviniste de la prédestination absolue et condamnaient l’arminianisme. Les partisans du système condamné qui avaient déjà été expulsés du synode, le 14 janvier 1619, comme menteurs et trompeurs, furent déclarés perturbateurs de l'Église et déchus de toute fonction ecclésiastique. Deux cents perdirent leurs places, quatre-vingts furent exilés. Les décrets du synode de Dordrecht furent reçus dans les Pays-Ras, en Suisse, en France et par les presbytériens d’Angleterre.

La persécution ne détruisit pas le parti arminien, défendu par Épiscopius. Voir ce nom. L’opinion publique lui devint peu à peu plus favorable. On reconnut que le synode avait procédé contre lui avec trop de rigueur et les arminiens réussirent à se disculper du reproche politique qu’on leur avait fait d'être hostiles à la maison d’Orange. Après la mort du prince Maurice (1625), ils furent tolérés dans les Pays-Bas, et en 1630, ils obtinrent l’autorisation de s'établir où ils voudraient et d'ériger des églises et des écoles. Ils fondèrent aussitôt un séminaire à Amsterdam. En 1621, ils ('lèveront dans le duché de Schlesvvig-Holstein, la ville de Frédériestadt. Dès qu’ils jouirent de la paix, ils ne s’accrurent plus. Leur nombre diminua insensiblement et ils eurent dans le calvinisme plus d’influence comme tendance particulière que comme secte proprement dite. Leur nombre ne s'élève guère aujourd’hui qu'à 15 000 âmes réparties en 27 communautés ; mais leurs idées se sont infiltrées d’une façon latente et graduelle dans la plupart des ('élises réformées dos Pays-lias, et le calvinisme français a subi leur influence. Leur église est dirigée par un synode, qui so n’unit chaque année à Amsterdam OU à Rotterdam et qui se compose de tous les pasleurs, des professeurs du séminaire et dos délégués dos communautés. Il désigne un comité ie cinq membres pour traiter les affaires courantes. Amsterdam possède un séminaire destiné à l’instruction des futurs pasteurs ; Épiscopius y professa le premier la théologie ; Etienne

Courcelles lui succéda. D’autres maîtres de ce séminaire se sont fait un nom dans les sciences théologiques ; do ce nombre sont Philippe Limborch, Adrien Cattenburgh, Jean I.eclorc et Jacques Wetstein. La chaire de théologie arminienne a été transférée a Leyde on lbTii et occupée par Tiele.

La doctrine dos arminiens s’est modifiée progressivement. Ils ont expliqué la prédestination ei l'élection dans un sens de plus en plu » favorable à la liberté humaine. De prime abord, ils ne repoussaient la prédestination absolue que parce qu’elle fait Dieu auteur du mal et

qu’elle rend inutile la mort evpuloi IV de.li sus-( '.Il r isl.

Ils ajoutèrent plus tard que le libre arbitre appartient tellement ; i l’honme que celui-ci tic peut le perdre. Le